la campagne de Shen
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la campagne de Shen
Bonjour à tous
Je me suis livré à un exercice nouveau pour moi pendant le confinement. J'ai essayé de romancer notre campagne de ADD. Je ne suis pas ce qu'on appelle un littéraire mais je pense être allé au bout de mes capacités dans cet exercice.
J'ai opté de garder le même découpage que pour les rapports d'aventure. J'ai ensuite décider de me mettre à la place de mon personnage pour me permettre une plus grande immersion personnelle dans l'exercice.
J'espère que cela vous plaira.
Je me suis livré à un exercice nouveau pour moi pendant le confinement. J'ai essayé de romancer notre campagne de ADD. Je ne suis pas ce qu'on appelle un littéraire mais je pense être allé au bout de mes capacités dans cet exercice.
J'ai opté de garder le même découpage que pour les rapports d'aventure. J'ai ensuite décider de me mettre à la place de mon personnage pour me permettre une plus grande immersion personnelle dans l'exercice.
J'espère que cela vous plaira.
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
Date d'inscription : 20/01/2010
Age : 58
Localisation : Nercillac
Chapitre 0
Je mis le pied sur le port de Caer Corwell. Je marche enfin sur la terre ferme. Je respire l'air frais de cette fin de matinée. Je ne supporte plus les traversées en bateau. Alba mis sa main sur mon épaule. Elle me dit avec sa voix apaisante qu'elle m'attendra dans l'auberge qu'elle me montre. Je la serre dans mes bras et je l'étreins un bon moment. Puis nous nous séparons sans un mot. En la regardant s'éloigner d'un pas léger tout me revient : Pourquoi et comment je suis ici?
Je m'appelle SHENELA, mais ma mère m’a toujours demandé de cacher mon vrai nom. Alors j’ai pris l’habitude d’être appelée SHEN. Je suis une demi-elfe née à Eauprofonde, un port important de la côte ouest du continent.
Ma mère est une humaine originaire des Isles Moonshae. Elle n’a jamais voulu me parler de ses origines.
Je n'ai jamais connu mon père. Ma mère m'a racontée qu'il était un elfe très beau, venu de nulle part. Il est reparti du jour au lendemain. La seule chose dont je sois sûre aujourd’hui, ce sont les larmes de ma mère quand elle repense à son amant d'un soir.
Je fus élevée par cette femme aimante, sans aucun revenu. Pour une raison qui m’est encore inconnue, elle a toujours refusé de travailler dans les beaux quartiers d'Eauprofonde. Pourtant elle sait parfaitement lire et écrire. Elle est toujours restée dans les quartiers pauvres, s'occupant des plus nécessiteux.
Mon enfance fut marquée par le racisme. Ni humaine, ni elfe, j’étais souvent raillée et rarement acceptée. Je trouvais une échappatoire dans le chant et la musique. Etrangement c’est ma mère qui m'en apprit le plus, m'initiant à l'harmonica. Je montrais aussi de grandes dispositions pour la danse qui devint très vite une vraie passion.
A l’adolescence je découvris les jeux de dés et de cartes. Ce fut une révélation. J'appris très vite à bluffer. Je m’imposais auprès de ceux de ma génération comme une bonne joueuse. Je reçus de leur part un certain respect. Curieusement, je n’ai jamais pu battre ma mère aux cartes.
Puis je m'enhardis à fréquenter les cercles de jeu du quartier. Je commençais, là aussi, à me faire connaître dans ce milieu fermé. A cause de quelques mauvais joueurs, qui n'aimaient guère se faire plumer par une jeune femme, j'appris très vite à me défendre grâce à mon agilité et à ma rapidité.
Avec l’argent gagnée, je me fis tatouer une chaîne brisée, symbole de liberté, sur le bras droit. Sur le gauche ce fut la phrase « Aujourd’hui je joue mon lendemain ».
Ma mère eut deux autres enfants non reconnus par chacun de leur père, Jarod et Fargo.
Le premier est devenu docker sur le port d'Eauprofonde. Il est bourru et légèrement naïf, mais très bien bâti. C’est un adepte des combats de bistrot. Il aimait tellement voler à mon secours quand un mauvais perdant me menaçait.
Le second est devenu apprenti chez un grand joaillier d’Eauprofonde. Tenant de notre mère, il est blond avec de longs doigts fins. Il m'offrit le premier bijou qu’il réalisa, une broche que je porte, encore aujourd'hui, sur le cœur.
Mes deux frères, tous les deux humains, s’occupent bien de notre mère. J'aimais leur montrer mes progrès dans le chant et la danse. Ils furent mon premier public, mes premiers fans. Comme ce temps était doux dans mon souvenir, il était teinté de bonheur. La chance.
Je partis jeune pour découvrir le monde. Mais c'était surtout pour de mauvaises raisons.
D'abord il y avait l’école. J'ai appris à lire et à écrire. Mais, éprise de liberté, j'avais l'impression de perdre mon temps. Je fus renvoyée de l'école pour insubordination envers mes professeurs.
Et surtout, il y eut l’interdiction des parents de mon amour d'adolescente, Amory, de le fréquenter. Cet écuyer, originaire des beaux quartiers, était un beau jeune homme. Je l'avais rencontré à une table de jeu, une de nos passions communes avec la danse. Nous n’étions pas de même extraction et notre liaison fut vu d'un mauvais œil. Ses parents, ma mère aussi, œuvrèrent pour que nous ne puissions plus nous revoir. Cette séparation forcée eut raison de ma volonté.
Je me décidais à quitter la région avec le peu de bien que je possédais. Alors que j'allais discrètement m'enfuir de chez ma mère, une nuit, elle semblait m'attendre. Elle me prit dans ses bras. Ecartant mes cheveux roux de mon visage, elle m’observait. Son doux visage a toujours eu le pouvoir de m’apaiser. Elle me dit que je ressemblais de plus en plus à mon père et que j'avais son caractère. Contre toute attente, elle ne me retint pas. Au lieu de cela je reçus sa bénédiction avec la phrase d’adieu : « Que la déesse guide tes pas ». Je l'embrassais tendrement et je partis dans la nuit sans me retourner. Je préférais cacher mes larmes. Il me fallait mettre de la distance avec ma famille pour ne pas perdre courage.
Sans le sou après plusieurs mois d’errance, je fis la connaissance de Jack le Surineur, un spécialiste du couteau. Cet homme grand et musclé jeta son dévolu sur moi. Je trouvais un avantage à avoir à mes côtés un combattant aguerri pour me défendre. C'est à cette époque que j'avais commencé à comprendre le pouvoir d'attirance de mon physique sur les hommes et les elfes. Rapidement il me présenta à Zakia la main rouge. C’était une tueuse et la cheftaine du groupe de malandrins dont ils faisaient partis.
Après plusieurs tests de surveillance et un peu d'entraînement au combat, ma rapidité et mon agilité me permirent de me tailler une place au sein du groupe. Zakia me présenta aux trois autres membres du groupe : Michka la roulure, une intrigante aux mœurs légères et magicienne à ses heures perdues, et les jumeaux Garko et Rako, deux cambrioleurs coupe jarrets.
Jack devint mon compagnon. Il m'a appris à assassiner sans bruit et sans laisser de traces.
Les jumeaux m'ont enseigné à me fondre dans la foule et à être la plus discrète possible. Ils m'ont apprise de nombreux tours d'acrobatie afin de passer les obstacles sans me faire remarquer.
Michka ne m'aimait pas. Elle était l'ancienne petite amie de Jack. Elle m'apprit, malgré tout, comment obtenir ce que je veux par le charme et le sexe, que ce soit auprès des hommes ou des femmes. Elle me forma pour devenir une courtisane.
Avec Zakia, une amitié se développa entre nous. Elle était différente des autres et elle me prit sous son aile. Elle m'apprit à préparer et à réaliser un assassinat. Elle était très douée avec ses deux cimeterres. C'est sûrement la personne la plus rapide que j'ai jamais rencontrée. J'avais beaucoup d'admiration pour elle et plus que cela. C'est pour lui ressembler que j'ai appris à me battre avec deux épées.
Lorsque Zakia me sentit prête, elle me présenta à l'œil, le grand chef de l'organisation, un tyrannoeil. En me tatouant magiquement la paume de la main gauche avec un œil ouvert il m'acceptait dans son réseau.
Avec mes compagnons je fis quelques mauvais coups. J'obtenais des avantages et des informations utiles à mon organisation par des chantages sexuels. Je participais à des vols d'objets précieux. J'ai assassiné des cibles que l'Oeil nous indiquait.
Je me surpris à sombrer de plus en plus dans la violence et le sexe, au point que j'en vins à me dégoûter de moi-même. Ce fut un événement anodin qui me fit réagir. J'avais adopté un chien errant, miteux, depuis plusieurs semaines. Mais, une nuit, suite à un casse mouvementé, le pauvre animal fit tomber Jack pendant la fuite. Celui-ci fut pris par les autorités.
Le soir, une grosse explication eu lieu et j'eus bien du mal à protéger la vie du chien. Mais la rancœur était là. Il me fallait fuir au plus vite. Ce que je fis au milieu de la nuit suivante, emmenant discrètement le chien avec moi.
Quant à Jack, il était devenu de plus en plus violent. Je n’eus aucun regret à m’enfuir. J’ai dû laisser derrière moi un grand vide dans la vie de quelques notables de la ville.
En m’enfuyant d'Eauprofonde, je savais que je m’attirerai tôt ou tard la vengeance de l’Oeil. L’organisation ne tolère pas les défections. La règle veut que mes anciens collaborateurs m’éliminent quoi qu’il leur en coûte.
Après avoir erré plusieurs semaines, le long de la côte, au hasard des routes et des villages, le chien m’abandonna pour une famille de pêcheurs et leur fille. Elle s’était entichée de l’animal et je sentais qu’il serait bien traité. La chance.
C'est aussi à cette époque que j'ai commencé à travailler des numéros de danse et de chant, de jonglage, de lancer de dagues et de manipulation d'armes, pour gagner ma vie. Je survivais avec les pièces que l'on voulait bien me lancer.
Durant quelques mois j'ai cherché à mettre le plus de distance entre l'Oeil et moi. Mais sur le continent la plupart des villes ont une connexion avec l'Oeil. Tôt ou tard, je serais rattrapée par mes anciens amis si je ne pars pas du continent.
Après toutes ces années d'errance, je voulais recentrer ma quête sur la recherche de mon père. N’ayant aucune piste, je me suis décidée à commencer mes recherches par la patrie d'origine de ma mère, l'archipel des Moonshae. Il n'était pas question que j'embarque dans un bateau marchand ou transportant des passagers et faisant la navette entre le continent et l'archipel. J'aurais eu toutes les chances de tomber sur quelqu'un faisant parti de l'organisation de l'Oeil et qui aurait pu me reconnaître.
Je fis la rencontre de pirates qui se rendaient sur l’archipel. Le capitaine me jaugea et m'accepta à son bord. Enfin je pouvais quitter le continent et m’éloigner de l’Oeil et de l'épée de Damoclès qui planait sur ma vie. Et puis les pirates sont connus pour être des gens indépendants. Mais je n’avais pas su voir que le capitaine avait une idée derrière la tête.
Durant la traversée il voulut faire de moi sa compagne. Mais je me suis refusée à lui. Le capitaine se fit de plus en plus insistant. Enervée par son comportement, j’ai fini par lui lancer « c'est moi qui choisis mes amants ». Pour ne pas perdre la face devant son équipage, il me mit au fer.
Tous les jours il vînt me voir dans ma prison à fond de cale soit pour me supplier, soit pour me menacer. Mais jamais je ne lui ai cédé.
Lorsque le navire fut en vue de l'archipel des Moonshae, le capitaine profita d'un débarquement sur une île déserte pour le ravitaillement. Avec l’aide de son second et trois autres marins en lesquels il avait une entière confiance, il me traîna discrètement à l'écart du reste de l’équipage. J'ai toujours été très agile. Mais leurs forces brisèrent ma dextérité. J'étais à leur merci. Hors de la vue de leurs congénères, ils me violèrent. J'ai fermé mon esprit et j'ai subi sans jamais crier. Puis ils m'abandonnèrent inanimée sur cette île déserte.
A demi nue et à moitié morte, j'errais sur l’île sans aucun but, sans raison, sans espoir. Enfin, je sombrais dans l'inconscience, attendant la mort et sa délivrance...
Des pêcheurs venus d'une île voisine, me trouvèrent inanimée. Ils me recueillirent et m'amenèrent dans leur village. Le bourgmestre me prit en pitié. Il me soigna. Sa femme m’habilla et s’occupa de ma santé mentale. Elle était d'une grande prévenance. Lorsque je fus rétablie, je pus enfin sortir humer l'air extérieur.
J'aidais les femmes du village dans leurs tâches journalières. Au départ c’était pour m’occuper l’esprit. Mais je me pris à apprécier ces gens simples qui ne vivaient que du produit de leur pêche et de leur potager. Mais pourrais-je jamais les dédommager de leur aide ? Je leur devais la vie.
C'est dans ce village que je rencontrais une prêtresse d'Akkadie, que l'on nomme une Marchebise. Elle était arrivée la veille de nulle part. Elle vint me parler. Cette humaine répondait au nom d'Alba Pied-Agile. Cette femme très attentionnée avait lu en moi mon mal être et ma blessure. Elle passa bien des soirées à me parler. Elle sut trouver les mots pour apaiser ma colère. Nos longues discussions me permirent de reprendre goût à la vie. Elle soigna mon âme et me fit découvrir la philosophie du vent liée à la liberté.
Apprenant mon statut d’apprenti barde, le bourgmestre décida de m'envoyer à Caer Corwell.
Je fis le voyage en bateau. Alba décida de m’accompagner jusqu’à la ville portuaire. Elle continua à me montrer la liberté du vent du matin, la patience des alizées, la force de la bise. La prêtresse continua de me parler d'Akkadie, la brise murmurante, la bourrasque qui annonce la tempête, celle qui ne s’arrête jamais et dont les ailes se perdent dans les nuages. Elle m'enseigna les principes de l’ordre des murmures. Ce collège du culte d'Akkadie prône la discrétion. Ils passent comme la brise sans que personne ne sache d'où ils viennent ni où ils vont.
Me voilà donc, aujourd'hui, sur le port de Caer Corwell. Je quitte Alba après une longue embrassade. Je me dirige vers le château qui domine la cité portuaire, précédée par le bourgmestre du village de pêcheur.
Nous sommes rapidement introduits auprès du Sénéchal de Caer Corwell. Ce dernier rembourse au pêcheur les frais induits par les soins que le village m'avait prodigués. Puis le bourgmestre pris congé afin de retourner dans son village.
Je restais seule devant le bureau du Sénéchal. Il me jauge dans un premier temps. Je préfère rester debout, fière et insolente. Mes yeux soutiennent son regard. Après réflexion, il me demande, en dédommagement de la somme qu'il vient de donner au pêcheur, de m’engager à servir la ville comme « espionne à rumeurs ».
Durant un an il m’accorde une chambre et un repas par jour dans une auberge locale, l’Ours Bicéphale. En échange, je dois surveiller les étrangers arrivants au port, afin de connaître les raisons de leur présence. Je dois laisser traîner mes oreilles pour prendre le pouls de la cité. Puis, je dois en référer au Sénéchal par l'intermédiaire d'un des capitaines de sa garde qu'il me présente.
Je sais que je n'ai pas le choix, mais je fais celle qui condescend à accepter. Il doit comprendre que je suis à son service, pas à sa botte.
Après mon entrevue avec le Sénéchal, je rejoins Alba. Elle resta quelques mois dans la cité. J'appris très vite à ses côtés. Je fus bientôt ordonnée marchebise.
J'embrassais l’école des Murmures. Je suis séduite par l’engagement qu’a Alba à réconcilier l’air et la terre malgré leurs antagonismes. Grâce à ma marraine au sein du culte, je peux me reconstruire et recommencer à aimer la vie.
Son échec est de ne pas avoir su éteindre en moi le feu de ma vengeance. Aujourd'hui je sais que si je croise de nouveau ces pirates, je les tuerai.
A l’aubergiste de l'Ours Bicéphale je demande ce qu’il peut m’offrir en échange de quelques prestations artistiques dans son établissement. Ma beauté et ma prestance l’impressionnent. Il me demande de lui montrer ce que je sais faire. Je lui fais une démonstration des différents arts que je maîtrise.
Je sais danser, chanter, jouer de mon harmonica. Je peux jongler et faire des acrobaties, lancer mes dagues sur une cible les yeux bandés. Je sais avaler une épée et manier mes deux espadons dans des enchaînements spectaculaires.
Devant la palette de mes compétences artistiques, il réfléchit et propose de m'offrir un repas par jour et un bain par semaine contre deux ou trois prestations durant la même période. Il me propose de me prêter son arrière cour pour que je puisse m'entraîner tous les jours. J’accepte aussitôt la proposition. Je vais enfin pouvoir vivre de mon art.
Depuis je donne régulièrement des spectacles dans ou devant l’auberge. Le patron n’est pas un ingrat.
Je me produis aussi sur la grande place, au rythme des marchés de la ville. Ma meilleure couverture, pour le service que je dois au Sénéchal, c'est mon métier de barde.
J'ai fait la connaissance d'une bande de gamins. Ce sont des chenapans, mais ils viennent m'avertir à chaque fois qu'un navire avec des étrangers mouille au port contre une pièce. Je me produis en spectacle lors du débarquements des passagers. Je peux ainsi observer et laisser traîner mes oreilles.
Le soir je descends souvent sur les docks et dans les cercles de jeu de Caer Corwell pour jouer aux cartes ou aux dés. J'en profite également, pour laisser traîner mes oreilles.
Parfois je suis obligée de repousser des joueurs trop entreprenants. Si généralement mon agilité et ma rapidité suffisent pour me sortir d'une mauvaise situation, de temps en temps je suis obligée de les impressionner en maniant avec toute ma dextérité mes deux épées.
En fait j'apprécie ces gens simples. Ici mon sang mêlé ne dérange personne. Je suis dans la patrie de ma mère et je m'y sens bien. Mais pour combien de temps ?
Je m'appelle SHENELA, mais ma mère m’a toujours demandé de cacher mon vrai nom. Alors j’ai pris l’habitude d’être appelée SHEN. Je suis une demi-elfe née à Eauprofonde, un port important de la côte ouest du continent.
Ma mère est une humaine originaire des Isles Moonshae. Elle n’a jamais voulu me parler de ses origines.
Je n'ai jamais connu mon père. Ma mère m'a racontée qu'il était un elfe très beau, venu de nulle part. Il est reparti du jour au lendemain. La seule chose dont je sois sûre aujourd’hui, ce sont les larmes de ma mère quand elle repense à son amant d'un soir.
Je fus élevée par cette femme aimante, sans aucun revenu. Pour une raison qui m’est encore inconnue, elle a toujours refusé de travailler dans les beaux quartiers d'Eauprofonde. Pourtant elle sait parfaitement lire et écrire. Elle est toujours restée dans les quartiers pauvres, s'occupant des plus nécessiteux.
Mon enfance fut marquée par le racisme. Ni humaine, ni elfe, j’étais souvent raillée et rarement acceptée. Je trouvais une échappatoire dans le chant et la musique. Etrangement c’est ma mère qui m'en apprit le plus, m'initiant à l'harmonica. Je montrais aussi de grandes dispositions pour la danse qui devint très vite une vraie passion.
A l’adolescence je découvris les jeux de dés et de cartes. Ce fut une révélation. J'appris très vite à bluffer. Je m’imposais auprès de ceux de ma génération comme une bonne joueuse. Je reçus de leur part un certain respect. Curieusement, je n’ai jamais pu battre ma mère aux cartes.
Puis je m'enhardis à fréquenter les cercles de jeu du quartier. Je commençais, là aussi, à me faire connaître dans ce milieu fermé. A cause de quelques mauvais joueurs, qui n'aimaient guère se faire plumer par une jeune femme, j'appris très vite à me défendre grâce à mon agilité et à ma rapidité.
Avec l’argent gagnée, je me fis tatouer une chaîne brisée, symbole de liberté, sur le bras droit. Sur le gauche ce fut la phrase « Aujourd’hui je joue mon lendemain ».
Ma mère eut deux autres enfants non reconnus par chacun de leur père, Jarod et Fargo.
Le premier est devenu docker sur le port d'Eauprofonde. Il est bourru et légèrement naïf, mais très bien bâti. C’est un adepte des combats de bistrot. Il aimait tellement voler à mon secours quand un mauvais perdant me menaçait.
Le second est devenu apprenti chez un grand joaillier d’Eauprofonde. Tenant de notre mère, il est blond avec de longs doigts fins. Il m'offrit le premier bijou qu’il réalisa, une broche que je porte, encore aujourd'hui, sur le cœur.
Mes deux frères, tous les deux humains, s’occupent bien de notre mère. J'aimais leur montrer mes progrès dans le chant et la danse. Ils furent mon premier public, mes premiers fans. Comme ce temps était doux dans mon souvenir, il était teinté de bonheur. La chance.
Je partis jeune pour découvrir le monde. Mais c'était surtout pour de mauvaises raisons.
D'abord il y avait l’école. J'ai appris à lire et à écrire. Mais, éprise de liberté, j'avais l'impression de perdre mon temps. Je fus renvoyée de l'école pour insubordination envers mes professeurs.
Et surtout, il y eut l’interdiction des parents de mon amour d'adolescente, Amory, de le fréquenter. Cet écuyer, originaire des beaux quartiers, était un beau jeune homme. Je l'avais rencontré à une table de jeu, une de nos passions communes avec la danse. Nous n’étions pas de même extraction et notre liaison fut vu d'un mauvais œil. Ses parents, ma mère aussi, œuvrèrent pour que nous ne puissions plus nous revoir. Cette séparation forcée eut raison de ma volonté.
Je me décidais à quitter la région avec le peu de bien que je possédais. Alors que j'allais discrètement m'enfuir de chez ma mère, une nuit, elle semblait m'attendre. Elle me prit dans ses bras. Ecartant mes cheveux roux de mon visage, elle m’observait. Son doux visage a toujours eu le pouvoir de m’apaiser. Elle me dit que je ressemblais de plus en plus à mon père et que j'avais son caractère. Contre toute attente, elle ne me retint pas. Au lieu de cela je reçus sa bénédiction avec la phrase d’adieu : « Que la déesse guide tes pas ». Je l'embrassais tendrement et je partis dans la nuit sans me retourner. Je préférais cacher mes larmes. Il me fallait mettre de la distance avec ma famille pour ne pas perdre courage.
Sans le sou après plusieurs mois d’errance, je fis la connaissance de Jack le Surineur, un spécialiste du couteau. Cet homme grand et musclé jeta son dévolu sur moi. Je trouvais un avantage à avoir à mes côtés un combattant aguerri pour me défendre. C'est à cette époque que j'avais commencé à comprendre le pouvoir d'attirance de mon physique sur les hommes et les elfes. Rapidement il me présenta à Zakia la main rouge. C’était une tueuse et la cheftaine du groupe de malandrins dont ils faisaient partis.
Après plusieurs tests de surveillance et un peu d'entraînement au combat, ma rapidité et mon agilité me permirent de me tailler une place au sein du groupe. Zakia me présenta aux trois autres membres du groupe : Michka la roulure, une intrigante aux mœurs légères et magicienne à ses heures perdues, et les jumeaux Garko et Rako, deux cambrioleurs coupe jarrets.
Jack devint mon compagnon. Il m'a appris à assassiner sans bruit et sans laisser de traces.
Les jumeaux m'ont enseigné à me fondre dans la foule et à être la plus discrète possible. Ils m'ont apprise de nombreux tours d'acrobatie afin de passer les obstacles sans me faire remarquer.
Michka ne m'aimait pas. Elle était l'ancienne petite amie de Jack. Elle m'apprit, malgré tout, comment obtenir ce que je veux par le charme et le sexe, que ce soit auprès des hommes ou des femmes. Elle me forma pour devenir une courtisane.
Avec Zakia, une amitié se développa entre nous. Elle était différente des autres et elle me prit sous son aile. Elle m'apprit à préparer et à réaliser un assassinat. Elle était très douée avec ses deux cimeterres. C'est sûrement la personne la plus rapide que j'ai jamais rencontrée. J'avais beaucoup d'admiration pour elle et plus que cela. C'est pour lui ressembler que j'ai appris à me battre avec deux épées.
Lorsque Zakia me sentit prête, elle me présenta à l'œil, le grand chef de l'organisation, un tyrannoeil. En me tatouant magiquement la paume de la main gauche avec un œil ouvert il m'acceptait dans son réseau.
Avec mes compagnons je fis quelques mauvais coups. J'obtenais des avantages et des informations utiles à mon organisation par des chantages sexuels. Je participais à des vols d'objets précieux. J'ai assassiné des cibles que l'Oeil nous indiquait.
Je me surpris à sombrer de plus en plus dans la violence et le sexe, au point que j'en vins à me dégoûter de moi-même. Ce fut un événement anodin qui me fit réagir. J'avais adopté un chien errant, miteux, depuis plusieurs semaines. Mais, une nuit, suite à un casse mouvementé, le pauvre animal fit tomber Jack pendant la fuite. Celui-ci fut pris par les autorités.
Le soir, une grosse explication eu lieu et j'eus bien du mal à protéger la vie du chien. Mais la rancœur était là. Il me fallait fuir au plus vite. Ce que je fis au milieu de la nuit suivante, emmenant discrètement le chien avec moi.
Quant à Jack, il était devenu de plus en plus violent. Je n’eus aucun regret à m’enfuir. J’ai dû laisser derrière moi un grand vide dans la vie de quelques notables de la ville.
En m’enfuyant d'Eauprofonde, je savais que je m’attirerai tôt ou tard la vengeance de l’Oeil. L’organisation ne tolère pas les défections. La règle veut que mes anciens collaborateurs m’éliminent quoi qu’il leur en coûte.
Après avoir erré plusieurs semaines, le long de la côte, au hasard des routes et des villages, le chien m’abandonna pour une famille de pêcheurs et leur fille. Elle s’était entichée de l’animal et je sentais qu’il serait bien traité. La chance.
C'est aussi à cette époque que j'ai commencé à travailler des numéros de danse et de chant, de jonglage, de lancer de dagues et de manipulation d'armes, pour gagner ma vie. Je survivais avec les pièces que l'on voulait bien me lancer.
Durant quelques mois j'ai cherché à mettre le plus de distance entre l'Oeil et moi. Mais sur le continent la plupart des villes ont une connexion avec l'Oeil. Tôt ou tard, je serais rattrapée par mes anciens amis si je ne pars pas du continent.
Après toutes ces années d'errance, je voulais recentrer ma quête sur la recherche de mon père. N’ayant aucune piste, je me suis décidée à commencer mes recherches par la patrie d'origine de ma mère, l'archipel des Moonshae. Il n'était pas question que j'embarque dans un bateau marchand ou transportant des passagers et faisant la navette entre le continent et l'archipel. J'aurais eu toutes les chances de tomber sur quelqu'un faisant parti de l'organisation de l'Oeil et qui aurait pu me reconnaître.
Je fis la rencontre de pirates qui se rendaient sur l’archipel. Le capitaine me jaugea et m'accepta à son bord. Enfin je pouvais quitter le continent et m’éloigner de l’Oeil et de l'épée de Damoclès qui planait sur ma vie. Et puis les pirates sont connus pour être des gens indépendants. Mais je n’avais pas su voir que le capitaine avait une idée derrière la tête.
Durant la traversée il voulut faire de moi sa compagne. Mais je me suis refusée à lui. Le capitaine se fit de plus en plus insistant. Enervée par son comportement, j’ai fini par lui lancer « c'est moi qui choisis mes amants ». Pour ne pas perdre la face devant son équipage, il me mit au fer.
Tous les jours il vînt me voir dans ma prison à fond de cale soit pour me supplier, soit pour me menacer. Mais jamais je ne lui ai cédé.
Lorsque le navire fut en vue de l'archipel des Moonshae, le capitaine profita d'un débarquement sur une île déserte pour le ravitaillement. Avec l’aide de son second et trois autres marins en lesquels il avait une entière confiance, il me traîna discrètement à l'écart du reste de l’équipage. J'ai toujours été très agile. Mais leurs forces brisèrent ma dextérité. J'étais à leur merci. Hors de la vue de leurs congénères, ils me violèrent. J'ai fermé mon esprit et j'ai subi sans jamais crier. Puis ils m'abandonnèrent inanimée sur cette île déserte.
A demi nue et à moitié morte, j'errais sur l’île sans aucun but, sans raison, sans espoir. Enfin, je sombrais dans l'inconscience, attendant la mort et sa délivrance...
Des pêcheurs venus d'une île voisine, me trouvèrent inanimée. Ils me recueillirent et m'amenèrent dans leur village. Le bourgmestre me prit en pitié. Il me soigna. Sa femme m’habilla et s’occupa de ma santé mentale. Elle était d'une grande prévenance. Lorsque je fus rétablie, je pus enfin sortir humer l'air extérieur.
J'aidais les femmes du village dans leurs tâches journalières. Au départ c’était pour m’occuper l’esprit. Mais je me pris à apprécier ces gens simples qui ne vivaient que du produit de leur pêche et de leur potager. Mais pourrais-je jamais les dédommager de leur aide ? Je leur devais la vie.
C'est dans ce village que je rencontrais une prêtresse d'Akkadie, que l'on nomme une Marchebise. Elle était arrivée la veille de nulle part. Elle vint me parler. Cette humaine répondait au nom d'Alba Pied-Agile. Cette femme très attentionnée avait lu en moi mon mal être et ma blessure. Elle passa bien des soirées à me parler. Elle sut trouver les mots pour apaiser ma colère. Nos longues discussions me permirent de reprendre goût à la vie. Elle soigna mon âme et me fit découvrir la philosophie du vent liée à la liberté.
Apprenant mon statut d’apprenti barde, le bourgmestre décida de m'envoyer à Caer Corwell.
Je fis le voyage en bateau. Alba décida de m’accompagner jusqu’à la ville portuaire. Elle continua à me montrer la liberté du vent du matin, la patience des alizées, la force de la bise. La prêtresse continua de me parler d'Akkadie, la brise murmurante, la bourrasque qui annonce la tempête, celle qui ne s’arrête jamais et dont les ailes se perdent dans les nuages. Elle m'enseigna les principes de l’ordre des murmures. Ce collège du culte d'Akkadie prône la discrétion. Ils passent comme la brise sans que personne ne sache d'où ils viennent ni où ils vont.
Me voilà donc, aujourd'hui, sur le port de Caer Corwell. Je quitte Alba après une longue embrassade. Je me dirige vers le château qui domine la cité portuaire, précédée par le bourgmestre du village de pêcheur.
Nous sommes rapidement introduits auprès du Sénéchal de Caer Corwell. Ce dernier rembourse au pêcheur les frais induits par les soins que le village m'avait prodigués. Puis le bourgmestre pris congé afin de retourner dans son village.
Je restais seule devant le bureau du Sénéchal. Il me jauge dans un premier temps. Je préfère rester debout, fière et insolente. Mes yeux soutiennent son regard. Après réflexion, il me demande, en dédommagement de la somme qu'il vient de donner au pêcheur, de m’engager à servir la ville comme « espionne à rumeurs ».
Durant un an il m’accorde une chambre et un repas par jour dans une auberge locale, l’Ours Bicéphale. En échange, je dois surveiller les étrangers arrivants au port, afin de connaître les raisons de leur présence. Je dois laisser traîner mes oreilles pour prendre le pouls de la cité. Puis, je dois en référer au Sénéchal par l'intermédiaire d'un des capitaines de sa garde qu'il me présente.
Je sais que je n'ai pas le choix, mais je fais celle qui condescend à accepter. Il doit comprendre que je suis à son service, pas à sa botte.
Après mon entrevue avec le Sénéchal, je rejoins Alba. Elle resta quelques mois dans la cité. J'appris très vite à ses côtés. Je fus bientôt ordonnée marchebise.
J'embrassais l’école des Murmures. Je suis séduite par l’engagement qu’a Alba à réconcilier l’air et la terre malgré leurs antagonismes. Grâce à ma marraine au sein du culte, je peux me reconstruire et recommencer à aimer la vie.
Son échec est de ne pas avoir su éteindre en moi le feu de ma vengeance. Aujourd'hui je sais que si je croise de nouveau ces pirates, je les tuerai.
A l’aubergiste de l'Ours Bicéphale je demande ce qu’il peut m’offrir en échange de quelques prestations artistiques dans son établissement. Ma beauté et ma prestance l’impressionnent. Il me demande de lui montrer ce que je sais faire. Je lui fais une démonstration des différents arts que je maîtrise.
Je sais danser, chanter, jouer de mon harmonica. Je peux jongler et faire des acrobaties, lancer mes dagues sur une cible les yeux bandés. Je sais avaler une épée et manier mes deux espadons dans des enchaînements spectaculaires.
Devant la palette de mes compétences artistiques, il réfléchit et propose de m'offrir un repas par jour et un bain par semaine contre deux ou trois prestations durant la même période. Il me propose de me prêter son arrière cour pour que je puisse m'entraîner tous les jours. J’accepte aussitôt la proposition. Je vais enfin pouvoir vivre de mon art.
Depuis je donne régulièrement des spectacles dans ou devant l’auberge. Le patron n’est pas un ingrat.
Je me produis aussi sur la grande place, au rythme des marchés de la ville. Ma meilleure couverture, pour le service que je dois au Sénéchal, c'est mon métier de barde.
J'ai fait la connaissance d'une bande de gamins. Ce sont des chenapans, mais ils viennent m'avertir à chaque fois qu'un navire avec des étrangers mouille au port contre une pièce. Je me produis en spectacle lors du débarquements des passagers. Je peux ainsi observer et laisser traîner mes oreilles.
Le soir je descends souvent sur les docks et dans les cercles de jeu de Caer Corwell pour jouer aux cartes ou aux dés. J'en profite également, pour laisser traîner mes oreilles.
Parfois je suis obligée de repousser des joueurs trop entreprenants. Si généralement mon agilité et ma rapidité suffisent pour me sortir d'une mauvaise situation, de temps en temps je suis obligée de les impressionner en maniant avec toute ma dextérité mes deux épées.
En fait j'apprécie ces gens simples. Ici mon sang mêlé ne dérange personne. Je suis dans la patrie de ma mère et je m'y sens bien. Mais pour combien de temps ?
Dernière édition par Dino Dharric le 20/3/2021, 14:41, édité 2 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
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Chapitre I: le boyau sous la ville
Après avoir éteint ma torche, j'avance prudemment dans ce boyau sombre, vers la lumière qui vient du tournant suivant. Un elfe me précède. Nous touchons au but, les malandrins doivent être ici. Derrière nous un autre elfe et un nain attendent de pied ferme, les armes à la main. Je ne connais ces trois compagnons que depuis avant hier. Mais en fait, comment les ai-je rencontrés ?
Deux jours plus tôt. Eliodys, un cavalier elfe bodybuildé, a quitté le château de Caer Corwell. Il marchait d’un pas décidé, dans la ville portuaire, vers l'auberge de l'Ours Bicéphale pour ce changer les idées. Comme tous les jours, il a entraîné la milice de Caer Corwell dans l’enceinte du château du Sénéchal. Il y retrouvait, plusieurs soirs de la semaine, un guerrier nain, Balak Tyrim, avec lequel il a lié connaissance.
Les habitants de Caer Corwell étaient très inquiets ce soir-là. Il y avait eu des agressions nocturnes contre deux maisons de la ville ces trois dernières nuits. Les deux bâtiments ont brûlé. Heureusement, à chaque fois, les habitants ont évité que le feu se propage aux maisons voisines. L’ambiance dans la petite cité fut lourde toute la journée. Tout le monde semblait être sur ses gardes.
A l'ours Bicéphale, derrière de lourdes tentures, dans ce qui me sert de loge, je me préparais à entrer en scène. La clientèle de l'auberge était morose ce soir-là. Je sentais que je devais me surpasser pour essayer d'alléger la vie de ces pauvres gens.
Avant de monter les quelques marches qui conduisaient sur la scène, j'inspirais une grande bouffée d'air pour me donner du courage et une certaine contenance.
Mon premier numéro de la soirée consistait à manier mes deux épées en les faisant virevolter autour de moi avec dextérité et rapidité. J’excelle dans cet exercice dangereux qui impressionne toujours. Ma prestation est très appréciée. Mes longues heures d’entraînement portent leurs fruits.
Entre deux mouvements, je vis entrer plusieurs marins dans l’auberge. Ils semblent être des pirates. Aussitôt des images liées au viol que j’ai subi remontent. Mais je me reprends très vite. Pour rebondir, je racontais quelques blagues sur les pirates. Ce petit intermède fit rire la salle et me permit de reprendre le contrôle. Puis j’enchaînais sur de nouvelles figures martiales.
Parmi le public, Eliodys et Balak applaudirent ma performance. Ils aiment bien assister à mes spectacles. Je les ai rencontrés depuis peu. Il m'arrive, quand je ne pars pas jouer sur les docks, de boire un verre avec eux après avoir donné mon spectacle. L'elfe, qui est quelqu'un de plutôt secret, est l'hôte du Sénéchal en son château. Le nain, qui est un fêtard aimant bonne chair et bonne bière, est beaucoup plus direct dans sa façon d'être. Ce dernier a une chambre à l’Ours Bicéphale.
Après ce premier numéro, je me changeais dans ma loge. En mettant ma robe, je respirais très fort pour enfouir les souvenirs pénibles qui ont failli me déstabiliser au plus profond de mon âme. Puis j'enchaînais avec un chant très populaire dans la région. Je descendis de scène pour danser. J'allais avec grâce de table en table, telle un ange. J'esquivais la main d'un spectateur qui tenta de me toucher. Je suis une professionnelle, je préfère toujours rester dans le rôle de la femme inaccessible quand je suis en représentation.
Et puis trop d'hommes et d'elfes ont vanté ma beauté pour ne pas remarquer l'attirance que j'exerce sur eux.
Après avoir changé de vêtement, pour mettre une tenue différente, je rentrais sur scène pour ma dernière prestation de la soirée. Je jouais avec mon harmonica une musique entraînante et dansante. J'ai réussi à faire lever et danser les clients de l'auberge. Je sus que ce jour-là j'avais marqué les esprits. L'atmosphère s'était détendue. Le patron de l'auberge me félicita. Malgré la morosité du début de soirée, la recette fut bonne. Grâce à l'ambiance que j'avais mise dans son établissement de nouveaux clients étaient entrés.
Pendant le spectacle, j'avais remarqué qu’un des pirates s'était installé à part. C’était un elfe qui semblait plus vieux qu’Eliodys. Il avait l'air primitif et surtout il semblait mystérieux. Il ressemblait à un marin mais je sentis qu'il n'en était pas un.
Après m'être changée dans ce qui me sert de loge, je me lançais et j'allais directement à la table de cet elfe singulier pour engager la conversation. Il se faisait surnommer Ombre Dansante. Ce n'est pas commun ! Il pourrait être mon père vu son âge. Dans la conversation je lui avais demandé si, durant ses voyages, il était passé par Eauprofonde. Posant cette question, des souvenirs me remontèrent, le visage de ma mère et de mes frères... Il y avait bien longtemps que j'étais partie de chez moi. Mais les dates, que me donna ce voyageur, ne correspondaient pas à ce que j'attendais. Après un moment, Balak Tyrim et Eliodys nous rejoignirent.
C'est à cet instant de la soirée qu'un héraut envoyé par le Sénéchal entra dans l'auberge. Après avoir fait rouler son tambour, il fit une annonce officielle. Le représentant de l'ordre recherchait des volontaires pour enquêter sur les récents événements de la ville. Une récompense substantielle attendait si les coupables étaient arrêtés avec les preuves à l’appui.
Cette offre tombait à pic pour mes finances. Mes trois autres compagnons semblaient aussi intéressés par l’annonce du Sénéchal. Mais la discussion s'éternisant, je préférais me retirer pour profiter du bain que j'avais commandé à l'aubergiste. J'avais l'intention d'être parfaite pour aller voir le Sénéchal, le lendemain.
Aux aurores, je prenais un copieux petit déjeuner dans la salle commune de l’auberge. Ensuite je sortis dans l'arrière-cour pour prier afin de remercier Akkadie, la Reine des Sylphes. J’accompagne, comme tous les matins, le lever du soleil. Comme à chaque fin de prières, lorsque j’effectue le salut aux vents, ceux-ci me remercient en me caressant et en jouant avec mes effets. Ils font claquer mes vêtements et soulèvent ma chevelure rousse qui encadre mes yeux verts.
Puis je partis en direction du château du Sénéchal. Je fus rapidement rejointe par Ombre Dansante, après qu'il eut fait ses études magiques matinales. Nous avons rattrapé Balak Tyrim et Eliodys devant les portes du château.
Nous avons eu peu d'attente avant d'être introduits auprès du Sénéchal. Ce dernier accepta que nous enquêtions sur les récents événements. Il nous remercia pour notre courage en nous faisant une avance sur la récompense. Nous nous sommes partagés l'argent de façon équitable. Il semblait que tous les membres de ce groupe étaient honnêtes, même le nain malgré les idées reçues sur cette race. Je profitais de cette rentrée d’argent afin de m'équiper pour le combat, bien que je ne sois pas ce qu’on appelle un esprit guerrier.
J'avais une forte appréhension pour cette mission. C'était la première fois que j'allais me frotter au danger depuis mon arrivée à Caer Corwell. Est-ce que mon bras tremblera au moment crucial ?
Notre enquête commença par la visite des deux bâtiments qui furent brûlés.
La première habitation est détruite. C’était celle d'un armurier. Sa famille fut tuée et démembrée. Je fus horrifiée par cette violence gratuite. J'ai été, certes, une assassin, mais jamais je n'ai utilisée la sauvagerie. J'ai toujours respecté le corps de mes victimes pour qu'elles puissent retourner auprès de leurs dieux. Je m'écartais discrètement du groupe pour cacher à mes compagnons mon malaise.
Malgré sa perception magique, Ombre Dansante ne trouvait aucune trace de magie. Le propriétaire des lieux déplora la disparition d'un coffre de deux cents kilos d'or et de ses armes. Ses outils étaient toujours présents dans son atelier.
Je fis une enquête de voisinage. Une voisine de l'armurier se rappela très bien de la présence, ce soir-là, d'un homme qui « puait la mort » selon son expression.
La seconde maison a vu son étage détruit. Mais le rez de chaussée est resté plus ou moins debout. Le propriétaire des lieux, un certain Yann Kodema, avait vu sa famille se faire enlever. Il nous fit comprendre à demi-mot qu'il est magicien. La magie est très mal vue dans cette région, mais il avait remarqué qu'Ombre Dansante est lui aussi un initié. Pour notre enquête, Yann Kodema nous conseilla de nous adresser à « l'Ancêtre ». C'est un vieil alcoolique qui écume les bars de Caer Corwell. Il nous assura qu'il en sait très long sur l'histoire de la ville.
L'après-midi nous partîmes à la recherche de l'Ancêtre. Nous avons visité tavernes et auberges. Nous avons finis par retrouver le vieil homme. Il était assis à une table dans une taverne aussi décrépie que lui. Il avait le regard tourné vers le néant. Devant lui, trônait un verre vide. Son visage était ravagé par l'alcool et les ans.
Nous nous sommes invités à sa table. Je lui ai payé à boire pour essayer de lui délier la langue. L'Ancêtre nous dévoilait que la ville était construite sur d'anciennes mines. Ombre Dansante décida de boire avec lui pour en savoir plus. L'elfe sauvage apprit qu'une galerie souterraine passe sous les deux maisons brûlées. Elle traverse également le parc. Sous cet espace vert, le boyau a un accès à l'ancien puits qui se dresse prêt d'un bosquet. L’Ancêtre nous révéla que le chef de la bande s'appellait Ildan le noir.
Nous décidâmes d'aller chacun de notre côté pour nous préparer. Nous nous retrouverons tous les quatre, devant ce qui reste de la maison de Yann Kodema à la tombée de la nuit.
Après déjeuné, je préparais mes armes. J'ai nettoyé mes deux épées et mes trois dagues dont je me sers pour mes numéros de maniements d'armes. Je vérifiais également que ma bourse de pierres à fronde était pleine.
Je passais le reste de l'après midi à l'auberge, couchée sur le lit de ma chambre. Je regardais le gant qui couvrais ma main gauche. Je ressentais toujours autant de dégoût pour le tatouage caché sous cet effet. Il me rappela ces années de violences et de sexe au service de l’Oeil. Je laissais mon esprit vagabonder. Je pensais à mon arrivée dans ce petit village de pêcheur après... ce que me firent subir... les pirates. Et puis il y eut ma rencontre avec Alba Pied-Agile. Cette prêtresse a fait revivre mon âme en me transmettant sa foi dans les vents et la liberté. Mes souvenirs, continuant de vagabonder, m’amenèrent vers ma rencontre avec le Sénéchal qui a fait revivre mon esprit en me permettant de vivre de mon art comme je le rêvais.
J'espèrais que ce soir, devant le danger, mon corps ne me trahira pas.
A la tombée de la nuit, nous nous retrouvâmes chez le mage Yann Kodema. A mon arrivée, celui-ci échangea son livre avec celui d'Ombre Dansante. Ce dernier devenait de plus en plus mystérieux.
Nous parlâmes à Yann Kodema des tunnels dont l’Ancêtre nous avait révélés l’existence. Le mage nous annonça qu'il existait un passage depuis sa cave pour rejoindre ces boyaux. Mais, suite à l'incendie, l'accès en était bloqué.
Balak Tyrim et Eliodys défoncèrent la porte d’entrée du passage. Puis tous les quatre, nous nous enfonçâmes dans les ténèbres. J'allumais une torche. La présence, près de moi, de trois guerriers me rassurait.
Après deux heures de marche nous sortîmes de ce labyrinthe souterrain à l'extérieur de la ville. Avec un regard circulaire, nous comprîmes que nous étions en contrebas des hauts de la cité, en direction de l'intérieur des terres.
Nous décidâmes de faire demi-tour pour retourner dans le tunnel. Nous continuâmes à progresser dans les sombres boyaux pour retrouver l'antre des malfrats.
Par mes prières, je permis à la torche, qui se consumait, de brûler plus longtemps : « Branche, brûle comme mon cœur pour la Dame des Vents, Réchauffe mon corps et mon âme ».
Nous marchâmes encore deux heures avec prudence à la lumière de ma torche. Nous traversâmes une salle qui n'était autre qu'un ossuaire. Soudain, des squelettes animés sortirent des tas d'ossements. Nous fûmes attaqués par ces horreurs d'où pendaient parfois quelques chairs pourries. Balak Tyrim trancha de sa hache, les deux elfes taillèrent de leurs épées. En retrait, je les soutenais grâce à ma fronde, en lançant des pierres que j'avais enchantées, au préalable, grâce aux prières de la foi venteuse : « Reine des Elémentaires d'Air, Toi qui accompagnes les tempêtes, bénie ces pierres pour armer ta servante ».
Après un combat de quelques minutes, nous fûmes vainqueurs de nos adversaires qui furent transformés en osselets.
Afin d'apporter des soins à mes compagnons blessés, je priais Akkadie : « Dame des Vents, Par mes mains, Apporte le soulagement A ses âmes errantes ».
Nous nous sommes remis en route. Après une heure de progression à la lumière de la torche que je tenais, nous aperçûmes une lueur au détour des couloirs. J'éteignais aussitôt la flamme de ma torche.
Et nous voici de nouveau, avec Ombre Dansante. Nous sommes tous les deux suffisamment discrets pour nous approcher en éclaireur. Au détour du couloir nous jetons un œil. Nous voyons une cavité où sont retranchés les spadassins. Comme je le disais précédemment, nos deux compagnons, en retrait, sont bien campés sur leurs jambes, armes à la main et prêts à intervenir.
La grande salle taillée à même la roche est éclairée par des torches. Ombre Dansante repère les prisonnières, le chef du gang, Ildan le Noir, et ses six comparses. Mais nous sommes remarqués par un des bandits. Pour couvrir l'elfe guerrier qui se repli, je fais tourner ma fronde avant de le suivre à toutes jambes. Ombre Dansante dépasse nos deux autres compagnons afin de sortir de la zone de silence imposée par Ildan grâce à son bâton magique que l'elfe chantelameur avait remarqué. Je cours éperdument pour me placer derrière le nain et l'elfe cavalier. Les malandrins sont sur mes talons.
Les malfrats sont reçus par des coups de hache et d'épée. Balak et Eliodys s'interposent devant les assassins avec efficacité. Ces derniers ne peuvent pas utiliser leur nombre dans ce couloir étroit. Ils ne peuvent opposer que trois hommes à la fois. Derrière mes compagnons, je les soutiens par un chant magique de courage.
Balak Tyrim est un combattant offensif qui n'hésite pas à prendre des risques pour surprendre l'adversaire.
Les pieds bien au sol, Eliodys combat comme un roc, sûr de ses appuis. Il exploite chaque erreur de l'ennemi pour aussitôt abattre la punition.
Ombre Dansante, après qu'il se soit préparé magiquement, revient au côté de nos deux amis. L'elfe chantelameur combat comme s'il dansait avec son épée, tout en légèreté et rapidité.
Mes amis réussissent enfin à réduire au silence nos adversaires. Leur chef est abattu par Ombre Dansante.
Nous délivrons les prisonnières, une femme et sa fille. Pendant que mes compagnons fouillent l'endroit, je rassure ces infortunées. Elles nous remercient avec beaucoup de chaleur. Nous les accompagnons à la surface pour les rendre à leur famille pour la plus grande joie de Yann Kodema.
Le lendemain matin, nous retournons au château de Caer Corwell où nous narrons nos exploits au Sénéchal. Puis nous lui indiquons le lieu de la cache des malandrins. Il nous récompense comme promis. Nous nous partageons l'argent de façon équitable.
Le soir même, pour fêter notre victoire, nous allons boire une chope de bière à l'Ours Bicéphale, initiant le début d'une amitié.
Lorsque mes trois compagnons décident d'aller se coucher, il est tard. Mais je ne peux m'empêcher, malgré la fatigue, d'aller sur les docks pour jouer aux dés. Cette détente me permet de me vider l’esprit. Ce soir les gains ne sont pas au rendez-vous mais je m’en moque. Je sens que j'ai repris une certaine confiance en moi.
Lorsque je rentre à l'auberge pour me coucher, très tard dans la nuit, je sais que demain tout sera différent. Le racisme dont je fus la victime durant mon enfance me parait si loin ce soir.
Pour la première fois depuis bien longtemps il semble que je ne sois plus seule.
Deux jours plus tôt. Eliodys, un cavalier elfe bodybuildé, a quitté le château de Caer Corwell. Il marchait d’un pas décidé, dans la ville portuaire, vers l'auberge de l'Ours Bicéphale pour ce changer les idées. Comme tous les jours, il a entraîné la milice de Caer Corwell dans l’enceinte du château du Sénéchal. Il y retrouvait, plusieurs soirs de la semaine, un guerrier nain, Balak Tyrim, avec lequel il a lié connaissance.
Les habitants de Caer Corwell étaient très inquiets ce soir-là. Il y avait eu des agressions nocturnes contre deux maisons de la ville ces trois dernières nuits. Les deux bâtiments ont brûlé. Heureusement, à chaque fois, les habitants ont évité que le feu se propage aux maisons voisines. L’ambiance dans la petite cité fut lourde toute la journée. Tout le monde semblait être sur ses gardes.
A l'ours Bicéphale, derrière de lourdes tentures, dans ce qui me sert de loge, je me préparais à entrer en scène. La clientèle de l'auberge était morose ce soir-là. Je sentais que je devais me surpasser pour essayer d'alléger la vie de ces pauvres gens.
Avant de monter les quelques marches qui conduisaient sur la scène, j'inspirais une grande bouffée d'air pour me donner du courage et une certaine contenance.
Mon premier numéro de la soirée consistait à manier mes deux épées en les faisant virevolter autour de moi avec dextérité et rapidité. J’excelle dans cet exercice dangereux qui impressionne toujours. Ma prestation est très appréciée. Mes longues heures d’entraînement portent leurs fruits.
Entre deux mouvements, je vis entrer plusieurs marins dans l’auberge. Ils semblent être des pirates. Aussitôt des images liées au viol que j’ai subi remontent. Mais je me reprends très vite. Pour rebondir, je racontais quelques blagues sur les pirates. Ce petit intermède fit rire la salle et me permit de reprendre le contrôle. Puis j’enchaînais sur de nouvelles figures martiales.
Parmi le public, Eliodys et Balak applaudirent ma performance. Ils aiment bien assister à mes spectacles. Je les ai rencontrés depuis peu. Il m'arrive, quand je ne pars pas jouer sur les docks, de boire un verre avec eux après avoir donné mon spectacle. L'elfe, qui est quelqu'un de plutôt secret, est l'hôte du Sénéchal en son château. Le nain, qui est un fêtard aimant bonne chair et bonne bière, est beaucoup plus direct dans sa façon d'être. Ce dernier a une chambre à l’Ours Bicéphale.
Après ce premier numéro, je me changeais dans ma loge. En mettant ma robe, je respirais très fort pour enfouir les souvenirs pénibles qui ont failli me déstabiliser au plus profond de mon âme. Puis j'enchaînais avec un chant très populaire dans la région. Je descendis de scène pour danser. J'allais avec grâce de table en table, telle un ange. J'esquivais la main d'un spectateur qui tenta de me toucher. Je suis une professionnelle, je préfère toujours rester dans le rôle de la femme inaccessible quand je suis en représentation.
Et puis trop d'hommes et d'elfes ont vanté ma beauté pour ne pas remarquer l'attirance que j'exerce sur eux.
Après avoir changé de vêtement, pour mettre une tenue différente, je rentrais sur scène pour ma dernière prestation de la soirée. Je jouais avec mon harmonica une musique entraînante et dansante. J'ai réussi à faire lever et danser les clients de l'auberge. Je sus que ce jour-là j'avais marqué les esprits. L'atmosphère s'était détendue. Le patron de l'auberge me félicita. Malgré la morosité du début de soirée, la recette fut bonne. Grâce à l'ambiance que j'avais mise dans son établissement de nouveaux clients étaient entrés.
Pendant le spectacle, j'avais remarqué qu’un des pirates s'était installé à part. C’était un elfe qui semblait plus vieux qu’Eliodys. Il avait l'air primitif et surtout il semblait mystérieux. Il ressemblait à un marin mais je sentis qu'il n'en était pas un.
Après m'être changée dans ce qui me sert de loge, je me lançais et j'allais directement à la table de cet elfe singulier pour engager la conversation. Il se faisait surnommer Ombre Dansante. Ce n'est pas commun ! Il pourrait être mon père vu son âge. Dans la conversation je lui avais demandé si, durant ses voyages, il était passé par Eauprofonde. Posant cette question, des souvenirs me remontèrent, le visage de ma mère et de mes frères... Il y avait bien longtemps que j'étais partie de chez moi. Mais les dates, que me donna ce voyageur, ne correspondaient pas à ce que j'attendais. Après un moment, Balak Tyrim et Eliodys nous rejoignirent.
C'est à cet instant de la soirée qu'un héraut envoyé par le Sénéchal entra dans l'auberge. Après avoir fait rouler son tambour, il fit une annonce officielle. Le représentant de l'ordre recherchait des volontaires pour enquêter sur les récents événements de la ville. Une récompense substantielle attendait si les coupables étaient arrêtés avec les preuves à l’appui.
Cette offre tombait à pic pour mes finances. Mes trois autres compagnons semblaient aussi intéressés par l’annonce du Sénéchal. Mais la discussion s'éternisant, je préférais me retirer pour profiter du bain que j'avais commandé à l'aubergiste. J'avais l'intention d'être parfaite pour aller voir le Sénéchal, le lendemain.
Aux aurores, je prenais un copieux petit déjeuner dans la salle commune de l’auberge. Ensuite je sortis dans l'arrière-cour pour prier afin de remercier Akkadie, la Reine des Sylphes. J’accompagne, comme tous les matins, le lever du soleil. Comme à chaque fin de prières, lorsque j’effectue le salut aux vents, ceux-ci me remercient en me caressant et en jouant avec mes effets. Ils font claquer mes vêtements et soulèvent ma chevelure rousse qui encadre mes yeux verts.
Puis je partis en direction du château du Sénéchal. Je fus rapidement rejointe par Ombre Dansante, après qu'il eut fait ses études magiques matinales. Nous avons rattrapé Balak Tyrim et Eliodys devant les portes du château.
Nous avons eu peu d'attente avant d'être introduits auprès du Sénéchal. Ce dernier accepta que nous enquêtions sur les récents événements. Il nous remercia pour notre courage en nous faisant une avance sur la récompense. Nous nous sommes partagés l'argent de façon équitable. Il semblait que tous les membres de ce groupe étaient honnêtes, même le nain malgré les idées reçues sur cette race. Je profitais de cette rentrée d’argent afin de m'équiper pour le combat, bien que je ne sois pas ce qu’on appelle un esprit guerrier.
J'avais une forte appréhension pour cette mission. C'était la première fois que j'allais me frotter au danger depuis mon arrivée à Caer Corwell. Est-ce que mon bras tremblera au moment crucial ?
Notre enquête commença par la visite des deux bâtiments qui furent brûlés.
La première habitation est détruite. C’était celle d'un armurier. Sa famille fut tuée et démembrée. Je fus horrifiée par cette violence gratuite. J'ai été, certes, une assassin, mais jamais je n'ai utilisée la sauvagerie. J'ai toujours respecté le corps de mes victimes pour qu'elles puissent retourner auprès de leurs dieux. Je m'écartais discrètement du groupe pour cacher à mes compagnons mon malaise.
Malgré sa perception magique, Ombre Dansante ne trouvait aucune trace de magie. Le propriétaire des lieux déplora la disparition d'un coffre de deux cents kilos d'or et de ses armes. Ses outils étaient toujours présents dans son atelier.
Je fis une enquête de voisinage. Une voisine de l'armurier se rappela très bien de la présence, ce soir-là, d'un homme qui « puait la mort » selon son expression.
La seconde maison a vu son étage détruit. Mais le rez de chaussée est resté plus ou moins debout. Le propriétaire des lieux, un certain Yann Kodema, avait vu sa famille se faire enlever. Il nous fit comprendre à demi-mot qu'il est magicien. La magie est très mal vue dans cette région, mais il avait remarqué qu'Ombre Dansante est lui aussi un initié. Pour notre enquête, Yann Kodema nous conseilla de nous adresser à « l'Ancêtre ». C'est un vieil alcoolique qui écume les bars de Caer Corwell. Il nous assura qu'il en sait très long sur l'histoire de la ville.
L'après-midi nous partîmes à la recherche de l'Ancêtre. Nous avons visité tavernes et auberges. Nous avons finis par retrouver le vieil homme. Il était assis à une table dans une taverne aussi décrépie que lui. Il avait le regard tourné vers le néant. Devant lui, trônait un verre vide. Son visage était ravagé par l'alcool et les ans.
Nous nous sommes invités à sa table. Je lui ai payé à boire pour essayer de lui délier la langue. L'Ancêtre nous dévoilait que la ville était construite sur d'anciennes mines. Ombre Dansante décida de boire avec lui pour en savoir plus. L'elfe sauvage apprit qu'une galerie souterraine passe sous les deux maisons brûlées. Elle traverse également le parc. Sous cet espace vert, le boyau a un accès à l'ancien puits qui se dresse prêt d'un bosquet. L’Ancêtre nous révéla que le chef de la bande s'appellait Ildan le noir.
Nous décidâmes d'aller chacun de notre côté pour nous préparer. Nous nous retrouverons tous les quatre, devant ce qui reste de la maison de Yann Kodema à la tombée de la nuit.
Après déjeuné, je préparais mes armes. J'ai nettoyé mes deux épées et mes trois dagues dont je me sers pour mes numéros de maniements d'armes. Je vérifiais également que ma bourse de pierres à fronde était pleine.
Je passais le reste de l'après midi à l'auberge, couchée sur le lit de ma chambre. Je regardais le gant qui couvrais ma main gauche. Je ressentais toujours autant de dégoût pour le tatouage caché sous cet effet. Il me rappela ces années de violences et de sexe au service de l’Oeil. Je laissais mon esprit vagabonder. Je pensais à mon arrivée dans ce petit village de pêcheur après... ce que me firent subir... les pirates. Et puis il y eut ma rencontre avec Alba Pied-Agile. Cette prêtresse a fait revivre mon âme en me transmettant sa foi dans les vents et la liberté. Mes souvenirs, continuant de vagabonder, m’amenèrent vers ma rencontre avec le Sénéchal qui a fait revivre mon esprit en me permettant de vivre de mon art comme je le rêvais.
J'espèrais que ce soir, devant le danger, mon corps ne me trahira pas.
A la tombée de la nuit, nous nous retrouvâmes chez le mage Yann Kodema. A mon arrivée, celui-ci échangea son livre avec celui d'Ombre Dansante. Ce dernier devenait de plus en plus mystérieux.
Nous parlâmes à Yann Kodema des tunnels dont l’Ancêtre nous avait révélés l’existence. Le mage nous annonça qu'il existait un passage depuis sa cave pour rejoindre ces boyaux. Mais, suite à l'incendie, l'accès en était bloqué.
Balak Tyrim et Eliodys défoncèrent la porte d’entrée du passage. Puis tous les quatre, nous nous enfonçâmes dans les ténèbres. J'allumais une torche. La présence, près de moi, de trois guerriers me rassurait.
Après deux heures de marche nous sortîmes de ce labyrinthe souterrain à l'extérieur de la ville. Avec un regard circulaire, nous comprîmes que nous étions en contrebas des hauts de la cité, en direction de l'intérieur des terres.
Nous décidâmes de faire demi-tour pour retourner dans le tunnel. Nous continuâmes à progresser dans les sombres boyaux pour retrouver l'antre des malfrats.
Par mes prières, je permis à la torche, qui se consumait, de brûler plus longtemps : « Branche, brûle comme mon cœur pour la Dame des Vents, Réchauffe mon corps et mon âme ».
Nous marchâmes encore deux heures avec prudence à la lumière de ma torche. Nous traversâmes une salle qui n'était autre qu'un ossuaire. Soudain, des squelettes animés sortirent des tas d'ossements. Nous fûmes attaqués par ces horreurs d'où pendaient parfois quelques chairs pourries. Balak Tyrim trancha de sa hache, les deux elfes taillèrent de leurs épées. En retrait, je les soutenais grâce à ma fronde, en lançant des pierres que j'avais enchantées, au préalable, grâce aux prières de la foi venteuse : « Reine des Elémentaires d'Air, Toi qui accompagnes les tempêtes, bénie ces pierres pour armer ta servante ».
Après un combat de quelques minutes, nous fûmes vainqueurs de nos adversaires qui furent transformés en osselets.
Afin d'apporter des soins à mes compagnons blessés, je priais Akkadie : « Dame des Vents, Par mes mains, Apporte le soulagement A ses âmes errantes ».
Nous nous sommes remis en route. Après une heure de progression à la lumière de la torche que je tenais, nous aperçûmes une lueur au détour des couloirs. J'éteignais aussitôt la flamme de ma torche.
Et nous voici de nouveau, avec Ombre Dansante. Nous sommes tous les deux suffisamment discrets pour nous approcher en éclaireur. Au détour du couloir nous jetons un œil. Nous voyons une cavité où sont retranchés les spadassins. Comme je le disais précédemment, nos deux compagnons, en retrait, sont bien campés sur leurs jambes, armes à la main et prêts à intervenir.
La grande salle taillée à même la roche est éclairée par des torches. Ombre Dansante repère les prisonnières, le chef du gang, Ildan le Noir, et ses six comparses. Mais nous sommes remarqués par un des bandits. Pour couvrir l'elfe guerrier qui se repli, je fais tourner ma fronde avant de le suivre à toutes jambes. Ombre Dansante dépasse nos deux autres compagnons afin de sortir de la zone de silence imposée par Ildan grâce à son bâton magique que l'elfe chantelameur avait remarqué. Je cours éperdument pour me placer derrière le nain et l'elfe cavalier. Les malandrins sont sur mes talons.
Les malfrats sont reçus par des coups de hache et d'épée. Balak et Eliodys s'interposent devant les assassins avec efficacité. Ces derniers ne peuvent pas utiliser leur nombre dans ce couloir étroit. Ils ne peuvent opposer que trois hommes à la fois. Derrière mes compagnons, je les soutiens par un chant magique de courage.
Balak Tyrim est un combattant offensif qui n'hésite pas à prendre des risques pour surprendre l'adversaire.
Les pieds bien au sol, Eliodys combat comme un roc, sûr de ses appuis. Il exploite chaque erreur de l'ennemi pour aussitôt abattre la punition.
Ombre Dansante, après qu'il se soit préparé magiquement, revient au côté de nos deux amis. L'elfe chantelameur combat comme s'il dansait avec son épée, tout en légèreté et rapidité.
Mes amis réussissent enfin à réduire au silence nos adversaires. Leur chef est abattu par Ombre Dansante.
Nous délivrons les prisonnières, une femme et sa fille. Pendant que mes compagnons fouillent l'endroit, je rassure ces infortunées. Elles nous remercient avec beaucoup de chaleur. Nous les accompagnons à la surface pour les rendre à leur famille pour la plus grande joie de Yann Kodema.
Le lendemain matin, nous retournons au château de Caer Corwell où nous narrons nos exploits au Sénéchal. Puis nous lui indiquons le lieu de la cache des malandrins. Il nous récompense comme promis. Nous nous partageons l'argent de façon équitable.
Le soir même, pour fêter notre victoire, nous allons boire une chope de bière à l'Ours Bicéphale, initiant le début d'une amitié.
Lorsque mes trois compagnons décident d'aller se coucher, il est tard. Mais je ne peux m'empêcher, malgré la fatigue, d'aller sur les docks pour jouer aux dés. Cette détente me permet de me vider l’esprit. Ce soir les gains ne sont pas au rendez-vous mais je m’en moque. Je sens que j'ai repris une certaine confiance en moi.
Lorsque je rentre à l'auberge pour me coucher, très tard dans la nuit, je sais que demain tout sera différent. Le racisme dont je fus la victime durant mon enfance me parait si loin ce soir.
Pour la première fois depuis bien longtemps il semble que je ne sois plus seule.
Dernière édition par Dino Dharric le 20/3/2021, 14:42, édité 2 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
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Chapitre II le village de l'hiver éternel
Je reprends conscience lentement. Je suis courbaturée, comme si mes muscles avaient été engourdis par le froid. J'ouvre les yeux. Mes trois compagnons m'aide à me réchauffer. Je sens la chaleur recommencer à couler dans mes veines. La première pensée qui me vient est : qu'est ce qui m'est arrivée ?
Une semaine plus tôt. Avec ma prime reçue pour l'enquête dans les sous-sols de Caer Corwell, je me suis équipée au marché pour étoffer mes spectacles : dagues de lancer, habit de scène, robe de danse. Et puis je décidais de m'acheter des vêtements pour pouvoir m'habiller autrement qu'en aventurière. Après toutes ces années d'errances, je sentais le besoin de me sentir moi-même.
Dans le bois voisin de la cité vivent des druides. Le cercle druidique dont ils dépendent est proche de la déesse que vénère ma mère. Ils me permirent d'aménager un lieu de prière pour mes offices. J’ai enfin un lieu que je peux dédier au culte des vents. J'ai aménagée une petite clairière, près de la lisière. J'ai donc planté huit piquets dans la terre, au sommet desquels j'ai attaché des bandes de tissus légers et colorés ou des bandes de papiers qui flottent au vent. Cela suffit pour marquer l'aire de prière.
La déesse du vent ne demande pas que nous construisions des temples de pierres ou de bois à sa gloire. Le principal credo du culte est la liberté. Le simple fait de sentir la caresse des vents dans mes cheveux suffit si j’accompagne mes prières d'encens et de prières.
Ma vie à Caer Corwell est structurée entre mes activités d'artiste et celles de clerc. Mais je n’en oublie pas pour autant mes passions.
Le matin je salue par la prière le lever du soleil. Je loue les vents qui soufflent à la frontière entre la nuit et le jour.
La matinée je m'entraîne hors de la ville, près de l'espace dédié à mes prières. J’étoffe et j’améliore mes performances artistiques. J’ai une grande palette de compétences. J’ai de bonnes dispositions pour le chant et la musique. Je sais jongler et je suis une bonne acrobate. Mais je suis avant tout une danseuse et une manieuse d’arme de grand talent. J’ai toujours su impressionner mon public avec mes deux épées en main. Et puis je fais toujours sensation quand les spectateurs me voient lancer les dagues sur une cible les yeux bandés ou lorsque j’avale une lame jusqu’à la garde sans me blesser.
Les après-midis, lorsque des navires avec des passagers accostent, je vais au port. Je me renseigne sur les nouveaux arrivants et je laisse traîner mes oreilles un peu partout. Le fait d'être une artiste est ma meilleure couverture.
Les jours de marché je me produis quelques heures sur la place principale. Dans le même temps, je laisse traîner un œil, une oreille, écoutant les conversations alentours. Une fois par semaine je dois faire un rapport au capitaine de la garde du Sénéchal.
Le soir je salue la montée de la lune en priant Akkadie.
Deux ou trois soirs par semaine, je produis une prestation artistique à l’auberge de l'Ours Bicéphale.
Régulièrement, je descends sur les docks pour jouer aux dés ou aux cartes. En quelques mois, je me suis faite une réputation. Les bons joueurs aiment mon niveau de jeu. Les joueurs moyens tentent leur chance dans le simple but d'éblouir la jeune femme que je suis. Mais, quand je joue, les sentiments n'ont pas cours, tant pis pour eux. Et puis il y a les mauvais joueurs et les dragueurs. J'ai appris à les éviter. Heureusement mon agilité et ma rapidité me permettent de me sortir de situations difficiles. En dernier recours je peux toujours faire appel aux soldats en ronde. Les hommes du gué savent que je connais le capitaine de la garde.
Avant de me coucher je transcrits dans différents carnets les rumeurs que j'entends, les chansons que je crée ou que je peux glaner auprès des anciens, les descriptions de mes spectacles à venir. Je tiens également un journal de ma vie.
Parfois il m'arrive de porter assistance ou des soins à des personnes dans le besoin ou qui se sont blessés. Je suis une prêtresse et je me dois aux autres. Mais lorsque le bénéficiaire veut s'acquitter, en remerciement du service, j'ai déjà disparu. Au sein de mon culte, j’appartiens à l'école des Murmures. Cette branche du culte d'Akkadie prône la discrétion. Je passe comme une brise d'été en ne laissant derrière moi que bien être et bonheur.
Certains soirs, après mes prières saluant la montée de la lune, j'aime parler avec Ombre Dansante, du monde et de la magie. Les connaissances accumulées par cet elfe chantelameur, au cours de ses très nombreux voyages au travers du monde, nourrissent ma culture et m’inspirent.
Ombre Dansante, de son côté, en étudiant le grimoire de Yann Kodema, acquiert de nouvelles connaissances magiques. Il y passe la majeure partie de son temps.
Balak Tyrim aimerait pouvoir de nouveau s'adonner à sa grande passion, la joaillerie. Il a fait la rencontre d’un artisan qui a accepté de lui prêter son matériel. En échange, il lui rend quelques services de taille à l'occasion. Il a trouvé une alternative acceptable en attendant d'avoir son propre atelier.
Le nain recherche, en parallèle, des partenaires commerciaux à même de lui vendre des pierres non taillées. Il rêve ainsi à se faire un nom dans le royaume.
Eliodys, presque tous les jours, passe une grande partie de la journée au château, à entraîner de jeunes recrues du Sénéchal lorsqu'il ne cultive pas les reliefs de son corps.
Ayant entendu parler de nos exploits, les habitants d’un petit village ont envoyé un enfant afin de nous demander de l’assistance.
Renseigné par les druides sur l'endroit où nous trouver, le jeune héraut vins nous rencontrer, un soir, à l'auberge de l'Ours Bicéphale. Il ne devait guère avoir plus de dix ans. Il implora notre aide car son village subit les conséquences d'une malédiction. Il semblait désespéré. A la demande de Balak Tyrim, l'enfant expliqua que son village est prisonnier d'un hiver éternel.
Le lendemain matin, nous sommes passés vérifier les dire de l'enfant auprès des druides. Ces derniers nous indiquèrent le chemin. Puis nous avons suivi notre jeune guide durant deux jours jusqu'au village maudit.
Dès notre arrivée nous avons constaté que l'hiver règne sur les environs de la bourgade bien que l'été bat son plein partout ailleurs. Une épaisse couche de neige couvrait le sol. De lourds nuages cachaient le ciel, déversant leurs multitudes de graines cotonneuses sur les environs. Le froid nous surpris. Les villageois nous accueillirent avec joie. Ils nous dévoilèrent que la malédiction aurait son origine dans une maison isolée du village, près de la forêt. Les malheureux pleurèrent qu'ils n'ont pas d'or à nous offrir. Nous les avions rassurés. Nous avions accepté de les aider sans aucune hésitation, sans rien demandé de plus que ce qu'ils pouvaient offrir.
La porte d'entrée n'était pas verrouillée. Nous sommes entrés avec prudence dans le bâtiment. Nous avons commencé à explorer la maison à la recherche d'indice.
Soudain, des araignées de givre, descendant discrètement le long de leur fil, surgirent du plafond. Elles nous attaquèrent par surprise. Tardant à réagir, je fus mordue par l'une d'elle et je m'écroulai comme congelée.
Après avoir tué les arachnides géants, mes amis réussissent à me réchauffer et à me réanimer.
Et me voilà me réveillant. Je me relève avec difficulté, sentant tous mes muscles courbaturés par le froid. Le temps de quelques étirements, de me remettre de mes émotions et nous reprenons nos recherches.
En fouillant les différentes pièces, nous trouvons divers trésors et autres objets magiques dont, en particulier, une clochette à repas.
Enfin, dans la dernière pièce, nous débusquons un homme-lézard magicien. Il est assis sur un trône de glace comme s'il nous attendait. Nous toisant de son regard hautain il reste silencieux, énigmatiques, observant chacun de nos mouvements.
Ombre Dansante lui demande la raison pour laquelle il a jeté cette malédiction sur ces pauvres gens. Mais il refuse de nous répondre. Après de longues minutes de négociations, nous réussissons, malgré tout, à le convaincre de partir en levant sa malédiction. Il n’est apparemment pas intéressé pour mener un combat à l'issue hasardeuse. Mais il nous annonce qu'il reviendra car le village lui doit quelque chose. Mais il refuse de nous révéler la nature de la dette des villageois.
Lorsque nous sortons enfin de la maison, la neige a déjà cessé de tomber et les lourds nuages ont déjà commencé à se dissiper. Devant notre réussite à lever la malédiction, les habitants du village en joie ne nous donnent que ce qu'ils possèdent : leur gratitude.
Mais ils restent évasifs lorsque nous leur parlons de la dette qu'ils ont contractée envers le mage homme-lézard.
Nous repartons tous les quatre pour Caer Corwell avec le sentiment du devoir accompli.
A notre retour à la cité portuaire, avec l'aide d'Ombre Dansante, nous étudions la clochette magique trouvée dans la maison maudite. Très vite nous comprenons qu'à chaque fois que je la fais sonner, elle fait apparaître le plat auquel je pense et, ce, trois fois par jour. Voilà un objet magique qui nous sera très utile à l'avenir.
Ce soir-là je descends sur les docks pour jouer. Nous avons aidé les habitants d'un village à se défaire d'une malédiction. Pourtant rien ne nous dit si nous avons œuvrer pour le bien de cette communauté ou s'ils avaient une faute à expier. Mais je suis une marchebise de l'ordre des murmures. Ces considérations ne me touchent pas. Mon seul credo est la liberté des vents. Je ne sais que trop ce qu'est d'être privé de ses choix. Ces gens ont regagner la liberté de choisir leur vie grâce à nous.
J'ai une pensée pour Alba, ma marraine au sein du culte. Elle est partie il y a plusieurs semaines. Elle serai fière de son élève. Maintenant je connais ma voie. Je permettrais à quiconque d'être libre, quel qu'en soit le moyen, quel qu'en soit le prix. Alba je te bénie au nom des six vents. Demain je brûlerai de l'encens pour que ma prière soit entendue.
Une semaine plus tôt. Avec ma prime reçue pour l'enquête dans les sous-sols de Caer Corwell, je me suis équipée au marché pour étoffer mes spectacles : dagues de lancer, habit de scène, robe de danse. Et puis je décidais de m'acheter des vêtements pour pouvoir m'habiller autrement qu'en aventurière. Après toutes ces années d'errances, je sentais le besoin de me sentir moi-même.
Dans le bois voisin de la cité vivent des druides. Le cercle druidique dont ils dépendent est proche de la déesse que vénère ma mère. Ils me permirent d'aménager un lieu de prière pour mes offices. J’ai enfin un lieu que je peux dédier au culte des vents. J'ai aménagée une petite clairière, près de la lisière. J'ai donc planté huit piquets dans la terre, au sommet desquels j'ai attaché des bandes de tissus légers et colorés ou des bandes de papiers qui flottent au vent. Cela suffit pour marquer l'aire de prière.
La déesse du vent ne demande pas que nous construisions des temples de pierres ou de bois à sa gloire. Le principal credo du culte est la liberté. Le simple fait de sentir la caresse des vents dans mes cheveux suffit si j’accompagne mes prières d'encens et de prières.
Ma vie à Caer Corwell est structurée entre mes activités d'artiste et celles de clerc. Mais je n’en oublie pas pour autant mes passions.
Le matin je salue par la prière le lever du soleil. Je loue les vents qui soufflent à la frontière entre la nuit et le jour.
La matinée je m'entraîne hors de la ville, près de l'espace dédié à mes prières. J’étoffe et j’améliore mes performances artistiques. J’ai une grande palette de compétences. J’ai de bonnes dispositions pour le chant et la musique. Je sais jongler et je suis une bonne acrobate. Mais je suis avant tout une danseuse et une manieuse d’arme de grand talent. J’ai toujours su impressionner mon public avec mes deux épées en main. Et puis je fais toujours sensation quand les spectateurs me voient lancer les dagues sur une cible les yeux bandés ou lorsque j’avale une lame jusqu’à la garde sans me blesser.
Les après-midis, lorsque des navires avec des passagers accostent, je vais au port. Je me renseigne sur les nouveaux arrivants et je laisse traîner mes oreilles un peu partout. Le fait d'être une artiste est ma meilleure couverture.
Les jours de marché je me produis quelques heures sur la place principale. Dans le même temps, je laisse traîner un œil, une oreille, écoutant les conversations alentours. Une fois par semaine je dois faire un rapport au capitaine de la garde du Sénéchal.
Le soir je salue la montée de la lune en priant Akkadie.
Deux ou trois soirs par semaine, je produis une prestation artistique à l’auberge de l'Ours Bicéphale.
Régulièrement, je descends sur les docks pour jouer aux dés ou aux cartes. En quelques mois, je me suis faite une réputation. Les bons joueurs aiment mon niveau de jeu. Les joueurs moyens tentent leur chance dans le simple but d'éblouir la jeune femme que je suis. Mais, quand je joue, les sentiments n'ont pas cours, tant pis pour eux. Et puis il y a les mauvais joueurs et les dragueurs. J'ai appris à les éviter. Heureusement mon agilité et ma rapidité me permettent de me sortir de situations difficiles. En dernier recours je peux toujours faire appel aux soldats en ronde. Les hommes du gué savent que je connais le capitaine de la garde.
Avant de me coucher je transcrits dans différents carnets les rumeurs que j'entends, les chansons que je crée ou que je peux glaner auprès des anciens, les descriptions de mes spectacles à venir. Je tiens également un journal de ma vie.
Parfois il m'arrive de porter assistance ou des soins à des personnes dans le besoin ou qui se sont blessés. Je suis une prêtresse et je me dois aux autres. Mais lorsque le bénéficiaire veut s'acquitter, en remerciement du service, j'ai déjà disparu. Au sein de mon culte, j’appartiens à l'école des Murmures. Cette branche du culte d'Akkadie prône la discrétion. Je passe comme une brise d'été en ne laissant derrière moi que bien être et bonheur.
Certains soirs, après mes prières saluant la montée de la lune, j'aime parler avec Ombre Dansante, du monde et de la magie. Les connaissances accumulées par cet elfe chantelameur, au cours de ses très nombreux voyages au travers du monde, nourrissent ma culture et m’inspirent.
Ombre Dansante, de son côté, en étudiant le grimoire de Yann Kodema, acquiert de nouvelles connaissances magiques. Il y passe la majeure partie de son temps.
Balak Tyrim aimerait pouvoir de nouveau s'adonner à sa grande passion, la joaillerie. Il a fait la rencontre d’un artisan qui a accepté de lui prêter son matériel. En échange, il lui rend quelques services de taille à l'occasion. Il a trouvé une alternative acceptable en attendant d'avoir son propre atelier.
Le nain recherche, en parallèle, des partenaires commerciaux à même de lui vendre des pierres non taillées. Il rêve ainsi à se faire un nom dans le royaume.
Eliodys, presque tous les jours, passe une grande partie de la journée au château, à entraîner de jeunes recrues du Sénéchal lorsqu'il ne cultive pas les reliefs de son corps.
Ayant entendu parler de nos exploits, les habitants d’un petit village ont envoyé un enfant afin de nous demander de l’assistance.
Renseigné par les druides sur l'endroit où nous trouver, le jeune héraut vins nous rencontrer, un soir, à l'auberge de l'Ours Bicéphale. Il ne devait guère avoir plus de dix ans. Il implora notre aide car son village subit les conséquences d'une malédiction. Il semblait désespéré. A la demande de Balak Tyrim, l'enfant expliqua que son village est prisonnier d'un hiver éternel.
Le lendemain matin, nous sommes passés vérifier les dire de l'enfant auprès des druides. Ces derniers nous indiquèrent le chemin. Puis nous avons suivi notre jeune guide durant deux jours jusqu'au village maudit.
Dès notre arrivée nous avons constaté que l'hiver règne sur les environs de la bourgade bien que l'été bat son plein partout ailleurs. Une épaisse couche de neige couvrait le sol. De lourds nuages cachaient le ciel, déversant leurs multitudes de graines cotonneuses sur les environs. Le froid nous surpris. Les villageois nous accueillirent avec joie. Ils nous dévoilèrent que la malédiction aurait son origine dans une maison isolée du village, près de la forêt. Les malheureux pleurèrent qu'ils n'ont pas d'or à nous offrir. Nous les avions rassurés. Nous avions accepté de les aider sans aucune hésitation, sans rien demandé de plus que ce qu'ils pouvaient offrir.
La porte d'entrée n'était pas verrouillée. Nous sommes entrés avec prudence dans le bâtiment. Nous avons commencé à explorer la maison à la recherche d'indice.
Soudain, des araignées de givre, descendant discrètement le long de leur fil, surgirent du plafond. Elles nous attaquèrent par surprise. Tardant à réagir, je fus mordue par l'une d'elle et je m'écroulai comme congelée.
Après avoir tué les arachnides géants, mes amis réussissent à me réchauffer et à me réanimer.
Et me voilà me réveillant. Je me relève avec difficulté, sentant tous mes muscles courbaturés par le froid. Le temps de quelques étirements, de me remettre de mes émotions et nous reprenons nos recherches.
En fouillant les différentes pièces, nous trouvons divers trésors et autres objets magiques dont, en particulier, une clochette à repas.
Enfin, dans la dernière pièce, nous débusquons un homme-lézard magicien. Il est assis sur un trône de glace comme s'il nous attendait. Nous toisant de son regard hautain il reste silencieux, énigmatiques, observant chacun de nos mouvements.
Ombre Dansante lui demande la raison pour laquelle il a jeté cette malédiction sur ces pauvres gens. Mais il refuse de nous répondre. Après de longues minutes de négociations, nous réussissons, malgré tout, à le convaincre de partir en levant sa malédiction. Il n’est apparemment pas intéressé pour mener un combat à l'issue hasardeuse. Mais il nous annonce qu'il reviendra car le village lui doit quelque chose. Mais il refuse de nous révéler la nature de la dette des villageois.
Lorsque nous sortons enfin de la maison, la neige a déjà cessé de tomber et les lourds nuages ont déjà commencé à se dissiper. Devant notre réussite à lever la malédiction, les habitants du village en joie ne nous donnent que ce qu'ils possèdent : leur gratitude.
Mais ils restent évasifs lorsque nous leur parlons de la dette qu'ils ont contractée envers le mage homme-lézard.
Nous repartons tous les quatre pour Caer Corwell avec le sentiment du devoir accompli.
A notre retour à la cité portuaire, avec l'aide d'Ombre Dansante, nous étudions la clochette magique trouvée dans la maison maudite. Très vite nous comprenons qu'à chaque fois que je la fais sonner, elle fait apparaître le plat auquel je pense et, ce, trois fois par jour. Voilà un objet magique qui nous sera très utile à l'avenir.
Ce soir-là je descends sur les docks pour jouer. Nous avons aidé les habitants d'un village à se défaire d'une malédiction. Pourtant rien ne nous dit si nous avons œuvrer pour le bien de cette communauté ou s'ils avaient une faute à expier. Mais je suis une marchebise de l'ordre des murmures. Ces considérations ne me touchent pas. Mon seul credo est la liberté des vents. Je ne sais que trop ce qu'est d'être privé de ses choix. Ces gens ont regagner la liberté de choisir leur vie grâce à nous.
J'ai une pensée pour Alba, ma marraine au sein du culte. Elle est partie il y a plusieurs semaines. Elle serai fière de son élève. Maintenant je connais ma voie. Je permettrais à quiconque d'être libre, quel qu'en soit le moyen, quel qu'en soit le prix. Alba je te bénie au nom des six vents. Demain je brûlerai de l'encens pour que ma prière soit entendue.
Dernière édition par Dino Dharric le 20/3/2021, 14:43, édité 3 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
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Chapitre III Les quatre éléments des Selenae
Nous nous sommes fait prendre comme des bleus. Il n'y en pas un de nous quatre pour rattraper l'autre. Nous avons l'avenir de l'archipel entre les mains et nous voilà coincés au fond de ce trou. Comment est ce que l'on va se sortir de ce mauvais pas ?
Quelques semaines plus tôt. Ombre Dansante a senti que je possédais quelques prédispositions pour la magie, peut être est ce grâce à mon sang elfe. Il proposa de m'initier à ces arcanes mystérieux. Ce que j'acceptais avec joie. Il avait aiguisé ma curiosité. Pendant plusieurs semaines, il me fit découvrir un monde invisible que je n'avais jamais osé soupçonner. C'était comme découvrir une autre réalité.
Je fus fascinée par ce nouveau monde qui s'offrait à moi. Et puis cet elfe me surprenait. C'était le premier homme, qu'il soit humain ou elfe, à m'offrir une partie de lui sans jamais rien me demander en contrepartie. Au fur et à mesure que nous passions du temps ensemble, une grande complicité naissait entre nous. Jour après jour je me laissais séduire par cet elfe mystérieux, généreux et qui avait d'incroyables connaissances sur ce monde et l'autre monde.
Un soir d'été, après avoir passé plusieurs heures à étudier la magie ensemble, il me parla des étoiles et de leur influence sur la magie. A ce moment je me suis senti irrésistiblement attirée par lui. Je ne voyais personne d'autre. Me laissant aller à mes émotions, je l'embrassais. Il ne m'a pas repoussée.
Le lendemain matin je regardais le jour poindre par la fenêtre de la chambre. Il était mon premier amant depuis que j'ai quitté le continent.
Je me suis retournée et j'ai regardé Ombre Dansante plongé dans ses études magiques, comme tous les matins. Hier soir j'avais eu peur de cet instant mais il avait été si prévenant, si doux. Il m'avait mise en confiance. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais allée ainsi vers lui. Est-ce que je faisais un transfert ? Est-ce que je considérais Ombre Dansante comme un reflet de mon père dont je suis toujours à la recherche ? Mais très vite je chassais ces questions inutiles. La seule chose qui m'apparaissait importante, c'est qu'après toutes ces années d'épreuves, je me sentais enfin heureuse. Après lui avoir donné un baiser très léger, je descendis faire mes prières au soleil levant, mes obligations cléricales me rappelaient à l'ordre.
Pour marquer mon statut clérical, j'ai décidé de m'acheter une écharpe de toile bleue claire très légère. Un costume de prêtresse du vent était hors budget pour mes finances. Je me suis donc contentée d'effets minimum.
Ombre Dansante m'offrit la baguette de silence prit à Ildan le Noir lors de nos aventures précédentes.
Le lendemain matin je décidais d’écrire une lettre à ma mère, à Eauprofonde. Je lui expliquais ma vie actuelle à Caer Corwell, mes joies et mes aventures. J'omis toutefois de lui parler de ma liaison avec l'elfe chantelameur.
Eliodys, de son côté, continuait de s'entraîner au château du Sénéchal pour sculpter son corps. En parallèle, il formait toujours les jeunes recrues de la milice.
Balak Tyrim continuait de rechercher de la matière première pour enfin réaliser un bijou. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas adonné à sa passion : la création joaillière.
Un soir, après le spectacle que je donnais à l’auberge de l’Ours Bicéphale, un druide vînt nous trouver à notre table. Il demanda à s’asseoir. Ombre Dansante l’invita à s’installer à notre table. Aussitôt, il est entré dans le vif du sujet. Il nous a demandé de l'aide pour sauver l'archipel.
Il nous a expliqué que l'archipel des Moonshae reposait sur l'accord entre les quatre éléments, la terre, le feu, l'eau et l'air. Or, régulièrement, cet équilibre est remis en question. Il faut alors que des champions se lancent dans une quête afin de le rétablir. Il a dit avoir confiance en nos capacités. Mais nous n'auront aucune récompense à attendre autre que le sort de ce monde. Nous nous sommes regardés les uns et les autres et nous avons tous les quatre accepté sa proposition. Et puis l’idée de voir ce pays, où a grandi ma mère, disparaître, ne me tentait pas. Il nous a laissé une journée pour nous équiper. J'étais surprise qu'il fassent appel à des inconnus pour une tâche qui semblait si importante. Il est passé nous chercher le surlendemain.
Je m'étais équipée avec mes armes de prédilection. Je sais me servir mieux que personne de mes deux épées. Je peux les faire tournoyer autour de moi dans une danse mortelle tout en empêchant mes adversaires de m'approcher. Mais s’ils baissent leur garde, j’abats aussitôt la punition. Je suis une bonne frondeuse et je sais lancer mes dagues même les yeux bandés. Akkadie, la déesse des vents, me permet d'utiliser sa puissance pour la défense de la communauté. Je possède également les nouvelles connaissances de magie que m'a apporté Ombre Dansante. Enfin je connais des chants magiques pour soutenir mes compagnons quand ils sont confrontés au danger.
Le lendemain, le druide vînt nous guider. Il nous avait mené à quelques jours de marche de Caer Corwell, à l'entrée d'une vallée au nord. Il nous a donné une carte de la région et un parchemin où était écrit à l’encre rouge une prophétie. Puis le druide nous laissa là, sans autres explications.
Avant toute décision, nous avons pris le temps d'étudier la carte et la prophétie. Il nous semblait qu'il faudrait traverser à pied la forêt jusqu'à l'endroit de la carte où, d’après nos appréciations, semblaient converger les quatre éléments. En effet l'orée de la forêt, le pied d'un volcan, la source de la rivière, le début d'une plaine, au-delà de ces bois, semblaient tous prendre naissance dans la même zone. Pour mieux se repérer, nous avons rejoint la rivière qui traversais les bois, pour suivre son cours vers l'amont. Nous avons marché une demi-journée avant que nous atteignions le cours d’eau.
Après une courte pause, nous avons remonté la rivière vers l’amont. Ombre Dansante est né dans les forêts elfiques. Il sait être quasiment invisible quand il se déplace dans les bois. Ainsi il progressait en couvrant notre flanc.
Mais après une journée de marche, il cria à l'aide. Aussitôt nous sommes accourus dans la direction de sa voix. Lorsque nous sommes arrivés nous sommes tombés tous les trois dans un grand trou caché par des branchages. J'ai réussis, grâce à mes réflexes et à mes qualités d’acrobate, à me réceptionner sans mal.
Comme je le disais au début de ce récit, nous voilà bien avancés. A peine remise de mes émotions, je regarde les bords de l'excavation dans laquelle nous sommes tombés. La paroi me semble assez simple à escalader. Grâce à mes qualités naturelles et à ma formation d'ancienne voleuse je grimpe sans grandes difficultés. Je m'accroche aux racines et aux rochers pour m'extirper hors de ce grand trou.
Mais j'arrive au sommet de ce grand trou pour me retrouver nez à nez avec un géant des forêts. Ce dernier se penche et, d'une pichenette du doigt, il me renvoie au fond. Je suis toujours aussi adroite pour me réceptionner. A peine relevée, je hurle ma colère en direction du géant. Il se penche et me prend dans une de ses immenses mains. Je me débats mais je comprends vite que c'est pure perte. Je n'est pas les ressources physiques pour me libérer. Le géant m'amène près de son visage. J'essaie de me calmer en prenant une grande inspiration. Je tente de prendre une contenance afin de cacher ma peur.
Répondant à ma question, le géant m’explique être l'auteur de ce piège qui lui sert à prendre du gibier. Mais il ne s'attendait pas à trouver piégés, un nain, deux elfes et une demi elfe. Il me semble méfiant au premier abord. Mais il m'avoue qu'il se sent bien seul. Aussitôt, je lui raconte deux histoires drôles qui le font beaucoup rire. Il est convaincu que nous ne représentons aucun danger pour lui. Il accepte gentiment de nous libérer. Il ne semble pas méchant. Il est même heureux d'avoir de la compagnie.
Le géant nous invite à son abri. Il nous propose à manger et de dormir chez lui. Nous acceptons avec plaisir. Nous passons une partie de la nuit à discuter avec notre hôte. Il se révèle être de très bonne compagnie.
Nous lui proposons de nous accompagner le lendemain. Il accepte de bon cœur de nous emmener jusqu'à quelques kilomètres de notre objectif. Mais il refuse d'aller plus loin. Je sens comme une crainte superstitieuse dans sa voix.
Le lendemain matin, à notre réveil, le géant a déjà mis sur la table des fruits frais pour le petit déjeuner et de l'eau de source pour remplir nos gourdes. Après nous être restaurés, nous partons.
Nous marchons pendant une demi-journée. Il nous laisse à l'orée des bois. Il nous indique le nord et dit qu'il nous faut marcher tout droit. Nous ne sommes plus qu'à deux heures de marche de notre objectif.
La progression est plus difficile sur ce terrain difficile. Nous arrivons près d'une grande dalle de pierre. Un mystérieux glyphe est gravé dessus. Il représente un ensemble de quatre cartouches. Chaque motif représente un des quatre éléments stylisés. Cela semble être un mécanisme complexe. Après réflexion, nous décidons de faire pivoter la dalle de pierre afin de l'orienter dans le sens de la carte pour faire correspondre à chaque cartouche une direction précise, l'air vers la plaine, le feu vers le volcan, l'eau vers la rivière et la terre vers la forêt. Soudain un mécanisme caché semble se mettre en branle. Une ouverture se fait jour sous la dalle de pierre. Nous découvrons un escalier qui s'enfonce dans les entrailles de la terre. Nous descendons alors que j'allume une torche.
Nous semblons tourner en rond sans pouvoir trouver de fin à ces degrés. Soudain, Ombre Dansante s'arrête de descendre. Sa grande expérience en magie lui a permis d'avoir une intuition. Il nous explique que cet escalier doit être un pont entre deux réalités. Il ajoute que nous devons le franchir un par un. Ainsi nous pourrons avancer.
L'un après l'autre nous nous retrouvons dans une réalité liée à la Terre. C'est une salle fermée par une porte sans serrure. Balak Tyrim se dirige vers une sorte de pyramide en pierre avec un sommet transparent. Très vite il comprend qu'il doit s'agir d'un mécanisme caché. Son intuition lui permet de résoudre l'énigme qui nous permet d'ouvrir la porte de sortie de cette salle. Lorsque nous franchissons la porte, nous nous retrouvons, ensuite, dans un nouvel escalier/pont entre deux mondes.
Nous entrons dans une salle avec un grand et profond bassin rempli d'eau. Nous marchons sur une sorte de quai qui nous conduit à une porte verrouillée et n'ayant encore aucune serrure. Soudain, sortant d'un abri sous-marin, un monstre tentaculaire nous attaque. La hache de Balak Tyrim fait des merveilles. Il réussit, soutenu par les deux autres guerriers et mon chant magique de courage, à abattre le monstre.
Le guerrier nain possède un heaume de respiration aquatique. Il enlève son armure et plonge. Allant au fond de l'abri sous-marin d’où avait surgi le monstre, il trouve une poignée qu'il fait pivoter. La porte au bout du quai s'ouvre aussitôt. Dès que Balak est remonté sur le quai et qu'il a remis son armure, nous franchissons l'ouverture pour emprunter un nouvel escalier entre deux réalités.
Nous entrons dans une salle pour aussitôt tomber dans un puits sans fond. C’est le monde de l'Air. Nous tombons ou nous flottons dans l'air, il est difficile de le savoir. Soudain un sylphe apparaît et nous attaque aussitôt. Il ressemble à un tourbillon d’air. Les trois hommes d'arme qui m'accompagnent tentent d'abattre cet esprit élémentaire. Pendant ce temps je prie Akkadie, la Mère des Sylphes, afin de lui demander de rappeler son enfant auprès d'elle.
Mais Balak Tyrim est tué par le monstre avant que ce dernier ne soit dissous par mes compagnons survivants. Enfin nous touchons le fond du puits. Nous cherchons au sol et en l’air, mais le corps de Balak Tyrim a disparu.
Je ne comprends pas pourquoi Akkadie, la déesse du vent que je vénère, est restée sourde à mes prières. Nous sortons de ce puits, très affectés par la disparition de notre ami.
A la sortie du nouvel escalier, nous entrons dans ce qui devrait être le monde du feu. Un bien curieux grand lac s'étend sur notre gauche alors que devant nous, au fond de la salle, une porte fermée nous barre le passage. La porte, qui possède une serrure, se révèle être verrouillée. Il nous faut trouver la clef. Ombre Dansante décide de traverser le lac. Il avance dans ce liquide qui ressemble à de l'eau. Il avance avec difficultés. Soudainement une grande gerbe de feu issu du liquide le consume jusqu'à sa vaporisation. Je crie en assistant à cette mort atroce. Je tombe à genou, le visage enfouis dans mes mains, pleurant et hurlant ma douleur devant sa mort atroce.
Pendant ce temps Eliodys s'est rapproché de la porte. Elle est impossible à ouvrir. Soudain l'elfe remarque un petit chat noir, à l'écart, qui se lèche le poil avec dédain. Eliodys marche doucement vers le félin pour essayer de le caresser mais à chaque fois l'animal se dérobe. En cherchant à éviter Eliodys, le félin se dirige vers moi. Je suis surprise qu'il vienne se frotter à ma jambe. Après avoir séché mes larmes, je lui caresse la tête puis le dos. Il se laisse faire volontiers. Eliodys est dépité de n'avoir pas pu l'amadouer. Je remarque soudain, sous le cou de l'animal, accrochée à un collier, une clef qui se balance. Avec douceur j'approche la main du cou du félin. Le chat noir me laisse prendre la clé en continuant à ronronner. Je m'approche de la porte. Le verrou cède au deuxième tour de clef. Derrière moi, le félin sombre me suit à la trace.
Enfin nous nous retrouvons à l'air libre. La lumière extérieure nous éblouit. Je respire une grande bouffée d'air frais pour réprimer un sanglot et me redonner une contenance. Lorsque nos yeux se sont habitués à la lumière nous voyons en face de nous, assis sur un rocher, le druide. A ses côtés se tiennent nos deux amis disparus précédemment bien vivants. Je me précipite aussitôt dans les bras d'Ombre Dansante que j'embrasse avec fougue.
Le druide nous remercie d'avoir sauvé l'archipel. Il nous offre sa grande reconnaissance. Son regard se pose sur le petit félin. Il m'annonce que je viens d'adopter un chat à neuf vies. C'est un animal très rare et exceptionnel. Il semble avoir accepté d'être mon familier.
Nous rentrons, après quelques jours de marche, à Caer Corwel, heureux de ce dénouement.
Pendant le chemin de retour je reste silencieuse. Je suis partagée entre la joie que nous soyons tous vivants, et l'inquiétude d'avoir été incapable de faire appel à ma déesse pour sauver mes compagnons. Il va me falloir beaucoup prier pour comprendre.
Je ne suis pas encore à l'aise devant le danger. Soutenir mes compagnons me suffit. Regardant mon gant couvrant ma main gauche j'ai un mouvement de recul. Non, je ne veux plus faire appel à cette violence gratuite qui m'animait quand je travaillais pour l'Oeil.
Aujourd'hui je ne cherche que la paix, si je dois tuer ce ne sera que pour me défendre ou défendre ceux que j'aime.
Quelques semaines plus tôt. Ombre Dansante a senti que je possédais quelques prédispositions pour la magie, peut être est ce grâce à mon sang elfe. Il proposa de m'initier à ces arcanes mystérieux. Ce que j'acceptais avec joie. Il avait aiguisé ma curiosité. Pendant plusieurs semaines, il me fit découvrir un monde invisible que je n'avais jamais osé soupçonner. C'était comme découvrir une autre réalité.
Je fus fascinée par ce nouveau monde qui s'offrait à moi. Et puis cet elfe me surprenait. C'était le premier homme, qu'il soit humain ou elfe, à m'offrir une partie de lui sans jamais rien me demander en contrepartie. Au fur et à mesure que nous passions du temps ensemble, une grande complicité naissait entre nous. Jour après jour je me laissais séduire par cet elfe mystérieux, généreux et qui avait d'incroyables connaissances sur ce monde et l'autre monde.
Un soir d'été, après avoir passé plusieurs heures à étudier la magie ensemble, il me parla des étoiles et de leur influence sur la magie. A ce moment je me suis senti irrésistiblement attirée par lui. Je ne voyais personne d'autre. Me laissant aller à mes émotions, je l'embrassais. Il ne m'a pas repoussée.
Le lendemain matin je regardais le jour poindre par la fenêtre de la chambre. Il était mon premier amant depuis que j'ai quitté le continent.
Je me suis retournée et j'ai regardé Ombre Dansante plongé dans ses études magiques, comme tous les matins. Hier soir j'avais eu peur de cet instant mais il avait été si prévenant, si doux. Il m'avait mise en confiance. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais allée ainsi vers lui. Est-ce que je faisais un transfert ? Est-ce que je considérais Ombre Dansante comme un reflet de mon père dont je suis toujours à la recherche ? Mais très vite je chassais ces questions inutiles. La seule chose qui m'apparaissait importante, c'est qu'après toutes ces années d'épreuves, je me sentais enfin heureuse. Après lui avoir donné un baiser très léger, je descendis faire mes prières au soleil levant, mes obligations cléricales me rappelaient à l'ordre.
Pour marquer mon statut clérical, j'ai décidé de m'acheter une écharpe de toile bleue claire très légère. Un costume de prêtresse du vent était hors budget pour mes finances. Je me suis donc contentée d'effets minimum.
Ombre Dansante m'offrit la baguette de silence prit à Ildan le Noir lors de nos aventures précédentes.
Le lendemain matin je décidais d’écrire une lettre à ma mère, à Eauprofonde. Je lui expliquais ma vie actuelle à Caer Corwell, mes joies et mes aventures. J'omis toutefois de lui parler de ma liaison avec l'elfe chantelameur.
Eliodys, de son côté, continuait de s'entraîner au château du Sénéchal pour sculpter son corps. En parallèle, il formait toujours les jeunes recrues de la milice.
Balak Tyrim continuait de rechercher de la matière première pour enfin réaliser un bijou. Il y avait bien longtemps qu'il ne s'était pas adonné à sa passion : la création joaillière.
Un soir, après le spectacle que je donnais à l’auberge de l’Ours Bicéphale, un druide vînt nous trouver à notre table. Il demanda à s’asseoir. Ombre Dansante l’invita à s’installer à notre table. Aussitôt, il est entré dans le vif du sujet. Il nous a demandé de l'aide pour sauver l'archipel.
Il nous a expliqué que l'archipel des Moonshae reposait sur l'accord entre les quatre éléments, la terre, le feu, l'eau et l'air. Or, régulièrement, cet équilibre est remis en question. Il faut alors que des champions se lancent dans une quête afin de le rétablir. Il a dit avoir confiance en nos capacités. Mais nous n'auront aucune récompense à attendre autre que le sort de ce monde. Nous nous sommes regardés les uns et les autres et nous avons tous les quatre accepté sa proposition. Et puis l’idée de voir ce pays, où a grandi ma mère, disparaître, ne me tentait pas. Il nous a laissé une journée pour nous équiper. J'étais surprise qu'il fassent appel à des inconnus pour une tâche qui semblait si importante. Il est passé nous chercher le surlendemain.
Je m'étais équipée avec mes armes de prédilection. Je sais me servir mieux que personne de mes deux épées. Je peux les faire tournoyer autour de moi dans une danse mortelle tout en empêchant mes adversaires de m'approcher. Mais s’ils baissent leur garde, j’abats aussitôt la punition. Je suis une bonne frondeuse et je sais lancer mes dagues même les yeux bandés. Akkadie, la déesse des vents, me permet d'utiliser sa puissance pour la défense de la communauté. Je possède également les nouvelles connaissances de magie que m'a apporté Ombre Dansante. Enfin je connais des chants magiques pour soutenir mes compagnons quand ils sont confrontés au danger.
Le lendemain, le druide vînt nous guider. Il nous avait mené à quelques jours de marche de Caer Corwell, à l'entrée d'une vallée au nord. Il nous a donné une carte de la région et un parchemin où était écrit à l’encre rouge une prophétie. Puis le druide nous laissa là, sans autres explications.
Avant toute décision, nous avons pris le temps d'étudier la carte et la prophétie. Il nous semblait qu'il faudrait traverser à pied la forêt jusqu'à l'endroit de la carte où, d’après nos appréciations, semblaient converger les quatre éléments. En effet l'orée de la forêt, le pied d'un volcan, la source de la rivière, le début d'une plaine, au-delà de ces bois, semblaient tous prendre naissance dans la même zone. Pour mieux se repérer, nous avons rejoint la rivière qui traversais les bois, pour suivre son cours vers l'amont. Nous avons marché une demi-journée avant que nous atteignions le cours d’eau.
Après une courte pause, nous avons remonté la rivière vers l’amont. Ombre Dansante est né dans les forêts elfiques. Il sait être quasiment invisible quand il se déplace dans les bois. Ainsi il progressait en couvrant notre flanc.
Mais après une journée de marche, il cria à l'aide. Aussitôt nous sommes accourus dans la direction de sa voix. Lorsque nous sommes arrivés nous sommes tombés tous les trois dans un grand trou caché par des branchages. J'ai réussis, grâce à mes réflexes et à mes qualités d’acrobate, à me réceptionner sans mal.
Comme je le disais au début de ce récit, nous voilà bien avancés. A peine remise de mes émotions, je regarde les bords de l'excavation dans laquelle nous sommes tombés. La paroi me semble assez simple à escalader. Grâce à mes qualités naturelles et à ma formation d'ancienne voleuse je grimpe sans grandes difficultés. Je m'accroche aux racines et aux rochers pour m'extirper hors de ce grand trou.
Mais j'arrive au sommet de ce grand trou pour me retrouver nez à nez avec un géant des forêts. Ce dernier se penche et, d'une pichenette du doigt, il me renvoie au fond. Je suis toujours aussi adroite pour me réceptionner. A peine relevée, je hurle ma colère en direction du géant. Il se penche et me prend dans une de ses immenses mains. Je me débats mais je comprends vite que c'est pure perte. Je n'est pas les ressources physiques pour me libérer. Le géant m'amène près de son visage. J'essaie de me calmer en prenant une grande inspiration. Je tente de prendre une contenance afin de cacher ma peur.
Répondant à ma question, le géant m’explique être l'auteur de ce piège qui lui sert à prendre du gibier. Mais il ne s'attendait pas à trouver piégés, un nain, deux elfes et une demi elfe. Il me semble méfiant au premier abord. Mais il m'avoue qu'il se sent bien seul. Aussitôt, je lui raconte deux histoires drôles qui le font beaucoup rire. Il est convaincu que nous ne représentons aucun danger pour lui. Il accepte gentiment de nous libérer. Il ne semble pas méchant. Il est même heureux d'avoir de la compagnie.
Le géant nous invite à son abri. Il nous propose à manger et de dormir chez lui. Nous acceptons avec plaisir. Nous passons une partie de la nuit à discuter avec notre hôte. Il se révèle être de très bonne compagnie.
Nous lui proposons de nous accompagner le lendemain. Il accepte de bon cœur de nous emmener jusqu'à quelques kilomètres de notre objectif. Mais il refuse d'aller plus loin. Je sens comme une crainte superstitieuse dans sa voix.
Le lendemain matin, à notre réveil, le géant a déjà mis sur la table des fruits frais pour le petit déjeuner et de l'eau de source pour remplir nos gourdes. Après nous être restaurés, nous partons.
Nous marchons pendant une demi-journée. Il nous laisse à l'orée des bois. Il nous indique le nord et dit qu'il nous faut marcher tout droit. Nous ne sommes plus qu'à deux heures de marche de notre objectif.
La progression est plus difficile sur ce terrain difficile. Nous arrivons près d'une grande dalle de pierre. Un mystérieux glyphe est gravé dessus. Il représente un ensemble de quatre cartouches. Chaque motif représente un des quatre éléments stylisés. Cela semble être un mécanisme complexe. Après réflexion, nous décidons de faire pivoter la dalle de pierre afin de l'orienter dans le sens de la carte pour faire correspondre à chaque cartouche une direction précise, l'air vers la plaine, le feu vers le volcan, l'eau vers la rivière et la terre vers la forêt. Soudain un mécanisme caché semble se mettre en branle. Une ouverture se fait jour sous la dalle de pierre. Nous découvrons un escalier qui s'enfonce dans les entrailles de la terre. Nous descendons alors que j'allume une torche.
Nous semblons tourner en rond sans pouvoir trouver de fin à ces degrés. Soudain, Ombre Dansante s'arrête de descendre. Sa grande expérience en magie lui a permis d'avoir une intuition. Il nous explique que cet escalier doit être un pont entre deux réalités. Il ajoute que nous devons le franchir un par un. Ainsi nous pourrons avancer.
L'un après l'autre nous nous retrouvons dans une réalité liée à la Terre. C'est une salle fermée par une porte sans serrure. Balak Tyrim se dirige vers une sorte de pyramide en pierre avec un sommet transparent. Très vite il comprend qu'il doit s'agir d'un mécanisme caché. Son intuition lui permet de résoudre l'énigme qui nous permet d'ouvrir la porte de sortie de cette salle. Lorsque nous franchissons la porte, nous nous retrouvons, ensuite, dans un nouvel escalier/pont entre deux mondes.
Nous entrons dans une salle avec un grand et profond bassin rempli d'eau. Nous marchons sur une sorte de quai qui nous conduit à une porte verrouillée et n'ayant encore aucune serrure. Soudain, sortant d'un abri sous-marin, un monstre tentaculaire nous attaque. La hache de Balak Tyrim fait des merveilles. Il réussit, soutenu par les deux autres guerriers et mon chant magique de courage, à abattre le monstre.
Le guerrier nain possède un heaume de respiration aquatique. Il enlève son armure et plonge. Allant au fond de l'abri sous-marin d’où avait surgi le monstre, il trouve une poignée qu'il fait pivoter. La porte au bout du quai s'ouvre aussitôt. Dès que Balak est remonté sur le quai et qu'il a remis son armure, nous franchissons l'ouverture pour emprunter un nouvel escalier entre deux réalités.
Nous entrons dans une salle pour aussitôt tomber dans un puits sans fond. C’est le monde de l'Air. Nous tombons ou nous flottons dans l'air, il est difficile de le savoir. Soudain un sylphe apparaît et nous attaque aussitôt. Il ressemble à un tourbillon d’air. Les trois hommes d'arme qui m'accompagnent tentent d'abattre cet esprit élémentaire. Pendant ce temps je prie Akkadie, la Mère des Sylphes, afin de lui demander de rappeler son enfant auprès d'elle.
Mais Balak Tyrim est tué par le monstre avant que ce dernier ne soit dissous par mes compagnons survivants. Enfin nous touchons le fond du puits. Nous cherchons au sol et en l’air, mais le corps de Balak Tyrim a disparu.
Je ne comprends pas pourquoi Akkadie, la déesse du vent que je vénère, est restée sourde à mes prières. Nous sortons de ce puits, très affectés par la disparition de notre ami.
A la sortie du nouvel escalier, nous entrons dans ce qui devrait être le monde du feu. Un bien curieux grand lac s'étend sur notre gauche alors que devant nous, au fond de la salle, une porte fermée nous barre le passage. La porte, qui possède une serrure, se révèle être verrouillée. Il nous faut trouver la clef. Ombre Dansante décide de traverser le lac. Il avance dans ce liquide qui ressemble à de l'eau. Il avance avec difficultés. Soudainement une grande gerbe de feu issu du liquide le consume jusqu'à sa vaporisation. Je crie en assistant à cette mort atroce. Je tombe à genou, le visage enfouis dans mes mains, pleurant et hurlant ma douleur devant sa mort atroce.
Pendant ce temps Eliodys s'est rapproché de la porte. Elle est impossible à ouvrir. Soudain l'elfe remarque un petit chat noir, à l'écart, qui se lèche le poil avec dédain. Eliodys marche doucement vers le félin pour essayer de le caresser mais à chaque fois l'animal se dérobe. En cherchant à éviter Eliodys, le félin se dirige vers moi. Je suis surprise qu'il vienne se frotter à ma jambe. Après avoir séché mes larmes, je lui caresse la tête puis le dos. Il se laisse faire volontiers. Eliodys est dépité de n'avoir pas pu l'amadouer. Je remarque soudain, sous le cou de l'animal, accrochée à un collier, une clef qui se balance. Avec douceur j'approche la main du cou du félin. Le chat noir me laisse prendre la clé en continuant à ronronner. Je m'approche de la porte. Le verrou cède au deuxième tour de clef. Derrière moi, le félin sombre me suit à la trace.
Enfin nous nous retrouvons à l'air libre. La lumière extérieure nous éblouit. Je respire une grande bouffée d'air frais pour réprimer un sanglot et me redonner une contenance. Lorsque nos yeux se sont habitués à la lumière nous voyons en face de nous, assis sur un rocher, le druide. A ses côtés se tiennent nos deux amis disparus précédemment bien vivants. Je me précipite aussitôt dans les bras d'Ombre Dansante que j'embrasse avec fougue.
Le druide nous remercie d'avoir sauvé l'archipel. Il nous offre sa grande reconnaissance. Son regard se pose sur le petit félin. Il m'annonce que je viens d'adopter un chat à neuf vies. C'est un animal très rare et exceptionnel. Il semble avoir accepté d'être mon familier.
Nous rentrons, après quelques jours de marche, à Caer Corwel, heureux de ce dénouement.
Pendant le chemin de retour je reste silencieuse. Je suis partagée entre la joie que nous soyons tous vivants, et l'inquiétude d'avoir été incapable de faire appel à ma déesse pour sauver mes compagnons. Il va me falloir beaucoup prier pour comprendre.
Je ne suis pas encore à l'aise devant le danger. Soutenir mes compagnons me suffit. Regardant mon gant couvrant ma main gauche j'ai un mouvement de recul. Non, je ne veux plus faire appel à cette violence gratuite qui m'animait quand je travaillais pour l'Oeil.
Aujourd'hui je ne cherche que la paix, si je dois tuer ce ne sera que pour me défendre ou défendre ceux que j'aime.
Dernière édition par Dino Dharric le 17/3/2021, 21:01, édité 2 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
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Chapitre V: La maison sur la falaise
Paralysée par la terreur, je suis assise par terre, sous le ciel étoilé. Je ne sais même pas si je pleure où si je rêve. Je vois mes amis courir vers moi comme dans un cauchemar déformé.
Ombre Dansante m'étreint. Je ressens sa présence sans vraiment la sentir. Il se tourne vers nos deux compagnons et leur dit que je suis victime d'un sort de terreur.
Doucement je sors de ma torpeur. J'ai vu quelque chose dans lacuisine. J'essaie de me concentrer sur cette vision juste avant que je me perde dans ces visions cauchemardesques. Mais je n'arrive pas à me rappeler ce qu'il y avait dans cette cuisine.
En tout cas, j'avais raison tout à l'heure, nous ne sommes pas seuls dans cette maison.
Il y a quelques jours. Notre vie avait repris son rythme normal à Caer Corwell. Le chat noir m'a suivi depuis que nous sommes sortis de la réalité élémentaire. J'ai décidé de l'appeler Lucifer. Nous avons tous les deux une connexion mentale par laquelle nous pouvons faire passer des images, des émotions, des pensées simples. J'ai appris à fermer mon esprit pour que Lucifer ne puisse pas lire en moi lors des moments que je veux gardé. J'ai remarqué que lorsque nous nous éloignons l'un de l'autre d'une trop grande distance, il dépérit.
J'ai demandé des explications aux druides. Ceux ci m'ont expliqué qu'un familier est à la fois une bénédiction et une malédiction. Tous les deux ensemble nous sommes plus fort et plus résistant. Mais séparé l'un de l'autre, nous sommes voués à perdre une partie de notre âme. Les dieux ont voulu que nous nous rencontrions. Je suis reparti de la forêt des druides avec plus de questions qu'avant.
Ombre Dansante a continué à m'enseigner la magie. Je suis une élève sérieuse mais je ne comprends pas vraiment la nature de la magie. Ma formation religieuse m'oblige à enrober de sacrée ces nouvelles connaissances. Lorsque je reproduis les sortilèges que m'enseigne Ombre Dansante, il est souvent surpris par la façon dont je m’y prends pour lancer mes sorts, mais ça fonctionne.
L'elfe chantelameur arrivait, à côté de la formation qu'il m'offre, à se garder du temps pour étudier les livres de magie trouvés lors de nos différentes aventures.
Eliodys et Balak Tyrim s'étaient mis en tête de trouver une maison afin de nous servir de base. Il est vrai que l'auberge n'était pas une solution pérenne. Je rêvais à plus d'intimité avec Ombre Dansante. Nous avions tous les deux besoins d'espace pour étudier la magie et pour me permettre de prier. La liberté est le premier credo de la déesse Akkadie. J'ai toujours besoin de me sentir libre comme les vents et mon lieu de prière était dans la forêt des druides. Je ne sers personne et personne ne me sert.
Balak aimerait s'aménager un atelier afin de pouvoir réaliser de la joaillerie.
Le cavalier elfe et le guerrier nain finissent par trouver une bâtisse retirée de la ville, face à la mer et sur un promontoire, en bord de falaise.
Eliodys et Balak ont demandé, auprès du Sénéchal, l'autorisation de visiter le bâtiment. Ce dernier a accepté. Pendant que nous visitons la maison, il fera des recherches sur son histoire légale.
Nous nous sommes réunis le soir même à l’auberge de l’Ours Bicéphale. La décision fut prise collégialement de visiter la maison dès le lendemain matin.
A la première heure, nous sommes sortis de la ville. Nous avons suivi le chemin longeant la falaise et dominant la mer. Après une demi heure de marche nous arrivons au bâtiment. L'endroit est venté et il y a de l'espace autour de la maison. Cela m'a semblé parfait pour me permettre de communier avec Akkadie, la Reine des Vents. Arrivés à la porte de ce bâtiment, j'ai demandé à Lucifer de monter la garde à l'extérieur et de me prévenir mentalement de tout événement anormal.
La porte n'était pas fermée à clef. A peine étions-nous dans la grande entrée, que des insectes géants, ressemblant à des moustiques, nous attaquèrent. Deux d'entre eux se jetèrent sur moi. Ils me piquèrent et commencèrent à me prélever du sang. Je me débattais autant que possible. Mais l'horreur de la situation me faisait perdre mes moyens. Aussitôt Balak Tyrim se précipita pour m’aider. Il frappa très fort avec sa hache. Il réussit à tuer ces deux monstres. Mais son coup fut si violent qu'il m'éjecta à trois mètres, me blessant profondément. Folle de rage je me relevai et je me précipitai vers cette grosse brute de Balak pour lui mettre une claque avant de le remercier. Puis je me posais afin de refermer mes plaies grâce à mes prières de soin.
Remise de mes blessures, la fouille du bâtiment pouvais reprendre. Il n'y avait, apparemment, rien d'intéressant au rez de chaussé. Montant à l'étage, nous avons trouvé un homme pieds et poings liés dans ce qui ressemblait à une chambre. Balak Tirym lui retira ses liens. L'homme, en se frottant les poignets, nous remercia chaleureusement. Il nous dit être un marchand. Il répondait au nom de Ned. Mais il ne nous apprit rien sur ses ravisseurs.
Nous finissons nos investigations. Nous avons fouillé les différentes chambres. Elles sont toutes vides. Il y avait aussi un bureau avec tout un fatras de papiers.
Après le repas de midi, nous nous sommes remis à fouiller pendant le reste de l'après-midi. Mais il ne semblait rien y avoir d'autre. Le soir, nous avons décidé de bivouaquer dans la maison en nous répartissant les chambres de l'étage. Nous avons décidé d’assurer à tour de rôle les tours de garde. Ned occupait la même chambre que Eliodys.
Lors de mon tour de garde, j'entendis de curieux bruits venants du rez de chaussé. Doucement, je descendais l'escalier en silence, mais tout semblait calme. Seule sur les marches, je ne me sentais pas rassurée. Je décidais donc de remonter réveiller mes trois compagnons. Nous avons fouillé la maison mais rien n'y fit. Nous n'avons pas trouvé la source des bruits que j'avais entendu. Balak grommela d'avoir été réveillé pour rien. il marmonna dans sa barbe de nain « c'est toujours pareil avec les femmes ».
Tout le monde décida de retourner se coucher. Piquée au vif par la réflexion du guerrier nain, je refis un tour au rez de chaussée pour vérifier si je n'avais pas rêvé. Alors que j'entrais dans ce qui était, me semblait-t-il, la cuisine, une peur irraisonnée s'empara soudainement de mon esprit et je m'enfuis en hurlant. Mes compagnons se réveillèrent aussitôt et se précipitèrent pour me rejoindre. Ils me trouvèrent prostrée dehors à une centaine de mètres de la maison, frissonnante de terreur.
Les yeux embués par la peur, j'ai encore la chair de poule. Je suis bien incapable d'expliquer à mes amis ce que j'ai vu. Malgré le froid qui me saisit, je suis mes compagnons. Ils fouillent à nouveau la maison. Pour me remettre de mes émotions, je préfère me tenir en retrait avec Ned. Mais au rez de chaussée il n'y a absolument rien.
Les trois guerriers décident de descendre à la cave pour la fouiller. Je me sens encore éprouvée. Je préfère faire le gué en haut de l'escalier. Ned se tient derrière moi. Alors que je réfléchis à la situation, une idée s'impose soudain à mon esprit. Je prie discrètement Akkadie : « Notre dame des Airs, par la pureté de l'air que j'inspire et par les six vents, ton humble servante te prie de répondre à son souhait, souffle moi l'harmonie intérieure de cette âme égarée ». Puis je me retourne vers Ned. Mais je n'ai pas réussi à lui cacher mes intentions. Ce dernier comprend que je cherche à le sonder. Il me poignarde aussitôt dans le dos et me pousse dans l'escalier. Je les dévale jusqu'en bas mortellement blessée.
Mes compagnons remontent les escaliers quatre à quatre. Arrivés en haut, ils sont agressés par Ned qui cherche à les poignarder, eux aussi, par derrière. Mais ils esquivent l’attaque et ils réussissent à le tuer.
Pendant que Balak et Eliodys fouillent les habits de Ned, Ombre Dansante redescend dans la cave. Il stabilise ma profonde blessure. Il m'aide à me redresser. Mes prières de soins me permettent de refermer mes plaies et de me remettre. Merci Akkadie. Comme à chaque fois que j'exécute le salut aux vents ma chevelure s'élève et mes habits claquent aux vents qui m'entourent et me caressent le visage.
Pendant ce temps Eliodys trouvent des armoiries cousues sur la veste de l'assassin mort aux couleurs royales.
Nous soupçonnons la présence d’au moins un complice. Mais, soudain, un mur de brouillard opaque emplit l'entrée. Dès qu'il se dissipe, nous constatons la disparition du corps de Ned. Cela nous confirme la présence de plus d’un complice.
Et nous voilà repartis, toujours dans le but de trouver un passage secret quelque part dans cette maison. C'est finalement Lucifer qui le trouve dans la cave. Balak Tirym, en bon nain, repère très vite le mécanisme et il ouvre le passage.
Nous voyons un dortoir d'une dizaine de paillasses vides où flotte dans l'air une odeur de chien mouillé. Nous fouillons la pièce, mais il n’y a rien d’intéressant. La porte de l'autre côté de la pièce n'est pas verrouillée. Ces gens sont trop sûr de l'inviolabilité de ces lieux.
J'éteins ma torche et nous suivons un couloir maçonné. Le nain se fie à sa vision thermique et, avec les deux elfes, nous utilisons notre vision nocturne. Mais notre progression est bloquée par deux portes fermées ce faisant face au bout du couloir. L'une des deux est condamnée par des planches clouées, avec peint dessus en rouge vif, en gros et gras : « DANGER ».
Je ne suis pas rassurée par le panneau sur cette porte. Je propose que nous prenions la deuxième. Mes trois compagnons se rangent à mon avis. Nous ouvrons la porte que je désigne. Elle donne sur un passage non maçonné menant vers des grottes naturelles. Nous avançons prudemment dans le boyau taillé à même la pierre.
Eliodys marche devant. Soudain il remarque, sans être repéré, une ouverture gardée par deux gnolls. Ce sont des humanoïdes à tête de chien. Derrière eux, au milieu d'une sorte de salle qui ressemble à une grotte naturelle, il aperçoit un marin qui parle avec ce qui semble être un magicien.
Nous nous concertons à voix basse pour préparer un plan en vue de la confrontation. Eliodys et Balak chargent en tête les deux gnolls alors qu'Ombre Dansante neutralise le marin par un de ses sortilèges. Fermant la marche, je soutiens mes amis avec mon chant magique de courage. Les deux gnolls sont très vite abattus et le marin est capturé. Mais le sorcier a disparu. Eliodys attache solidement le prisonnier avec des cordes qui traînaient. La pièce est remplie de tonneaux. Nous préférons remettre à plus tard la fouille. Nous continuons de progresser.
Nous avançons toujours aussi silencieusement dans le boyau taillé à même la pierre. Nous distinguons une conversation un peu plus loin. A la sortie du couloir, nous débouchons directement sur une crique de sable fin, abritée sous une grotte, au bord de l'océan. Mais nous sommes soudain pris d'un sommeil magique. Heureusement, Elyodis a réussi à résister au sortilège.
Héroïquement, il s'interpose devant les Gnolls pour nous protéger. Il résiste, grâce à ses techniques de combat défensives éprouvées, face à quatre adversaires. Après quelques passes d'arme, Ombre Dansante est le premier à se réveiller. Il réussit à neutraliser les pouvoirs du magicien qui, ne sachant comment nous arrêter, s'enfuit en disparaissant avec... Ned ?! Mais... Il est vivant ?!
Les trois guerriers submergent les gnolls, soutenus par mon chant de courage. Soudain plusieurs pirates, qui s'étaient cachés dans le fond de la grotte, derrière des caisses et des tonneaux, nous attaquent de flanc. La hache de Balak virevolte et taille la chair. Eliodys, solide comme un roc, ne plie pas et tranche de son espadon. Ombre dansante et son épée semblent effectuer une danse mortelle au milieu de nos adversaires. Je fais virevolter mes deux épées autour de moi avec des enchaînements spectaculaires qui empêche les assaillants de pouvoir me toucher alors que mes lames laissent sur la peau de mes ennemis de profondes estafilades. Les survivants s'enfuient vers une barque sur la plage mais, avec Eliodys, nous sommes trop rapide pour eux. Nous réussissons à capturer un des guerriers.
Eliodys attache notre deuxième prisonnier avec de la corde. Balak part chercher le marin que nous avons laissé derrière nous.
Pendant que le nain et les deux elfes inspectent les tonneaux et les caisses qui encombrent la grotte, je fais parler nos prisonniers. J’utilise les techniques apprises lorsque j'étais au service de l'Oeil. Sans grandes difficultés, je réussis à faire parler les prisonniers. Ils m'avouent que nous venons de mettre à jour un trafic illégal de marchandises diverses et variées allant de l'alcool aux armes et de la drogue aux fourrures. Ils dénoncent le magicien qui s'est enfuit, il s'appelle Sambalet.
Le marin m'avoue que ce sorcier a un signe distinctif. Il porte dans le creux de sa main gauche un tatouage qui figure un œil ouvert. Aussitôt le sol semble se dérober sous mes jambes. J'ai juste le temps de m'appuyer sur un tonneau pour ne pas tomber. Des larmes de colère me montent aux yeux et je préfère m'éloigner.
J'ai un regard embué vers le gant qui couvre ma main gauche. Il cache le même tatouage que celui du magicien. Une moue de dégoût déforme mon visage. Je sens une colère désespérée qui me submerge. Je suis assaillie par des images de mon passé au sein de l'organisation de l'Oeil. Le souvenir de tout ce sang que j'ai fait couler, de tous ces corps répugnants que je devais séduire. Celle que j'étais alors me dégoûte encore. Je tombe à genou, la tête dans mes mains, pensant à ce qui m'attend s'ils me retrouvent : la mort. Secouant la tête pour chasser ces images, je me reprends. Je me relève. Ombre Dansante me demande si je vais bien et je lui mens que oui. Comment pourrais-je lui avouer que je fus une voleuse et une meurtrière ? M'accepterait-il toujours ?
Nous livrons les prisonniers au Sénéchal. Nous lui expliquons tout ce qui s'est passé lors de l'exploration de la maison sur la falaise. J'omets juste de parler du tatouage au Sénéchal, comme à mes compagnons.
En remerciement d'avoir arrêté ces trafiquants il nous laisse la jouissance de la maison puisqu'elle appartenait à un magicien disparu depuis plus de vingt ans. Et puis il nous laisse aussi les cargaisons pour en faire ce que nous voulons en remerciement du service rendu à la ville.
Notre installation dans cette maison me donne un répit. Cela me permet de penser à autre chose. Mais très vite le stress m'envahit. Akkadie reste sourde à mes prières. Suis je destinée à ne servir que le mal ? Mon passé m'a rattrapée et je n'arrive plus à me projeter dans un avenir quelconque. Mère, je t'ai laissée bien loin de moi. Père où es tu ? Je suis toujours seule.
Ombre Dansante m'étreint. Je ressens sa présence sans vraiment la sentir. Il se tourne vers nos deux compagnons et leur dit que je suis victime d'un sort de terreur.
Doucement je sors de ma torpeur. J'ai vu quelque chose dans lacuisine. J'essaie de me concentrer sur cette vision juste avant que je me perde dans ces visions cauchemardesques. Mais je n'arrive pas à me rappeler ce qu'il y avait dans cette cuisine.
En tout cas, j'avais raison tout à l'heure, nous ne sommes pas seuls dans cette maison.
Il y a quelques jours. Notre vie avait repris son rythme normal à Caer Corwell. Le chat noir m'a suivi depuis que nous sommes sortis de la réalité élémentaire. J'ai décidé de l'appeler Lucifer. Nous avons tous les deux une connexion mentale par laquelle nous pouvons faire passer des images, des émotions, des pensées simples. J'ai appris à fermer mon esprit pour que Lucifer ne puisse pas lire en moi lors des moments que je veux gardé. J'ai remarqué que lorsque nous nous éloignons l'un de l'autre d'une trop grande distance, il dépérit.
J'ai demandé des explications aux druides. Ceux ci m'ont expliqué qu'un familier est à la fois une bénédiction et une malédiction. Tous les deux ensemble nous sommes plus fort et plus résistant. Mais séparé l'un de l'autre, nous sommes voués à perdre une partie de notre âme. Les dieux ont voulu que nous nous rencontrions. Je suis reparti de la forêt des druides avec plus de questions qu'avant.
Ombre Dansante a continué à m'enseigner la magie. Je suis une élève sérieuse mais je ne comprends pas vraiment la nature de la magie. Ma formation religieuse m'oblige à enrober de sacrée ces nouvelles connaissances. Lorsque je reproduis les sortilèges que m'enseigne Ombre Dansante, il est souvent surpris par la façon dont je m’y prends pour lancer mes sorts, mais ça fonctionne.
L'elfe chantelameur arrivait, à côté de la formation qu'il m'offre, à se garder du temps pour étudier les livres de magie trouvés lors de nos différentes aventures.
Eliodys et Balak Tyrim s'étaient mis en tête de trouver une maison afin de nous servir de base. Il est vrai que l'auberge n'était pas une solution pérenne. Je rêvais à plus d'intimité avec Ombre Dansante. Nous avions tous les deux besoins d'espace pour étudier la magie et pour me permettre de prier. La liberté est le premier credo de la déesse Akkadie. J'ai toujours besoin de me sentir libre comme les vents et mon lieu de prière était dans la forêt des druides. Je ne sers personne et personne ne me sert.
Balak aimerait s'aménager un atelier afin de pouvoir réaliser de la joaillerie.
Le cavalier elfe et le guerrier nain finissent par trouver une bâtisse retirée de la ville, face à la mer et sur un promontoire, en bord de falaise.
Eliodys et Balak ont demandé, auprès du Sénéchal, l'autorisation de visiter le bâtiment. Ce dernier a accepté. Pendant que nous visitons la maison, il fera des recherches sur son histoire légale.
Nous nous sommes réunis le soir même à l’auberge de l’Ours Bicéphale. La décision fut prise collégialement de visiter la maison dès le lendemain matin.
A la première heure, nous sommes sortis de la ville. Nous avons suivi le chemin longeant la falaise et dominant la mer. Après une demi heure de marche nous arrivons au bâtiment. L'endroit est venté et il y a de l'espace autour de la maison. Cela m'a semblé parfait pour me permettre de communier avec Akkadie, la Reine des Vents. Arrivés à la porte de ce bâtiment, j'ai demandé à Lucifer de monter la garde à l'extérieur et de me prévenir mentalement de tout événement anormal.
La porte n'était pas fermée à clef. A peine étions-nous dans la grande entrée, que des insectes géants, ressemblant à des moustiques, nous attaquèrent. Deux d'entre eux se jetèrent sur moi. Ils me piquèrent et commencèrent à me prélever du sang. Je me débattais autant que possible. Mais l'horreur de la situation me faisait perdre mes moyens. Aussitôt Balak Tyrim se précipita pour m’aider. Il frappa très fort avec sa hache. Il réussit à tuer ces deux monstres. Mais son coup fut si violent qu'il m'éjecta à trois mètres, me blessant profondément. Folle de rage je me relevai et je me précipitai vers cette grosse brute de Balak pour lui mettre une claque avant de le remercier. Puis je me posais afin de refermer mes plaies grâce à mes prières de soin.
Remise de mes blessures, la fouille du bâtiment pouvais reprendre. Il n'y avait, apparemment, rien d'intéressant au rez de chaussé. Montant à l'étage, nous avons trouvé un homme pieds et poings liés dans ce qui ressemblait à une chambre. Balak Tirym lui retira ses liens. L'homme, en se frottant les poignets, nous remercia chaleureusement. Il nous dit être un marchand. Il répondait au nom de Ned. Mais il ne nous apprit rien sur ses ravisseurs.
Nous finissons nos investigations. Nous avons fouillé les différentes chambres. Elles sont toutes vides. Il y avait aussi un bureau avec tout un fatras de papiers.
Après le repas de midi, nous nous sommes remis à fouiller pendant le reste de l'après-midi. Mais il ne semblait rien y avoir d'autre. Le soir, nous avons décidé de bivouaquer dans la maison en nous répartissant les chambres de l'étage. Nous avons décidé d’assurer à tour de rôle les tours de garde. Ned occupait la même chambre que Eliodys.
Lors de mon tour de garde, j'entendis de curieux bruits venants du rez de chaussé. Doucement, je descendais l'escalier en silence, mais tout semblait calme. Seule sur les marches, je ne me sentais pas rassurée. Je décidais donc de remonter réveiller mes trois compagnons. Nous avons fouillé la maison mais rien n'y fit. Nous n'avons pas trouvé la source des bruits que j'avais entendu. Balak grommela d'avoir été réveillé pour rien. il marmonna dans sa barbe de nain « c'est toujours pareil avec les femmes ».
Tout le monde décida de retourner se coucher. Piquée au vif par la réflexion du guerrier nain, je refis un tour au rez de chaussée pour vérifier si je n'avais pas rêvé. Alors que j'entrais dans ce qui était, me semblait-t-il, la cuisine, une peur irraisonnée s'empara soudainement de mon esprit et je m'enfuis en hurlant. Mes compagnons se réveillèrent aussitôt et se précipitèrent pour me rejoindre. Ils me trouvèrent prostrée dehors à une centaine de mètres de la maison, frissonnante de terreur.
Les yeux embués par la peur, j'ai encore la chair de poule. Je suis bien incapable d'expliquer à mes amis ce que j'ai vu. Malgré le froid qui me saisit, je suis mes compagnons. Ils fouillent à nouveau la maison. Pour me remettre de mes émotions, je préfère me tenir en retrait avec Ned. Mais au rez de chaussée il n'y a absolument rien.
Les trois guerriers décident de descendre à la cave pour la fouiller. Je me sens encore éprouvée. Je préfère faire le gué en haut de l'escalier. Ned se tient derrière moi. Alors que je réfléchis à la situation, une idée s'impose soudain à mon esprit. Je prie discrètement Akkadie : « Notre dame des Airs, par la pureté de l'air que j'inspire et par les six vents, ton humble servante te prie de répondre à son souhait, souffle moi l'harmonie intérieure de cette âme égarée ». Puis je me retourne vers Ned. Mais je n'ai pas réussi à lui cacher mes intentions. Ce dernier comprend que je cherche à le sonder. Il me poignarde aussitôt dans le dos et me pousse dans l'escalier. Je les dévale jusqu'en bas mortellement blessée.
Mes compagnons remontent les escaliers quatre à quatre. Arrivés en haut, ils sont agressés par Ned qui cherche à les poignarder, eux aussi, par derrière. Mais ils esquivent l’attaque et ils réussissent à le tuer.
Pendant que Balak et Eliodys fouillent les habits de Ned, Ombre Dansante redescend dans la cave. Il stabilise ma profonde blessure. Il m'aide à me redresser. Mes prières de soins me permettent de refermer mes plaies et de me remettre. Merci Akkadie. Comme à chaque fois que j'exécute le salut aux vents ma chevelure s'élève et mes habits claquent aux vents qui m'entourent et me caressent le visage.
Pendant ce temps Eliodys trouvent des armoiries cousues sur la veste de l'assassin mort aux couleurs royales.
Nous soupçonnons la présence d’au moins un complice. Mais, soudain, un mur de brouillard opaque emplit l'entrée. Dès qu'il se dissipe, nous constatons la disparition du corps de Ned. Cela nous confirme la présence de plus d’un complice.
Et nous voilà repartis, toujours dans le but de trouver un passage secret quelque part dans cette maison. C'est finalement Lucifer qui le trouve dans la cave. Balak Tirym, en bon nain, repère très vite le mécanisme et il ouvre le passage.
Nous voyons un dortoir d'une dizaine de paillasses vides où flotte dans l'air une odeur de chien mouillé. Nous fouillons la pièce, mais il n’y a rien d’intéressant. La porte de l'autre côté de la pièce n'est pas verrouillée. Ces gens sont trop sûr de l'inviolabilité de ces lieux.
J'éteins ma torche et nous suivons un couloir maçonné. Le nain se fie à sa vision thermique et, avec les deux elfes, nous utilisons notre vision nocturne. Mais notre progression est bloquée par deux portes fermées ce faisant face au bout du couloir. L'une des deux est condamnée par des planches clouées, avec peint dessus en rouge vif, en gros et gras : « DANGER ».
Je ne suis pas rassurée par le panneau sur cette porte. Je propose que nous prenions la deuxième. Mes trois compagnons se rangent à mon avis. Nous ouvrons la porte que je désigne. Elle donne sur un passage non maçonné menant vers des grottes naturelles. Nous avançons prudemment dans le boyau taillé à même la pierre.
Eliodys marche devant. Soudain il remarque, sans être repéré, une ouverture gardée par deux gnolls. Ce sont des humanoïdes à tête de chien. Derrière eux, au milieu d'une sorte de salle qui ressemble à une grotte naturelle, il aperçoit un marin qui parle avec ce qui semble être un magicien.
Nous nous concertons à voix basse pour préparer un plan en vue de la confrontation. Eliodys et Balak chargent en tête les deux gnolls alors qu'Ombre Dansante neutralise le marin par un de ses sortilèges. Fermant la marche, je soutiens mes amis avec mon chant magique de courage. Les deux gnolls sont très vite abattus et le marin est capturé. Mais le sorcier a disparu. Eliodys attache solidement le prisonnier avec des cordes qui traînaient. La pièce est remplie de tonneaux. Nous préférons remettre à plus tard la fouille. Nous continuons de progresser.
Nous avançons toujours aussi silencieusement dans le boyau taillé à même la pierre. Nous distinguons une conversation un peu plus loin. A la sortie du couloir, nous débouchons directement sur une crique de sable fin, abritée sous une grotte, au bord de l'océan. Mais nous sommes soudain pris d'un sommeil magique. Heureusement, Elyodis a réussi à résister au sortilège.
Héroïquement, il s'interpose devant les Gnolls pour nous protéger. Il résiste, grâce à ses techniques de combat défensives éprouvées, face à quatre adversaires. Après quelques passes d'arme, Ombre Dansante est le premier à se réveiller. Il réussit à neutraliser les pouvoirs du magicien qui, ne sachant comment nous arrêter, s'enfuit en disparaissant avec... Ned ?! Mais... Il est vivant ?!
Les trois guerriers submergent les gnolls, soutenus par mon chant de courage. Soudain plusieurs pirates, qui s'étaient cachés dans le fond de la grotte, derrière des caisses et des tonneaux, nous attaquent de flanc. La hache de Balak virevolte et taille la chair. Eliodys, solide comme un roc, ne plie pas et tranche de son espadon. Ombre dansante et son épée semblent effectuer une danse mortelle au milieu de nos adversaires. Je fais virevolter mes deux épées autour de moi avec des enchaînements spectaculaires qui empêche les assaillants de pouvoir me toucher alors que mes lames laissent sur la peau de mes ennemis de profondes estafilades. Les survivants s'enfuient vers une barque sur la plage mais, avec Eliodys, nous sommes trop rapide pour eux. Nous réussissons à capturer un des guerriers.
Eliodys attache notre deuxième prisonnier avec de la corde. Balak part chercher le marin que nous avons laissé derrière nous.
Pendant que le nain et les deux elfes inspectent les tonneaux et les caisses qui encombrent la grotte, je fais parler nos prisonniers. J’utilise les techniques apprises lorsque j'étais au service de l'Oeil. Sans grandes difficultés, je réussis à faire parler les prisonniers. Ils m'avouent que nous venons de mettre à jour un trafic illégal de marchandises diverses et variées allant de l'alcool aux armes et de la drogue aux fourrures. Ils dénoncent le magicien qui s'est enfuit, il s'appelle Sambalet.
Le marin m'avoue que ce sorcier a un signe distinctif. Il porte dans le creux de sa main gauche un tatouage qui figure un œil ouvert. Aussitôt le sol semble se dérober sous mes jambes. J'ai juste le temps de m'appuyer sur un tonneau pour ne pas tomber. Des larmes de colère me montent aux yeux et je préfère m'éloigner.
J'ai un regard embué vers le gant qui couvre ma main gauche. Il cache le même tatouage que celui du magicien. Une moue de dégoût déforme mon visage. Je sens une colère désespérée qui me submerge. Je suis assaillie par des images de mon passé au sein de l'organisation de l'Oeil. Le souvenir de tout ce sang que j'ai fait couler, de tous ces corps répugnants que je devais séduire. Celle que j'étais alors me dégoûte encore. Je tombe à genou, la tête dans mes mains, pensant à ce qui m'attend s'ils me retrouvent : la mort. Secouant la tête pour chasser ces images, je me reprends. Je me relève. Ombre Dansante me demande si je vais bien et je lui mens que oui. Comment pourrais-je lui avouer que je fus une voleuse et une meurtrière ? M'accepterait-il toujours ?
Nous livrons les prisonniers au Sénéchal. Nous lui expliquons tout ce qui s'est passé lors de l'exploration de la maison sur la falaise. J'omets juste de parler du tatouage au Sénéchal, comme à mes compagnons.
En remerciement d'avoir arrêté ces trafiquants il nous laisse la jouissance de la maison puisqu'elle appartenait à un magicien disparu depuis plus de vingt ans. Et puis il nous laisse aussi les cargaisons pour en faire ce que nous voulons en remerciement du service rendu à la ville.
Notre installation dans cette maison me donne un répit. Cela me permet de penser à autre chose. Mais très vite le stress m'envahit. Akkadie reste sourde à mes prières. Suis je destinée à ne servir que le mal ? Mon passé m'a rattrapée et je n'arrive plus à me projeter dans un avenir quelconque. Mère, je t'ai laissée bien loin de moi. Père où es tu ? Je suis toujours seule.
Dernière édition par Dino Dharric le 19/3/2021, 11:19, édité 1 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
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Chapitre VI: Et ce n'est pas fini
La nuit est claire. Un navire à deux mâts mouille en contre bas de notre maison. A l'ombre de la caverne sous la falaise nous l'épions. L'équipage fait des signaux de lumière destinés à ses anciens collègues que nous avons vaincus il y a deux semaines. Eliodys lui répond en suivant un code que nous avions trouvé dans le bureau de cette maison. Discrètement je monte dans la chaloupe avec le cavalier elfe. Les deux marins que le Sénéchal nous a adjoints commencent à ramer. Ombre Dansante et Balak Tyrim se glissent dans l'eau sur la gauche de la chaloupe.
C'est parti. J'espère au fond de moi que nous allons enfin en finir avec ce trafic. Mais une peur sourde s'est insinuée. Est ce que la magicien Sambalet est à bord ? Est ce qu'il me reconnaîtra ? Est ce que l'oeil va apprendre que je suis toujours vivante ? Une seule réponse positive et la chasse reprendra.
Deux semaines plus tôt. Pendant plusieurs jours, nous avons nettoyé à grandes eaux la maison. Nous avons trié et rangé les affaires de la maison. Enfin nous avons emménagé.
Lorsque je suis allée chercher mes affaires à l'auberge de l'Ours Bicéphale, j'ai rassuré le patron. Malgré mon départ de son établissement, je lui ai promis qu'il pourra toujours compter sur moi à l'avenir pour animer les soirées de l'auberge avec des spectacles réguliers. Et puis j'ai commencé à avoir une certaine notoriété à Caer Corwell. J'avais des admirateurs au sein de sa clientèle. Je n’avais pas envie de les décevoir. En partant, je lui ai laissé un baiser sur la joue.
Depuis que j'avais soutiré aux trafiquants capturés, leurs révélations, j'étais de plus en plus inquiète. Je me surprenais à sursauter à chaque bruit suspect dans la maison. Je dormais d'un sommeil inquiet. Mon comportement avait déteint sur Lucifer. Le chat noir était devenu irritable envers mes trois compagnons.
Balak et Eliodys s'occupaient de trouver des acheteurs pour revendre la marchandise que nous avions confisquée aux trafiquants. Ils réussirent à en obtenir une bonne somme.
J'ai refusé ma part sur la vente. Cet argent était trop lié à l’organisation de l'Oeil pour que je puisse l'accepter. J'avais osé penser que la distance et l'océan qui me séparaient de la ville d'Eauprofonde m'aideraient à me faire oublier. Mais aussi à oublier ce vécu de violence dont j'avais honte. Mais peut-on fuir son passé ?
N'y tenant plus, un jour où je devais travailler la magie avec Ombre Dansante, je déclinais au dernier moment. Je prétextais d'être souffrante. Je descendis dans la crique sous la falaise. Sur la plage j'enlevais ma veste de cuir que j'étendis sur le sable. Je m'agenouillais dessus et je me mis en prière.
Après une heure de méditation, j'étais décidée à détruire le passé. Je pris une profonde inspiration. Je me relevais et je me mis à chercher, le long des parois de la grotte abritant la crique, une pierre tranchante. J'ai fini par trouver un morceau de silex coupant comme un rasoir. Face à l'océan je me suis déshabillée. J'entrais nue dans l'ondée. L'eau froide me fit frissonner. Avec énergie j'ai tenté de me mutiler la paume de ma main gauche pour effacer le tatouage honni. Mais, malgré mes efforts, il restait toujours intact. C'était comme si cet œil ouvert me provoquait.
Serrant les dents pour contenir la douleur, j'insistais jusqu'au sang. Mais rien n'y faisait, la paume de ma main gauche saignait et la douleur devint intolérable. Je maudis ce tatouage, je maudis l'Oeil devant mon impuissance à fuir le passé. Désespérée, je tombais à genou dans l'eau, la tête dans mes mains sanguinolentes. Je ne pouvais que pleurer toutes les larmes de mon corps. Je ne sentais même plus la brûlure du sel sur mes plaies.
Ombre Dansante, commençait à s'inquiéter. Il me chercha partout dans la maison. Ce ne fut que lorsqu'il comprit que j'étais dans la crique, sous la falaise, qu'il me trouva. Il s'approcha doucement.
Soudain, entendant le sable crissé sous des pas, je redressai la tête et je le vis sur la plage. Aussitôt je me rinçais le visage pour effacer le sang et les pleurs. Je me relevai en titubant. Je lui demandais s'il était ici depuis longtemps. Il me répondit doucement qu'il était arrivé à l'instant. Il s'enquit, inquiet, de mon état. Dans un accès de colère incontrôlé, je me précipitai vers Ombre dansante, hurlant de façon hystérique :
« Non ça ne va pas ! Ca ne va pas du tout ! Regarde ça ! »
C'est la première fois qu'il voyait la paume de ma main gauche sans son gant. Je n'enlève ce vêtement que le soir après l'extinction de la lumière et c'est le premier vêtement que je mets le matin dès mon réveil. Je lui montrai le tatouage de l'oeil ouvert sur ma paume :
« Regarde le. Pour cet Oeil j'ai volé, pour cet Oeil j'ai séduit, pour cet Oeil j'ai assassiné. Regarde le bien, il est ma honte, il est ma malédiction. A cause de lui je vais bientôt mourir. »
Pour toute réponse il me prit dans ses bras tendrement. Je n'avais même plus la force de me dégager. Je ressentis aussitôt sa chaleur me faire réaliser combien j'avais froid. Toute la tension accumulée ses dernières semaines retombait. Je pleurais à torrent. Je me sentais protégée par son étreinte. Enfin je réussis à lever la tête et à le fixer dans les yeux :
« Je ne suis pas fière de ce que je vais te raconter. J'ai autrefois fait parti d'une organisation criminelle à Eauprofonde. Mais je n'étais alors qu'une adolescente perdue et sans repère. Mais une fois que j'ai mis le doigt dans cet engrenage, ils m'ont dit que seule la mort me délivrera de mon engagement. Quand j'ai enfin trouvé le courage de fuir, j'ai essayé de partir loin du continent. Mais les prisonniers que j'ai fait parler m'ont confirmé que Samballet, le magicien, avait le même tatouage, sur la paume gauche, que moi. C'est le signe de ralliement de cet organisation criminelle. S'il m'a reconnu, ils vont venir pour me tuer. J'ai peur et je ne veux pas mourir. »
Ombre Dansante me caressa pour me réchauffer le corps. Je pris soudain conscience que j'étais nue. Je rougis en essayant de me dégager. Mais tendrement il me retint. Je ne résistai pas à son baiser.
Lorsque nous nous rhabillions, Ombre Dansante me proposa d'essayer de faire une étude magique de mon tatouage. Je me soignai la main grâce à mes prières. Pendant le reste de la journée, il exécuta un rituel pour identifier cette magie. Très concentré, il ressentait l'origine de cet artifice surnaturel. Ombre Dansante était sûr qu'une magie inhumaine était à l'origine du tatouage. Il pensait avoir déjà croisée ce type de rayonnement sur Montprofond. C'est une ville sombre qui fut construite dans les entrailles de la terre, sous Eauprofonde. Je lui appris que le chef de l'organisation qui se faisait appeler l'Oeil était un tyranoeil.
Ombre Dansante m'embrassa tendrement. Il me dit que je pouvais compter sur lui. Il me protégera contre ces assassins. En réprimant un sanglot, je lui permis d'en parler à nos deux amis car je savais que je n'en aurai pas la force.
Les jours suivants je me surpris à me sentir plus légère. J'avais enfin pu parler de ce passé honteux. Comme à son habitude Ombre Dansante ne m'avait pas jugé. Il m'avait offert sa force sans aucune arrière pensée.
Balak Tyrim recherchait toujours de la matière première pour pouvoir se remettre à la joaillerie. Enfin, un jour, un intermédiaire semblant digne d'intérêt se présenta à lui. L'artisan, qui prêtait son atelier au nain, le connaissait. Il lui confirma qu'il était digne de confiance.
Balak Tyrim a convaincu son ami Eliodys d'investir dans son affaire. Ce dernier accepta avec l'espoir de se faire des contacts avec des puissants par l'intermédiaire de ce marché du luxe.
Deux jours plus tard, je donnais un spectacle sur la place du marché. Ma grâce et mon entraînement assidu me permirent de recevoir un tonnerre d'applaudissements. Les temps forts de mon spectacle, avaler une épée et la ressortir sans dommage, puis lancer des dagues sur une cible avec les yeux bandés, avaient impressionné tout le monde.
Après ma représentation, trois étrangers s'approchèrent. Je vis un homme d'âge moyen, une vieille femme et une plus jeune, juste sortie de l'enfance. Ils insistèrent pour me parler. La plus âgée me demanda de la bénir. Je m'exécutais de bonne grâce au nom d'Akkadie, la déesse du vent. La vieille femme me prit la main droite. Elle l'observa avec attention, dessus, dessous. Puis elle leva vers moi ses yeux délavés par trop de pleurs. Elle me dis, à ma grande surprise :
« Je savais que vous reviendriez vers votre mère. »
Pendant quelques instants je restais interdite. Puis je repris mes esprits. Mais c'était pour constater que les trois étrangers avaient disparu. Je me mis aussitôt à courir à leur recherche dans la ville. J'avais tellement de questions qui se bousculaient dans ma tête. Ce ne fut que lorsque j'arrivai sur le port que je les revis. Ils étaient sur un bateau et, sans que je ne puisse rien faire, ils repartaient vers l'horizon, au-delà des mers.
La nuit suivante, Ombre Dansante eut une vision durant son sommeil. Une meute de loup se dirigeait vers la falaise. Ils dépassèrent notre maison. Les fauves s'assirent sur le promontoire, face à la pleine lune. Ils regardaient vers le large.
Puis l'elfe se réveilla brutalement en sueur. Je le pris dans mes bras et j'ai tenté de l'apaiser. Il est enfin arrivé à se calmer. Haletant, il me raconta son rêve. Bien que je sois prêtresse je n'avais que des connaissances parcellaires sur les visions oniriques. Je lui avouais mon impuissance à trouver une explication.
Au fond de moi je savais que ce n’était pas un hasard. Eauprofonde est dans cette direction, de l’autre côté de l’océan. Mais il n’était pas temps, trop de questions restaient en suspend de ce côté de la mer avant d’envisager de la traversée.
Dans les jours qui suivirent, je me dégageais un peu de temps libre. L'écriteau qui barrait la porte du sous sol m'intrigait toujours autant.
Je fis une recherche sur l'ancien propriétaire de la maison auprès du Sénéchal, puis de l'Ancêtre. Il s'avéra que le bâtiment était la propriété d'un apprenti sorcier du nom de Flamme Sterde. Il était l'élève d'un maître mage qui logeait sur une île du sud. Il allait régulièrement le visiter. Depuis environ dix ans, il avait disparu du jour au lendemain sans laisser de traces.
J'en ai informé mes trois amis. nous décidâmes de visiter sans délai la partie des souterrains derrière la porte condamnée par l'écriteau « DANGER ».
L'ouverture fut dégagée sans aucun problème par les trois guerriers. Dès notre entrée dans la première salle, nous avons du défaire une garde de squelettes. Nous entrâmes ensuite dans un vestige de laboratoire où trônait devant une table un squelette habillé d'une robe de mage. Il était assis sur une chaise et semblait lire un grimoire. Cet homme semblait mort d'une crise cardiaque pendant qu’il lisait. Voilà donc le secret de la disparition du magicien Flamme Sterde. Nous avons trouvé dans ce laboratoire beaucoup d'objets en or et de livres de magie.
Il nous fallait faire des aménagements pour protéger la maison. J'avais peur que des membre de l'organisation de l'Oeil ne reviennent. Après réflexion nous nous sommes mis tous les quatre d'accord. Nous commencerons par la plage. Nous avons commandé les travaux auprès d'artisans de Caer Corwell.
Le lendemain, le Sénéchal nous convoqua en son château. Après avoir interrogé les prisonniers que nous lui avions livré. Il nous demanda de continuer à démanteler le réseau de contrebande. Il a appris qu'une nouvelle cargaison devait arriver dans les dix jours. Comme ces contrebandiers ne savaient pas que leur lieu de rendez-vous était tombé, nous bénéficierons de l'effet de surprise. Pour nous aider, le Sénéchal nous adjoint deux marins et une chaloupe.
Il exigea que la cargaison lui soit livrée au port. Il nous laisse toute latitude quant au bateau. Ombre Dansante se frottait les mains. Avec ses connaissances en navigation il vit une opportunité d'être plus mobile. Je préférais ne rien dire. Je n’aime pas ce moyen de transport. Il me ramenait aux pirates qui m'avait laissée pour morte. Mais nous étions sur une île, il était impossible d’envisager de nous déplacer vers Eauprofonde autrement.
Pour ma part je n'avais pas d'autres choix que d'accepter la proposition du Sénéchal. J'étais toujours redevable envers lui. Malgré la peur qui me tenaillait, je me devais de lui rendre ce service. Il me faudrait être la plus discrète possible. Je ne devais pas être reconnu par un membre de l'Oeil. Et puis-je révéler au Sénéchal que j'ai fais parti de cette organisation criminelle ? Je préférais le laisser dans l'ignorance pour l'instant. Nous acceptâmes la proposition du Sénéchal. Mes camarades savaient que nous n'avions pas le choix. Ces trafiquants allaient vouloir reprendre leur comptoir et nous éliminer.
Nous nous sommes préparés en conséquence. Toutes les nuits, à tour de rôle, l'un d'entre nous veillait pour surveiller le large.
Nous établissions notre plan d’action pour arraisonner le bateau des trafiquants. Je serai dans la chaloupe avec Eliodys où les deux marins pagaieront. Balak Tirym et Ombre Dansante, en nageant, nous accompagnerons, puis ils contourneront le bateau pour l’aborder par le flanc opposé afin de prendre l'équipage en tenaille.
Le bateau arriva par une nuit claire. Et me revoilà dans cet esquif. Balak et Ombre Dansante nageaient discrètement.
A mi-chemin entre la falaise et le navire, les deux nageurs s'éloignent de la chaloupe pour contourner le bateau. Nous avançons doucement jusqu'au navire. Il s'appelle le Fantôme des Mers. Je demande aux deux marins de ramer lentement pour laisser le temps à nos deux nageurs d'atteindre leur objectif.
La chaloupe atteint le bateau et vient se stabiliser sous l'échelle de corde envoyée par les contrebandiers. Eliodys tente de se faire passer pour un complice en s'adressant à ceux sur le pont. L'un d'eux répond à l'elfe cavalier en l'invitant à monter à bord. Il semble faire illusion.
Eliodys monte à bord lentement. Mais lorsqu'il arrive sur le pont, les trafiquants comprennent tout de suite l'entourloupe. Mais, heureusement pour l'elfe cavalier, l'arrivée de la deuxième tenaille sur le pont permet de les attaquer par surprise sur deux fronts.
Eliodys est agressé par des shahuaguins, des sortes de petits démons marins. Balak s'attaque aux marins et au capitaine du navire. Ombre Dansante engage un duel magique avec deux sorciers dont Sambalet, le magicien que nous avons rencontré précédemment. J'arrive sur le pont à ce moment. Je veille à toujours rester dans l'ombre.
Eliodys est entraîné dans l'eau par les démons aquatiques. Il est perdu avec son armure. Mais il est sauvé in extremis par un cheval de mer qui repart dans les eaux après lui avoir permis de remonter à bord. Il rejoint alors Balak qui est en difficulté sous le nombre. Je soutiens avec mes sortilèges, Ombre Dansante, dans son duel magique contre les deux magiciens adverses. Balak est tombé sous les coups, entourés par les corps de nombre de pirates qu'il a, au préalable, abattu. Eliodys combat désespérément le familier d'un des magiciens. Ce monstre sait, entre deux frappes, se rendre invisible. Enfin Sambalet est abattu par Ombre Dansante et tombe à l'eau. Le dernier magicien, se retrouvant seul avec son familier décide de s'enfuir par téléportation.
Je me précipite aussitôt vers Balak et Eliodys qui gisent inanimés sur le pont. Par la prière je fais appel à ma déesse pour permettre aux deux guerriers d'être réanimés. Puis je leur fais boire des potions de soins que j'avais emmenées. En se relevant, Balak, toujours aussi grincheux, se plaint de sa faiblesse au combat. Mais je lui montre les corps sur le pont. C'est grâce au nain qu'Ombre Dansante, avec mon aide, a pu faire fuir les lanceurs de sorts adverses. Il a étendu à lui tout seul presque tout l'équipage dont le capitaine sur le pont.
Eliodys regrette de n'avoir pas pu faire du cheval de mer un destrier. Le cavalier elfe a le pouvoir de créer un lien magique avec une créature. Ombre Dansante nous presse car nous n'avons nettoyé que le pont supérieur pour l'instant. Il a raison, les entrailles du bateau recèlent sûrement de mauvaises surprises.
Nous décidons de fouiller le bateau. Sur le premier pont, nous rencontrons des hommes lézards qui dorment dans une pièce fermée. Mais, après une discussion avec Ombre Dansante et Balak, ceux-ci ne se révèlent pas agressifs. Nous apprenons, grâce à eux que le capitaine se nommait Sigurd Œil de serpent.
Sur le deuxième pont, nous sommes accrochés par d’autres membres de l’équipage, dont le second. Le combat s'engage entre mes amis, soutenus par mon chant de courage, et les pirates. La victoire nous revient de justesse, car la fatigue commence à se faire sentir. Il ne reste que quelques membres de l’équipage survivants. Privés de chef, ils se rendent à Ombre Dansante. Ce dernier les convainc, grâce à son discours, de changer de capitaine.
Ombre Dansante a une rapide discussion avec les hommes lézards. Ils veulent rentrer chez eux, comme il l'avaient convenu avec l'ancien capitaine. Ombre Dansante leur promet qu'il honorera l’engagement. Il prend le commandement de l'équipage et, par ses connaissances en navigation, il s’impose auprès des pirates. Il amène les hommes lézards à l'endroit prévu, d’un coup de voile, pour les déposés.
Avant de nous quitter, les hommes lézards nous promettent que nous serons toujours les bienvenus au sein de leur clan. Il se trouve dans les marais du nord est.
Ensuite nous naviguons jusqu’au port. Les dockers nous aident à décharger le stock de contrebande comme convenu avec le Sénéchal.
Une fois le chargement débarqué, le Fantôme des Mers repars.Ombre Dansante fait jeter l'ancre près de la crique, sous le promontoire où est présente notre maison. Il ne fait aucun doute qu'Ombre Dansante connaît son affaire en navigation.
Nous pouvons enfin profiter d'un repos bien mérité.
Je suis contente de descendre du bateau. Je n'aime toujours pas ce moyen de locomotion.
Je me suis bien comportée lors de cette opération. Je me sens plus à l'aise dans le rôle du soutien à mes camarades. Je ne suis pas une tueuse, même si mon passé peut convaincre du contraire. J'espère que ce magicien qui s'est enfui ne m'a pas reconnu. Je constate qu'aucun marin n'est tatoué à la main gauche, donc aucun ne peut me reconnaître.
Je pense que l'organisation a compris qu'il n'est pas dans son intérêt de revenir. C'est la première nuit depuis longtemps où j'ai enfin pu dormir normalement et avoir un vrai repos.
C'est parti. J'espère au fond de moi que nous allons enfin en finir avec ce trafic. Mais une peur sourde s'est insinuée. Est ce que la magicien Sambalet est à bord ? Est ce qu'il me reconnaîtra ? Est ce que l'oeil va apprendre que je suis toujours vivante ? Une seule réponse positive et la chasse reprendra.
Deux semaines plus tôt. Pendant plusieurs jours, nous avons nettoyé à grandes eaux la maison. Nous avons trié et rangé les affaires de la maison. Enfin nous avons emménagé.
Lorsque je suis allée chercher mes affaires à l'auberge de l'Ours Bicéphale, j'ai rassuré le patron. Malgré mon départ de son établissement, je lui ai promis qu'il pourra toujours compter sur moi à l'avenir pour animer les soirées de l'auberge avec des spectacles réguliers. Et puis j'ai commencé à avoir une certaine notoriété à Caer Corwell. J'avais des admirateurs au sein de sa clientèle. Je n’avais pas envie de les décevoir. En partant, je lui ai laissé un baiser sur la joue.
Depuis que j'avais soutiré aux trafiquants capturés, leurs révélations, j'étais de plus en plus inquiète. Je me surprenais à sursauter à chaque bruit suspect dans la maison. Je dormais d'un sommeil inquiet. Mon comportement avait déteint sur Lucifer. Le chat noir était devenu irritable envers mes trois compagnons.
Balak et Eliodys s'occupaient de trouver des acheteurs pour revendre la marchandise que nous avions confisquée aux trafiquants. Ils réussirent à en obtenir une bonne somme.
J'ai refusé ma part sur la vente. Cet argent était trop lié à l’organisation de l'Oeil pour que je puisse l'accepter. J'avais osé penser que la distance et l'océan qui me séparaient de la ville d'Eauprofonde m'aideraient à me faire oublier. Mais aussi à oublier ce vécu de violence dont j'avais honte. Mais peut-on fuir son passé ?
N'y tenant plus, un jour où je devais travailler la magie avec Ombre Dansante, je déclinais au dernier moment. Je prétextais d'être souffrante. Je descendis dans la crique sous la falaise. Sur la plage j'enlevais ma veste de cuir que j'étendis sur le sable. Je m'agenouillais dessus et je me mis en prière.
Après une heure de méditation, j'étais décidée à détruire le passé. Je pris une profonde inspiration. Je me relevais et je me mis à chercher, le long des parois de la grotte abritant la crique, une pierre tranchante. J'ai fini par trouver un morceau de silex coupant comme un rasoir. Face à l'océan je me suis déshabillée. J'entrais nue dans l'ondée. L'eau froide me fit frissonner. Avec énergie j'ai tenté de me mutiler la paume de ma main gauche pour effacer le tatouage honni. Mais, malgré mes efforts, il restait toujours intact. C'était comme si cet œil ouvert me provoquait.
Serrant les dents pour contenir la douleur, j'insistais jusqu'au sang. Mais rien n'y faisait, la paume de ma main gauche saignait et la douleur devint intolérable. Je maudis ce tatouage, je maudis l'Oeil devant mon impuissance à fuir le passé. Désespérée, je tombais à genou dans l'eau, la tête dans mes mains sanguinolentes. Je ne pouvais que pleurer toutes les larmes de mon corps. Je ne sentais même plus la brûlure du sel sur mes plaies.
Ombre Dansante, commençait à s'inquiéter. Il me chercha partout dans la maison. Ce ne fut que lorsqu'il comprit que j'étais dans la crique, sous la falaise, qu'il me trouva. Il s'approcha doucement.
Soudain, entendant le sable crissé sous des pas, je redressai la tête et je le vis sur la plage. Aussitôt je me rinçais le visage pour effacer le sang et les pleurs. Je me relevai en titubant. Je lui demandais s'il était ici depuis longtemps. Il me répondit doucement qu'il était arrivé à l'instant. Il s'enquit, inquiet, de mon état. Dans un accès de colère incontrôlé, je me précipitai vers Ombre dansante, hurlant de façon hystérique :
« Non ça ne va pas ! Ca ne va pas du tout ! Regarde ça ! »
C'est la première fois qu'il voyait la paume de ma main gauche sans son gant. Je n'enlève ce vêtement que le soir après l'extinction de la lumière et c'est le premier vêtement que je mets le matin dès mon réveil. Je lui montrai le tatouage de l'oeil ouvert sur ma paume :
« Regarde le. Pour cet Oeil j'ai volé, pour cet Oeil j'ai séduit, pour cet Oeil j'ai assassiné. Regarde le bien, il est ma honte, il est ma malédiction. A cause de lui je vais bientôt mourir. »
Pour toute réponse il me prit dans ses bras tendrement. Je n'avais même plus la force de me dégager. Je ressentis aussitôt sa chaleur me faire réaliser combien j'avais froid. Toute la tension accumulée ses dernières semaines retombait. Je pleurais à torrent. Je me sentais protégée par son étreinte. Enfin je réussis à lever la tête et à le fixer dans les yeux :
« Je ne suis pas fière de ce que je vais te raconter. J'ai autrefois fait parti d'une organisation criminelle à Eauprofonde. Mais je n'étais alors qu'une adolescente perdue et sans repère. Mais une fois que j'ai mis le doigt dans cet engrenage, ils m'ont dit que seule la mort me délivrera de mon engagement. Quand j'ai enfin trouvé le courage de fuir, j'ai essayé de partir loin du continent. Mais les prisonniers que j'ai fait parler m'ont confirmé que Samballet, le magicien, avait le même tatouage, sur la paume gauche, que moi. C'est le signe de ralliement de cet organisation criminelle. S'il m'a reconnu, ils vont venir pour me tuer. J'ai peur et je ne veux pas mourir. »
Ombre Dansante me caressa pour me réchauffer le corps. Je pris soudain conscience que j'étais nue. Je rougis en essayant de me dégager. Mais tendrement il me retint. Je ne résistai pas à son baiser.
Lorsque nous nous rhabillions, Ombre Dansante me proposa d'essayer de faire une étude magique de mon tatouage. Je me soignai la main grâce à mes prières. Pendant le reste de la journée, il exécuta un rituel pour identifier cette magie. Très concentré, il ressentait l'origine de cet artifice surnaturel. Ombre Dansante était sûr qu'une magie inhumaine était à l'origine du tatouage. Il pensait avoir déjà croisée ce type de rayonnement sur Montprofond. C'est une ville sombre qui fut construite dans les entrailles de la terre, sous Eauprofonde. Je lui appris que le chef de l'organisation qui se faisait appeler l'Oeil était un tyranoeil.
Ombre Dansante m'embrassa tendrement. Il me dit que je pouvais compter sur lui. Il me protégera contre ces assassins. En réprimant un sanglot, je lui permis d'en parler à nos deux amis car je savais que je n'en aurai pas la force.
Les jours suivants je me surpris à me sentir plus légère. J'avais enfin pu parler de ce passé honteux. Comme à son habitude Ombre Dansante ne m'avait pas jugé. Il m'avait offert sa force sans aucune arrière pensée.
Balak Tyrim recherchait toujours de la matière première pour pouvoir se remettre à la joaillerie. Enfin, un jour, un intermédiaire semblant digne d'intérêt se présenta à lui. L'artisan, qui prêtait son atelier au nain, le connaissait. Il lui confirma qu'il était digne de confiance.
Balak Tyrim a convaincu son ami Eliodys d'investir dans son affaire. Ce dernier accepta avec l'espoir de se faire des contacts avec des puissants par l'intermédiaire de ce marché du luxe.
Deux jours plus tard, je donnais un spectacle sur la place du marché. Ma grâce et mon entraînement assidu me permirent de recevoir un tonnerre d'applaudissements. Les temps forts de mon spectacle, avaler une épée et la ressortir sans dommage, puis lancer des dagues sur une cible avec les yeux bandés, avaient impressionné tout le monde.
Après ma représentation, trois étrangers s'approchèrent. Je vis un homme d'âge moyen, une vieille femme et une plus jeune, juste sortie de l'enfance. Ils insistèrent pour me parler. La plus âgée me demanda de la bénir. Je m'exécutais de bonne grâce au nom d'Akkadie, la déesse du vent. La vieille femme me prit la main droite. Elle l'observa avec attention, dessus, dessous. Puis elle leva vers moi ses yeux délavés par trop de pleurs. Elle me dis, à ma grande surprise :
« Je savais que vous reviendriez vers votre mère. »
Pendant quelques instants je restais interdite. Puis je repris mes esprits. Mais c'était pour constater que les trois étrangers avaient disparu. Je me mis aussitôt à courir à leur recherche dans la ville. J'avais tellement de questions qui se bousculaient dans ma tête. Ce ne fut que lorsque j'arrivai sur le port que je les revis. Ils étaient sur un bateau et, sans que je ne puisse rien faire, ils repartaient vers l'horizon, au-delà des mers.
La nuit suivante, Ombre Dansante eut une vision durant son sommeil. Une meute de loup se dirigeait vers la falaise. Ils dépassèrent notre maison. Les fauves s'assirent sur le promontoire, face à la pleine lune. Ils regardaient vers le large.
Puis l'elfe se réveilla brutalement en sueur. Je le pris dans mes bras et j'ai tenté de l'apaiser. Il est enfin arrivé à se calmer. Haletant, il me raconta son rêve. Bien que je sois prêtresse je n'avais que des connaissances parcellaires sur les visions oniriques. Je lui avouais mon impuissance à trouver une explication.
Au fond de moi je savais que ce n’était pas un hasard. Eauprofonde est dans cette direction, de l’autre côté de l’océan. Mais il n’était pas temps, trop de questions restaient en suspend de ce côté de la mer avant d’envisager de la traversée.
Dans les jours qui suivirent, je me dégageais un peu de temps libre. L'écriteau qui barrait la porte du sous sol m'intrigait toujours autant.
Je fis une recherche sur l'ancien propriétaire de la maison auprès du Sénéchal, puis de l'Ancêtre. Il s'avéra que le bâtiment était la propriété d'un apprenti sorcier du nom de Flamme Sterde. Il était l'élève d'un maître mage qui logeait sur une île du sud. Il allait régulièrement le visiter. Depuis environ dix ans, il avait disparu du jour au lendemain sans laisser de traces.
J'en ai informé mes trois amis. nous décidâmes de visiter sans délai la partie des souterrains derrière la porte condamnée par l'écriteau « DANGER ».
L'ouverture fut dégagée sans aucun problème par les trois guerriers. Dès notre entrée dans la première salle, nous avons du défaire une garde de squelettes. Nous entrâmes ensuite dans un vestige de laboratoire où trônait devant une table un squelette habillé d'une robe de mage. Il était assis sur une chaise et semblait lire un grimoire. Cet homme semblait mort d'une crise cardiaque pendant qu’il lisait. Voilà donc le secret de la disparition du magicien Flamme Sterde. Nous avons trouvé dans ce laboratoire beaucoup d'objets en or et de livres de magie.
Il nous fallait faire des aménagements pour protéger la maison. J'avais peur que des membre de l'organisation de l'Oeil ne reviennent. Après réflexion nous nous sommes mis tous les quatre d'accord. Nous commencerons par la plage. Nous avons commandé les travaux auprès d'artisans de Caer Corwell.
Le lendemain, le Sénéchal nous convoqua en son château. Après avoir interrogé les prisonniers que nous lui avions livré. Il nous demanda de continuer à démanteler le réseau de contrebande. Il a appris qu'une nouvelle cargaison devait arriver dans les dix jours. Comme ces contrebandiers ne savaient pas que leur lieu de rendez-vous était tombé, nous bénéficierons de l'effet de surprise. Pour nous aider, le Sénéchal nous adjoint deux marins et une chaloupe.
Il exigea que la cargaison lui soit livrée au port. Il nous laisse toute latitude quant au bateau. Ombre Dansante se frottait les mains. Avec ses connaissances en navigation il vit une opportunité d'être plus mobile. Je préférais ne rien dire. Je n’aime pas ce moyen de transport. Il me ramenait aux pirates qui m'avait laissée pour morte. Mais nous étions sur une île, il était impossible d’envisager de nous déplacer vers Eauprofonde autrement.
Pour ma part je n'avais pas d'autres choix que d'accepter la proposition du Sénéchal. J'étais toujours redevable envers lui. Malgré la peur qui me tenaillait, je me devais de lui rendre ce service. Il me faudrait être la plus discrète possible. Je ne devais pas être reconnu par un membre de l'Oeil. Et puis-je révéler au Sénéchal que j'ai fais parti de cette organisation criminelle ? Je préférais le laisser dans l'ignorance pour l'instant. Nous acceptâmes la proposition du Sénéchal. Mes camarades savaient que nous n'avions pas le choix. Ces trafiquants allaient vouloir reprendre leur comptoir et nous éliminer.
Nous nous sommes préparés en conséquence. Toutes les nuits, à tour de rôle, l'un d'entre nous veillait pour surveiller le large.
Nous établissions notre plan d’action pour arraisonner le bateau des trafiquants. Je serai dans la chaloupe avec Eliodys où les deux marins pagaieront. Balak Tirym et Ombre Dansante, en nageant, nous accompagnerons, puis ils contourneront le bateau pour l’aborder par le flanc opposé afin de prendre l'équipage en tenaille.
Le bateau arriva par une nuit claire. Et me revoilà dans cet esquif. Balak et Ombre Dansante nageaient discrètement.
A mi-chemin entre la falaise et le navire, les deux nageurs s'éloignent de la chaloupe pour contourner le bateau. Nous avançons doucement jusqu'au navire. Il s'appelle le Fantôme des Mers. Je demande aux deux marins de ramer lentement pour laisser le temps à nos deux nageurs d'atteindre leur objectif.
La chaloupe atteint le bateau et vient se stabiliser sous l'échelle de corde envoyée par les contrebandiers. Eliodys tente de se faire passer pour un complice en s'adressant à ceux sur le pont. L'un d'eux répond à l'elfe cavalier en l'invitant à monter à bord. Il semble faire illusion.
Eliodys monte à bord lentement. Mais lorsqu'il arrive sur le pont, les trafiquants comprennent tout de suite l'entourloupe. Mais, heureusement pour l'elfe cavalier, l'arrivée de la deuxième tenaille sur le pont permet de les attaquer par surprise sur deux fronts.
Eliodys est agressé par des shahuaguins, des sortes de petits démons marins. Balak s'attaque aux marins et au capitaine du navire. Ombre Dansante engage un duel magique avec deux sorciers dont Sambalet, le magicien que nous avons rencontré précédemment. J'arrive sur le pont à ce moment. Je veille à toujours rester dans l'ombre.
Eliodys est entraîné dans l'eau par les démons aquatiques. Il est perdu avec son armure. Mais il est sauvé in extremis par un cheval de mer qui repart dans les eaux après lui avoir permis de remonter à bord. Il rejoint alors Balak qui est en difficulté sous le nombre. Je soutiens avec mes sortilèges, Ombre Dansante, dans son duel magique contre les deux magiciens adverses. Balak est tombé sous les coups, entourés par les corps de nombre de pirates qu'il a, au préalable, abattu. Eliodys combat désespérément le familier d'un des magiciens. Ce monstre sait, entre deux frappes, se rendre invisible. Enfin Sambalet est abattu par Ombre Dansante et tombe à l'eau. Le dernier magicien, se retrouvant seul avec son familier décide de s'enfuir par téléportation.
Je me précipite aussitôt vers Balak et Eliodys qui gisent inanimés sur le pont. Par la prière je fais appel à ma déesse pour permettre aux deux guerriers d'être réanimés. Puis je leur fais boire des potions de soins que j'avais emmenées. En se relevant, Balak, toujours aussi grincheux, se plaint de sa faiblesse au combat. Mais je lui montre les corps sur le pont. C'est grâce au nain qu'Ombre Dansante, avec mon aide, a pu faire fuir les lanceurs de sorts adverses. Il a étendu à lui tout seul presque tout l'équipage dont le capitaine sur le pont.
Eliodys regrette de n'avoir pas pu faire du cheval de mer un destrier. Le cavalier elfe a le pouvoir de créer un lien magique avec une créature. Ombre Dansante nous presse car nous n'avons nettoyé que le pont supérieur pour l'instant. Il a raison, les entrailles du bateau recèlent sûrement de mauvaises surprises.
Nous décidons de fouiller le bateau. Sur le premier pont, nous rencontrons des hommes lézards qui dorment dans une pièce fermée. Mais, après une discussion avec Ombre Dansante et Balak, ceux-ci ne se révèlent pas agressifs. Nous apprenons, grâce à eux que le capitaine se nommait Sigurd Œil de serpent.
Sur le deuxième pont, nous sommes accrochés par d’autres membres de l’équipage, dont le second. Le combat s'engage entre mes amis, soutenus par mon chant de courage, et les pirates. La victoire nous revient de justesse, car la fatigue commence à se faire sentir. Il ne reste que quelques membres de l’équipage survivants. Privés de chef, ils se rendent à Ombre Dansante. Ce dernier les convainc, grâce à son discours, de changer de capitaine.
Ombre Dansante a une rapide discussion avec les hommes lézards. Ils veulent rentrer chez eux, comme il l'avaient convenu avec l'ancien capitaine. Ombre Dansante leur promet qu'il honorera l’engagement. Il prend le commandement de l'équipage et, par ses connaissances en navigation, il s’impose auprès des pirates. Il amène les hommes lézards à l'endroit prévu, d’un coup de voile, pour les déposés.
Avant de nous quitter, les hommes lézards nous promettent que nous serons toujours les bienvenus au sein de leur clan. Il se trouve dans les marais du nord est.
Ensuite nous naviguons jusqu’au port. Les dockers nous aident à décharger le stock de contrebande comme convenu avec le Sénéchal.
Une fois le chargement débarqué, le Fantôme des Mers repars.Ombre Dansante fait jeter l'ancre près de la crique, sous le promontoire où est présente notre maison. Il ne fait aucun doute qu'Ombre Dansante connaît son affaire en navigation.
Nous pouvons enfin profiter d'un repos bien mérité.
Je suis contente de descendre du bateau. Je n'aime toujours pas ce moyen de locomotion.
Je me suis bien comportée lors de cette opération. Je me sens plus à l'aise dans le rôle du soutien à mes camarades. Je ne suis pas une tueuse, même si mon passé peut convaincre du contraire. J'espère que ce magicien qui s'est enfui ne m'a pas reconnu. Je constate qu'aucun marin n'est tatoué à la main gauche, donc aucun ne peut me reconnaître.
Je pense que l'organisation a compris qu'il n'est pas dans son intérêt de revenir. C'est la première nuit depuis longtemps où j'ai enfin pu dormir normalement et avoir un vrai repos.
Dernière édition par Dino Dharric le 20/3/2021, 14:51, édité 2 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
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Chapitre VII: Alligh a tort, les hommes lézards sont caïmans tous dans les marais
Nous arrivons enfin sur un sol dur. J'en ai marre de ces marais et de ces eaux boueuses. Cela fait deux jours que Lucifer voyage sur mes épaules. Je ressens son impatience à pouvoir gambader.
Mes bottes sont crottées, je suis décoiffée et mes habits sont dans un état lamentable. Elle est belle la plus grande danseuse de Caer Corwel. Heureusement que mon public ne me voit pas. Comment je suis arrivé là ?
Quatre semaines plus tôt. Depuis plusieurs nuits, des rêves récurrents nous assaillaient tous les quatre. C'étaient toujours les trois même cauchemars que nous faisions :
Premier rêve :
Quelque part, un matin plein de brouillard je marche, mes pieds buttent dans le sol, la boue est collante. Perdu, une odeur étrange, je dégaine mon épée… j’ai de l’eau jusqu’aux genoux, l’ombre est là, je suis tout près, le noir… je me réveille, mon cheval au-dessus de moi, étrange ? j’ai le torse en feu, mon armure est ?!? fondue…
Second rêve :
Une voix m’appelle, mère… je continue mon chemin, mais je m’égare ; que dois-je faire déjà ? j’ai une tâche à accomplir, ma famille ère toujours… je marche au milieu des ruines, il faut partir, trouver un nouveau foyer, j’ai faim, les enfants ont… je dois rencontrer le guide, il me conduira à la porte, là sur le chemin qui est-ce ?... Je cours, ils sont derrière moi, la meute me suit, cours ! Cours !...
Troisième rêve :
Je me réveille, le visage tuméfié, j’ai mal, si mal. J’ouvre les yeux, mon fournil est détruit, les enfants ?... Le soleil se lève sur le château, il est radieux, quelle joie et quelle tristesse ; seul encore et toujours, où es-tu ?... Fuis, où que tu sois, fuis, ils te cherchent…
Nous faisions toujours le même rêve simultanément et chaque jour un rêve différent.
Notre victoire totale sur les trafiquants et la capture de leur navire nous permettait de souffler. J'espère que l'Oeil a abandonné son comptoir. J'ai repris mon rythme de vie entre mes obligations cléricales et ma vie artistique.
J'ai continué à m'aménager du temps pour travailler la magie avec Ombre Dansante. J'ai commencé à mieux ressentir l'énergie magique qui me traverse chaque fois que j'ai utilisé cette puissance.
L’associé joaillier de Balak Tyrim, avait pris contact avec un interlocuteur. Il l'a rencontré sur l’île principale, au nord de la capitale. Les commanditaires, représentés par cet intermédiaire, étaient intéressés par un orfèvre de talent pour fabriquer un bracelet serti de dix pierres dans le but de faire un cadeau à une jeune noble.
Tous les artisans joailliers pouvaient postuler pour réaliser l’objet en question. Il fallait envoyer dix petites pierres, d’une valeur de dix pièces d’or chacune une fois taillées, au « Comptoir des Six Coffres ». L'artisan qui sera déclaré vainqueur se verra récompensé par le « contrat de sa vie ». Balak avait besoin de se prouver qu'il n'avait pas perdu la main et qu'il était encore le meilleur.
Un matin, quatre semaines après la capture du bateau, un nain frappa à la porte du manoir. Il se présenta comme étant Victor Orkstaff dit « Patte de Fer ». Il était dans la force de l’âge. Son visage buriné était déformé par une cicatrice partant de sa tempe droite jusqu'au menton. Il avait une jambe de fer sous le genou droit. Il nous raconta que ces anciennes blessures dataient de la guerre.
Victor Orkstaff était venu nous proposer ses services en tant que majordome. Il prétendait être un nain déraciné que la mer avait appelé. Il aurait tenu le poste de cuisinier sur divers bateaux après la guerre.
Il raconta qu'à la fin du conflit, il aurait pu rentrer au pays. Mais il a la mer dans la peau et les shahuaguins manquaient à son marteau. Ce qu’il recherchait, c'était un foyer avec un guide à suivre. Ayant entendu parler des derniers exploits de Balak Tyrim et de ces talents particuliers, il s'était dit : pourquoi pas lui… Il annonça qu'il attendrait notre réponse à l’auberge sur le port.
Un nouvel invité était arrivé par la mer au château de Caer Corwell. Il s’était présenté comme un émissaire lointain. C'était un elfe à la peau dorée et aux cheveux rouges. Il était grand, élancé et athlétique.
Depuis plusieurs jours il était très assidu à mes spectacles. Un soir, après ma prestation, il vint me voir dans ce qui me servait de loge. Il me complimenta sur mes performances artistiques. Puis il sortit une bourse pleine qu'il posa sur la table de maquillage. La bourse était énorme et pleine de pièces. Je les refusai sèchement. Je lui dit avec agressivité que je ne voulais pas coucher avec lui. Avec une voix douce il m'expliqua que je me méprenais sur ses intentions. Il ne cherchait qu'à récompenser le travail et la qualité de mes prestations. Je l'observais avec insistance, à la limite de la bienséance. Mais son visage était impossible à lire. Soudain je souris en pensant à ma quête. Est-il possible qu'il soit mon père ? Aussitôt je lui demandais s'il était passé par Eauprofonde et quand. Il me confirme qu'il s'y était rendu en effet. Mais ce n'était pas dans l'année qui correspondait à ce que j'attendais. Je fus déçue et je me remis sur la défensive. Mais il insista en prenant congé. J'acceptais l'argent à contrecœur. Je ne comprenais pas ses intentions mais c'était une sacrée somme.
Le soir, en rentrant dans notre manoir, je racontais aux garçons ma rencontre avec cet elfe bizarre. Eliodys répondit qu'il l'avait vu aussi, dans l'après-midi. Alors qu'il était occupé à entraîner les jeunes recrues, cet elfe s'était proposé comme adversaire pour quelques passes d’armes. A chaque échange martial il avait désarmé le cavalier en quelques secondes. Il s'était même permis d'expliquer au cavalier ses erreurs. L'elfe aux cheveux rouges avait offert, lors de son prochain passage à Caer Corwell, d'aider Eliodys à se perfectionner dans le maniement des armes. Pour qui se prenait-il, cet elfe arrogant, pensais-je secrètement ?
Le lendemain je prenais auprès du patron de l'Ours Bicéphale, des renseignements sur ce personnage singulier. J'appris qu'il louait une chambre à l’année à l’auberge. Mais l'aubergiste m'expliqua qu'il était parti ce matin. Comme à chaque fois, il venait et repartait sans aucune explication et sans aucune régularité. Le patron de l'auberge me précisa que comme la chambre était payée d'avance, il ne posais pas de question. Il me confirma qu'il avait ses entrées au château chez le Sénéchal.
J'allais ensuite dans la forêt afin de parler avec les druides pour en savoir plus sur cet elfe. Ils m'apprenaient qu'ils le connaissaient également. Il était apprécié de la déesse et il était un précieux allié. Mais ils s’interrogeaient sur sa présence dans cette cité. Malheureusement je n'appris rien de plus sur cet elfe bizarre.
Je leurs demandais ensuite un conseil ou, au moins des éclairages, sur mes rêves récurrents. Mais les druides ne me furent d’aucun secours.
Je serais bien allé interroger le Sénéchal mais je préférais attendre d'avoir payer ma dette. Je veux pouvoir discuter d'égal à égal.
Après le passage de l'elfe aux cheveux rouges, Ombre Dansante me trouvait dissipée. Je retenais peu de chose de ses enseignements. Je m'en excusais auprès de lui. Je lui expliquais que j'étais intriguée à cause des récents événements. Mais je me rendais compte que je n'étais pas vraiment à ce que je faisais en ce moment, ce qui déçut Ombre Dansante.
Le soir, avec mes trois amis, nous nous concertâmes pour décider de la réponse que nous allions apporter à Victor Orkstaff. J'étais contre. Je me rendis vite compte que j'étais la seule de cet avis. Avec désinvolture, je proposais à mes amis d'embaucher celui qui lui avait fait sa cicatrice et qui lui avait coupé la jambe. Mais je ne fis rire que moi. Ils me rappelèrent avec gravité que c'est à la guerre qu'il avait reçu ses blessures. Je leurs répondis sèchement que je ne sers personne et que personne ne me sert. Qu'ils fassent comme bon leur semble et je ne voulais pas en entendre parler.
Il fut donc décidé, à la majorité, d’embaucher Victor Orkstaff comme majordome. Ombre Dansante nous confia qu'il aimerait profiter des connaissances maritimes de ce nain pour en faire son second sur le navire.
Victor prit sa fonction très au sérieux. Mais il fut vite déçu par mon comportement. je continuais à vivre comme s'il n'était pas là. Il ne comprenait pas pourquoi je lui refusais de s'occuper de mes affaires. Ce nain était très serviable mais je suis une prêtresse. Je ne peux me permettre de trop me détacher des contingences matérielles pour ne pas m'éloigner des croyants.
Quelques jours plus tard, le Sénéchal nous fit demander. Nous allâmes au château dès le lendemain. Le Sénéchal aimerait que nous soyons ses ambassadeurs auprès des hommes lézards qui occupaient les marais au nord-ouest de Caer Corwell. Ceci afin de trouver des alliés pour lutter contre les shahuaguins. Ces derniers perturbaient de plus en plus les échanges maritimes avec leurs actes de piraterie.
Le Sénéchal était prêt à fournir un soutien matériel, comme des armes, à ces nouveaux alliés contre leurs ennemis communs.
Depuis qu'il avait racheté mes soins auprès des pêcheurs qui m'avaient recueillie, je me sentais toujours redevable envers le maître du château de Caer Corwell. Aussi j'acceptais et mes compagnons aussi.
Nous apprenions au Sénéchal que par le passé nous avions rendu service à certains de ses reptiles bipèdes. Peut-être que nous pourrions avoir une oreille attentive de la part des hommes lézards.
Après réflexion je fus très amusée par la situation. Une ambassade de non humains allait représenter les intérêts de la communauté humaine. C'était vraiment une race à part.
Nous avons passés la journée du lendemain à nous équiper pour traverser les marais. Nous sommes partis tous les quatre, le surlendemain en quête du village des Hommes-lézards.
Le voyage se passa sans encombre jusqu'aux marais. Ensuite la progression dans la zone humide fut beaucoup plus difficile. Pendant trois jours nous avons pataugé dans l'eau, parfois jusqu'aux genoux. De loin en loin, nous arrivions à trouver des collines avec le sol plus sec ou des rondins de bois échoués, afin de nous permettre de nous arrêter pour nous reposer. Lucifer ne quittait pratiquement pas mes épaules.
Enfin nous sommes arrivés sur une importante résurgence rocheuse percée de plusieurs grottes. Nous nous sommes reposés plusieurs minutes. Et nous voilà au début de ce récit.
Nous voyons plusieurs entrées de grottes. Nous avons fouillé plusieurs cavités. Dans l'une d'elle nous sommes surpris de trouver un monstre impressionnant, ressemblant à un petit dragon endormi. Nous préférons ressortir sans bruit pour ne pas le réveiller.
A l'entrée de la grotte suivante, nous sommes reçus par hommes-lézards gardant l'entrée. Ils contrôlent l'accès à un village troglodyte. A force de diplomatie, nous finissons par convaincre le chef des gardes d'aller chercher l'homme lézard que nous avions rencontré sur le bateau quelques semaines plus tôt.
Grâce à l'intervention de ce dernier, nous sommes enfin introduits devant le chef du clan. Mais une surprise nous attend. Plusieurs races aquatiques ont aussi envoyé une ambassade pour les mêmes raisons que nous. Il semble que les Shahuaguins unissent tout le monde contre eux.
Mais très vite il devient évident que plusieurs ambassades sont très hostiles envers les humains que nous représentons. La raison de cette méfiance tient au fait qu’ils les trouvent trop hégémoniques.
Après avoir déployé des trésors de diplomatie et grâce à l'appui de l'homme lézard qui nous accompagne, le chef du clan saurien accepte de nous écouter, malgré les nombreuses hostilités à notre égard. Ombre Dansante explique la raison de notre présence et il soumet la proposition du Sénéchal. Après nous avoir entendu le chef du clan réfléchit longuement. Il interroge son vassal, que nous connaissons, dans leur langue sifflante.
Enfin, après plusieurs échanges tendus, il décide de nous mettre à l’épreuve. Il nous demande de les débarrasser d’un monstre dangereux qui sévit à l’autre bout de leur territoire. Il leur pose beaucoup de problèmes. Habituellement, ils ont des affinités pour contrôler ce type d'animal. Mais, bizarrement, celui-ci résiste à toutes leurs tentatives de soumissions. Nous n'avons pas d'autre choix que d'accepter le défi.
Nous marchons plusieurs heures dans la boue et les herbes hautes. La progression est toujours aussi épuisante.
Soudain nous tombons nez à nez avec un crocodile géant. Le combat s'engage aussitôt, il est âpre mais l’issue ne fait aucun doute et le monstre est bientôt abattu par les trois guerriers soutenus par mon chant magique de courage. Nous nous félicitons de cette victoire facile.
Mais Ombre Dansante est resté sur ses gardes. Il aperçoit le premier une sorte de fumée qui s’échappe du corps du monstre. Ces vapeurs se fondent et se transforment en une entité qui ressemble à un démon reptilien. Il se matérialise au-dessus du corps gisant du crocodile géant. Aussitôt il devient invisible et il nous attaque. Il n’apparaît que pour frapper celui d'entre nous qui lui semble le plus dangereux, principalement Balak ou Eliodys. Je me tiens en retrait pour soutenir mes compagnons avec mon chant de courage. Mais les trois guerriers sont à la peine à cause du pouvoir d'invisibilité du démon. Soudain une idée me traverse l'esprit. Je prie Akkadie, la déesse du vent :
« Reine de l'Air, fait luciole cette âme égarée, donne-lui la révélation et, par la lumière des quatre vents, Qu'elle luise de ta bonté ».
Alors qu'il apparaît pour frapper Eliodys, le démon se met à luire d’une lumière irréelle, même quand il se rend de nouveau invisible. Ceci permet à mes amis de pouvoir enfin se défendre efficacement. Ils réussissent à force de courage à faire fuir le monstre. Enfin le calme retombe sur les marais. Les eaux cessent d'être agités. Les cris des animaux sauvages reprennent.
Je peux m'occuper de soigner mes compagnons blessés avec mes prières de soins.
Puis nous retournons au village des hommes-lézards afin de rendre compte de nos exploits. Il est tard lorsque nous arrivons à leur village.
Le chef du clan nous remercie de les avoir débarrasser d'un adversaire aussi coriace. Les sauriens acceptent la proposition d’alliance et d’armement du Sénéchal. Les représentants des autres races aquatiques ou marines acceptent l’alliance, même si plusieurs d'entre elles restent dubitatives.
Nous retournons à Caer Corwell faire notre rapport au Sénéchal. Il est très content du résultat. Il enverra, dès que possible, des émissaires pour rencontrer les sauriens afin de négocier les modalités de l'accord commercial. Il nous récompense pour l'excellent travail que nous avons accompli.
Lorsque nous rentrons chez nous, Victor nous attend avec un bon repas et j'ai même droit à un bain chaud. Ce nain sait comment se faire accepter.
Je peux profiter de ce moment privilégier pour réfléchir. Pour la première fois j'ai été décisive lors d'un combat. Grâce à mes prodiges et à ma magie, grâce à mes chants magiques je me suis fait une place auprès de mes compagnons d'aventure.
Malgré tout je ressens une méfiance de la part d'Heliodys. Ombre Dansante avait rapporté à nos deux amis mon passé à ma demande. Mais le cavalier a semblé choqué par mes activités d'assassin. J'ai l'impression qu'il n'arrive pas à concevoir que la douce barde qu'il connaît fut une hors la loi sans pitié. Son âme est trop pur pour comprendre.
Je suis détendue dans cette eau chaude. Mon esprit vagabonde. L'image de ma mère me revient avec cette phrase qu'elle me répétait lorsque j'étais enfant :
« Shen il y a toujours une autre solution ! ».
Mes bottes sont crottées, je suis décoiffée et mes habits sont dans un état lamentable. Elle est belle la plus grande danseuse de Caer Corwel. Heureusement que mon public ne me voit pas. Comment je suis arrivé là ?
Quatre semaines plus tôt. Depuis plusieurs nuits, des rêves récurrents nous assaillaient tous les quatre. C'étaient toujours les trois même cauchemars que nous faisions :
Premier rêve :
Quelque part, un matin plein de brouillard je marche, mes pieds buttent dans le sol, la boue est collante. Perdu, une odeur étrange, je dégaine mon épée… j’ai de l’eau jusqu’aux genoux, l’ombre est là, je suis tout près, le noir… je me réveille, mon cheval au-dessus de moi, étrange ? j’ai le torse en feu, mon armure est ?!? fondue…
Second rêve :
Une voix m’appelle, mère… je continue mon chemin, mais je m’égare ; que dois-je faire déjà ? j’ai une tâche à accomplir, ma famille ère toujours… je marche au milieu des ruines, il faut partir, trouver un nouveau foyer, j’ai faim, les enfants ont… je dois rencontrer le guide, il me conduira à la porte, là sur le chemin qui est-ce ?... Je cours, ils sont derrière moi, la meute me suit, cours ! Cours !...
Troisième rêve :
Je me réveille, le visage tuméfié, j’ai mal, si mal. J’ouvre les yeux, mon fournil est détruit, les enfants ?... Le soleil se lève sur le château, il est radieux, quelle joie et quelle tristesse ; seul encore et toujours, où es-tu ?... Fuis, où que tu sois, fuis, ils te cherchent…
Nous faisions toujours le même rêve simultanément et chaque jour un rêve différent.
Notre victoire totale sur les trafiquants et la capture de leur navire nous permettait de souffler. J'espère que l'Oeil a abandonné son comptoir. J'ai repris mon rythme de vie entre mes obligations cléricales et ma vie artistique.
J'ai continué à m'aménager du temps pour travailler la magie avec Ombre Dansante. J'ai commencé à mieux ressentir l'énergie magique qui me traverse chaque fois que j'ai utilisé cette puissance.
L’associé joaillier de Balak Tyrim, avait pris contact avec un interlocuteur. Il l'a rencontré sur l’île principale, au nord de la capitale. Les commanditaires, représentés par cet intermédiaire, étaient intéressés par un orfèvre de talent pour fabriquer un bracelet serti de dix pierres dans le but de faire un cadeau à une jeune noble.
Tous les artisans joailliers pouvaient postuler pour réaliser l’objet en question. Il fallait envoyer dix petites pierres, d’une valeur de dix pièces d’or chacune une fois taillées, au « Comptoir des Six Coffres ». L'artisan qui sera déclaré vainqueur se verra récompensé par le « contrat de sa vie ». Balak avait besoin de se prouver qu'il n'avait pas perdu la main et qu'il était encore le meilleur.
Un matin, quatre semaines après la capture du bateau, un nain frappa à la porte du manoir. Il se présenta comme étant Victor Orkstaff dit « Patte de Fer ». Il était dans la force de l’âge. Son visage buriné était déformé par une cicatrice partant de sa tempe droite jusqu'au menton. Il avait une jambe de fer sous le genou droit. Il nous raconta que ces anciennes blessures dataient de la guerre.
Victor Orkstaff était venu nous proposer ses services en tant que majordome. Il prétendait être un nain déraciné que la mer avait appelé. Il aurait tenu le poste de cuisinier sur divers bateaux après la guerre.
Il raconta qu'à la fin du conflit, il aurait pu rentrer au pays. Mais il a la mer dans la peau et les shahuaguins manquaient à son marteau. Ce qu’il recherchait, c'était un foyer avec un guide à suivre. Ayant entendu parler des derniers exploits de Balak Tyrim et de ces talents particuliers, il s'était dit : pourquoi pas lui… Il annonça qu'il attendrait notre réponse à l’auberge sur le port.
Un nouvel invité était arrivé par la mer au château de Caer Corwell. Il s’était présenté comme un émissaire lointain. C'était un elfe à la peau dorée et aux cheveux rouges. Il était grand, élancé et athlétique.
Depuis plusieurs jours il était très assidu à mes spectacles. Un soir, après ma prestation, il vint me voir dans ce qui me servait de loge. Il me complimenta sur mes performances artistiques. Puis il sortit une bourse pleine qu'il posa sur la table de maquillage. La bourse était énorme et pleine de pièces. Je les refusai sèchement. Je lui dit avec agressivité que je ne voulais pas coucher avec lui. Avec une voix douce il m'expliqua que je me méprenais sur ses intentions. Il ne cherchait qu'à récompenser le travail et la qualité de mes prestations. Je l'observais avec insistance, à la limite de la bienséance. Mais son visage était impossible à lire. Soudain je souris en pensant à ma quête. Est-il possible qu'il soit mon père ? Aussitôt je lui demandais s'il était passé par Eauprofonde et quand. Il me confirme qu'il s'y était rendu en effet. Mais ce n'était pas dans l'année qui correspondait à ce que j'attendais. Je fus déçue et je me remis sur la défensive. Mais il insista en prenant congé. J'acceptais l'argent à contrecœur. Je ne comprenais pas ses intentions mais c'était une sacrée somme.
Le soir, en rentrant dans notre manoir, je racontais aux garçons ma rencontre avec cet elfe bizarre. Eliodys répondit qu'il l'avait vu aussi, dans l'après-midi. Alors qu'il était occupé à entraîner les jeunes recrues, cet elfe s'était proposé comme adversaire pour quelques passes d’armes. A chaque échange martial il avait désarmé le cavalier en quelques secondes. Il s'était même permis d'expliquer au cavalier ses erreurs. L'elfe aux cheveux rouges avait offert, lors de son prochain passage à Caer Corwell, d'aider Eliodys à se perfectionner dans le maniement des armes. Pour qui se prenait-il, cet elfe arrogant, pensais-je secrètement ?
Le lendemain je prenais auprès du patron de l'Ours Bicéphale, des renseignements sur ce personnage singulier. J'appris qu'il louait une chambre à l’année à l’auberge. Mais l'aubergiste m'expliqua qu'il était parti ce matin. Comme à chaque fois, il venait et repartait sans aucune explication et sans aucune régularité. Le patron de l'auberge me précisa que comme la chambre était payée d'avance, il ne posais pas de question. Il me confirma qu'il avait ses entrées au château chez le Sénéchal.
J'allais ensuite dans la forêt afin de parler avec les druides pour en savoir plus sur cet elfe. Ils m'apprenaient qu'ils le connaissaient également. Il était apprécié de la déesse et il était un précieux allié. Mais ils s’interrogeaient sur sa présence dans cette cité. Malheureusement je n'appris rien de plus sur cet elfe bizarre.
Je leurs demandais ensuite un conseil ou, au moins des éclairages, sur mes rêves récurrents. Mais les druides ne me furent d’aucun secours.
Je serais bien allé interroger le Sénéchal mais je préférais attendre d'avoir payer ma dette. Je veux pouvoir discuter d'égal à égal.
Après le passage de l'elfe aux cheveux rouges, Ombre Dansante me trouvait dissipée. Je retenais peu de chose de ses enseignements. Je m'en excusais auprès de lui. Je lui expliquais que j'étais intriguée à cause des récents événements. Mais je me rendais compte que je n'étais pas vraiment à ce que je faisais en ce moment, ce qui déçut Ombre Dansante.
Le soir, avec mes trois amis, nous nous concertâmes pour décider de la réponse que nous allions apporter à Victor Orkstaff. J'étais contre. Je me rendis vite compte que j'étais la seule de cet avis. Avec désinvolture, je proposais à mes amis d'embaucher celui qui lui avait fait sa cicatrice et qui lui avait coupé la jambe. Mais je ne fis rire que moi. Ils me rappelèrent avec gravité que c'est à la guerre qu'il avait reçu ses blessures. Je leurs répondis sèchement que je ne sers personne et que personne ne me sert. Qu'ils fassent comme bon leur semble et je ne voulais pas en entendre parler.
Il fut donc décidé, à la majorité, d’embaucher Victor Orkstaff comme majordome. Ombre Dansante nous confia qu'il aimerait profiter des connaissances maritimes de ce nain pour en faire son second sur le navire.
Victor prit sa fonction très au sérieux. Mais il fut vite déçu par mon comportement. je continuais à vivre comme s'il n'était pas là. Il ne comprenait pas pourquoi je lui refusais de s'occuper de mes affaires. Ce nain était très serviable mais je suis une prêtresse. Je ne peux me permettre de trop me détacher des contingences matérielles pour ne pas m'éloigner des croyants.
Quelques jours plus tard, le Sénéchal nous fit demander. Nous allâmes au château dès le lendemain. Le Sénéchal aimerait que nous soyons ses ambassadeurs auprès des hommes lézards qui occupaient les marais au nord-ouest de Caer Corwell. Ceci afin de trouver des alliés pour lutter contre les shahuaguins. Ces derniers perturbaient de plus en plus les échanges maritimes avec leurs actes de piraterie.
Le Sénéchal était prêt à fournir un soutien matériel, comme des armes, à ces nouveaux alliés contre leurs ennemis communs.
Depuis qu'il avait racheté mes soins auprès des pêcheurs qui m'avaient recueillie, je me sentais toujours redevable envers le maître du château de Caer Corwell. Aussi j'acceptais et mes compagnons aussi.
Nous apprenions au Sénéchal que par le passé nous avions rendu service à certains de ses reptiles bipèdes. Peut-être que nous pourrions avoir une oreille attentive de la part des hommes lézards.
Après réflexion je fus très amusée par la situation. Une ambassade de non humains allait représenter les intérêts de la communauté humaine. C'était vraiment une race à part.
Nous avons passés la journée du lendemain à nous équiper pour traverser les marais. Nous sommes partis tous les quatre, le surlendemain en quête du village des Hommes-lézards.
Le voyage se passa sans encombre jusqu'aux marais. Ensuite la progression dans la zone humide fut beaucoup plus difficile. Pendant trois jours nous avons pataugé dans l'eau, parfois jusqu'aux genoux. De loin en loin, nous arrivions à trouver des collines avec le sol plus sec ou des rondins de bois échoués, afin de nous permettre de nous arrêter pour nous reposer. Lucifer ne quittait pratiquement pas mes épaules.
Enfin nous sommes arrivés sur une importante résurgence rocheuse percée de plusieurs grottes. Nous nous sommes reposés plusieurs minutes. Et nous voilà au début de ce récit.
Nous voyons plusieurs entrées de grottes. Nous avons fouillé plusieurs cavités. Dans l'une d'elle nous sommes surpris de trouver un monstre impressionnant, ressemblant à un petit dragon endormi. Nous préférons ressortir sans bruit pour ne pas le réveiller.
A l'entrée de la grotte suivante, nous sommes reçus par hommes-lézards gardant l'entrée. Ils contrôlent l'accès à un village troglodyte. A force de diplomatie, nous finissons par convaincre le chef des gardes d'aller chercher l'homme lézard que nous avions rencontré sur le bateau quelques semaines plus tôt.
Grâce à l'intervention de ce dernier, nous sommes enfin introduits devant le chef du clan. Mais une surprise nous attend. Plusieurs races aquatiques ont aussi envoyé une ambassade pour les mêmes raisons que nous. Il semble que les Shahuaguins unissent tout le monde contre eux.
Mais très vite il devient évident que plusieurs ambassades sont très hostiles envers les humains que nous représentons. La raison de cette méfiance tient au fait qu’ils les trouvent trop hégémoniques.
Après avoir déployé des trésors de diplomatie et grâce à l'appui de l'homme lézard qui nous accompagne, le chef du clan saurien accepte de nous écouter, malgré les nombreuses hostilités à notre égard. Ombre Dansante explique la raison de notre présence et il soumet la proposition du Sénéchal. Après nous avoir entendu le chef du clan réfléchit longuement. Il interroge son vassal, que nous connaissons, dans leur langue sifflante.
Enfin, après plusieurs échanges tendus, il décide de nous mettre à l’épreuve. Il nous demande de les débarrasser d’un monstre dangereux qui sévit à l’autre bout de leur territoire. Il leur pose beaucoup de problèmes. Habituellement, ils ont des affinités pour contrôler ce type d'animal. Mais, bizarrement, celui-ci résiste à toutes leurs tentatives de soumissions. Nous n'avons pas d'autre choix que d'accepter le défi.
Nous marchons plusieurs heures dans la boue et les herbes hautes. La progression est toujours aussi épuisante.
Soudain nous tombons nez à nez avec un crocodile géant. Le combat s'engage aussitôt, il est âpre mais l’issue ne fait aucun doute et le monstre est bientôt abattu par les trois guerriers soutenus par mon chant magique de courage. Nous nous félicitons de cette victoire facile.
Mais Ombre Dansante est resté sur ses gardes. Il aperçoit le premier une sorte de fumée qui s’échappe du corps du monstre. Ces vapeurs se fondent et se transforment en une entité qui ressemble à un démon reptilien. Il se matérialise au-dessus du corps gisant du crocodile géant. Aussitôt il devient invisible et il nous attaque. Il n’apparaît que pour frapper celui d'entre nous qui lui semble le plus dangereux, principalement Balak ou Eliodys. Je me tiens en retrait pour soutenir mes compagnons avec mon chant de courage. Mais les trois guerriers sont à la peine à cause du pouvoir d'invisibilité du démon. Soudain une idée me traverse l'esprit. Je prie Akkadie, la déesse du vent :
« Reine de l'Air, fait luciole cette âme égarée, donne-lui la révélation et, par la lumière des quatre vents, Qu'elle luise de ta bonté ».
Alors qu'il apparaît pour frapper Eliodys, le démon se met à luire d’une lumière irréelle, même quand il se rend de nouveau invisible. Ceci permet à mes amis de pouvoir enfin se défendre efficacement. Ils réussissent à force de courage à faire fuir le monstre. Enfin le calme retombe sur les marais. Les eaux cessent d'être agités. Les cris des animaux sauvages reprennent.
Je peux m'occuper de soigner mes compagnons blessés avec mes prières de soins.
Puis nous retournons au village des hommes-lézards afin de rendre compte de nos exploits. Il est tard lorsque nous arrivons à leur village.
Le chef du clan nous remercie de les avoir débarrasser d'un adversaire aussi coriace. Les sauriens acceptent la proposition d’alliance et d’armement du Sénéchal. Les représentants des autres races aquatiques ou marines acceptent l’alliance, même si plusieurs d'entre elles restent dubitatives.
Nous retournons à Caer Corwell faire notre rapport au Sénéchal. Il est très content du résultat. Il enverra, dès que possible, des émissaires pour rencontrer les sauriens afin de négocier les modalités de l'accord commercial. Il nous récompense pour l'excellent travail que nous avons accompli.
Lorsque nous rentrons chez nous, Victor nous attend avec un bon repas et j'ai même droit à un bain chaud. Ce nain sait comment se faire accepter.
Je peux profiter de ce moment privilégier pour réfléchir. Pour la première fois j'ai été décisive lors d'un combat. Grâce à mes prodiges et à ma magie, grâce à mes chants magiques je me suis fait une place auprès de mes compagnons d'aventure.
Malgré tout je ressens une méfiance de la part d'Heliodys. Ombre Dansante avait rapporté à nos deux amis mon passé à ma demande. Mais le cavalier a semblé choqué par mes activités d'assassin. J'ai l'impression qu'il n'arrive pas à concevoir que la douce barde qu'il connaît fut une hors la loi sans pitié. Son âme est trop pur pour comprendre.
Je suis détendue dans cette eau chaude. Mon esprit vagabonde. L'image de ma mère me revient avec cette phrase qu'elle me répétait lorsque j'étais enfant :
« Shen il y a toujours une autre solution ! ».
Dernière édition par Dino Dharric le 21/3/2021, 11:56, édité 3 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
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Chapitre VIII: comment un simple travail de messagerie peut devenir tortueux
Ma prière à Akkadie terminée, je me relève. Je prends une grande inspiration et je commence à chanter. L'inspiration venteuse a pris possession de mon corps. Mon chant emplit tout l'espace sous les frondaisons. Akkadie envoie ses vents porter ma voix jusqu'à l'ours. Mes vêtements flottent et ma chevelure est soulevée par les zephyrs qui m'entourent. Je commence à marcher doucement vers l'ours. Il a le poil hérissé.
Au fur et à mesure que je m'approche il grogne de plus en plus fort. Je reste très concentrée sur mon chant. Aucune peur ne m'habite. L'ours fait mine de me charger. Mais au fait, pourquoi ,je suis en train d'amadouer un animal sauvage qui a juste besoin de passer sa colère sur quelqu'un ?
Deux mois plus tôt. Les premiers travaux dans la maison avaient commencé au niveau de la crique. Nous avions décidé de la sécuriser avec de la maçonnerie. Ainsi si l'Oeil avait l'idée de vouloir reprendre son ancien entrepôt, nous pourrions défendre les lieux plus facilement. Les maçons nous avaitt été recommander par le Sénéchal.
Ayant été décisive contre le démon des marais, je me sentais plus en confiance. Je ressentais comme une puissance parcourir mon corps. J'avais l'impression d'être plus proche d'Akkadie, la déesse des vents. Peut-être que, contrairement à ce qui fut le cas jusqu'ici, la prêtresse s'imposait à la barde.
J'avais demandé à Ombre Dansante de m'apprendre de nouveaux sorts de magie plus puissants. Je me sentais prête à manipuler une plus grande énergie. Il accepta. Il constata qu'il m'avait rarement vu aussi concentrée. J'apprenais vite. Mes progrès étaient fulgurants.
Balak Tyrim attendais le résultat de son dernier envoie de pierres taillées. Son intermédiaire lui confirma que lui non plus n’avait toujours pas eu de nouvelles. Par contre, il avait reçu une autre commande pour le nain. Il s'agissait de réaliser un collier en or, serti de pierres, destiné à une jeune princesse.
A la demande du Nain, je lui fis un dessin du futur collier, inspirée par ses directives. Il nous fallut une journée de travail. Lorsque le dessin du modèle convint à Balak, il s’attaqua aussitôt à la tâche.
Pendant ce temps, Ombre Dansante s’absenta trois semaines. Il partit en mer avec l’équipage. Il s’entraînèrent à travailler en équipe. Ombre Dansante voulait imposer son savoir-faire à l’équipage. Il assoyait ainsi un peu plus son autorité de capitaine. Il présenta à l'équipage le Nain Viktor Orkstaff comme son second.
Balak travaillait tous les jours d’arrache-pied sur le collier. Il polissait l’or, il taillait les pierres précieuses. Les jours où le nain avait besoin de ma présence pour les essayages, je l'observais travailler sur son ouvrage. J'en profitais pour discuter avec cet ami plutôt bourru.
Nos discussions nous permirent de nous trouver des points communs. Je lui appris que j'avais un frère qui était artisan joaillier à Eauprofonde. Ils étaient aussi passionnés l'un que l'autre par leur art. Je lui montrais la broche en argent que je portais toujours sur le cœur. C'était le premier bijou que mon frère avait réalisé. Il me l'avait offert pour mon anniversaire.
Balak m'avoua sa passion pour la danse. Il avait constaté mon aisance dans cet exercice. J'étais considérée par le public de Caer Corwell comme la meilleure danseuse. Il me demanda que je l'aide afin qu'il puisse s'améliorer. J'acceptais avec joie de lui apporter mon savoir-faire.
Mais un après-midi, lors d'une séance d'essayage du collier, la discussion dérapa. Apprenant que mon frère joaillier était un humain, Balak me demanda si nous avions le même père. Je répondis sur la défensive. Il m'observa un moment. Puis il me conseilla de ne plus subir mon sang mêlé, je devais accepter ma nature et faire un choix. Pour qui il se prend pour me juger ? Je pris la mouche et je partais de l'atelier fâchée.
Après réflexion je pense qu'il n'a pas voulu me vexer. Mais je constate que la blessure dû au racisme, dont j'ai souffert à Eauprofonde, n'est toujours pas refermée.
Je voulais étoffer mes spectacles martiaux. Mais je me sentais en panne d'inspiration. J'allais donc voir Eliodys, un matin, avant son départ pour le château du Sénéchal. Je lui proposais des duels d'entraînement pour qu'il me montra certaines de ses bottes. Mais il fut réfractaire à l'idée de divulguer ses meilleures techniques de combat. J'eus beau lui expliquer que je n'avais pas l'intention de les divulguer, ni de les copier. Je voulais seulement m'en inspirer. Malgré tout, il refusa. Je sentais que derrière son expression il avait besoin de savoir comment il devait se comporter. Depuis qu'il connaissait mon passé au sein de l'Oeil il ne savait que penser. Cet elfe qui fut formé pour être un défenseur de l'ordre était déstabilisé par ma double nature. Qui étais je pour lui ? La prêtresse toujours prête à se mettre au service de son prochain ou la barde imprévisible. Il lui était impossible d'imaginer que je pouvais être les deux.
J'essayais, par la même occasion, d’en savoir un peu plus sur la présence du cavalier elfe dans la région. Mais il n'est pas ce qu'on appelle quelqu'un d'expansif. La seule réponse que j'obtins fut qu’il n'était ici qu'en tant qu’ambassadeur. Il me fut impossible d'en savoir plus. Je voulais me calmer, c'était raté.
Après trois semaines de travail, Balak Tyrim nous éblouit tous avec le collier qu'il avait réalisé. C'était un véritable chef d’œuvre. Son intermédiaire lui en promit un très bon prix.
Oubliant les réflexions du nain à mon endroit, je fus émerveillée par le bijou. Je félicitais chaleureusement Balak en l’affublant du titre d’artiste joaillier. J'étais admirative de son travail et j'étais fière d'avoir servie de modèle. C'était la première fois de ma vie que j'inspirais un nain.
Le lendemain matin, suite à un de nos rêves récurrents, j'organisais, avec mes trois compagnons, un office religieux avec moult prières et encens brûlants. Mais aucun signe ne vint d'Akkadie. Peut-être que, finalement, ses récurrences oniriques n'étaient pas d'origine divine. Alors qu'est ce qui peut être à l'origine de ces rêves ? Ils ne ressemblaient aucunement à des tourments de l'âme.
Le lendemain, l’elfe à la peau cuivrée, que nous avions rencontré précédemment refit son apparition à Caer Corwell. Mais cette fois, au lieu d’avoir les cheveux rouges, il les avait bleus. Quel curieux personnage ! Il entraîna Eliodys au combat comme il le lui avait proposé précédemment.
De mon côté, j'étais toujours en panne d'inspiration pour créer de nouveaux tours. Aussi pendant quelques jours, pour m'occuper, je fis une enquête sur la présence de l’organisation de l’Oeil à Caer Corwell mais je ne trouvais aucun signe permettant de conclure qu'ils avaient une antenne en ville.
En plus, l'activité du port était au ralenti en ce moment et il n'y avait aucun autre elfe de passage dans la région.
Mon travail d'espionne à rumeur au service du Sénéchal n'apportait rien, j'étais en panne d'inspiration, je m'étais fâchée avec un de mes amis. J'étais vraiment dans une spirale négative. Ma fille il faut te secouer.
Ombre Dansante décidait de nous inviter, tous les trois, avec l’elfe au cheveux bleus à l'auberge de l'Ours Bicéphale. Lors du repas le guerrier mage nous présenta la nature de ce personnage bien singulier. Par l'expérience accumulée au cours de ses voyages, Ombre Dansante avait compris qui il était : un dragon de cuivre. Ce dernier avait une grande culture et en plus il avait beaucoup d'humour. La soirée fut très agréable. C'était la première fois que j'envisageais que nos rêves récurrents pourraient être d'origine draconique.
Ce soir-là, un marchand répondant au nom de Cordren vînt nous parler. Il nous proposa de louer nos services. Il s'agissait de transporter un coffre. La récompense sera de cent cinquante pièces d'or sur présentation du reçu visé par le destinataire. Nous avions par contre l'interdiction, ne serait-ce que d'essayer, d'ouvrir le colis.
Au départ du marchand, je sondais son âme discrètement, grâce à mes prières. Mais ce Cordren n'avait soit pas de mauvaises intentions, soit une protection magique pour qu'elles ne soient pas connues. Je me fiais donc à mon instinct. Il m'avait fait plutôt bonne impression ainsi qu'à mes compagnons.
Le parcours de la course consistait à naviguer jusqu'à la ville portuaire de Fanton. Elle se situait au-delà des marais des hommes lézards. Puis nous devions marcher plein nord jusqu'au Comté de Haram, à Thurmaistre, où nous devions livrer le colis à un certain Toster.
Alors que mes amis chargeaient des vivres et notre matériel d'aventurier sur le bateau en prévision du voyage, je proposais au Sénéchal qu'il garde un œil sur notre maison grâce aux rondes de la milice. Il accepta la demande.
Je prévenais aussi le patron de l'Ours Bicéphale qu'il ne pourrait pas compter sur mes prestations pendant quelques semaines. Sa déception fut grande. Je lui promis de le prévenir dès mon retour. Avant de partir, je lui laissais un baiser sur la joue.
Eliodys emmena son cheval et j'embarquai mon chat noir. Etant mon familier, Lucifer ne supportait pas une trop grande distance entre lui et moi sans dépérir.
La semaine de navigation qui nous séparait de Fanton se fit sans aucun heurt. Nous débarquâmes le lendemain matin de notre arrivée. Nous avons laissé derrière nous Victor s'occuper du navire avec les marins. Finalement, je dois avouer que ce nain se révélait être de bon service.
Nous suivions la piste longeant le fleuve. Après plusieurs heures de marche monotone, nous vîmes des paysans en colère qui semblaient montrer la forêt la plus proche.
Eliodys galopa en éclaireur pour comprendre ce qui se passait, alors que nous suivions tant bien que mal à pied. Mais dès que ce premier arriva au contact des paysans, ils l'attaquèrent. Le cavalier réussit à blesser un adversaire alors que le chef des agresseurs frappa et blessa son cheval. Enfin quand nous arrivâmes pour prêter main forte à Eliodys les paysans encore valides s'enfuirent avec leur leader.
Ceux que mes amis avaient blessés nous traitèrent de mauvais magiciens. Je soignais leurs blessures avec des bandages. J'essayais de savoir ce qu'ils entendaient par mauvais magiciens mais ils ne firent que répéter la même phrase.
Le cheval d'Eliodys était blessé aussi, mais je ne pouvais rien faire pour lui. Je ne sais pas guérir les animaux, que ce soit par des soins ou par la magie. Nous menions nos agresseurs au village le plus proche dont les toitures nous étaient visibles au nord-est. C'était le village de Millebornes.
Arrivés dans la bourgade nous demandions à rencontrer le chef du village. Nous fûmes conduits au moulin où nous rencontrions le meunier. Il n'était autre que le bourgmestre du village. Enfin, nous pouvions donner des gages de notre bonne foi. Nous apprenions que le leader des paysans énervés était un fauteur de troubles bien connu dans la région.
Eliodys demanda s'il était possible de faire soigner son cheval. Une femme accepta de s’occuper de l’animal. Elle dit au cavalier de passer le lendemain pour le récupérer. Elle emmena le cheval dans son écurie.
Nous avons visités le village. Il nous fit penser à une communauté d'anciens aventuriers venus se mettre au vert. Balak a fait la connaissance d’un nain surnommé Le Geignard. Ce personnage irascible se plaignait encore plus que notre ami.
Entendant que nous voulions rencontrer Toster, un jeune homme se rapprocha de nous. Il s'appelait Aldehar Andrehn. Il avoua qu'il craignait que sa fiancée n'ait disparue. Elle s'appelait Parella Jellemath. Elle n'avait pas donné signe de vie depuis la veille.
Certains disaient qu'elle avait dû partir rejoindre son mentor, à Thurmaistre, l'alchimiste Toster. Elle était son apprentie. Aldehar nous la décrivit. Elle avait vingt ans, elle était de taille moyenne et était élancée. Ses cheveux étaient noirs et ses yeux verts. Elle portait un manteau avec deux fermoirs en argent et une chevalière du même métal avec un J gravé.
Aldehar était très inquiet. J'étais très touchée par la situation. Elle me ramenait à ce que j’avais subi, il y avait plus d'un an maintenant. Une jeune fille, aux mains de personnes mal intentionnées, n'avait rien de rassurant. Nous promettions à Aldehar de donner au plus vite des nouvelles de sa fiancée.
Nous passions la nuit à l'auberge de Millebornes. J'ai commandé un bain chaud. Lorsque je pars à l'aventure je ne peux jamais savoir quand sera le prochain. J'obligeais Ombre Dansante à en prendre un aussi. Ce soir je voulais un elfe propre dans mon lit.
Le lendemain matin, nous sommes allés récupérer le cheval d'Eliodys. Il avait été bien soigné et guérira vite. La femme refusa le paiement de l'elfe. Elle nous dit simplement que nous la paierons lorsqu'elle nous demandera un service.
Nous sommes parti aussitôt. Durant cette journée de marche, en remontant la rivière vers l'amont, sur la rive droite, nous ne firent aucune rencontre. Nous arrivions à une maison forestière à la fin du jour. Un bûcheron nous accueillit avec bienveillance. Il s’appelait Kuiper.
Il connaissait Parella, mais il ne l'avait pas vue dernièrement. Il émit l'hypothèse qu’elle était peut-être passée par l'autre rive de la rivière. Elle allait souvent au bord du Ru aux Anges ramasser des herbes.
Kuiper proposait de nous loger pour la nuit. Ce que nous acceptâmes. Il proposait également de nous accompagner, le lendemain, dans nos recherches au Ru aux Anges. Nous l'avons remercié pour son aide bienvenue.
Le lendemain matin, remontant le cours d’eau sur quelques heures, nous rencontrâmes Oléane, une druidesse montée sur un loup géant, qui répondait au nom de Belcher. Elle était accompagnée d'un second loup géant, Arlin.
Elle connaissait Parella, mais elle dit ne pas l'avoir vue. Oléane nous appris qu'elle recherchait Maxim. C'était le fils de Krenar, un habitant de Millebornes. L’enfant s'était sauvé de chez lui et il n'avait que dix ans. Il fallait le retrouver très vite. Mais il nous faudrait être prudent car Maxim était un ours garou et il était trop jeune pour contrôler ses pouvoirs.
Déployés en tirailleurs, nous avons fouillé les bois. Après une journée harassante, nous n'avons pas trouvé la moindre trace de l'enfant. Nous avons décidé de bivouaquer dans la forêt.
Oléane et Kuiper nous assuraient que ces bois étaient sûrs, aussi aucune garde ne fut assurée.
Au milieu de la nuit, des bruits bizarres me sortirent de mon sommeil. Ouvrant les yeux, scrutant les alentours, je vis des ombres se déplacer sur les branches des arbres nous surplombant. Discrètement je réveillais Ombre Dansante. Je lui chuchotai de réveiller tout le monde car nous allions avoir de la visite cette nuit. Très vite chacun d'entre nous se réveilla et se saisit de ses armes.
A peine fûmes nous tous en alerte, qu'une bande d'éclaireurs orcs nous attaqua. Nous les surprenions en nous levant rapidement et armés. Balak trancha puissamment plusieurs des agresseurs. Eliodys était toujours aussi efficace et solide avec son épée. Ombre Dansante semblait danser avec son arme, tranchant et mutilant ces sauvages adversaires. La druidesse se transforma en loup géant. Les orcs furent opposés à trois puissantes mâchoires. Kuiper fit chanter son arc. Je fis tourner mes deux épées autour de moi dans une danse mortelle. Je blessai plusieurs adversaires alors qu'ils étaient incapables de traverser ma défense. Nous avons réussi assez facilement à vaincre ces assaillants.
Le lendemain matin il pleuvait à torrent. Kuiper annonça que les traces risquaient de disparaître à cause de la pluie. Il fallait nous dépêcher à retrouver l'enfant. Pendant ce temps, la druidesse Oléane nous dit au revoir et partit pour enquêter. Elle voulait connaître l’origine des éclaireurs orcs.
Ombre Dansante, grâce à son bâton, se transforma en loup à ma grande surprise. Je ne lui connaissais pas ce don. Il était toujours aussi surprenant. Il partit en éclaireur avec Kuiper. L’elfe-loup revint très vite vers nous car il avait déjà repéré l’enfant. Celui-ci s'était transformé en un jeune ours qui semblait passablement énervé. Kuiper revint à son tour, il nous conseilla d’essayer de calmer le jeune plantigrade avant de pouvoir le ramener chez lui car il ne faudrait pas le blesser.
Je proposais de l’approcher grâce à mon chant magique. Je commençais par m'agenouiller pour prier Akkadie, la déesse des vents. Je me concentrais un moment pour chercher le chant le plus approprié et pour préparer ma voix. Lorsque je me sentis prête, je m'avançais doucement vers l'enfant ours, sans geste brusque.
Et Me voici approchant ce jeune plantigrade énervé.
Ma voix est douce et claire. Je chante la tristesse d’un enfant qui cherche sa mère et la joie qu’il a de la retrouver. Mon chant est si profond que même mes amis et Kuiper sont touchés par la mélancolie de ma voix.
Me faisant face, le jeune ours grogne et tente de m'intimider. Il a le poil de la nuque hérissé mais je reste calme. Je me concentre uniquement sur mon chant. Puis lentement, ma voix fait son effet, le jeune ours se love au sol. Il s'endort doucement. Il devient un petit garçon de dix ans.
Très délicatement, je le prends dans mes bras en le protégeant de la pluie. Le berçant doucement, je le porte jusqu'au rôdeur.
N'ayant aucune piste sur la disparition de la jeune femme, nous retournons à la maison de Kuiper pour y passer la nuit. Nous allongeons l’enfant sur un lit pour qu’il puisse dormir tranquillement.
Nous prenons le temps de nous changer pour être secs. Kuiper nous sert un repas chaud qui revigore tout le monde. Ombre Dansante s’adresse au rôdeur. Il a remarqué que la druidesse, Oléane, portait au côté une sacoche ayant les mêmes décorations que la sienne. L’elfe chantelameur permet à Kuiper d'observer avec une grande attention l'objet. Après un moment, le bûcheron confirme que, au vu des motifs du petit sac, c’est bien la druidesse qui l'a fabriquée.
Après nous être restaurés, nous discutons longuement quant à la suite à donner. Nous prenons collégialement la décision que, pendant que Kuiper mènera l'enfant chez ses parent, nous reprendront notre périple vers Thurmaistre. Parella peut être aller jusque chez son maître, Toster. Et puis il y a le coffre que nous devons livrer à cette même personne.
Le lendemain, nous partons tôt le matin. La route est calme le long de la rivière. Nous arrivons le soir même aux portes de la petite ville fortifiée. La palissade de rondins de bois porte les traces de combats très anciens. Les gardes de la porte principale nous laissent entrer sans faire de difficultés dans le village fortifié.
Nous nous dirigeons directement vers l'auberge du village. Le lieu est sale et ne donne pas envie de consommer. Je chuchote à mes compagnons qu'il n'est pas question pour moi de manger ou de dormir dans cet établissement. Les quelques clients présents ressemblent à des piliers de comptoir. Nous nous faisons indiquer la maison de Toster.
Il habite une tour à trois étages au nord-est de la petite ville. Nous frappons à la porte. Un homme assez âgé nous accueille en chemise de nuit. Nous nous excusons pour cette arrivée tardive. Nous lui expliquons la raison de notre venue. Toster, car c'est bien de lui qu'il s'agit, nous invite à entrer dans sa maison. Il nous installe dans un salon confortable et nous offre aimablement des boissons fraîches. La discussion avec cet érudit est passionnante. C'est un puissant magicien qui s'est spécialisé dans la magie du feu. Il nous raconte qu'il a choisi de vivre dans cette petite cité pour le calme.
Ombre Dansante et ce maître magicien parlent avec passions de magie. Ce dernier nous gratifie gentiment d'une démonstration spectaculaire de ses pouvoirs en faisant danser des lumières autour de nous. Voilà un tour de magie que j’aimerais pouvoir reproduire en spectacle.
Répondant à nos questions, Toster nous apprend que la région est dominée par deux familles nobles : une à Thurmaistre et l'autre à Millebornes. Les richesses de la région viennent essentiellement des mines dans le nord. Il y a à l'est une grande forêt avec, dit-on, une citadelle abandonnée et perdue.
Toster me confirme que Parella n'est malheureusement pas venue ici dernièrement. Je lui fais part de mon inquiétude, qu'il partage. Pour la retrouver au plus vite, il nous conseille de nous adresser à Garild, un charpentier de Millebornes. Le magicien propose de nous loger pour la nuit. Nous acceptons en le remerciant chaleureusement.
Après avoir remercier le magicien, nous repartons tôt, le lendemain matin. Durant notre progression, nous sommes attaqués par des chiens de l'enfer. Les trois guerriers en viennent à bout avec l'aide de mon chant de courage. Mais Eliodys perd son cheval dans le combat, égorgé par un des chiens de l'enfer.
A la fin de la journée nous nous arrêtons chez Kuiper qui accepte de nous loger pour la nuit. Nous lui expliquons que nous n'avons toujours pas de nouvelles de Parella. Nous lui faisons part des conseils de Toster. Il est tout à fait d'accord avec le magicien et, gentiment, il accepte de nous conduire, le lendemain, chez Garild, à Millebornes.
Nous rencontrons le charpentier qui s'avère être un rôdeur, comme Kuiper. Il est grand et il boite. Il possède deux beaux chiens de chasse. Dans un hangar il entrepose des arcs et des flèches qu'il fabrique lui-même.
Nous racontons notre voyage jusqu'à Thurmestre et la rencontre avec Toster. Garild comprend qu'il est arrivé quelque chose de grave à Parella. Il nous annonce qu'il va alerter tous les rôdeurs de la région pour la rechercher. Ils nous avertiront dès qu'ils auront des pistes.
J'essaie de rassurer Ardelar, le fiancé de Parella. Mais au fond de moi je suis aussi inquiète que lui.
J'aimerais, moi aussi, participer aux recherches. Mais tout le monde me conseille de laisser faire les rôdeurs qui connaissent leur affaire. Ces malheurs me touchent plus que ce que mes compagnons peuvent penser. Eliodys se risque à faire de l'humour noir. Sa provocation marche trop bien et, de colère, je lui mets une claque.
Mes compagnons finissent par m'entraîner jusqu'au bateau. Pendant tout le voyage, mes pensées sont tournées vers cette jeune femme en danger. J'ai tellement peur qu'elle subisse ce que les pirates m'ont fait. Je reste triste et distante pendant toute la traversée.
Dès que nous mettons le pied sur le port de Caer Corwell, mes compagnons vont voir notre commanditaire. Il leur donne la récompense promise pour avoir fait le travail. Cordren est content de nous. Il leur annonce qu'il fera de nouveau appel à nos services bientôt.
Pour ma part, j'ai choisi de rentrer directement et de prier Akkadie pour tenter de me calmer. Les visions des pirates qui me sont revenues pendant le voyage m'ont aspirées toute mon énergie. Je pleure pour expulser toutes ces pensées négatives de ma tête.
Lorsque mes amis rentrent, je me suis redonnée une contenance. Mais je sens qu'Ombre Dansante n'est pas dupe. Intérieurement je le remercie de ne rien me demander.
Au fur et à mesure que je m'approche il grogne de plus en plus fort. Je reste très concentrée sur mon chant. Aucune peur ne m'habite. L'ours fait mine de me charger. Mais au fait, pourquoi ,je suis en train d'amadouer un animal sauvage qui a juste besoin de passer sa colère sur quelqu'un ?
Deux mois plus tôt. Les premiers travaux dans la maison avaient commencé au niveau de la crique. Nous avions décidé de la sécuriser avec de la maçonnerie. Ainsi si l'Oeil avait l'idée de vouloir reprendre son ancien entrepôt, nous pourrions défendre les lieux plus facilement. Les maçons nous avaitt été recommander par le Sénéchal.
Ayant été décisive contre le démon des marais, je me sentais plus en confiance. Je ressentais comme une puissance parcourir mon corps. J'avais l'impression d'être plus proche d'Akkadie, la déesse des vents. Peut-être que, contrairement à ce qui fut le cas jusqu'ici, la prêtresse s'imposait à la barde.
J'avais demandé à Ombre Dansante de m'apprendre de nouveaux sorts de magie plus puissants. Je me sentais prête à manipuler une plus grande énergie. Il accepta. Il constata qu'il m'avait rarement vu aussi concentrée. J'apprenais vite. Mes progrès étaient fulgurants.
Balak Tyrim attendais le résultat de son dernier envoie de pierres taillées. Son intermédiaire lui confirma que lui non plus n’avait toujours pas eu de nouvelles. Par contre, il avait reçu une autre commande pour le nain. Il s'agissait de réaliser un collier en or, serti de pierres, destiné à une jeune princesse.
A la demande du Nain, je lui fis un dessin du futur collier, inspirée par ses directives. Il nous fallut une journée de travail. Lorsque le dessin du modèle convint à Balak, il s’attaqua aussitôt à la tâche.
Pendant ce temps, Ombre Dansante s’absenta trois semaines. Il partit en mer avec l’équipage. Il s’entraînèrent à travailler en équipe. Ombre Dansante voulait imposer son savoir-faire à l’équipage. Il assoyait ainsi un peu plus son autorité de capitaine. Il présenta à l'équipage le Nain Viktor Orkstaff comme son second.
Balak travaillait tous les jours d’arrache-pied sur le collier. Il polissait l’or, il taillait les pierres précieuses. Les jours où le nain avait besoin de ma présence pour les essayages, je l'observais travailler sur son ouvrage. J'en profitais pour discuter avec cet ami plutôt bourru.
Nos discussions nous permirent de nous trouver des points communs. Je lui appris que j'avais un frère qui était artisan joaillier à Eauprofonde. Ils étaient aussi passionnés l'un que l'autre par leur art. Je lui montrais la broche en argent que je portais toujours sur le cœur. C'était le premier bijou que mon frère avait réalisé. Il me l'avait offert pour mon anniversaire.
Balak m'avoua sa passion pour la danse. Il avait constaté mon aisance dans cet exercice. J'étais considérée par le public de Caer Corwell comme la meilleure danseuse. Il me demanda que je l'aide afin qu'il puisse s'améliorer. J'acceptais avec joie de lui apporter mon savoir-faire.
Mais un après-midi, lors d'une séance d'essayage du collier, la discussion dérapa. Apprenant que mon frère joaillier était un humain, Balak me demanda si nous avions le même père. Je répondis sur la défensive. Il m'observa un moment. Puis il me conseilla de ne plus subir mon sang mêlé, je devais accepter ma nature et faire un choix. Pour qui il se prend pour me juger ? Je pris la mouche et je partais de l'atelier fâchée.
Après réflexion je pense qu'il n'a pas voulu me vexer. Mais je constate que la blessure dû au racisme, dont j'ai souffert à Eauprofonde, n'est toujours pas refermée.
Je voulais étoffer mes spectacles martiaux. Mais je me sentais en panne d'inspiration. J'allais donc voir Eliodys, un matin, avant son départ pour le château du Sénéchal. Je lui proposais des duels d'entraînement pour qu'il me montra certaines de ses bottes. Mais il fut réfractaire à l'idée de divulguer ses meilleures techniques de combat. J'eus beau lui expliquer que je n'avais pas l'intention de les divulguer, ni de les copier. Je voulais seulement m'en inspirer. Malgré tout, il refusa. Je sentais que derrière son expression il avait besoin de savoir comment il devait se comporter. Depuis qu'il connaissait mon passé au sein de l'Oeil il ne savait que penser. Cet elfe qui fut formé pour être un défenseur de l'ordre était déstabilisé par ma double nature. Qui étais je pour lui ? La prêtresse toujours prête à se mettre au service de son prochain ou la barde imprévisible. Il lui était impossible d'imaginer que je pouvais être les deux.
J'essayais, par la même occasion, d’en savoir un peu plus sur la présence du cavalier elfe dans la région. Mais il n'est pas ce qu'on appelle quelqu'un d'expansif. La seule réponse que j'obtins fut qu’il n'était ici qu'en tant qu’ambassadeur. Il me fut impossible d'en savoir plus. Je voulais me calmer, c'était raté.
Après trois semaines de travail, Balak Tyrim nous éblouit tous avec le collier qu'il avait réalisé. C'était un véritable chef d’œuvre. Son intermédiaire lui en promit un très bon prix.
Oubliant les réflexions du nain à mon endroit, je fus émerveillée par le bijou. Je félicitais chaleureusement Balak en l’affublant du titre d’artiste joaillier. J'étais admirative de son travail et j'étais fière d'avoir servie de modèle. C'était la première fois de ma vie que j'inspirais un nain.
Le lendemain matin, suite à un de nos rêves récurrents, j'organisais, avec mes trois compagnons, un office religieux avec moult prières et encens brûlants. Mais aucun signe ne vint d'Akkadie. Peut-être que, finalement, ses récurrences oniriques n'étaient pas d'origine divine. Alors qu'est ce qui peut être à l'origine de ces rêves ? Ils ne ressemblaient aucunement à des tourments de l'âme.
Le lendemain, l’elfe à la peau cuivrée, que nous avions rencontré précédemment refit son apparition à Caer Corwell. Mais cette fois, au lieu d’avoir les cheveux rouges, il les avait bleus. Quel curieux personnage ! Il entraîna Eliodys au combat comme il le lui avait proposé précédemment.
De mon côté, j'étais toujours en panne d'inspiration pour créer de nouveaux tours. Aussi pendant quelques jours, pour m'occuper, je fis une enquête sur la présence de l’organisation de l’Oeil à Caer Corwell mais je ne trouvais aucun signe permettant de conclure qu'ils avaient une antenne en ville.
En plus, l'activité du port était au ralenti en ce moment et il n'y avait aucun autre elfe de passage dans la région.
Mon travail d'espionne à rumeur au service du Sénéchal n'apportait rien, j'étais en panne d'inspiration, je m'étais fâchée avec un de mes amis. J'étais vraiment dans une spirale négative. Ma fille il faut te secouer.
Ombre Dansante décidait de nous inviter, tous les trois, avec l’elfe au cheveux bleus à l'auberge de l'Ours Bicéphale. Lors du repas le guerrier mage nous présenta la nature de ce personnage bien singulier. Par l'expérience accumulée au cours de ses voyages, Ombre Dansante avait compris qui il était : un dragon de cuivre. Ce dernier avait une grande culture et en plus il avait beaucoup d'humour. La soirée fut très agréable. C'était la première fois que j'envisageais que nos rêves récurrents pourraient être d'origine draconique.
Ce soir-là, un marchand répondant au nom de Cordren vînt nous parler. Il nous proposa de louer nos services. Il s'agissait de transporter un coffre. La récompense sera de cent cinquante pièces d'or sur présentation du reçu visé par le destinataire. Nous avions par contre l'interdiction, ne serait-ce que d'essayer, d'ouvrir le colis.
Au départ du marchand, je sondais son âme discrètement, grâce à mes prières. Mais ce Cordren n'avait soit pas de mauvaises intentions, soit une protection magique pour qu'elles ne soient pas connues. Je me fiais donc à mon instinct. Il m'avait fait plutôt bonne impression ainsi qu'à mes compagnons.
Le parcours de la course consistait à naviguer jusqu'à la ville portuaire de Fanton. Elle se situait au-delà des marais des hommes lézards. Puis nous devions marcher plein nord jusqu'au Comté de Haram, à Thurmaistre, où nous devions livrer le colis à un certain Toster.
Alors que mes amis chargeaient des vivres et notre matériel d'aventurier sur le bateau en prévision du voyage, je proposais au Sénéchal qu'il garde un œil sur notre maison grâce aux rondes de la milice. Il accepta la demande.
Je prévenais aussi le patron de l'Ours Bicéphale qu'il ne pourrait pas compter sur mes prestations pendant quelques semaines. Sa déception fut grande. Je lui promis de le prévenir dès mon retour. Avant de partir, je lui laissais un baiser sur la joue.
Eliodys emmena son cheval et j'embarquai mon chat noir. Etant mon familier, Lucifer ne supportait pas une trop grande distance entre lui et moi sans dépérir.
La semaine de navigation qui nous séparait de Fanton se fit sans aucun heurt. Nous débarquâmes le lendemain matin de notre arrivée. Nous avons laissé derrière nous Victor s'occuper du navire avec les marins. Finalement, je dois avouer que ce nain se révélait être de bon service.
Nous suivions la piste longeant le fleuve. Après plusieurs heures de marche monotone, nous vîmes des paysans en colère qui semblaient montrer la forêt la plus proche.
Eliodys galopa en éclaireur pour comprendre ce qui se passait, alors que nous suivions tant bien que mal à pied. Mais dès que ce premier arriva au contact des paysans, ils l'attaquèrent. Le cavalier réussit à blesser un adversaire alors que le chef des agresseurs frappa et blessa son cheval. Enfin quand nous arrivâmes pour prêter main forte à Eliodys les paysans encore valides s'enfuirent avec leur leader.
Ceux que mes amis avaient blessés nous traitèrent de mauvais magiciens. Je soignais leurs blessures avec des bandages. J'essayais de savoir ce qu'ils entendaient par mauvais magiciens mais ils ne firent que répéter la même phrase.
Le cheval d'Eliodys était blessé aussi, mais je ne pouvais rien faire pour lui. Je ne sais pas guérir les animaux, que ce soit par des soins ou par la magie. Nous menions nos agresseurs au village le plus proche dont les toitures nous étaient visibles au nord-est. C'était le village de Millebornes.
Arrivés dans la bourgade nous demandions à rencontrer le chef du village. Nous fûmes conduits au moulin où nous rencontrions le meunier. Il n'était autre que le bourgmestre du village. Enfin, nous pouvions donner des gages de notre bonne foi. Nous apprenions que le leader des paysans énervés était un fauteur de troubles bien connu dans la région.
Eliodys demanda s'il était possible de faire soigner son cheval. Une femme accepta de s’occuper de l’animal. Elle dit au cavalier de passer le lendemain pour le récupérer. Elle emmena le cheval dans son écurie.
Nous avons visités le village. Il nous fit penser à une communauté d'anciens aventuriers venus se mettre au vert. Balak a fait la connaissance d’un nain surnommé Le Geignard. Ce personnage irascible se plaignait encore plus que notre ami.
Entendant que nous voulions rencontrer Toster, un jeune homme se rapprocha de nous. Il s'appelait Aldehar Andrehn. Il avoua qu'il craignait que sa fiancée n'ait disparue. Elle s'appelait Parella Jellemath. Elle n'avait pas donné signe de vie depuis la veille.
Certains disaient qu'elle avait dû partir rejoindre son mentor, à Thurmaistre, l'alchimiste Toster. Elle était son apprentie. Aldehar nous la décrivit. Elle avait vingt ans, elle était de taille moyenne et était élancée. Ses cheveux étaient noirs et ses yeux verts. Elle portait un manteau avec deux fermoirs en argent et une chevalière du même métal avec un J gravé.
Aldehar était très inquiet. J'étais très touchée par la situation. Elle me ramenait à ce que j’avais subi, il y avait plus d'un an maintenant. Une jeune fille, aux mains de personnes mal intentionnées, n'avait rien de rassurant. Nous promettions à Aldehar de donner au plus vite des nouvelles de sa fiancée.
Nous passions la nuit à l'auberge de Millebornes. J'ai commandé un bain chaud. Lorsque je pars à l'aventure je ne peux jamais savoir quand sera le prochain. J'obligeais Ombre Dansante à en prendre un aussi. Ce soir je voulais un elfe propre dans mon lit.
Le lendemain matin, nous sommes allés récupérer le cheval d'Eliodys. Il avait été bien soigné et guérira vite. La femme refusa le paiement de l'elfe. Elle nous dit simplement que nous la paierons lorsqu'elle nous demandera un service.
Nous sommes parti aussitôt. Durant cette journée de marche, en remontant la rivière vers l'amont, sur la rive droite, nous ne firent aucune rencontre. Nous arrivions à une maison forestière à la fin du jour. Un bûcheron nous accueillit avec bienveillance. Il s’appelait Kuiper.
Il connaissait Parella, mais il ne l'avait pas vue dernièrement. Il émit l'hypothèse qu’elle était peut-être passée par l'autre rive de la rivière. Elle allait souvent au bord du Ru aux Anges ramasser des herbes.
Kuiper proposait de nous loger pour la nuit. Ce que nous acceptâmes. Il proposait également de nous accompagner, le lendemain, dans nos recherches au Ru aux Anges. Nous l'avons remercié pour son aide bienvenue.
Le lendemain matin, remontant le cours d’eau sur quelques heures, nous rencontrâmes Oléane, une druidesse montée sur un loup géant, qui répondait au nom de Belcher. Elle était accompagnée d'un second loup géant, Arlin.
Elle connaissait Parella, mais elle dit ne pas l'avoir vue. Oléane nous appris qu'elle recherchait Maxim. C'était le fils de Krenar, un habitant de Millebornes. L’enfant s'était sauvé de chez lui et il n'avait que dix ans. Il fallait le retrouver très vite. Mais il nous faudrait être prudent car Maxim était un ours garou et il était trop jeune pour contrôler ses pouvoirs.
Déployés en tirailleurs, nous avons fouillé les bois. Après une journée harassante, nous n'avons pas trouvé la moindre trace de l'enfant. Nous avons décidé de bivouaquer dans la forêt.
Oléane et Kuiper nous assuraient que ces bois étaient sûrs, aussi aucune garde ne fut assurée.
Au milieu de la nuit, des bruits bizarres me sortirent de mon sommeil. Ouvrant les yeux, scrutant les alentours, je vis des ombres se déplacer sur les branches des arbres nous surplombant. Discrètement je réveillais Ombre Dansante. Je lui chuchotai de réveiller tout le monde car nous allions avoir de la visite cette nuit. Très vite chacun d'entre nous se réveilla et se saisit de ses armes.
A peine fûmes nous tous en alerte, qu'une bande d'éclaireurs orcs nous attaqua. Nous les surprenions en nous levant rapidement et armés. Balak trancha puissamment plusieurs des agresseurs. Eliodys était toujours aussi efficace et solide avec son épée. Ombre Dansante semblait danser avec son arme, tranchant et mutilant ces sauvages adversaires. La druidesse se transforma en loup géant. Les orcs furent opposés à trois puissantes mâchoires. Kuiper fit chanter son arc. Je fis tourner mes deux épées autour de moi dans une danse mortelle. Je blessai plusieurs adversaires alors qu'ils étaient incapables de traverser ma défense. Nous avons réussi assez facilement à vaincre ces assaillants.
Le lendemain matin il pleuvait à torrent. Kuiper annonça que les traces risquaient de disparaître à cause de la pluie. Il fallait nous dépêcher à retrouver l'enfant. Pendant ce temps, la druidesse Oléane nous dit au revoir et partit pour enquêter. Elle voulait connaître l’origine des éclaireurs orcs.
Ombre Dansante, grâce à son bâton, se transforma en loup à ma grande surprise. Je ne lui connaissais pas ce don. Il était toujours aussi surprenant. Il partit en éclaireur avec Kuiper. L’elfe-loup revint très vite vers nous car il avait déjà repéré l’enfant. Celui-ci s'était transformé en un jeune ours qui semblait passablement énervé. Kuiper revint à son tour, il nous conseilla d’essayer de calmer le jeune plantigrade avant de pouvoir le ramener chez lui car il ne faudrait pas le blesser.
Je proposais de l’approcher grâce à mon chant magique. Je commençais par m'agenouiller pour prier Akkadie, la déesse des vents. Je me concentrais un moment pour chercher le chant le plus approprié et pour préparer ma voix. Lorsque je me sentis prête, je m'avançais doucement vers l'enfant ours, sans geste brusque.
Et Me voici approchant ce jeune plantigrade énervé.
Ma voix est douce et claire. Je chante la tristesse d’un enfant qui cherche sa mère et la joie qu’il a de la retrouver. Mon chant est si profond que même mes amis et Kuiper sont touchés par la mélancolie de ma voix.
Me faisant face, le jeune ours grogne et tente de m'intimider. Il a le poil de la nuque hérissé mais je reste calme. Je me concentre uniquement sur mon chant. Puis lentement, ma voix fait son effet, le jeune ours se love au sol. Il s'endort doucement. Il devient un petit garçon de dix ans.
Très délicatement, je le prends dans mes bras en le protégeant de la pluie. Le berçant doucement, je le porte jusqu'au rôdeur.
N'ayant aucune piste sur la disparition de la jeune femme, nous retournons à la maison de Kuiper pour y passer la nuit. Nous allongeons l’enfant sur un lit pour qu’il puisse dormir tranquillement.
Nous prenons le temps de nous changer pour être secs. Kuiper nous sert un repas chaud qui revigore tout le monde. Ombre Dansante s’adresse au rôdeur. Il a remarqué que la druidesse, Oléane, portait au côté une sacoche ayant les mêmes décorations que la sienne. L’elfe chantelameur permet à Kuiper d'observer avec une grande attention l'objet. Après un moment, le bûcheron confirme que, au vu des motifs du petit sac, c’est bien la druidesse qui l'a fabriquée.
Après nous être restaurés, nous discutons longuement quant à la suite à donner. Nous prenons collégialement la décision que, pendant que Kuiper mènera l'enfant chez ses parent, nous reprendront notre périple vers Thurmaistre. Parella peut être aller jusque chez son maître, Toster. Et puis il y a le coffre que nous devons livrer à cette même personne.
Le lendemain, nous partons tôt le matin. La route est calme le long de la rivière. Nous arrivons le soir même aux portes de la petite ville fortifiée. La palissade de rondins de bois porte les traces de combats très anciens. Les gardes de la porte principale nous laissent entrer sans faire de difficultés dans le village fortifié.
Nous nous dirigeons directement vers l'auberge du village. Le lieu est sale et ne donne pas envie de consommer. Je chuchote à mes compagnons qu'il n'est pas question pour moi de manger ou de dormir dans cet établissement. Les quelques clients présents ressemblent à des piliers de comptoir. Nous nous faisons indiquer la maison de Toster.
Il habite une tour à trois étages au nord-est de la petite ville. Nous frappons à la porte. Un homme assez âgé nous accueille en chemise de nuit. Nous nous excusons pour cette arrivée tardive. Nous lui expliquons la raison de notre venue. Toster, car c'est bien de lui qu'il s'agit, nous invite à entrer dans sa maison. Il nous installe dans un salon confortable et nous offre aimablement des boissons fraîches. La discussion avec cet érudit est passionnante. C'est un puissant magicien qui s'est spécialisé dans la magie du feu. Il nous raconte qu'il a choisi de vivre dans cette petite cité pour le calme.
Ombre Dansante et ce maître magicien parlent avec passions de magie. Ce dernier nous gratifie gentiment d'une démonstration spectaculaire de ses pouvoirs en faisant danser des lumières autour de nous. Voilà un tour de magie que j’aimerais pouvoir reproduire en spectacle.
Répondant à nos questions, Toster nous apprend que la région est dominée par deux familles nobles : une à Thurmaistre et l'autre à Millebornes. Les richesses de la région viennent essentiellement des mines dans le nord. Il y a à l'est une grande forêt avec, dit-on, une citadelle abandonnée et perdue.
Toster me confirme que Parella n'est malheureusement pas venue ici dernièrement. Je lui fais part de mon inquiétude, qu'il partage. Pour la retrouver au plus vite, il nous conseille de nous adresser à Garild, un charpentier de Millebornes. Le magicien propose de nous loger pour la nuit. Nous acceptons en le remerciant chaleureusement.
Après avoir remercier le magicien, nous repartons tôt, le lendemain matin. Durant notre progression, nous sommes attaqués par des chiens de l'enfer. Les trois guerriers en viennent à bout avec l'aide de mon chant de courage. Mais Eliodys perd son cheval dans le combat, égorgé par un des chiens de l'enfer.
A la fin de la journée nous nous arrêtons chez Kuiper qui accepte de nous loger pour la nuit. Nous lui expliquons que nous n'avons toujours pas de nouvelles de Parella. Nous lui faisons part des conseils de Toster. Il est tout à fait d'accord avec le magicien et, gentiment, il accepte de nous conduire, le lendemain, chez Garild, à Millebornes.
Nous rencontrons le charpentier qui s'avère être un rôdeur, comme Kuiper. Il est grand et il boite. Il possède deux beaux chiens de chasse. Dans un hangar il entrepose des arcs et des flèches qu'il fabrique lui-même.
Nous racontons notre voyage jusqu'à Thurmestre et la rencontre avec Toster. Garild comprend qu'il est arrivé quelque chose de grave à Parella. Il nous annonce qu'il va alerter tous les rôdeurs de la région pour la rechercher. Ils nous avertiront dès qu'ils auront des pistes.
J'essaie de rassurer Ardelar, le fiancé de Parella. Mais au fond de moi je suis aussi inquiète que lui.
J'aimerais, moi aussi, participer aux recherches. Mais tout le monde me conseille de laisser faire les rôdeurs qui connaissent leur affaire. Ces malheurs me touchent plus que ce que mes compagnons peuvent penser. Eliodys se risque à faire de l'humour noir. Sa provocation marche trop bien et, de colère, je lui mets une claque.
Mes compagnons finissent par m'entraîner jusqu'au bateau. Pendant tout le voyage, mes pensées sont tournées vers cette jeune femme en danger. J'ai tellement peur qu'elle subisse ce que les pirates m'ont fait. Je reste triste et distante pendant toute la traversée.
Dès que nous mettons le pied sur le port de Caer Corwell, mes compagnons vont voir notre commanditaire. Il leur donne la récompense promise pour avoir fait le travail. Cordren est content de nous. Il leur annonce qu'il fera de nouveau appel à nos services bientôt.
Pour ma part, j'ai choisi de rentrer directement et de prier Akkadie pour tenter de me calmer. Les visions des pirates qui me sont revenues pendant le voyage m'ont aspirées toute mon énergie. Je pleure pour expulser toutes ces pensées négatives de ma tête.
Lorsque mes amis rentrent, je me suis redonnée une contenance. Mais je sens qu'Ombre Dansante n'est pas dupe. Intérieurement je le remercie de ne rien me demander.
Dernière édition par Dino Dharric le 28/3/2021, 20:58, édité 3 fois
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
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Dino Dharric- Messages : 956
Date d'inscription : 20/01/2010
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Chapitre IX.1: un anniversaire inattendu
Ombre Dansante est un fils de maître forgeron elfique. A la demande de Balak Tyrim il réfléchit à la fabrication d'une hache magique pour le nain. Mais très vite il estime que l'affaire demandera beaucoup plus de ressources que prévu. L'argent nous manque pour un tel projet et il faut remettre l'ouvrage à plus tard.
Après quelques jours de repos, Ombre Dansante nous annonce qu'il aimerait retrouver le dragonet que nous avions entrevu dans une des grottes des marais des hommes lézards. Il souhaiterait en faire son familier.
Nous voici reparti en expédition. Le voyage dans les marais est toujours aussi éprouvant. Nous retournons dans la caverne des hommes lézards pour négocier de pouvoir approcher le jeune animal qui est sur leur territoire. Maintenant qu'ils nous connaissent et que nous leur avons rendu service, nous avons plus de facilité à être introduit auprès de leur chef. Mais les négociations sont plus difficiles que prévues. Encore une fois, grâce à l'aide du saurien bipède à qui nous avons déjà rendu service par le passé, le chef de la tribu finit par accepter que l'elfe sauvage, et seulement lui, rencontre le dragonet.
Dès le lendemain Ombre Dansante commence, doucement, à tisser un lien amical avec l'animal. Mais il lui faut du temps pour l'apprivoiser et pouvoir peut être en faire un familier.
Pendant ce temps j'essaie d'en apprendre un peu plus sur la culture et l'histoire de ce clan. Les informations sont parcellaires et la traduction de notre allié parfois approximative car certains concepts de ce peuple saurien sont difficilement transposables dans notre langue.
Balak et Eliodys passent le temps en maintenant leur entraînement martial.
Après plusieurs jours, Ombre Dansante réussit à apprivoiser l'animal. Désormais il a réussi à en faire son familier et ils ont, tous les deux, les même relations que celles qu'a Lucifer avec moi.
Il faudra un peu de temps pour que mon chat accepte cet autre animal de compagnie très particulier. La bonne nouvelle est que ce dernier peut se rendre invisible à volonté. Au moins il sera discret quand il nous accompagnera.
Nous retournons à Caer Corwell. Avec Eliodys nous sommes toujours aussi inquiets pour Parella. Nous décidons d'un commun accord de reprendre la mer tous les quatre pour rejoindre Millebornes afin d'avoir des nouvelles des rôdeurs. Nous naviguons une semaine sans encombre. Nous débarquons, au matin, au port de Fantom.
Nous remontons à pied vers Millebornes. Après plusieurs heures de marche, en début d'après midi, nous entendons des bruits suspects dans la forêt que nous longeons. Nous entrons dans les bois discrétement afin de nous approcher. Nous voyons cinq orcs qui essaient de capturer un cheval. Les peaux vertes ont laissé en retrait une carriole avec une cage dessus, tiée par une mule.
Eliodys nous rappelle qu'il a perdu son cheval. Et un cavalier sans cheval... Nous décidons d'intervenir afin de défendre l'animal
Nos adversaires font environ deux mètres vingt de haut chacun et ils portent des armures de plaques. Ils ont chacun une grande épée sauf leur chef qui est armé de deux haches.
Nous décidons de nous séparer en deux groupes. Le nain et le cavalier elfe attaqueront de côté. Ombre Dansante, qui est parfaitement à l'aise en forêt contournera les orcs à l'opposé. Je soutiendrai tout le monde avec mon chant de courage.
Le combat contre les orcs se transforme rapidement en un véritable numéro de cirque. D'abord c'est Balak qui, après avoir failli deux fois perdre l'équilibre pendant le combat, se casse la figure au pied de nos adversaires. Ensuite il y a l'épée d'Eliodys qui lui échappe des mains par maladresse. L'arme du cavalier vole et vient me blesser, brisant mon chant magique. Heureusement pour le cavalier elfe, il réussit à tirer sa deuxième épée. Enfin nous finissons par vaincre, malgré tout, les peaux vertes.
Alors que je me soigne, Eliodys vient s'excuser en récupérant son épée plantée près de moi. Puis il s'approche du cheval. Il réussit à le calmer. Balak récupère les armures des orcs qu'il met dans la cariole. Ombre Dansante fouille les cadavres et trouve quelques menus objets et un peu d'argent. Le cavalier elfe, à force de patience, réussit à harnacher le cheval et à le monter. C'est un très bel animal. Nous en profitons pour récupérer la charrette tirée par sa mule.
Le soir même nous arrivons à Millebornes. Je signale au chef du village que nous venons de défaire un groupe d'orc à moins d'une demi journée du village. Il nous remercie pour l'information et notre action. Il part aussitôt envoyer quelques éclaireurs dans la forêt pour savoir si d'autres groupes hantent les bois.
A peine sommes nous entrés dans la taverne du village pour boire une choppe que nous recevons une missive du Sénéchal. Il a un besoin urgent de notre présence à Caer Corwell et il nous demande de rentrer le plus vite possible.
En questionnant Aldehar Andrehn, je constate que les rôdeurs n'ont toujours pas repérés la jeune fille disparue. Devant le ton de la missive nous décidons de rentrer à Caer Corwell dès le lendemain matin. Je ne suis pas du genre à obéir aveuglément à un ordre mais je sais ce que je dois au Sénéchal. Il a racheté les soins que m'ont prodigués les pêcheurs pauvres qui m'avaient sauvé la vie et recueilli. Il m'a aussi permis d'exercer mon art comme je l'entends.
Après une semaine de navigation nous sommes de retour à Caer Corwell. Le Sénéchal nous accueille en urgence et décrit la situation. Une noble famille de la principauté de Whesphall, une île voisine, ont décidé de fêter l'anniversaire de leur fille dans le château de Caer Corwell. S'ils ont décidé de choisir ce lieu, c'est parce que cette ville est la capitale régionale de cette partie de l'archipel. La famille exige que les festivités soient grandioses et qu'elles se passent dans les meilleures conditions possibles. Le Sénéchal ne veut aucun incident, qu'il soit diplomatique ou autre. Et puis il y va de son honneur publique, il entend en mettre plein la vue à ces « m'as-tu vu ! ». Le monde de la noblesse est sans pitié. Il nous avoue qu'il a une grande confiance dans nos compétences.
Il demande à Héliodys d'assurer la protection rapprochée de la jeune femme. Il lui donne carte blanche pour constituer son équipe de cinq guerriers et pour établir les procédures de sécurité.
Le Sénéchal a entendu parler du travail de joaillerie de Balak Tyrim. Il demande au nain de concevoir un collier en or rehaussé avec les pierres précieuses qu'il lui fournit pour offrir à la jeune femme.
Le sénéchal me demande de m'occuper de l'événementiel. Je dois sélectionner les différents bardes et autres amuseurs, ainsi que les numéros qui seront présentés lors des festivités qui vont durer une semaine. Mon investissement dans mon travail porte enfin ses fruits. Mes qualités professionnelles sont enfin reconnues.
Il demande à Ombre Dansante d'organiser la surveillance du château et de ses environs.
Mais avant de m'atteler à ma tache, Balak me demande de vendre les cinq armures récupérées sur les orcs. Nous allons chez l'armurier le plus riche de Caer Corwell. Balak aimerait commander, en même temps, une armure naine de belle facture. Avec mon naturel et mon charme, je permets au Nain de faire une très bonne affaire. Il devrait avoir son armure dans quelques semaines.
C'est avec zèle que je m'attaque à l'organisation des festivités. La nouvelle a fait le tour de l'archipel. Les bardes, jongleurs et autres amuseurs arrivent de partout. Je passe une semaine intense en audience et à organiser le programme. Je ne m'économise pas durant tous les préparatifs. Je donne des conseils à certains, j'arbitre les choix de prestations entre d'autres. Je constate que dans le milieu artistique de l'archipel mon nom commence à circuler.
L'elfe/dragon de cuivre est de retour. Il a de nouveau les cheveux rouges. Il offre un livre à Balak pour qu'il se perfectionne dans l'art de la taille de pierres magiques car il a des plans pour le nain dans l'avenir. Il a vu le collier que celui ci a réalisé, il y a plusieurs semaines maintenant. Il aimerait, lorsque le guerrier nain sera prêt, lui faire tailler une pierre unique de grande valeur : l'Oeil de Diamath, qui est un œil de dragon.
Après une semaine de préparatifs intensifs le navire venant de Westphall est en vu. Lorsqu’ils descendent du bateau, au port de Caer Corwell, la famille de la jeune femme débarque avec force cérémonie. Ils ont l'intention d'en mettre plein la vue à leurs hôtes avec leurs vêtements de fanfreluches, leurs pourpoints trop colorés et leurs robes sur-décorées. La jeune femme, qui se prénomme Annabelle, est différente. Elle est plutôt jolie et, au contraire du reste de sa famille, elle est habillée de façon sobre.
Eliodys prend tout de suite en charge la sécurité de la jeune femme. Pendant tous ces jours où la famille séjourne à Caer Corwell, l'elfe cavalier passe beaucoup de temps avec la jeune humaine. Alors qu'ils apprennent à se connaître, un respect s’installe entre la jeune femme et son garde du corps.
Pendant toute la durée des festivités, je fournis partout pour que les bardes soient dans les meilleurs conditions possible, au grand plaisir des spectateurs admiratifs. Les artistes se donnent à fond pour montrer leur savoir faire. Les spectacles sont grandioses et de grandes qualités. Tout se passe parfaitement. Lors de la veille du départ des convives, le Sénéchal cache à peine à ses invités sa satisfaction. Cela lui permet de remettre gentiment cette famille noble de Westphall à leur place tout en bénéficiant de la gloire.
Lorsque l'heure du départ sonne, la jeune femme, qui s'est liée d'amitié avec Eliodys, est triste. Elle offre à l'elfe ses couleurs en lui disant qu'un jour il les lui rapportera. Elle l’embrasse sur la joue, espérant pouvoir le revoir un jour. J'observe Eliodys lorsque la jeune femme se retourne vers l'elfe en montant sur le bateau. Apparemment les sentiments que porte la jeune fille à l'elfe ne semblent pas partagés.
Ombre Dansante a eu l'occasion, durant les festivités, de parler avec la druidesse Oléane, que nous avions rencontré précédemment. Il est déçu par la discussion, il attendait plus d'information sur l'origine de sa sacoche et de son tatouage, représentant une licorne noire et blanche, sur son dos.
Après quelques jours de repos, Ombre Dansante nous annonce qu'il aimerait retrouver le dragonet que nous avions entrevu dans une des grottes des marais des hommes lézards. Il souhaiterait en faire son familier.
Nous voici reparti en expédition. Le voyage dans les marais est toujours aussi éprouvant. Nous retournons dans la caverne des hommes lézards pour négocier de pouvoir approcher le jeune animal qui est sur leur territoire. Maintenant qu'ils nous connaissent et que nous leur avons rendu service, nous avons plus de facilité à être introduit auprès de leur chef. Mais les négociations sont plus difficiles que prévues. Encore une fois, grâce à l'aide du saurien bipède à qui nous avons déjà rendu service par le passé, le chef de la tribu finit par accepter que l'elfe sauvage, et seulement lui, rencontre le dragonet.
Dès le lendemain Ombre Dansante commence, doucement, à tisser un lien amical avec l'animal. Mais il lui faut du temps pour l'apprivoiser et pouvoir peut être en faire un familier.
Pendant ce temps j'essaie d'en apprendre un peu plus sur la culture et l'histoire de ce clan. Les informations sont parcellaires et la traduction de notre allié parfois approximative car certains concepts de ce peuple saurien sont difficilement transposables dans notre langue.
Balak et Eliodys passent le temps en maintenant leur entraînement martial.
Après plusieurs jours, Ombre Dansante réussit à apprivoiser l'animal. Désormais il a réussi à en faire son familier et ils ont, tous les deux, les même relations que celles qu'a Lucifer avec moi.
Il faudra un peu de temps pour que mon chat accepte cet autre animal de compagnie très particulier. La bonne nouvelle est que ce dernier peut se rendre invisible à volonté. Au moins il sera discret quand il nous accompagnera.
Nous retournons à Caer Corwell. Avec Eliodys nous sommes toujours aussi inquiets pour Parella. Nous décidons d'un commun accord de reprendre la mer tous les quatre pour rejoindre Millebornes afin d'avoir des nouvelles des rôdeurs. Nous naviguons une semaine sans encombre. Nous débarquons, au matin, au port de Fantom.
Nous remontons à pied vers Millebornes. Après plusieurs heures de marche, en début d'après midi, nous entendons des bruits suspects dans la forêt que nous longeons. Nous entrons dans les bois discrétement afin de nous approcher. Nous voyons cinq orcs qui essaient de capturer un cheval. Les peaux vertes ont laissé en retrait une carriole avec une cage dessus, tiée par une mule.
Eliodys nous rappelle qu'il a perdu son cheval. Et un cavalier sans cheval... Nous décidons d'intervenir afin de défendre l'animal
Nos adversaires font environ deux mètres vingt de haut chacun et ils portent des armures de plaques. Ils ont chacun une grande épée sauf leur chef qui est armé de deux haches.
Nous décidons de nous séparer en deux groupes. Le nain et le cavalier elfe attaqueront de côté. Ombre Dansante, qui est parfaitement à l'aise en forêt contournera les orcs à l'opposé. Je soutiendrai tout le monde avec mon chant de courage.
Le combat contre les orcs se transforme rapidement en un véritable numéro de cirque. D'abord c'est Balak qui, après avoir failli deux fois perdre l'équilibre pendant le combat, se casse la figure au pied de nos adversaires. Ensuite il y a l'épée d'Eliodys qui lui échappe des mains par maladresse. L'arme du cavalier vole et vient me blesser, brisant mon chant magique. Heureusement pour le cavalier elfe, il réussit à tirer sa deuxième épée. Enfin nous finissons par vaincre, malgré tout, les peaux vertes.
Alors que je me soigne, Eliodys vient s'excuser en récupérant son épée plantée près de moi. Puis il s'approche du cheval. Il réussit à le calmer. Balak récupère les armures des orcs qu'il met dans la cariole. Ombre Dansante fouille les cadavres et trouve quelques menus objets et un peu d'argent. Le cavalier elfe, à force de patience, réussit à harnacher le cheval et à le monter. C'est un très bel animal. Nous en profitons pour récupérer la charrette tirée par sa mule.
Le soir même nous arrivons à Millebornes. Je signale au chef du village que nous venons de défaire un groupe d'orc à moins d'une demi journée du village. Il nous remercie pour l'information et notre action. Il part aussitôt envoyer quelques éclaireurs dans la forêt pour savoir si d'autres groupes hantent les bois.
A peine sommes nous entrés dans la taverne du village pour boire une choppe que nous recevons une missive du Sénéchal. Il a un besoin urgent de notre présence à Caer Corwell et il nous demande de rentrer le plus vite possible.
En questionnant Aldehar Andrehn, je constate que les rôdeurs n'ont toujours pas repérés la jeune fille disparue. Devant le ton de la missive nous décidons de rentrer à Caer Corwell dès le lendemain matin. Je ne suis pas du genre à obéir aveuglément à un ordre mais je sais ce que je dois au Sénéchal. Il a racheté les soins que m'ont prodigués les pêcheurs pauvres qui m'avaient sauvé la vie et recueilli. Il m'a aussi permis d'exercer mon art comme je l'entends.
Après une semaine de navigation nous sommes de retour à Caer Corwell. Le Sénéchal nous accueille en urgence et décrit la situation. Une noble famille de la principauté de Whesphall, une île voisine, ont décidé de fêter l'anniversaire de leur fille dans le château de Caer Corwell. S'ils ont décidé de choisir ce lieu, c'est parce que cette ville est la capitale régionale de cette partie de l'archipel. La famille exige que les festivités soient grandioses et qu'elles se passent dans les meilleures conditions possibles. Le Sénéchal ne veut aucun incident, qu'il soit diplomatique ou autre. Et puis il y va de son honneur publique, il entend en mettre plein la vue à ces « m'as-tu vu ! ». Le monde de la noblesse est sans pitié. Il nous avoue qu'il a une grande confiance dans nos compétences.
Il demande à Héliodys d'assurer la protection rapprochée de la jeune femme. Il lui donne carte blanche pour constituer son équipe de cinq guerriers et pour établir les procédures de sécurité.
Le Sénéchal a entendu parler du travail de joaillerie de Balak Tyrim. Il demande au nain de concevoir un collier en or rehaussé avec les pierres précieuses qu'il lui fournit pour offrir à la jeune femme.
Le sénéchal me demande de m'occuper de l'événementiel. Je dois sélectionner les différents bardes et autres amuseurs, ainsi que les numéros qui seront présentés lors des festivités qui vont durer une semaine. Mon investissement dans mon travail porte enfin ses fruits. Mes qualités professionnelles sont enfin reconnues.
Il demande à Ombre Dansante d'organiser la surveillance du château et de ses environs.
Mais avant de m'atteler à ma tache, Balak me demande de vendre les cinq armures récupérées sur les orcs. Nous allons chez l'armurier le plus riche de Caer Corwell. Balak aimerait commander, en même temps, une armure naine de belle facture. Avec mon naturel et mon charme, je permets au Nain de faire une très bonne affaire. Il devrait avoir son armure dans quelques semaines.
C'est avec zèle que je m'attaque à l'organisation des festivités. La nouvelle a fait le tour de l'archipel. Les bardes, jongleurs et autres amuseurs arrivent de partout. Je passe une semaine intense en audience et à organiser le programme. Je ne m'économise pas durant tous les préparatifs. Je donne des conseils à certains, j'arbitre les choix de prestations entre d'autres. Je constate que dans le milieu artistique de l'archipel mon nom commence à circuler.
L'elfe/dragon de cuivre est de retour. Il a de nouveau les cheveux rouges. Il offre un livre à Balak pour qu'il se perfectionne dans l'art de la taille de pierres magiques car il a des plans pour le nain dans l'avenir. Il a vu le collier que celui ci a réalisé, il y a plusieurs semaines maintenant. Il aimerait, lorsque le guerrier nain sera prêt, lui faire tailler une pierre unique de grande valeur : l'Oeil de Diamath, qui est un œil de dragon.
Après une semaine de préparatifs intensifs le navire venant de Westphall est en vu. Lorsqu’ils descendent du bateau, au port de Caer Corwell, la famille de la jeune femme débarque avec force cérémonie. Ils ont l'intention d'en mettre plein la vue à leurs hôtes avec leurs vêtements de fanfreluches, leurs pourpoints trop colorés et leurs robes sur-décorées. La jeune femme, qui se prénomme Annabelle, est différente. Elle est plutôt jolie et, au contraire du reste de sa famille, elle est habillée de façon sobre.
Eliodys prend tout de suite en charge la sécurité de la jeune femme. Pendant tous ces jours où la famille séjourne à Caer Corwell, l'elfe cavalier passe beaucoup de temps avec la jeune humaine. Alors qu'ils apprennent à se connaître, un respect s’installe entre la jeune femme et son garde du corps.
Pendant toute la durée des festivités, je fournis partout pour que les bardes soient dans les meilleurs conditions possible, au grand plaisir des spectateurs admiratifs. Les artistes se donnent à fond pour montrer leur savoir faire. Les spectacles sont grandioses et de grandes qualités. Tout se passe parfaitement. Lors de la veille du départ des convives, le Sénéchal cache à peine à ses invités sa satisfaction. Cela lui permet de remettre gentiment cette famille noble de Westphall à leur place tout en bénéficiant de la gloire.
Lorsque l'heure du départ sonne, la jeune femme, qui s'est liée d'amitié avec Eliodys, est triste. Elle offre à l'elfe ses couleurs en lui disant qu'un jour il les lui rapportera. Elle l’embrasse sur la joue, espérant pouvoir le revoir un jour. J'observe Eliodys lorsque la jeune femme se retourne vers l'elfe en montant sur le bateau. Apparemment les sentiments que porte la jeune fille à l'elfe ne semblent pas partagés.
Ombre Dansante a eu l'occasion, durant les festivités, de parler avec la druidesse Oléane, que nous avions rencontré précédemment. Il est déçu par la discussion, il attendait plus d'information sur l'origine de sa sacoche et de son tatouage, représentant une licorne noire et blanche, sur son dos.
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Dino Dharric- Messages : 956
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Chapitre IX.2: la cité cachée des elfes
Quelques jours plus tard, un soir pas comme les autres, Eliodys nous convoquent pour nous faire une révélation. Enfin l'armure semble vouloir se briser !
Il nous raconte qu'il vient de la ville elfique cachée dans la vallée de Synmoria. Ses dirigeants lui ont demandé de guider tous les elfes vers sa ville. Les devins ont fait une prédiction bien sombre à leur reine. Ils ont annoncé qu'une menace s'approche du peuple elfe. Il leur faut trouver des alliés pour la combattre.
Alors Ombre Dansante lui révèle à son tour qu'il est un guide de son peuple. Il recherche le havre d'Eternelle Rencontre pour que ses paires puissent vivre en paix. Je suis un peu vexée qu'Eliodys ne m'ait rien dit lorsque je lui ai demandé, il y a quelques semaines maintenant, la raison de sa présence à Caer Corwel. Je ne comprends pas pourquoi il se méfie autant de moi. Nous nous sommes pourtant mutuellement sauvés la vie.
Nous décidons de partir au plus tôt pour la cité elfe de Synmoria. Eliodys nous dit qu'elle est cachée du commun des mortels. Quiconque ne connaît pas le chemin, risque de marcher une éternité sans jamais trouver la voie qui conduit à la cité.
Nous prenons une journée pour tout préparer en vu du départ. Il y aura deux semaines de marche jusqu'à Synmoria. Nous allons pouvoir de nouveau utiliser le chariot et la mule pris aux orcs.
Durant les deux semaines de voyage, deux incidents, sans grandes importances, viennent rompre la monotonie de la marche dans les montagnes du nord de l'île.
Enfin nous arrivons en vue de la cité cachée. A l'entrée, une immense cascade, qui se déverse dans un lac, nous accueille. Je ressens la puissante magie qui émane de ces eaux. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'entrer dans ses eaux me consumerait. Je me rapproche d'Ombre Dansante comme pour être protégée. Et puis j'ai une crainte maintenant que nous sommes en vue des portes de la cité elfe. J'ai trop subi le joug du racisme à Eauprofonde, du fait de mon sang mêlé, j'appréhende la rencontre avec ces elfes inconnus.
Nous sommes accueillis par des soldats elfes. Le capitaine de la garde vient saluer Eliodys. Le cavalier nous présente. Il est un gage suffisant pour qu'avec le nain, je sois acceptée dans la cité. La position du Cavalier doit être importante, ou du moins respectée.
Lorsqu'il me salue avec déférence, le capitaine de la garde dit que je ressemble beaucoup à quelqu'un qu'il a connu par le passé. Piquée dans ma curiosité, je lui demande s'il parle de mon père. Mais l'elfe répond qu'il fait allusion à une femme qu'il a connu. Lorsque j'évoque ma mère qui est originaire de l'archipel, il confirme qu'il s'agit bien d'elle. Il respecte beaucoup cette femme qu'il a rencontré par le passé.
Il nous demande de le suivre car nous sommes attendu. Il nous mène devant la reine de la cité. Cette elfe a une prestance qui m'impressionne. Elle nous salue et nous souhaite la bienvenue en sa cité. Puis elle me regarde et dit que je ressemble beaucoup à mon père. Comment peut elle savoir qui est mon père ? Je ne le connais pas moi-même ! J'ai l'impression désagréable que tout le monde ici me connaît mieux que moi-même.
La reine des elfes demande à son capitaine de nous faire visiter la cité. La ville est magnifique avec ses bâtiments très aériens, cette architecture elfique. Nous remarquons sur une presqu'île, au centre de la pièce d'eau alimentée par la cascade, un immense cercle de pierre vertical, semblant ne donner sur rien. Les elfes nous emmènent vers cette curieuse construction circulaire.
Soudain Ombre Dansante décide de partir devant. Il se met torse nu, exposant à l'air la licorne noire et blanche tatouée dans son dos, il prend dans sa main le pendentif qui pend à son cou et dont il ne se sépare jamais. Il le brandit devant lui.
Alors que le guerrier mage elfe marche portant en avant son symbole, la surface délimitée par la construction ronde émet un flash de lumière. Une surface d'apparence liquide se forme dans le cercle de pierre. Ombre Dansante s'approche de ce qui ressemble de plus en plus à une porte. Je suis surprise de voir la licorne tatouée dans son dos se transformer en deux licornes adossées l'une à l'autre. L'une est noire et l'autre blanche.
Soudain, sortant de la surface d'aspect liquide, un monstre démoniaque s'attaque à l'elfe. Le guerrier, sans protection, est éjecté par un coup de patte donné par cette bête serpentine. Il gît au sol mortellement blessé et inconscient.
Je suis la première à réagir, bien avant tout le monde. Je cours m'interposer devant Ombre Dansante telle une louve. Je prie Akkadie et un miracle me permet de déformer le temps : « notre dame des airs, permets moi de saisir l'instant, de me nourrir de ce moment présent afin de porter assistance ». Tout devient beaucoup plus lent autour de moi. Alors que Eliodys et Balak arrivent au contact du monstre au ralentis, j'enchaîne les prières de soin pour réanimer et soigner Ombre Dansante. Pendant ce temps, les elfes qui nous accompagnaient sont complètement surpris et n'arrivent pas à réagir.
Autour de moi, le temps reprend son cours normal. Seuls contre le monstre, Balak et Eliodys combattent armes au poing. Ils sont soutenus par mes traits magiques qui affaiblissent le monstre. Merci Ombre Dansante pour les connaissances que tu m'as transmise, pensais-je.
Enfin les elfes de Synmoria réagissent et se précipitent à notre aide mais il est déjà trop tard, le monstre s'écroule, abattu par le cavalier elfe et le guerrier nain. Il était temps j'ai épuisé une grande partie de ma magie.
Aussitôt je m'agenouille près d'Ombre Dansante. Je mets doucement sa tête sur mes jambes afin de l'aider à se remettre. Alors que la tension redescend, une foule de pensée me traverse l'esprit. J'ai agi de façon instinctive et plus rapidement que quiconque. Je me sens submergée par mes émotions.
Soudain, un, puis deux, puis trois elfes sauvages sortent de la porte ronde en pierre toujours ouverte. Ils semblent comme surpris de trouver cette cité elfe. Aussitôt, oubliant la douleur, Ombre Dansante se relève. Il a tout de suite reconnu des membres de son peuple. Il va vers eux et les embrassent un par un alors que d'autres, toujours plus nombreux, sortent de la porte.
Après trente ans d'errance, enfin il revoit les siens. Il leur présente Eliodys et Balak qui sont restés à proximité de la porte au cas où la bête se relèverait. Puis sortent de la porte, le père et la mère du guerrier mage elfe. Il se précipite vers eux pour les embrasser.
Puis il regarde autour de lui et remarque que je suis restée discrètement en retrait pour ne pas troubler ces retrouvailles. Tout ce temps je m'étais éloignée. J'ai sortie mon harmonica pour jouer doucement une musique de circonstance.
Je suis bouleversée par le réflexe que j'ai eu lorsque le monstre sortit de la porte. Il avait frappé Ombre Dansante laissant l’elfe au sol comme mort. Je m’étais aussitôt précipitée sans réfléchir, plus rapidement que quiconque, pour m’interposer entre le guerrier et le démon. Je suis maintenant partagée entre l’envie de prendre entre mes bras celui que j'ai cru un instant perdre et l’envie de laisser ses retrouvailles de trente ans se faire sans les troubler.
Pourtant j'ai une appréhension. Celle de devoir faire face à une concurrence inattendue, voire historique.
Jouer de la musique m'a paru être le meilleur moyen de cacher mon trouble.
Ombre Dansante m'appelle. Il me présente comme sa compagne. La mère d'Ombre Dansante m'accueille avec un « bonjour princesse ». Je suis si surprise que j'en reste interdite sans savoir que répondre. Mon mal-être augmente au fur et à mesure des questions qui viennent se presser dans mon esprit. Est ce que tous les elfes me connaissent ?
Alors que les effusions entre Ombre Dansante et son peuple continue, Je demande à Eliodys, en aparté, de m'organiser un rendez vous personnel avec la reine de la cité elfe. Il accepte en traînant un peu des pieds. Il a vraiment un problème de confiance avec moi. Il faudra que je lui parle.
Le soir, alors que l’elfe cavalier regagne son foyer qu’il avait quitté il y a des mois, nous sommes logés dans deux maisons destinées aux hôtes prestigieux. Je vérifie que le guerrier nain est traité comme nous. Ceci afin de me faire une opinion sur ce peuple elfe. Je constate avec bonheur qu'il est logé dans le même type de maison que nous, avec le même confort. Ils sont bien différents de ceux que j'ai connus à Eauprofonde, ils semblent bienveillants et ne font pas de différences entre chaque membre du groupe, qu'il soit elfe ou non.
Ce soir là, j'ai une discussion animée avec Ombre Dansante. Je me fâche en lui reprochant sa désinvolture. Il a pris des risques insensés quand il s'est exposé sans armure près de la porte. Je lui reproche d’avoir frôlé la mort et d’être la cause des blessures qu'ont subit Eliodys et Balak. Ce comportement n'est pas digne d'un homme d'arme.
Après avoir dit tout ce que j'avais sur le cœur, je me calme. Je le regarde dans les yeux et je lui demande quelle suite il envisage pour sa quête, maintenant qu’il a retrouvé son peuple. Il me raconte que les siens vont pouvoir regagner Eternelle Rencontre pour pouvoir enfin vivre en paix. Mais sa quête n'est pas fini, il se pose encore beaucoup de questions sans réponses. Entre autre il y a l'origine des licornes qui sont tatouées dans son dos et l'origine des rêves que nous faisons tous les quatre.
Le lendemain matin je constate qu'Eliodys a été efficace. Je suis convoquée très tôt par la reine des elfes.
En chemin, je demande à Eliodys, qui m'accompagne, comment je dois m'adresser à elle ? Il me répond que je dois l'appeler Altesse.
La reine me dit en préambule qu'elle a connu ma mère. Elle me répète qu'elle connaît mon père. Je lui avoue que je suis à sa recherche et demande où je pourrais le trouver. Mais elle n'a pas de réponse à me donner. Il est impossible aujourd'hui de le situer car c'est un ménestrel qui voyage en permanence. Elle précise qu'« il suit ses pas ». Elle me confie que j'ai héritée de la curiosité et du besoin de comprendre de mon père.
Je confie, à la reine, que j'ai la désagréable sensation, depuis que je suis arrivée dans cette cité, que tout le monde me connaît. En réponse, la reine sous entend qu'elle a, avec l'aide des druides, un œil sur nous depuis que nous avons rétabli l'équilibre des éléments qui permet aux îles de l'archipel de continuer à perdurer.
Je préfère ne pas relever. J'aborde plutôt les rêves que je fais avec mes trois compagnons. Je les lui décris tous les trois. La reine des elfes affirme pouvoir me donner une lecture de ces récurrences oniriques. Le premier rêve concerne Eliodys, le second concerne Ombre Dansante, le troisième me concerne. Ces rêves doivent être inspirés par un être bienveillant, un être proche de chacun de nous.
Ensuite je lui pose des questions sur la porte ronde que Ombre Dansante a activée la veille. Existe-t-il d'autres portes elfiques de par le monde ? Elle me répond qu'elles sont rares, mais elles ne fonctionnent pas toutes.
Enfin, pour finir, je demande une faveur à la reine. Celle de pouvoir danser ce soir en l'honneur de son peuple et de celui d'Ombre Dansante. La reine accepte que je rencontre son maître de cérémonie et les meilleurs bardes de la cité.
Je pars avec autant de question en tête que j'en avais en arrivant. Tout porte à croire que ma mère et mon père se connaissaient avant de quitter l'archipel et peut être suis je même née dans ces îles. Mais alors pourquoi ma mère m'a cachée cette vérité ? Pourquoi m'a-t-elle cachée mes origines ?
Ombre Dansante, ce matin-là, a une conversation avec son père qui est un maître forgeron. Il lui demande s’il pourrait réaliser la hache dont Balak Tyrim rêve. Le maître forgeron elfe lui demande une année pour pouvoir faire ce travail. Le guerrier mage préfère attendre d'avoir une opportunité de la réaliser.
Pendant ce temps, je rencontre la mère d’Ombre Dansante pour lui demander si elle connaît mon père et ma mère elle aussi. Ce qui est le cas... L'elfe me dit pour retrouver mon père : « repars où l'air gèle, où les pas de géant, où le souffle vous glace le sang ».
Lorsque j'évoque le fait qu'elle m'ait appeler princesse la veille, elle esquive la question.
Puis je lui avoue à demi mot les sentiments que je ressens pour le fils de cette elfe. A ma grande surprise, mon sang mêlé ne semble lui poser aucun problème. En parlant avec cette elfe je me sens comme apaisée. Je la bénis au nom d'Akkadie, déesse des vents, et je la quitte. Je me sens calme et heureuse.
Eliodys me mène ensuite auprès du maître de cérémonie de la cité elfe. Il semble m'attendre, un peu nerveux.
Après m'avoir jaugée du regard, cet elfe hautain me dit que la reine a déjà donné des ordres. Il me demande si j'ai un bon niveau de danse. Je lui répond en soutenant le regard de cet elfe arrogant que je suis la meilleure dans cette partie du monde.
Il me mène auprès des bardes. Pendant plusieurs heures je travaille sur la musique avec l'orchestre. Ils sont à mon écoute et comprennent vite ce que je recherche : le type de danse que je veux interpréter et les arrangements que j'attends d'eux. Puis plusieurs elfes me lavent, m'habillent d'une somptueuse robe, me coiffent et me maquillent.
Lorsque je me vois ainsi dans un miroir, je n'en crois pas mes yeux. Je vais montrer à ses elfes que moi, la sang mêlée, je vaux autant que chacun d'entre eux.
Le soir j'arrive à la réception en retard. Mais j'obtiens mon effet. Tous les regards se tournent vers moi et toutes les conversations s'arrêtent. Mes trois compagnons, qui ne m'ont jamais vu autant en beauté, me complimentent. Je suis vraiment aux anges. J'espère au fond de moi qu'aucune elfe ne m'arrive à la cheville. Et tant pis si c'est de l'arrogance, aujourd'hui je suis fière de ce que je suis.
Avant le dessert, je suis appelée par le maître de cérémonie. Je me concentre alors qu'il me présente. Me tournant vers l'orchestre, je lance discrètement une prière de murmures des vents ; « Vents du haut, Vents du bas, portez ce message à Ombre Dansante : regarde-moi telle que je suis ! ». Puis je lève les yeux vers l'orchestre pour leur dire : « C'est à vous, mon corps vous appartient. » Les musiciens jouent une musique qui va bien au delà de ce que j'attends, elle sublime ma danse, elle me porte. Le spectacle que je donne est chaudement applaudi. Lorsque je me relève et salue l'assemblée, tout le monde est debout. Je me tourne vers l'orchestre pour les saluer : « Soyez assurer que je suis votre éternelle débitrice ! »
Je rejoins Ombre Dansante et je l'embrasse passionnément. Il s'ensuit un bal qui dure une partie de la nuit où je peux de nouveaun exprimer tout mon talent.
Le lendemain le peuple d'Ombre Dansante repart, par la porte elfique, vers sa destination, Eternelle Rencontre. La reine les bénit. Puis lorsqu'ils ont tous passé le portail elfique, elle se tourne vers nous et offre un cadeau chacun.
A Eliodys elle offre une selle de cheval magique qui lui permettra de ne jamais tomber de cheval.
A Balak Tirym elle offre dix flèchettes, en bois, qui ne manquent jamais leur cible.
A Ombre Dansante elle offre une ceinture elfique avec des poches magiques pour mettre ses composantes matérielles de sortilèges et lui permettre de lancer ses sorts avec plus d'efficacités.
Enfin je reçois une harpe elfique de voyage qui me permettra de jouer une musique à la puissance magique accrue.
Nous la remercions de tout notre cœur, sauf peut être Balak qui semble un peut déçu. Je pense être la seule à m'en apercevoir mais je préfère ne rien montrer.
Puis nous quittons la cité elfe. Nous partons pour Millebornes. J'ai un regard vers Eliodys. A aucun moment, pendant le séjour, il nous a présenté son foyer et sa famille. Pourquoi est il si distant ?
Il nous raconte qu'il vient de la ville elfique cachée dans la vallée de Synmoria. Ses dirigeants lui ont demandé de guider tous les elfes vers sa ville. Les devins ont fait une prédiction bien sombre à leur reine. Ils ont annoncé qu'une menace s'approche du peuple elfe. Il leur faut trouver des alliés pour la combattre.
Alors Ombre Dansante lui révèle à son tour qu'il est un guide de son peuple. Il recherche le havre d'Eternelle Rencontre pour que ses paires puissent vivre en paix. Je suis un peu vexée qu'Eliodys ne m'ait rien dit lorsque je lui ai demandé, il y a quelques semaines maintenant, la raison de sa présence à Caer Corwel. Je ne comprends pas pourquoi il se méfie autant de moi. Nous nous sommes pourtant mutuellement sauvés la vie.
Nous décidons de partir au plus tôt pour la cité elfe de Synmoria. Eliodys nous dit qu'elle est cachée du commun des mortels. Quiconque ne connaît pas le chemin, risque de marcher une éternité sans jamais trouver la voie qui conduit à la cité.
Nous prenons une journée pour tout préparer en vu du départ. Il y aura deux semaines de marche jusqu'à Synmoria. Nous allons pouvoir de nouveau utiliser le chariot et la mule pris aux orcs.
Durant les deux semaines de voyage, deux incidents, sans grandes importances, viennent rompre la monotonie de la marche dans les montagnes du nord de l'île.
Enfin nous arrivons en vue de la cité cachée. A l'entrée, une immense cascade, qui se déverse dans un lac, nous accueille. Je ressens la puissante magie qui émane de ces eaux. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'entrer dans ses eaux me consumerait. Je me rapproche d'Ombre Dansante comme pour être protégée. Et puis j'ai une crainte maintenant que nous sommes en vue des portes de la cité elfe. J'ai trop subi le joug du racisme à Eauprofonde, du fait de mon sang mêlé, j'appréhende la rencontre avec ces elfes inconnus.
Nous sommes accueillis par des soldats elfes. Le capitaine de la garde vient saluer Eliodys. Le cavalier nous présente. Il est un gage suffisant pour qu'avec le nain, je sois acceptée dans la cité. La position du Cavalier doit être importante, ou du moins respectée.
Lorsqu'il me salue avec déférence, le capitaine de la garde dit que je ressemble beaucoup à quelqu'un qu'il a connu par le passé. Piquée dans ma curiosité, je lui demande s'il parle de mon père. Mais l'elfe répond qu'il fait allusion à une femme qu'il a connu. Lorsque j'évoque ma mère qui est originaire de l'archipel, il confirme qu'il s'agit bien d'elle. Il respecte beaucoup cette femme qu'il a rencontré par le passé.
Il nous demande de le suivre car nous sommes attendu. Il nous mène devant la reine de la cité. Cette elfe a une prestance qui m'impressionne. Elle nous salue et nous souhaite la bienvenue en sa cité. Puis elle me regarde et dit que je ressemble beaucoup à mon père. Comment peut elle savoir qui est mon père ? Je ne le connais pas moi-même ! J'ai l'impression désagréable que tout le monde ici me connaît mieux que moi-même.
La reine des elfes demande à son capitaine de nous faire visiter la cité. La ville est magnifique avec ses bâtiments très aériens, cette architecture elfique. Nous remarquons sur une presqu'île, au centre de la pièce d'eau alimentée par la cascade, un immense cercle de pierre vertical, semblant ne donner sur rien. Les elfes nous emmènent vers cette curieuse construction circulaire.
Soudain Ombre Dansante décide de partir devant. Il se met torse nu, exposant à l'air la licorne noire et blanche tatouée dans son dos, il prend dans sa main le pendentif qui pend à son cou et dont il ne se sépare jamais. Il le brandit devant lui.
Alors que le guerrier mage elfe marche portant en avant son symbole, la surface délimitée par la construction ronde émet un flash de lumière. Une surface d'apparence liquide se forme dans le cercle de pierre. Ombre Dansante s'approche de ce qui ressemble de plus en plus à une porte. Je suis surprise de voir la licorne tatouée dans son dos se transformer en deux licornes adossées l'une à l'autre. L'une est noire et l'autre blanche.
Soudain, sortant de la surface d'aspect liquide, un monstre démoniaque s'attaque à l'elfe. Le guerrier, sans protection, est éjecté par un coup de patte donné par cette bête serpentine. Il gît au sol mortellement blessé et inconscient.
Je suis la première à réagir, bien avant tout le monde. Je cours m'interposer devant Ombre Dansante telle une louve. Je prie Akkadie et un miracle me permet de déformer le temps : « notre dame des airs, permets moi de saisir l'instant, de me nourrir de ce moment présent afin de porter assistance ». Tout devient beaucoup plus lent autour de moi. Alors que Eliodys et Balak arrivent au contact du monstre au ralentis, j'enchaîne les prières de soin pour réanimer et soigner Ombre Dansante. Pendant ce temps, les elfes qui nous accompagnaient sont complètement surpris et n'arrivent pas à réagir.
Autour de moi, le temps reprend son cours normal. Seuls contre le monstre, Balak et Eliodys combattent armes au poing. Ils sont soutenus par mes traits magiques qui affaiblissent le monstre. Merci Ombre Dansante pour les connaissances que tu m'as transmise, pensais-je.
Enfin les elfes de Synmoria réagissent et se précipitent à notre aide mais il est déjà trop tard, le monstre s'écroule, abattu par le cavalier elfe et le guerrier nain. Il était temps j'ai épuisé une grande partie de ma magie.
Aussitôt je m'agenouille près d'Ombre Dansante. Je mets doucement sa tête sur mes jambes afin de l'aider à se remettre. Alors que la tension redescend, une foule de pensée me traverse l'esprit. J'ai agi de façon instinctive et plus rapidement que quiconque. Je me sens submergée par mes émotions.
Soudain, un, puis deux, puis trois elfes sauvages sortent de la porte ronde en pierre toujours ouverte. Ils semblent comme surpris de trouver cette cité elfe. Aussitôt, oubliant la douleur, Ombre Dansante se relève. Il a tout de suite reconnu des membres de son peuple. Il va vers eux et les embrassent un par un alors que d'autres, toujours plus nombreux, sortent de la porte.
Après trente ans d'errance, enfin il revoit les siens. Il leur présente Eliodys et Balak qui sont restés à proximité de la porte au cas où la bête se relèverait. Puis sortent de la porte, le père et la mère du guerrier mage elfe. Il se précipite vers eux pour les embrasser.
Puis il regarde autour de lui et remarque que je suis restée discrètement en retrait pour ne pas troubler ces retrouvailles. Tout ce temps je m'étais éloignée. J'ai sortie mon harmonica pour jouer doucement une musique de circonstance.
Je suis bouleversée par le réflexe que j'ai eu lorsque le monstre sortit de la porte. Il avait frappé Ombre Dansante laissant l’elfe au sol comme mort. Je m’étais aussitôt précipitée sans réfléchir, plus rapidement que quiconque, pour m’interposer entre le guerrier et le démon. Je suis maintenant partagée entre l’envie de prendre entre mes bras celui que j'ai cru un instant perdre et l’envie de laisser ses retrouvailles de trente ans se faire sans les troubler.
Pourtant j'ai une appréhension. Celle de devoir faire face à une concurrence inattendue, voire historique.
Jouer de la musique m'a paru être le meilleur moyen de cacher mon trouble.
Ombre Dansante m'appelle. Il me présente comme sa compagne. La mère d'Ombre Dansante m'accueille avec un « bonjour princesse ». Je suis si surprise que j'en reste interdite sans savoir que répondre. Mon mal-être augmente au fur et à mesure des questions qui viennent se presser dans mon esprit. Est ce que tous les elfes me connaissent ?
Alors que les effusions entre Ombre Dansante et son peuple continue, Je demande à Eliodys, en aparté, de m'organiser un rendez vous personnel avec la reine de la cité elfe. Il accepte en traînant un peu des pieds. Il a vraiment un problème de confiance avec moi. Il faudra que je lui parle.
Le soir, alors que l’elfe cavalier regagne son foyer qu’il avait quitté il y a des mois, nous sommes logés dans deux maisons destinées aux hôtes prestigieux. Je vérifie que le guerrier nain est traité comme nous. Ceci afin de me faire une opinion sur ce peuple elfe. Je constate avec bonheur qu'il est logé dans le même type de maison que nous, avec le même confort. Ils sont bien différents de ceux que j'ai connus à Eauprofonde, ils semblent bienveillants et ne font pas de différences entre chaque membre du groupe, qu'il soit elfe ou non.
Ce soir là, j'ai une discussion animée avec Ombre Dansante. Je me fâche en lui reprochant sa désinvolture. Il a pris des risques insensés quand il s'est exposé sans armure près de la porte. Je lui reproche d’avoir frôlé la mort et d’être la cause des blessures qu'ont subit Eliodys et Balak. Ce comportement n'est pas digne d'un homme d'arme.
Après avoir dit tout ce que j'avais sur le cœur, je me calme. Je le regarde dans les yeux et je lui demande quelle suite il envisage pour sa quête, maintenant qu’il a retrouvé son peuple. Il me raconte que les siens vont pouvoir regagner Eternelle Rencontre pour pouvoir enfin vivre en paix. Mais sa quête n'est pas fini, il se pose encore beaucoup de questions sans réponses. Entre autre il y a l'origine des licornes qui sont tatouées dans son dos et l'origine des rêves que nous faisons tous les quatre.
Le lendemain matin je constate qu'Eliodys a été efficace. Je suis convoquée très tôt par la reine des elfes.
En chemin, je demande à Eliodys, qui m'accompagne, comment je dois m'adresser à elle ? Il me répond que je dois l'appeler Altesse.
La reine me dit en préambule qu'elle a connu ma mère. Elle me répète qu'elle connaît mon père. Je lui avoue que je suis à sa recherche et demande où je pourrais le trouver. Mais elle n'a pas de réponse à me donner. Il est impossible aujourd'hui de le situer car c'est un ménestrel qui voyage en permanence. Elle précise qu'« il suit ses pas ». Elle me confie que j'ai héritée de la curiosité et du besoin de comprendre de mon père.
Je confie, à la reine, que j'ai la désagréable sensation, depuis que je suis arrivée dans cette cité, que tout le monde me connaît. En réponse, la reine sous entend qu'elle a, avec l'aide des druides, un œil sur nous depuis que nous avons rétabli l'équilibre des éléments qui permet aux îles de l'archipel de continuer à perdurer.
Je préfère ne pas relever. J'aborde plutôt les rêves que je fais avec mes trois compagnons. Je les lui décris tous les trois. La reine des elfes affirme pouvoir me donner une lecture de ces récurrences oniriques. Le premier rêve concerne Eliodys, le second concerne Ombre Dansante, le troisième me concerne. Ces rêves doivent être inspirés par un être bienveillant, un être proche de chacun de nous.
Ensuite je lui pose des questions sur la porte ronde que Ombre Dansante a activée la veille. Existe-t-il d'autres portes elfiques de par le monde ? Elle me répond qu'elles sont rares, mais elles ne fonctionnent pas toutes.
Enfin, pour finir, je demande une faveur à la reine. Celle de pouvoir danser ce soir en l'honneur de son peuple et de celui d'Ombre Dansante. La reine accepte que je rencontre son maître de cérémonie et les meilleurs bardes de la cité.
Je pars avec autant de question en tête que j'en avais en arrivant. Tout porte à croire que ma mère et mon père se connaissaient avant de quitter l'archipel et peut être suis je même née dans ces îles. Mais alors pourquoi ma mère m'a cachée cette vérité ? Pourquoi m'a-t-elle cachée mes origines ?
Ombre Dansante, ce matin-là, a une conversation avec son père qui est un maître forgeron. Il lui demande s’il pourrait réaliser la hache dont Balak Tyrim rêve. Le maître forgeron elfe lui demande une année pour pouvoir faire ce travail. Le guerrier mage préfère attendre d'avoir une opportunité de la réaliser.
Pendant ce temps, je rencontre la mère d’Ombre Dansante pour lui demander si elle connaît mon père et ma mère elle aussi. Ce qui est le cas... L'elfe me dit pour retrouver mon père : « repars où l'air gèle, où les pas de géant, où le souffle vous glace le sang ».
Lorsque j'évoque le fait qu'elle m'ait appeler princesse la veille, elle esquive la question.
Puis je lui avoue à demi mot les sentiments que je ressens pour le fils de cette elfe. A ma grande surprise, mon sang mêlé ne semble lui poser aucun problème. En parlant avec cette elfe je me sens comme apaisée. Je la bénis au nom d'Akkadie, déesse des vents, et je la quitte. Je me sens calme et heureuse.
Eliodys me mène ensuite auprès du maître de cérémonie de la cité elfe. Il semble m'attendre, un peu nerveux.
Après m'avoir jaugée du regard, cet elfe hautain me dit que la reine a déjà donné des ordres. Il me demande si j'ai un bon niveau de danse. Je lui répond en soutenant le regard de cet elfe arrogant que je suis la meilleure dans cette partie du monde.
Il me mène auprès des bardes. Pendant plusieurs heures je travaille sur la musique avec l'orchestre. Ils sont à mon écoute et comprennent vite ce que je recherche : le type de danse que je veux interpréter et les arrangements que j'attends d'eux. Puis plusieurs elfes me lavent, m'habillent d'une somptueuse robe, me coiffent et me maquillent.
Lorsque je me vois ainsi dans un miroir, je n'en crois pas mes yeux. Je vais montrer à ses elfes que moi, la sang mêlée, je vaux autant que chacun d'entre eux.
Le soir j'arrive à la réception en retard. Mais j'obtiens mon effet. Tous les regards se tournent vers moi et toutes les conversations s'arrêtent. Mes trois compagnons, qui ne m'ont jamais vu autant en beauté, me complimentent. Je suis vraiment aux anges. J'espère au fond de moi qu'aucune elfe ne m'arrive à la cheville. Et tant pis si c'est de l'arrogance, aujourd'hui je suis fière de ce que je suis.
Avant le dessert, je suis appelée par le maître de cérémonie. Je me concentre alors qu'il me présente. Me tournant vers l'orchestre, je lance discrètement une prière de murmures des vents ; « Vents du haut, Vents du bas, portez ce message à Ombre Dansante : regarde-moi telle que je suis ! ». Puis je lève les yeux vers l'orchestre pour leur dire : « C'est à vous, mon corps vous appartient. » Les musiciens jouent une musique qui va bien au delà de ce que j'attends, elle sublime ma danse, elle me porte. Le spectacle que je donne est chaudement applaudi. Lorsque je me relève et salue l'assemblée, tout le monde est debout. Je me tourne vers l'orchestre pour les saluer : « Soyez assurer que je suis votre éternelle débitrice ! »
Je rejoins Ombre Dansante et je l'embrasse passionnément. Il s'ensuit un bal qui dure une partie de la nuit où je peux de nouveaun exprimer tout mon talent.
Le lendemain le peuple d'Ombre Dansante repart, par la porte elfique, vers sa destination, Eternelle Rencontre. La reine les bénit. Puis lorsqu'ils ont tous passé le portail elfique, elle se tourne vers nous et offre un cadeau chacun.
A Eliodys elle offre une selle de cheval magique qui lui permettra de ne jamais tomber de cheval.
A Balak Tirym elle offre dix flèchettes, en bois, qui ne manquent jamais leur cible.
A Ombre Dansante elle offre une ceinture elfique avec des poches magiques pour mettre ses composantes matérielles de sortilèges et lui permettre de lancer ses sorts avec plus d'efficacités.
Enfin je reçois une harpe elfique de voyage qui me permettra de jouer une musique à la puissance magique accrue.
Nous la remercions de tout notre cœur, sauf peut être Balak qui semble un peut déçu. Je pense être la seule à m'en apercevoir mais je préfère ne rien montrer.
Puis nous quittons la cité elfe. Nous partons pour Millebornes. J'ai un regard vers Eliodys. A aucun moment, pendant le séjour, il nous a présenté son foyer et sa famille. Pourquoi est il si distant ?
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
Date d'inscription : 20/01/2010
Age : 58
Localisation : Nercillac
CHAPITRE X: LE FLUX ET LE REFLUX CA ME FAIT MARAIS
Nous sommes partis de la cité cachée elfe de Synmoria pour aller à Millebornes. Nous contournons les marais des hommes lézards par le nord. Après douze jours de marche nous sortons des sentiers montagneux sans aucun incident pour entrer dans la plaine qui s'étend ente Phantom et Thurmestre. Six jours plus tard, nous entrons dans la petite cité de Millebornes.
Sur la place centrale, nous assistons à une vente aux enchères. Un spectateur nous répond qu'un couple de fermiers vend leur ferme. Le prix qu'ils en obtiennent semble dérisoire.
Après la vente, Balak se renseigne auprès des vendeurs. Le fermier essaie de se contrôler mais sa voix est légèrement chevrotante. Il répond au nain que les marais, au sud du bourg, n'arrêtent pas d'avancer depuis deux ans environs. Aujourd'hui, leurs terres ne sont malheureusement plus exploitables. Il ne leur reste plus qu'à repartir vers le sud. Ils iront près de Phantom où ils ont de la famille.
Derrière lui, un enfant dans ses bras, un autre accroché à ses jupons, sa femme reste droite, pleine de dignité. Mais je ressens derrière la façade la désespérance de ceux qui ont tout perdu.
Je me sens impuissante lorsque je leur demande s'ils ont besoin de quelque chose. Ce « non, merci ! » résonnera longtemps dans ma tête.
Héliodys se renseigne auprès des rôdeurs de la région s'ils ont retrouvés la trace de la jeune fille enlevée depuis plusieurs semaines. Mais il n'y a toujours pas de nouvelles pour l'instant.
Nous allons à l'auberge, le soir, pour passer la nuit. L'ambiance est morose. Je demande au patron l'autorisation d'organiser une soirée afin de remonter le moral des habitants. Il accepte lorsque je lui propose de ne pas demander de cachet. Et puis j'ai besoin d'extérioriser ce que j'ai ressenti en voyant cette femme cet après midi.
Je commence par jouer de l'harmonica pour permettre à quelques personnes de danser. Puis je chante une chanson gaie et très populaire. Un autre barde présent décide de m'accompagner avec sa cithare. Sur les dernières notes nous sommes, tous les deux, applaudis avec ferveur. Excitée par l'ambiance, je vais trouver Balak :
« Maître nain, vous m'avez un jour demander de vous apprendre à mieux danser. Mais avant, je veux savoir ce que vous avez dans le ventre. »
J'emmène Balak au centre de la pièce et je lui demande de choisir sa danse. Le barde à la cithare me confirme qu'il connaît la mélodie. Alors je regarde le guerrier nain dans les yeux sur les premières mesures :
« Maître nain, je veux voir votre âme dans vos yeux ! »
Après quelques pas de danse, je prends les choses en mains. Je laisse la musique porter mon corps. Les spectateurs frappent dans leurs mains avec de plus en plus d'entrain. Petit à petit je monte le niveau. Je pousse les codes de la danse dans ses derniers retranchements. Balak est à la peine mais il réussit une prestation remarquable pour un amateur. Le final déclenche des tonnerres d'applaudissements. Je remercie Balak et le barde pour la qualité de leur prestation. Je me précipite vers Ombre Dansante et je l'embrasse avec entrain :
« Tu as vu ? Balak est presque aussi bon danseur que toi. Me tournant vers le patron, donnez nous votre meilleure chambre. » Je lui donne une pièce d'or.
Le lendemain matin, un messager vient nous trouver à l'auberge. Nous sommes invités par Darien Carment, le baron local. Son manoir est à une heure de marche de Millebornes au sud est. Nous lui demandons une heure pour préparer nos affaires. Ce matin, courbaturée, je suis à la peine.
Après une heure de marche, nous arrivons à un modeste château. C'est une motte avec une palissade en bois. Au centre trône un grand bâtiment et une dépendance en dur.
Nous sommes reçu sans délai par le baron Darien Carment. Il nous apprend que les marais, au sud, sont apparus il y a deux ans. Depuis ils n'ont jamais cessé de s'étendre. Ayant entendu parler de nos exploits, il nous demande si nous pouvons régler ce problème. Nous acceptons de mener notre enquête. Le baron nous remercie et nous demande de faire le plus vite possible. D'autres exploitations sont en danger.
Nous partons aussitôt vers les marais. Le lendemain nous bivouaquons en lisière de la zone humide. Elle n'a rien à voir avec les marais des hommes lézards. Elle ressemble plutôt à une plaine très humide.
Après deux jours de marche assez difficile, nous rencontrons un vieil homme qui ramassent des plantes. Il nous répond qu'il a bien remarquer l'évolution du marais depuis deux ans. Mais il n'a aucune idée sur les causes de la montée des eaux. Il nous emmène sur un lieu plus sec afin de pouvoir parler plus confortablement installés. Grâce aux pouvoirs que me confère Akkadie, la déesse des vents, je le sonde discrètement. Je ressens qu'il n'est ni bon, ni mauvais. Ombre Dansante fait tout aussi discrètement une détection de la magie sur le vieil homme. Il découvre que le bâton du vieil homme est magique et que lui même est nimbé d'une forte aura. Tout porte à croire que nous sommes en présence d'un puissant druide. Il répond à Eliodys qu'il connaît Parella Jellenath. Mais il ne l'a pas revue depuis sa disparition.
Le soir, le druide nous offre une mixture de sa composition. Après trois verres, nous sommes tous saouls, sauf Balak. C'est un nain fêtard. Il tient bien l'alcool.
Le lendemain matin, j'ai mal à la tête et je ne suis pas la seule. le vieil homme nous indique un hameau plus au nord. Nous pourrons peut être avoir plus d'informations auprès de ses habitants.
Après une journée de marche vers le nord, nous rencontrons plusieurs enfants qui jouent. L'un d'eux semble moins réservé que les autres. Il s'appelle Jack. Le jeune garçon nous propose de nous emmener jusqu'à son hameau. En route il nous raconte qu'il a aperçu, plusieurs fois, ce qu'il appelle des espèces de « trolls bleus ». Il nous précise qu'ils sont plutôt petits. Il les a vu à chaque fois qu'il est allé jouer plus à l'intérieur des marais. Mais les grandes personnes ne veulent pas le croire. Les autres enfants confirment qu'ils ont vus aussi des « trolls bleus ».
Le hameau de quatre maisons est en lisière des marais. Les habitants sont accueillants et chaleureux. Ils acceptent volontiers de répondre à nos questions. Les habitants nous parlent de la montée des eaux depuis deux ans et de leurs difficultés croissantes à exploiter leurs terres. Mais ils n'ont jamais vu de petits « trolls bleus ». Ils pensent que c'est une histoire inventée par les enfants. Jack se fait réprimander par ses parents.
Le lendemain, nous repartons dans la direction où les enfants ont vu les soi-disants « trolls bleus ». Après deux jours de marche, nous arrivons en vu d'un village de huttes faites de peaux. Il est habité par de petits êtres humanoïdes à la peau peinte en bleue. Nous sommes en présence d'une tribu de gobelins. Des enfants jouent ensemble. Des femmes s'affairent autour d'un feu, d'autres travaillent des peaux. Des hommes reviennent de la pêches avec plusieurs poissons accrochés à des lignes et d'autres montent la garde autour du camp.
Nous entrons dans le village avec les paumes de mains visibles. Nous passons devant les gardes. Les gobelins nous regardent avec étonnement. Nous n'avons aucun geste d'hostilité. Les enfants cours rejoindre leurs mères. Les pêcheurs arrivent au village en courant. A part les enfants, ils ont tous un tatouage sur le front qui représente deux vagues stylisées l'une sur l'autre.
Ombre Dansante et Balak Tyrim parlent la langue gobeline. Après les présentations, ils sont conviés tous les deux dans la tente du chef.
Les gobelins confirment eux aussi que l'eau monte depuis leur arrivée, il y a deux ans. Ils en sont très contents. Ils vouent un culte à l'eau et ils aiment bien la région. Ombre Dansante remarque que le chaman porte à un de ses doigts un anneau gravé de runes. Discrètement, l'elfe sauvage détecte le bijou comme étant magique. Ombre Dansante à l'intuition que le problème vient de cet objet magique.
Après des négociations serrées, le guerrier magicien elfe et le guerrier nain obtiennent que le chaman leur prête l'anneau en échange d'un autre objet magique. Ainsi il pourra maintenir son ascendance sur son peuple.
Le lendemain, nous partons. Il nous faut aller vite. Aussi nous nous déplaçons avec célérité jusqu'à Thurmaistre. Après trois jours de marche forcées, nous retrouvons le magicien Toster. Sa puissance devrait nous être utile.
Il nous reçoit avec toujours autant de civilité. Mais dès que Ombre Dansante lui a expliqué la situation, il se retire pour analyser l'anneau. Après huit heures d'études magiques, il annonce que l'objet magique permet de contrôler l'eau. Il précise aussi que l'anneau a un défaut. A chaque utilisation il y a une fuite d'énergie magique. Cela peut expliquer la montée des eaux autour du camp des gobelins. En invoquant de l'eau venant d'un autre plan, ils ont créé les marais. Ombre Dansante demande quelle solution peut on trouver avant que la colère des fermiers humains ne montent contre les gobelins.
Toster nous conseille d'aller voir Garild, le rôdeur de Millebornes. Il connaît très bien la région et il trouvera peut être une solution.
Nous repartons aussitôt vers le sud. Aprés deux jours de marche à vive allure, nous arrivons à Millebornes. Nous exposons le problème à Garild. Après réflexion, ce dernier nous propose d'aller, vers l'ouest, jusqu'au lac pour aller voir une druidesse, Chiraz. Nous repartons aussitôt, conscients que la rapidité est notre meilleure alliée.
Trois jours plus tard, nous arrivons au lac. C'est une grande pièce d'eau d'où s'échappe une rivière vers le sud. Nous pouvons y apercevoir un barrage de bois et de pierre en aval du lac. Un cygne blanc nage gracieusement sur les eaux grises. La région est dominée par un grand calme. Soudain une femme nous apparaît. Mais le cygne a disparu. Elle se présente comme étant Chiraz. Nous expliquons à la druidesse la situation des gobelins et les problèmes engendrés par leur anneau magique. Chiraz réfléchit un moment. Puis elle propose une solution. Les gobelins peuvent venir s'installer sur les bords du lac. Grâce à l'anneau ils peuvent aider la druidesse à contrôler un puissant élémentaire d'eau lié au lac, mais qui est un peu versatile.
L'énergie qui s'échappe des opérations magiques, se déversera dans l'étendue d'eau et le surplus sera évacué par la rivière. Après avoir remercié la druidesse, nous repartons aussitôt vers le marais afin de proposer cette solution à la tribu gobeline.
Enfin, après cinq jours, nous arrivons au village gobelin. Nous expliquons la proposition de la druidesse Chiraz. Le chef et le chaman de la tribu gobeline tiennent conseil toute la soirée. Au matin ils nous annoncent qu'ils se rallient à notre solution. La tribu lèvent le camp avec une célérité pouvant faire pâlir de jalousie un officier du ravitaillement. Nous les menons au lac sans incidents. Avec la bénédiction de la druidesse, ils montent leur camp sur les rives du lac. Chiraz explique au chaman ce qu'elle attend de lui. Ce dernier est très motivé par l'importance donné à son pouvoir sur l'eau et il accepte sans réserve l'accord avec la druidesse.
Chiraz nous propose de rester quelques jours pour nous reposer. Nous acceptons. Cette course contre le montre de deux semaines nous a épuisés.
Sur la place centrale, nous assistons à une vente aux enchères. Un spectateur nous répond qu'un couple de fermiers vend leur ferme. Le prix qu'ils en obtiennent semble dérisoire.
Après la vente, Balak se renseigne auprès des vendeurs. Le fermier essaie de se contrôler mais sa voix est légèrement chevrotante. Il répond au nain que les marais, au sud du bourg, n'arrêtent pas d'avancer depuis deux ans environs. Aujourd'hui, leurs terres ne sont malheureusement plus exploitables. Il ne leur reste plus qu'à repartir vers le sud. Ils iront près de Phantom où ils ont de la famille.
Derrière lui, un enfant dans ses bras, un autre accroché à ses jupons, sa femme reste droite, pleine de dignité. Mais je ressens derrière la façade la désespérance de ceux qui ont tout perdu.
Je me sens impuissante lorsque je leur demande s'ils ont besoin de quelque chose. Ce « non, merci ! » résonnera longtemps dans ma tête.
Héliodys se renseigne auprès des rôdeurs de la région s'ils ont retrouvés la trace de la jeune fille enlevée depuis plusieurs semaines. Mais il n'y a toujours pas de nouvelles pour l'instant.
Nous allons à l'auberge, le soir, pour passer la nuit. L'ambiance est morose. Je demande au patron l'autorisation d'organiser une soirée afin de remonter le moral des habitants. Il accepte lorsque je lui propose de ne pas demander de cachet. Et puis j'ai besoin d'extérioriser ce que j'ai ressenti en voyant cette femme cet après midi.
Je commence par jouer de l'harmonica pour permettre à quelques personnes de danser. Puis je chante une chanson gaie et très populaire. Un autre barde présent décide de m'accompagner avec sa cithare. Sur les dernières notes nous sommes, tous les deux, applaudis avec ferveur. Excitée par l'ambiance, je vais trouver Balak :
« Maître nain, vous m'avez un jour demander de vous apprendre à mieux danser. Mais avant, je veux savoir ce que vous avez dans le ventre. »
J'emmène Balak au centre de la pièce et je lui demande de choisir sa danse. Le barde à la cithare me confirme qu'il connaît la mélodie. Alors je regarde le guerrier nain dans les yeux sur les premières mesures :
« Maître nain, je veux voir votre âme dans vos yeux ! »
Après quelques pas de danse, je prends les choses en mains. Je laisse la musique porter mon corps. Les spectateurs frappent dans leurs mains avec de plus en plus d'entrain. Petit à petit je monte le niveau. Je pousse les codes de la danse dans ses derniers retranchements. Balak est à la peine mais il réussit une prestation remarquable pour un amateur. Le final déclenche des tonnerres d'applaudissements. Je remercie Balak et le barde pour la qualité de leur prestation. Je me précipite vers Ombre Dansante et je l'embrasse avec entrain :
« Tu as vu ? Balak est presque aussi bon danseur que toi. Me tournant vers le patron, donnez nous votre meilleure chambre. » Je lui donne une pièce d'or.
Le lendemain matin, un messager vient nous trouver à l'auberge. Nous sommes invités par Darien Carment, le baron local. Son manoir est à une heure de marche de Millebornes au sud est. Nous lui demandons une heure pour préparer nos affaires. Ce matin, courbaturée, je suis à la peine.
Après une heure de marche, nous arrivons à un modeste château. C'est une motte avec une palissade en bois. Au centre trône un grand bâtiment et une dépendance en dur.
Nous sommes reçu sans délai par le baron Darien Carment. Il nous apprend que les marais, au sud, sont apparus il y a deux ans. Depuis ils n'ont jamais cessé de s'étendre. Ayant entendu parler de nos exploits, il nous demande si nous pouvons régler ce problème. Nous acceptons de mener notre enquête. Le baron nous remercie et nous demande de faire le plus vite possible. D'autres exploitations sont en danger.
Nous partons aussitôt vers les marais. Le lendemain nous bivouaquons en lisière de la zone humide. Elle n'a rien à voir avec les marais des hommes lézards. Elle ressemble plutôt à une plaine très humide.
Après deux jours de marche assez difficile, nous rencontrons un vieil homme qui ramassent des plantes. Il nous répond qu'il a bien remarquer l'évolution du marais depuis deux ans. Mais il n'a aucune idée sur les causes de la montée des eaux. Il nous emmène sur un lieu plus sec afin de pouvoir parler plus confortablement installés. Grâce aux pouvoirs que me confère Akkadie, la déesse des vents, je le sonde discrètement. Je ressens qu'il n'est ni bon, ni mauvais. Ombre Dansante fait tout aussi discrètement une détection de la magie sur le vieil homme. Il découvre que le bâton du vieil homme est magique et que lui même est nimbé d'une forte aura. Tout porte à croire que nous sommes en présence d'un puissant druide. Il répond à Eliodys qu'il connaît Parella Jellenath. Mais il ne l'a pas revue depuis sa disparition.
Le soir, le druide nous offre une mixture de sa composition. Après trois verres, nous sommes tous saouls, sauf Balak. C'est un nain fêtard. Il tient bien l'alcool.
Le lendemain matin, j'ai mal à la tête et je ne suis pas la seule. le vieil homme nous indique un hameau plus au nord. Nous pourrons peut être avoir plus d'informations auprès de ses habitants.
Après une journée de marche vers le nord, nous rencontrons plusieurs enfants qui jouent. L'un d'eux semble moins réservé que les autres. Il s'appelle Jack. Le jeune garçon nous propose de nous emmener jusqu'à son hameau. En route il nous raconte qu'il a aperçu, plusieurs fois, ce qu'il appelle des espèces de « trolls bleus ». Il nous précise qu'ils sont plutôt petits. Il les a vu à chaque fois qu'il est allé jouer plus à l'intérieur des marais. Mais les grandes personnes ne veulent pas le croire. Les autres enfants confirment qu'ils ont vus aussi des « trolls bleus ».
Le hameau de quatre maisons est en lisière des marais. Les habitants sont accueillants et chaleureux. Ils acceptent volontiers de répondre à nos questions. Les habitants nous parlent de la montée des eaux depuis deux ans et de leurs difficultés croissantes à exploiter leurs terres. Mais ils n'ont jamais vu de petits « trolls bleus ». Ils pensent que c'est une histoire inventée par les enfants. Jack se fait réprimander par ses parents.
Le lendemain, nous repartons dans la direction où les enfants ont vu les soi-disants « trolls bleus ». Après deux jours de marche, nous arrivons en vu d'un village de huttes faites de peaux. Il est habité par de petits êtres humanoïdes à la peau peinte en bleue. Nous sommes en présence d'une tribu de gobelins. Des enfants jouent ensemble. Des femmes s'affairent autour d'un feu, d'autres travaillent des peaux. Des hommes reviennent de la pêches avec plusieurs poissons accrochés à des lignes et d'autres montent la garde autour du camp.
Nous entrons dans le village avec les paumes de mains visibles. Nous passons devant les gardes. Les gobelins nous regardent avec étonnement. Nous n'avons aucun geste d'hostilité. Les enfants cours rejoindre leurs mères. Les pêcheurs arrivent au village en courant. A part les enfants, ils ont tous un tatouage sur le front qui représente deux vagues stylisées l'une sur l'autre.
Ombre Dansante et Balak Tyrim parlent la langue gobeline. Après les présentations, ils sont conviés tous les deux dans la tente du chef.
Les gobelins confirment eux aussi que l'eau monte depuis leur arrivée, il y a deux ans. Ils en sont très contents. Ils vouent un culte à l'eau et ils aiment bien la région. Ombre Dansante remarque que le chaman porte à un de ses doigts un anneau gravé de runes. Discrètement, l'elfe sauvage détecte le bijou comme étant magique. Ombre Dansante à l'intuition que le problème vient de cet objet magique.
Après des négociations serrées, le guerrier magicien elfe et le guerrier nain obtiennent que le chaman leur prête l'anneau en échange d'un autre objet magique. Ainsi il pourra maintenir son ascendance sur son peuple.
Le lendemain, nous partons. Il nous faut aller vite. Aussi nous nous déplaçons avec célérité jusqu'à Thurmaistre. Après trois jours de marche forcées, nous retrouvons le magicien Toster. Sa puissance devrait nous être utile.
Il nous reçoit avec toujours autant de civilité. Mais dès que Ombre Dansante lui a expliqué la situation, il se retire pour analyser l'anneau. Après huit heures d'études magiques, il annonce que l'objet magique permet de contrôler l'eau. Il précise aussi que l'anneau a un défaut. A chaque utilisation il y a une fuite d'énergie magique. Cela peut expliquer la montée des eaux autour du camp des gobelins. En invoquant de l'eau venant d'un autre plan, ils ont créé les marais. Ombre Dansante demande quelle solution peut on trouver avant que la colère des fermiers humains ne montent contre les gobelins.
Toster nous conseille d'aller voir Garild, le rôdeur de Millebornes. Il connaît très bien la région et il trouvera peut être une solution.
Nous repartons aussitôt vers le sud. Aprés deux jours de marche à vive allure, nous arrivons à Millebornes. Nous exposons le problème à Garild. Après réflexion, ce dernier nous propose d'aller, vers l'ouest, jusqu'au lac pour aller voir une druidesse, Chiraz. Nous repartons aussitôt, conscients que la rapidité est notre meilleure alliée.
Trois jours plus tard, nous arrivons au lac. C'est une grande pièce d'eau d'où s'échappe une rivière vers le sud. Nous pouvons y apercevoir un barrage de bois et de pierre en aval du lac. Un cygne blanc nage gracieusement sur les eaux grises. La région est dominée par un grand calme. Soudain une femme nous apparaît. Mais le cygne a disparu. Elle se présente comme étant Chiraz. Nous expliquons à la druidesse la situation des gobelins et les problèmes engendrés par leur anneau magique. Chiraz réfléchit un moment. Puis elle propose une solution. Les gobelins peuvent venir s'installer sur les bords du lac. Grâce à l'anneau ils peuvent aider la druidesse à contrôler un puissant élémentaire d'eau lié au lac, mais qui est un peu versatile.
L'énergie qui s'échappe des opérations magiques, se déversera dans l'étendue d'eau et le surplus sera évacué par la rivière. Après avoir remercié la druidesse, nous repartons aussitôt vers le marais afin de proposer cette solution à la tribu gobeline.
Enfin, après cinq jours, nous arrivons au village gobelin. Nous expliquons la proposition de la druidesse Chiraz. Le chef et le chaman de la tribu gobeline tiennent conseil toute la soirée. Au matin ils nous annoncent qu'ils se rallient à notre solution. La tribu lèvent le camp avec une célérité pouvant faire pâlir de jalousie un officier du ravitaillement. Nous les menons au lac sans incidents. Avec la bénédiction de la druidesse, ils montent leur camp sur les rives du lac. Chiraz explique au chaman ce qu'elle attend de lui. Ce dernier est très motivé par l'importance donné à son pouvoir sur l'eau et il accepte sans réserve l'accord avec la druidesse.
Chiraz nous propose de rester quelques jours pour nous reposer. Nous acceptons. Cette course contre le montre de deux semaines nous a épuisés.
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
Date d'inscription : 20/01/2010
Age : 58
Localisation : Nercillac
CHAPITRE XI: UN MAL RODE DANS LES SELENAE
Chiraz propose de nous reposer quelques jours au bord du lac. Après plusieurs semaines à avoir couru en tout sens, nous acceptons.
Je profite de ce répit pour discuter avec la druidesse. J'apprends qu'elle fait partie du même cercle que les druides de Caer Corwell : le cercle druidique de Lochmyrr. Chiraz me confirme qu'elle a bien connu ma mère autrefois. Je demande à la druidesse quelle était sa fonction avant qu'elle ne quitte les îles. Mais elle me répond que c'est à moi de le découvrir. Quand je lui demande de savoir si ma mère est partie ou si elle a fui l'archipel, la druidesse me répond que c'est aux aînés de me répondre.
Je dors mal cette nuit là. Trop de questions se bousculent dans ma tête. Les elfes et les druides ont un œil sur nous. Ils ont reconnu ma mère au travers de mes traits. Donc elle fut quelqu'un de très important aussi bien pour les elfes que pour les druides. Son lien avec la déesse est beaucoup plus important que je ne le pensais jusqu'alors. C'est pour cela que j'ai l'impression que sa bénédiction me protège toujours
La reine de Sinmaril connaît mon père. Donc mes parents se connaissaient avant de partir des îles. Peut être même suis je née sur l'archipel ? Pourquoi ma mère ne m'a-t-elle rien dit ?
Quel rôle joue le Sénéchal ou pour être plus précise pourquoi a-t-il racheté ma vie auprès des pêcheurs qui m'ont recueillie ? Je sens que d'autres forces sont à l'œuvre dans l'ombre. Mais d'abord il me faut en savoir plus sur les objectifs de mes compagnons.
Le lendemain matin, j'organise un entraînement avec Eliodys avec des bâtons en guise d'épées. Je lui montre que si je ne suis pas quelqu'un de très dangereux pour un combattant aguerri comme l'elfe, je n'en suis pas moins une adversaire rapide et difficile à toucher. Lorsqu'il place son attaque, je ne suis déjà plus là. J'enchaîne un coup au ventre qui le plie et un autre sur son arrière train pour le redresser.
« Oups, c'était ton meilleur profil. »
Mais le cavalier ne s'en laisse pas compter, durant l'échange suivant il me montre son efficacité dans un nouvel enchaînement en plaçant un coup au cœur.
Je félicite Eliodys pour son efficacité et la qualité de son attaque. Ce sont de tels enchaînements qui peuvent m'inspirer Puis j'avoue au cavalier que la reine de la cité cachée m'a révélée qu'elle avait un œil sur notre groupe depuis plusieurs mois. Je demande à l'elfe quel est son rôle dans cette surveillance. Mais il refuse de me répondre. Ce qui m'agace au plus haut point. Je m'approche de l'elfe en mettant du feu dans mes mouvements pour le mettre mal à l'aise. Face à face, je lui redemande la même chose mais de façon plus séduisante mais ferme. Mais celui ci refuse malgré tout de me répondre. Je quitte le cavalier sans bien comprendre pourquoi il refuse de me faire confiance ?
J'espère avoir plus de chance avec Balak cet après-midi. J'essaie de connaître les raisons de la présence du nain dans l'archipel de façon directe. Mais celui-ci me répond qu'il est originaire de la cité naine de cette île. Ce sont les hasards de ses voyages si nous nous sommes rencontrés. Je n'arrive pas plus à connaître les intentions du guerrier nain.
Je dois me rendre à l'évidence, si mes deux compagnons ont une allégeance vis à vis de leurs maîtres respectifs, je dois accepter le fait qu'ils font passer leur devoir avant leur amitié.
Et, enfin je termine, le soir, avec Ombre Dansante. Je lui demande comment il est arrivé dans ces îles. Il m'explique d'abord que dans son peuple, ceux qui ont des prédispositions, comme lui, à la fois au combat et dans les sciences arcaniques sont très rares et deviennent des chantelameurs. Il est donc devenu une sorte de guide en quête d'un lieu de paix pour que son peuple puisse s'établir.
Mais un jour il fut confronté à des pirates. Pour sauver une elfe enceinte, fait très rare chez les elfes, il s'est livré à ces agresseurs pour qu'elle puisse garder sa liberté. Ceux ci l'embarquèrent et, pendant trente ans, il écuma les mers. Il devint lui même un pirate, en épousant leur vie et en se faisant accepter par ces marins.
Il m'explique l'admiration qu'il a pour leur esprit de liberté. Mais plus il parle des pirates moins j'arrive à me contrôler. Plus il trouve des qualités à ces marins, plus je deviens hystérique. Je finis par exploser de colère, lui criant que les pirates ne sont que des brutes sanguinaires, des violeurs ne respectant rien. Il ne comprend pas cet accès de colère qui ne me ressemble pas. Je lui lance à la figure que je fus violée par une bande de pirates et qu'ils m'ont ensuite abandonnée pour morte sur une île déserte. Et si un jour je les retrouve je jure que je les tuerai. Je lui conseille de ne pas s'interposer ce jour là. Il comprend mon comportement mais je suis déjà parti fâchée.
Le lendemain, nous décidons de partir pour Millebornes pour rendre compte au Baron Darien Carment de notre réussite et des conséquences de nos actions dans les marais. Le voyage de retour se fait sans problème.
Nous obtenons rapidement une audience auprès du Baron. Il est très content de nos actions qui vont au delà de ses attentes. Il nous offre une récompense et sa gratitude. Il nous propose de nous venir en aide dès que nous en ferons la demande.
Il nous héberge pour la nuit. Durant le dîner, le baron nous parle volontiers de la région. Il nous raconte que l'autre famille noble, dans cette partie de l'île, est celle du Comte Parlefroy. Son château est à l'ouest de Thurmestre.
C'est le roi Kendish qui gouverne l'archipel depuis cinquante ans. Ce dernier est issus de la famille noble qui règne sur Caer Corwell. Il est marié à une haute druidesse venant du cercle druidique de Lochmyrr depuis vingt ans.
Le lendemain nous retournons à Millebornes. Le chef du village, le meunier, nous fait chercher. Il demande si nous accepterions d'escorter un groupe de marchands qui voyagent dans une péniche jusqu'à Thurmestre. Deux autres guerriers nous accompagnerons, Marcel et Benur. Nous acceptons le travail.
Eliodys est appelé par le père de Jack. Celui ci lui propose de prendre Jack comme écuyer. L'enfant ne parle plus que de nous depuis qu'il nous a rencontré. Son père nous confit qu'il est très pauvre, et, si Eliodys accepte de le former, il ne le regrettera pas. Jack est courageux et volontaire. Le cavalier elfe accepte la proposition. Notre groupe s'agrandit.
La péniche part tôt le matin. Un marinier guide le cheval qui tire la péniche sur le chemin de halage. Un autre est à la barre.
Les marchands se prélassent durant la journée et ne se lèvent que pour inspecter l'état de leurs marchandises et pour manger.
Eliodys est à cheval sur la berge, en éclaireur, devant l'animal tirant le bateau.
Les deux guerriers qui nous accompagnent montent la garde, un à l'avant et l'autre à l'arrière de la péniche.
Balak est assis au milieu du pont. Il paraît indolent mais il ne faut pas s'y fier. Je connais bien sa vigilance.
Ombre Dansante est à l'arrière du navire, scrutant les berges. Il regrette que le navire ne traverse aucune forêt. Marcher parmi les arbres, ressentir l'odeur des essences, la caresse d'une branche basse sont des plaisirs dont il doit se passer. Son familier, un jeune dragonet, vole autour du navire en restant invisible. Nous sommes les quatre seuls à connaître sa présence.
Je me tiens à l'avant pour profiter des vents dans mes cheveux. Et puis je peux ainsi réfléchir sereinement à ma quête. Je me suis conduite comme une idiote avec mes compagnons. J'ai oublié que j'eus, moi aussi, à honorer une allégeance par le passé. Le devoir est une valeur importante et je me dois de me comporter avec plus de courtoisie à l'avenir. Sur le pont, Lucifer, mon chat noir, passe son temps en sommeil et en toilettage. Le capitaine du navire est content lorsque le félin déguste un rat qu'il a tué dans la cale.
Le deuxième jour de voyage, nous sommes attaqué par surprise. Trois espèces de guêpes géantes se jettent sur Eliodys. Quatre archers font pleuvoir leurs flèches sur le pont. Deux hommes en armure, l'un en noir, l'autre claire se tiennent en réserve sur la berge.
Eliodys contre charge les trois insectes géants. Il en embroche un. Je fais une prière à Akkadie, la déesse des vents, qui permet d'exalter mes compagnons au combat. Ombre Dansante saute sur la berge et se précipite vers les quatre archers. Balak se tient en réserve sur le bateau près de moi, soutenant Eliodys avec l'aide de ses fléchettes.
Soudain le guerrier en armure claire disparaît de la berge et apparaît aussitôt sur le navire près de moi et me frappe... du plat de l'épée. Je ne peux que me défendre comme je le peux face à ce puissant combattant. Heureusement Balak arrive en renfort.
Après s'être débarrassé de deux des insectes géants, Hèliodys est abattu par le troisième et s'écroule inanimé. Ombre Dansante, tout en mouvement, abat un à un les archers.
Même si mon adversaire ne frappe qu'avec le plat de son épée, je suis désespérée et le prochain coup pourrait m'être fatal. Je deviens intangible, testant pour la première fois ce nouveau pouvoir que m'ont octroyés les vents. Ce qui me permet de me mettre à l'abri pour me soigner.
Balak malmène le chevalier en armure claire, sur le pont du bateau. Ce dernier est contraint de m'oublier pour se défendre.
Ombre dansante arrive au niveau du guerrier en armure sombre. il remarque le symbole religieux que porte ce dernier, un cercle entouré de rayons ondulés. Cela ne prête à aucune confusion, il va affronter un prêtre. Soudain l'elfe sauvage est surpris par la disparition du prêtre sombre.
Balak prend le dessus sur le guerrier armuré et le guerrier nain réussit à abattre son adversaire. Mes amis, regardant autour d'eux, voient Eliodys inanimé au pied de son cheval. Puis ils me voient, sur la plaine, m'éloignant en marchant comme une somnambule.
L'écuyer d'Eliodys, Jack, se précipite vers son maître qui est mourant et il réussit à stabiliser ses blessures. Balak se rappelle que j'ai des potion de soins dans mes affaires, il va les chercher et finit de soigner le cavalier elfe avant de partir à la suite de Ombre Dansante.
Ce dernier s'est transformé en loup pour courir le plus vite possible vers moi. L'elfe/loup doit traverser une sphère d'ombre venue d'on ne sait où. Enfin il arrive à mon niveau mais il a à peine conscience de la présence du prêtre noir qu'il perd connaissance. Je reprends aussitôt mon contrôle et tente de frapper mon adversaire. Mais un mot de commandement me fait sombrer de nouveau dans l'inconscience. Heureusement pour nous deux, l'arrivée de Eliodys à cheval fait fuir le prêtre noir. Il disparaît, comme par enchantement.
En même temps que l'elfe sauvage, nous nous réveillons d'un sommeil magique. Je me fais expliquer ce qui s'est passé. Je dis à mes compagnons que le prêtre noir a dû utiliser un sort de Sanctuaire que je connais bien et qui nous a fait croire qu'il n'était plus là.
Ombre Dansante fait la remarque que le prêtre noir a essayé de le neutraliser plutôt que de le tuer. Je lui réponds qu'il en était de même avec le guerrier qui m'a attaquée. Je pense que les deux jeteurs de sorts du groupe étaient les cibles de nos ennemis. Eliodys fait tout de suite le rapprochement avec l'enlèvement de la jeune apprentie alchimiste il y a plusieurs semaines. Donc une magie sombre est à l'œuvre dans la région, quelqu'un a besoin d'enlever des jeteurs de sorts pour utiliser, ou pire, vampiriser leur énergie magique. Ombre Dansante a reconnu le symbole de Thalos que portait le prêtre noir.
Je soigne les blessures de mes compagnons. Tout le monde se remet de ses émotions en remettant de l'ordre sur le bateau.
Le voyage reprend. A l'avant du bateau, les cheveux aux vents je reste silencieuse. Je me rends compte de mon arrogance de ces derniers temps. J'avais même penser pouvoir affronter l'Oeil pour le tuer. C'est le seul moyen pour arrêter la chasse que me font les tueurs de l'organisation criminelle. Mais le prêtre sombre m'a ramenée à la réalité. Je suis encore trop faible pour cela. Aujourd'hui, sans l'aide de mes compagnons, je serais prisonnière d'un sombre culte.
Ombre Dansante passe son temps dans l'étude des armes magiques prises à nos adversaires.
Deux jours passent au fil de l'eau et des pensées. Le navire dépasse un groupe d'une dizaine de pèlerins en armure plate feuilletée et armés de masses d'arme et de bâtons. Tout le monde se signale par un geste de bienvenue. La péniche continue son périple.
Le lendemain, Eliodys a repéré trois cadavres sur la rive. Il fait signe au navire de se rapprocher. Nous descendons à terre. Les corps humains que nous découvrons sont dévorés par des scolopendres géants. Nous les chassons grâce à des torches allumées. Les cadavres se révèlent déshydratés. Ombre Dansante pense qu'ils ont été victimes de guerriers de sang. Ce sont des êtres qui ont besoin de sang pour survivre. Sa culture est toujours aussi étonnante.
Le lendemain la péniche arrive au port fluviale de Thurmestre. Pendant que les bateliers et les marchands s'occupent de décharger les marchandises du bateau pour les mettre dans un chariot, nous allons rendre une visite à Toster.
Le magicien du feu nous reçoit avec plaisir. Il nous demande des nouvelles du monde. Nous lui relatons nos derniers exploits. Toster réfléchit à notre récit. Il nous confirme que le prêtre noir doit être lié aux guerriers de sang. Il nous apprend qu'il y eut, par le passé, une guerre des dieux où certains d'entre eux furent tués. Il doit y avoir dans la région un tumulus avec un temple souterrain.
Toster confirme l'hypothèse d'Ombre dansante dans le fait que le dieu Thalos est de retour et développe son influence. S'il recherche des jeteurs de sorts pour leur énergie, c'est qu'il doit avoir l'intention de vouloir ouvrir un portail avec son monde. Le magicien partage notre inquiétude au sujet de son apprentie qui a disparu.
Si les adorateurs de Thalos ne se sont pas attaqués à Toster, c'est parce qu'ils ne savent pas qu'il est ici. Ce dernier vit une vie discrète loin de l'agitation des villes. S'ils ne s'attaquent pas aux druides non plus c'est parce que ces derniers sont très puissants dans la région. Leur déesse est très influente ici. Elle a trois avatars présents : un lièvre, une meute de loup géant et un calmar géant dans l'océan.
Balak demande à Toster s'il peut regarder sa bibliothèque car il est à la recherche de quelques ouvrages. Toster lui propose de faire une copie des livres qui intéressent le guerrier nain.
Puis je demande des précisions sur la situation politique dans la région. Le magicien du feu répond que la reine est mariée au roi depuis dix ans. Elle est une haute druidesse qui est la fille aînée de la haute druidesse précédente qui fut un avatar de la déesse. Cette dernière a eu deux filles.
Le lendemain matin le convoi part du port de Thurmestre. Les chariots sont tirés par deux bœufs chacun. Le premier est conduit par Jack, l'écuyer de Eliodys. Je suis assise à côté et Balak se repose à l'arrière. Eliodys chevauche au côté et Ombre Dansante marche de l'autre côté.
Une heure plus tard, le convoi arrive au château de Parlefroy, demeure du comte éponyme. C'est une motte avec au sommet une palissade de rondins de bois qui entoure un logis et des dépendances en dur.
Le propriétaire des lieux nous accueille avec honneur et nous invite à sa table pour le soir. Il paie notre prestation comme convenue. Il donne des ordres pour l'installation de chacun.
Je demande à prendre un bain. Ma grande beauté impressionne les servantes de la maison. L'une d'elle me propose une robe. J'accepte avec joie. Puis je suis coiffée et maquillée. Je me sens comme une reine. Je m'admire dans un miroir. Je n'avais pas eu l'occasion de me sentir aussi femme depuis notre départ de la cité elfe.
Le comte préside le repas. Il a près de lui son fils, son capitaine, un aspirant de Torma, dieu de la loi et de l'obéissance et deux notables.
Lors du repas je m'absente quelques instants pour me rafraîchir. Ce n'est qu'une excuse. En sortant de la pièce, j'en profite pour sonder l'âme des invités. Seul le comte possède un alignement. Il est loyal bon.
Les discussions vont bon train. Eliodys apprend que madame la comtesse est décédée il y a plusieurs années maintenant. Le fils du comte aimerait faire des progrès au combat. Le cavalier elfe se propose pour lui donner des leçons.
Balak et Ombre Dansante apprennent que ce château est le deuxième que possède le comte. Le premier fut détruit en combattant un prêtre maléfique, il y a plusieurs années. Il était bâti dans le bois des épines, au sud est. A l'époque un groupe de chevalier est parti combattre dans la forêt de Bassedur et a vaincu le prêtre. Un seul des chevaliers a survécu. Il est resté sur place mais il a disparu depuis. Dans le feu de la discussion, en aparté, Balak avoue à Ombre Dansante qu'il ne sait pas lire et qu'il aura des difficultés à déchiffrer les livres que le dragon de cuivre lui a demandé de consulter pour se former. L'elfe sauvage lui propose de lui apprendre.
Le lendemain je recherche un lieu saint mais je n'en trouve pas dans les environs immédiat du château. Ce qui m'est confirmé par l'aspirant de Korma. J'effectue donc mes obligations cléricales au dehors du château.
Eliodys commence, ce matin, à dispenser au fils du comte ses premières leçons martiales.
Ombre Dansante va se promener à l'est, dans les collines avoisinantes. Après une demi journée de marche prudente, il trouve une carrière exploitée très récemment. Il relève des traces qui ne laissent aucun doute. Elle est exploitée par des géants de pierre.
De retour au château, l'elfe sauvage apprend du comte que ce dernier a un accord avec ces géants de pierres. Il échange leur production contre des fournitures.
Mais le comte est inquiet car des pèlerins devaient venir au château, et ils ne sont toujours pas arrivés. Ombre Dansante lui confirme qu'ils les ont dépassés l'avant veille et qu'en effet ils ne devraient pas être loin. L'elfe sauvage va chercher tous ses compagnons. Il nous expose les craintes du comte. Nous rassurons le maître des lieux et nous partons sur le champ au devant des voyageurs.
Le lendemain nous sommes à thurmestre. Puis nous remontons la rivière. Le surlendemain nous trouvons trois corps étendus près de l'eau. Aussitôt je me précipite pour tenter de les sauver mais il n'y a qu'un seul survivant qui me chuchote à l'oreille « pèlerins capturés... l'homme aux cheveux dorés... capturé... ils sont vivants... » et il meurt dans mes bras. Ils ont tous subis des blessures animales de type canidés. nous décidons de suivre les traces au sol.
Après une heure de marche, nous sommes attaqués par huit chiens de la mort. Ce sont des canidés morts vivants. Après une prière pour donner du courage à mes compagnons, j'entonne mon chant magique pour les soutenir. Eliodys charge à cheval, embroches deux animaux et casse sa lance dans l'élan. Ombre Dansante et Balak entrent dans la mêlée. Très vite les morts vivants sont abattus un à un. Mais nous avons une mauvaise surprise. Ombre Dansante a été mordu par l'un d'eux.
Je le soigne avec mes prières de soin, mais je ne peux pas refermer la blessure entièrement. Un mauvais mal semble se répandre dans son corps. Eliodys et Balak trouvent les corps des autres pèlerins plus loin. Le cavalier elfe fait la rapprochement entre les chiens et les guerriers de sang.
Nous nous concertons. J'annonce, les yeux brillants, que je suis impuissante à enrayer le mal qui ronge Ombre Dansante. Nous décidons de nous séparer en deux groupes. Eliodys et Balak emmènent les dépouilles au château du comte grâce à la charrette conduite par Jack. Pendant ce temps j'accompagne Ombre Dansante auprès de Toster en espérant que le magicien pourra faire quelque chose.
Le lendemain, Ombre Dansante est soigné par Toster. Je seconde le magicien. Puis je veille sur l'elfe sauvage en épongeant avec de l'eau fraîche son front fiévreux. Je suis tiraillées par mes sentiments et cette question qui est restée sans réponse. Autrefois il a sauvé une elfe enceinte. Mais qui en est le père ? Je n'ose poser la question, j'ai trop peur de la réponse.
Lorsque les dépouilles des pèlerins sont amenées au comte, celui ci demande un prêtre. Aussitôt Eliodys est dépêché pour aller me chercher à Thurmestre.
Je profite de ce répit pour discuter avec la druidesse. J'apprends qu'elle fait partie du même cercle que les druides de Caer Corwell : le cercle druidique de Lochmyrr. Chiraz me confirme qu'elle a bien connu ma mère autrefois. Je demande à la druidesse quelle était sa fonction avant qu'elle ne quitte les îles. Mais elle me répond que c'est à moi de le découvrir. Quand je lui demande de savoir si ma mère est partie ou si elle a fui l'archipel, la druidesse me répond que c'est aux aînés de me répondre.
Je dors mal cette nuit là. Trop de questions se bousculent dans ma tête. Les elfes et les druides ont un œil sur nous. Ils ont reconnu ma mère au travers de mes traits. Donc elle fut quelqu'un de très important aussi bien pour les elfes que pour les druides. Son lien avec la déesse est beaucoup plus important que je ne le pensais jusqu'alors. C'est pour cela que j'ai l'impression que sa bénédiction me protège toujours
La reine de Sinmaril connaît mon père. Donc mes parents se connaissaient avant de partir des îles. Peut être même suis je née sur l'archipel ? Pourquoi ma mère ne m'a-t-elle rien dit ?
Quel rôle joue le Sénéchal ou pour être plus précise pourquoi a-t-il racheté ma vie auprès des pêcheurs qui m'ont recueillie ? Je sens que d'autres forces sont à l'œuvre dans l'ombre. Mais d'abord il me faut en savoir plus sur les objectifs de mes compagnons.
Le lendemain matin, j'organise un entraînement avec Eliodys avec des bâtons en guise d'épées. Je lui montre que si je ne suis pas quelqu'un de très dangereux pour un combattant aguerri comme l'elfe, je n'en suis pas moins une adversaire rapide et difficile à toucher. Lorsqu'il place son attaque, je ne suis déjà plus là. J'enchaîne un coup au ventre qui le plie et un autre sur son arrière train pour le redresser.
« Oups, c'était ton meilleur profil. »
Mais le cavalier ne s'en laisse pas compter, durant l'échange suivant il me montre son efficacité dans un nouvel enchaînement en plaçant un coup au cœur.
Je félicite Eliodys pour son efficacité et la qualité de son attaque. Ce sont de tels enchaînements qui peuvent m'inspirer Puis j'avoue au cavalier que la reine de la cité cachée m'a révélée qu'elle avait un œil sur notre groupe depuis plusieurs mois. Je demande à l'elfe quel est son rôle dans cette surveillance. Mais il refuse de me répondre. Ce qui m'agace au plus haut point. Je m'approche de l'elfe en mettant du feu dans mes mouvements pour le mettre mal à l'aise. Face à face, je lui redemande la même chose mais de façon plus séduisante mais ferme. Mais celui ci refuse malgré tout de me répondre. Je quitte le cavalier sans bien comprendre pourquoi il refuse de me faire confiance ?
J'espère avoir plus de chance avec Balak cet après-midi. J'essaie de connaître les raisons de la présence du nain dans l'archipel de façon directe. Mais celui-ci me répond qu'il est originaire de la cité naine de cette île. Ce sont les hasards de ses voyages si nous nous sommes rencontrés. Je n'arrive pas plus à connaître les intentions du guerrier nain.
Je dois me rendre à l'évidence, si mes deux compagnons ont une allégeance vis à vis de leurs maîtres respectifs, je dois accepter le fait qu'ils font passer leur devoir avant leur amitié.
Et, enfin je termine, le soir, avec Ombre Dansante. Je lui demande comment il est arrivé dans ces îles. Il m'explique d'abord que dans son peuple, ceux qui ont des prédispositions, comme lui, à la fois au combat et dans les sciences arcaniques sont très rares et deviennent des chantelameurs. Il est donc devenu une sorte de guide en quête d'un lieu de paix pour que son peuple puisse s'établir.
Mais un jour il fut confronté à des pirates. Pour sauver une elfe enceinte, fait très rare chez les elfes, il s'est livré à ces agresseurs pour qu'elle puisse garder sa liberté. Ceux ci l'embarquèrent et, pendant trente ans, il écuma les mers. Il devint lui même un pirate, en épousant leur vie et en se faisant accepter par ces marins.
Il m'explique l'admiration qu'il a pour leur esprit de liberté. Mais plus il parle des pirates moins j'arrive à me contrôler. Plus il trouve des qualités à ces marins, plus je deviens hystérique. Je finis par exploser de colère, lui criant que les pirates ne sont que des brutes sanguinaires, des violeurs ne respectant rien. Il ne comprend pas cet accès de colère qui ne me ressemble pas. Je lui lance à la figure que je fus violée par une bande de pirates et qu'ils m'ont ensuite abandonnée pour morte sur une île déserte. Et si un jour je les retrouve je jure que je les tuerai. Je lui conseille de ne pas s'interposer ce jour là. Il comprend mon comportement mais je suis déjà parti fâchée.
Le lendemain, nous décidons de partir pour Millebornes pour rendre compte au Baron Darien Carment de notre réussite et des conséquences de nos actions dans les marais. Le voyage de retour se fait sans problème.
Nous obtenons rapidement une audience auprès du Baron. Il est très content de nos actions qui vont au delà de ses attentes. Il nous offre une récompense et sa gratitude. Il nous propose de nous venir en aide dès que nous en ferons la demande.
Il nous héberge pour la nuit. Durant le dîner, le baron nous parle volontiers de la région. Il nous raconte que l'autre famille noble, dans cette partie de l'île, est celle du Comte Parlefroy. Son château est à l'ouest de Thurmestre.
C'est le roi Kendish qui gouverne l'archipel depuis cinquante ans. Ce dernier est issus de la famille noble qui règne sur Caer Corwell. Il est marié à une haute druidesse venant du cercle druidique de Lochmyrr depuis vingt ans.
Le lendemain nous retournons à Millebornes. Le chef du village, le meunier, nous fait chercher. Il demande si nous accepterions d'escorter un groupe de marchands qui voyagent dans une péniche jusqu'à Thurmestre. Deux autres guerriers nous accompagnerons, Marcel et Benur. Nous acceptons le travail.
Eliodys est appelé par le père de Jack. Celui ci lui propose de prendre Jack comme écuyer. L'enfant ne parle plus que de nous depuis qu'il nous a rencontré. Son père nous confit qu'il est très pauvre, et, si Eliodys accepte de le former, il ne le regrettera pas. Jack est courageux et volontaire. Le cavalier elfe accepte la proposition. Notre groupe s'agrandit.
La péniche part tôt le matin. Un marinier guide le cheval qui tire la péniche sur le chemin de halage. Un autre est à la barre.
Les marchands se prélassent durant la journée et ne se lèvent que pour inspecter l'état de leurs marchandises et pour manger.
Eliodys est à cheval sur la berge, en éclaireur, devant l'animal tirant le bateau.
Les deux guerriers qui nous accompagnent montent la garde, un à l'avant et l'autre à l'arrière de la péniche.
Balak est assis au milieu du pont. Il paraît indolent mais il ne faut pas s'y fier. Je connais bien sa vigilance.
Ombre Dansante est à l'arrière du navire, scrutant les berges. Il regrette que le navire ne traverse aucune forêt. Marcher parmi les arbres, ressentir l'odeur des essences, la caresse d'une branche basse sont des plaisirs dont il doit se passer. Son familier, un jeune dragonet, vole autour du navire en restant invisible. Nous sommes les quatre seuls à connaître sa présence.
Je me tiens à l'avant pour profiter des vents dans mes cheveux. Et puis je peux ainsi réfléchir sereinement à ma quête. Je me suis conduite comme une idiote avec mes compagnons. J'ai oublié que j'eus, moi aussi, à honorer une allégeance par le passé. Le devoir est une valeur importante et je me dois de me comporter avec plus de courtoisie à l'avenir. Sur le pont, Lucifer, mon chat noir, passe son temps en sommeil et en toilettage. Le capitaine du navire est content lorsque le félin déguste un rat qu'il a tué dans la cale.
Le deuxième jour de voyage, nous sommes attaqué par surprise. Trois espèces de guêpes géantes se jettent sur Eliodys. Quatre archers font pleuvoir leurs flèches sur le pont. Deux hommes en armure, l'un en noir, l'autre claire se tiennent en réserve sur la berge.
Eliodys contre charge les trois insectes géants. Il en embroche un. Je fais une prière à Akkadie, la déesse des vents, qui permet d'exalter mes compagnons au combat. Ombre Dansante saute sur la berge et se précipite vers les quatre archers. Balak se tient en réserve sur le bateau près de moi, soutenant Eliodys avec l'aide de ses fléchettes.
Soudain le guerrier en armure claire disparaît de la berge et apparaît aussitôt sur le navire près de moi et me frappe... du plat de l'épée. Je ne peux que me défendre comme je le peux face à ce puissant combattant. Heureusement Balak arrive en renfort.
Après s'être débarrassé de deux des insectes géants, Hèliodys est abattu par le troisième et s'écroule inanimé. Ombre Dansante, tout en mouvement, abat un à un les archers.
Même si mon adversaire ne frappe qu'avec le plat de son épée, je suis désespérée et le prochain coup pourrait m'être fatal. Je deviens intangible, testant pour la première fois ce nouveau pouvoir que m'ont octroyés les vents. Ce qui me permet de me mettre à l'abri pour me soigner.
Balak malmène le chevalier en armure claire, sur le pont du bateau. Ce dernier est contraint de m'oublier pour se défendre.
Ombre dansante arrive au niveau du guerrier en armure sombre. il remarque le symbole religieux que porte ce dernier, un cercle entouré de rayons ondulés. Cela ne prête à aucune confusion, il va affronter un prêtre. Soudain l'elfe sauvage est surpris par la disparition du prêtre sombre.
Balak prend le dessus sur le guerrier armuré et le guerrier nain réussit à abattre son adversaire. Mes amis, regardant autour d'eux, voient Eliodys inanimé au pied de son cheval. Puis ils me voient, sur la plaine, m'éloignant en marchant comme une somnambule.
L'écuyer d'Eliodys, Jack, se précipite vers son maître qui est mourant et il réussit à stabiliser ses blessures. Balak se rappelle que j'ai des potion de soins dans mes affaires, il va les chercher et finit de soigner le cavalier elfe avant de partir à la suite de Ombre Dansante.
Ce dernier s'est transformé en loup pour courir le plus vite possible vers moi. L'elfe/loup doit traverser une sphère d'ombre venue d'on ne sait où. Enfin il arrive à mon niveau mais il a à peine conscience de la présence du prêtre noir qu'il perd connaissance. Je reprends aussitôt mon contrôle et tente de frapper mon adversaire. Mais un mot de commandement me fait sombrer de nouveau dans l'inconscience. Heureusement pour nous deux, l'arrivée de Eliodys à cheval fait fuir le prêtre noir. Il disparaît, comme par enchantement.
En même temps que l'elfe sauvage, nous nous réveillons d'un sommeil magique. Je me fais expliquer ce qui s'est passé. Je dis à mes compagnons que le prêtre noir a dû utiliser un sort de Sanctuaire que je connais bien et qui nous a fait croire qu'il n'était plus là.
Ombre Dansante fait la remarque que le prêtre noir a essayé de le neutraliser plutôt que de le tuer. Je lui réponds qu'il en était de même avec le guerrier qui m'a attaquée. Je pense que les deux jeteurs de sorts du groupe étaient les cibles de nos ennemis. Eliodys fait tout de suite le rapprochement avec l'enlèvement de la jeune apprentie alchimiste il y a plusieurs semaines. Donc une magie sombre est à l'œuvre dans la région, quelqu'un a besoin d'enlever des jeteurs de sorts pour utiliser, ou pire, vampiriser leur énergie magique. Ombre Dansante a reconnu le symbole de Thalos que portait le prêtre noir.
Je soigne les blessures de mes compagnons. Tout le monde se remet de ses émotions en remettant de l'ordre sur le bateau.
Le voyage reprend. A l'avant du bateau, les cheveux aux vents je reste silencieuse. Je me rends compte de mon arrogance de ces derniers temps. J'avais même penser pouvoir affronter l'Oeil pour le tuer. C'est le seul moyen pour arrêter la chasse que me font les tueurs de l'organisation criminelle. Mais le prêtre sombre m'a ramenée à la réalité. Je suis encore trop faible pour cela. Aujourd'hui, sans l'aide de mes compagnons, je serais prisonnière d'un sombre culte.
Ombre Dansante passe son temps dans l'étude des armes magiques prises à nos adversaires.
Deux jours passent au fil de l'eau et des pensées. Le navire dépasse un groupe d'une dizaine de pèlerins en armure plate feuilletée et armés de masses d'arme et de bâtons. Tout le monde se signale par un geste de bienvenue. La péniche continue son périple.
Le lendemain, Eliodys a repéré trois cadavres sur la rive. Il fait signe au navire de se rapprocher. Nous descendons à terre. Les corps humains que nous découvrons sont dévorés par des scolopendres géants. Nous les chassons grâce à des torches allumées. Les cadavres se révèlent déshydratés. Ombre Dansante pense qu'ils ont été victimes de guerriers de sang. Ce sont des êtres qui ont besoin de sang pour survivre. Sa culture est toujours aussi étonnante.
Le lendemain la péniche arrive au port fluviale de Thurmestre. Pendant que les bateliers et les marchands s'occupent de décharger les marchandises du bateau pour les mettre dans un chariot, nous allons rendre une visite à Toster.
Le magicien du feu nous reçoit avec plaisir. Il nous demande des nouvelles du monde. Nous lui relatons nos derniers exploits. Toster réfléchit à notre récit. Il nous confirme que le prêtre noir doit être lié aux guerriers de sang. Il nous apprend qu'il y eut, par le passé, une guerre des dieux où certains d'entre eux furent tués. Il doit y avoir dans la région un tumulus avec un temple souterrain.
Toster confirme l'hypothèse d'Ombre dansante dans le fait que le dieu Thalos est de retour et développe son influence. S'il recherche des jeteurs de sorts pour leur énergie, c'est qu'il doit avoir l'intention de vouloir ouvrir un portail avec son monde. Le magicien partage notre inquiétude au sujet de son apprentie qui a disparu.
Si les adorateurs de Thalos ne se sont pas attaqués à Toster, c'est parce qu'ils ne savent pas qu'il est ici. Ce dernier vit une vie discrète loin de l'agitation des villes. S'ils ne s'attaquent pas aux druides non plus c'est parce que ces derniers sont très puissants dans la région. Leur déesse est très influente ici. Elle a trois avatars présents : un lièvre, une meute de loup géant et un calmar géant dans l'océan.
Balak demande à Toster s'il peut regarder sa bibliothèque car il est à la recherche de quelques ouvrages. Toster lui propose de faire une copie des livres qui intéressent le guerrier nain.
Puis je demande des précisions sur la situation politique dans la région. Le magicien du feu répond que la reine est mariée au roi depuis dix ans. Elle est une haute druidesse qui est la fille aînée de la haute druidesse précédente qui fut un avatar de la déesse. Cette dernière a eu deux filles.
Le lendemain matin le convoi part du port de Thurmestre. Les chariots sont tirés par deux bœufs chacun. Le premier est conduit par Jack, l'écuyer de Eliodys. Je suis assise à côté et Balak se repose à l'arrière. Eliodys chevauche au côté et Ombre Dansante marche de l'autre côté.
Une heure plus tard, le convoi arrive au château de Parlefroy, demeure du comte éponyme. C'est une motte avec au sommet une palissade de rondins de bois qui entoure un logis et des dépendances en dur.
Le propriétaire des lieux nous accueille avec honneur et nous invite à sa table pour le soir. Il paie notre prestation comme convenue. Il donne des ordres pour l'installation de chacun.
Je demande à prendre un bain. Ma grande beauté impressionne les servantes de la maison. L'une d'elle me propose une robe. J'accepte avec joie. Puis je suis coiffée et maquillée. Je me sens comme une reine. Je m'admire dans un miroir. Je n'avais pas eu l'occasion de me sentir aussi femme depuis notre départ de la cité elfe.
Le comte préside le repas. Il a près de lui son fils, son capitaine, un aspirant de Torma, dieu de la loi et de l'obéissance et deux notables.
Lors du repas je m'absente quelques instants pour me rafraîchir. Ce n'est qu'une excuse. En sortant de la pièce, j'en profite pour sonder l'âme des invités. Seul le comte possède un alignement. Il est loyal bon.
Les discussions vont bon train. Eliodys apprend que madame la comtesse est décédée il y a plusieurs années maintenant. Le fils du comte aimerait faire des progrès au combat. Le cavalier elfe se propose pour lui donner des leçons.
Balak et Ombre Dansante apprennent que ce château est le deuxième que possède le comte. Le premier fut détruit en combattant un prêtre maléfique, il y a plusieurs années. Il était bâti dans le bois des épines, au sud est. A l'époque un groupe de chevalier est parti combattre dans la forêt de Bassedur et a vaincu le prêtre. Un seul des chevaliers a survécu. Il est resté sur place mais il a disparu depuis. Dans le feu de la discussion, en aparté, Balak avoue à Ombre Dansante qu'il ne sait pas lire et qu'il aura des difficultés à déchiffrer les livres que le dragon de cuivre lui a demandé de consulter pour se former. L'elfe sauvage lui propose de lui apprendre.
Le lendemain je recherche un lieu saint mais je n'en trouve pas dans les environs immédiat du château. Ce qui m'est confirmé par l'aspirant de Korma. J'effectue donc mes obligations cléricales au dehors du château.
Eliodys commence, ce matin, à dispenser au fils du comte ses premières leçons martiales.
Ombre Dansante va se promener à l'est, dans les collines avoisinantes. Après une demi journée de marche prudente, il trouve une carrière exploitée très récemment. Il relève des traces qui ne laissent aucun doute. Elle est exploitée par des géants de pierre.
De retour au château, l'elfe sauvage apprend du comte que ce dernier a un accord avec ces géants de pierres. Il échange leur production contre des fournitures.
Mais le comte est inquiet car des pèlerins devaient venir au château, et ils ne sont toujours pas arrivés. Ombre Dansante lui confirme qu'ils les ont dépassés l'avant veille et qu'en effet ils ne devraient pas être loin. L'elfe sauvage va chercher tous ses compagnons. Il nous expose les craintes du comte. Nous rassurons le maître des lieux et nous partons sur le champ au devant des voyageurs.
Le lendemain nous sommes à thurmestre. Puis nous remontons la rivière. Le surlendemain nous trouvons trois corps étendus près de l'eau. Aussitôt je me précipite pour tenter de les sauver mais il n'y a qu'un seul survivant qui me chuchote à l'oreille « pèlerins capturés... l'homme aux cheveux dorés... capturé... ils sont vivants... » et il meurt dans mes bras. Ils ont tous subis des blessures animales de type canidés. nous décidons de suivre les traces au sol.
Après une heure de marche, nous sommes attaqués par huit chiens de la mort. Ce sont des canidés morts vivants. Après une prière pour donner du courage à mes compagnons, j'entonne mon chant magique pour les soutenir. Eliodys charge à cheval, embroches deux animaux et casse sa lance dans l'élan. Ombre Dansante et Balak entrent dans la mêlée. Très vite les morts vivants sont abattus un à un. Mais nous avons une mauvaise surprise. Ombre Dansante a été mordu par l'un d'eux.
Je le soigne avec mes prières de soin, mais je ne peux pas refermer la blessure entièrement. Un mauvais mal semble se répandre dans son corps. Eliodys et Balak trouvent les corps des autres pèlerins plus loin. Le cavalier elfe fait la rapprochement entre les chiens et les guerriers de sang.
Nous nous concertons. J'annonce, les yeux brillants, que je suis impuissante à enrayer le mal qui ronge Ombre Dansante. Nous décidons de nous séparer en deux groupes. Eliodys et Balak emmènent les dépouilles au château du comte grâce à la charrette conduite par Jack. Pendant ce temps j'accompagne Ombre Dansante auprès de Toster en espérant que le magicien pourra faire quelque chose.
Le lendemain, Ombre Dansante est soigné par Toster. Je seconde le magicien. Puis je veille sur l'elfe sauvage en épongeant avec de l'eau fraîche son front fiévreux. Je suis tiraillées par mes sentiments et cette question qui est restée sans réponse. Autrefois il a sauvé une elfe enceinte. Mais qui en est le père ? Je n'ose poser la question, j'ai trop peur de la réponse.
Lorsque les dépouilles des pèlerins sont amenées au comte, celui ci demande un prêtre. Aussitôt Eliodys est dépêché pour aller me chercher à Thurmestre.
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
Date d'inscription : 20/01/2010
Age : 58
Localisation : Nercillac
Chapitre XII: Les voyages FRAM (Futiles Randonnées et Aventures Mouvementées)
Eliodys entre dans la chambre où dort Ombre Dansante. Je suis à son chevet, épongeant le front fiévreux de l'elfe sauvage qui dort d'un sommeil agité. Ce dernier lutte contre le poison inoculé hier par un chien mort vivant.
Le cavalier me demande de le suivre. Le comte à un urgent besoin de ma qualité de prêtresse, afin que les âmes des pèlerins décédés puissent dormir en paix. Je demande à Eliodys de partir devant.
Je m'agenouille au pied du lit d'Ombre Dansante. L'elfe a toujours un sommeil agité. Je lui murmure à l'oreille : « Ne m'abandonne pas maintenant Ombre Dansante. Sans ta force je ne pourrais pas aller au bout de ma quête. Je t'en supplie, ne m'abandonne pas. Je crois que je suis tombée amoureuse de toi. »
Puis je dis au revoir à Toster et j'ajoute : « faites tout ce qui est en votre pouvoir pour le sauver, je paierai. »
Je monte sur le cheval d'Eliodys, derrière le cavalier elfe. C'est au triple galop qu'il m'emmène au château.
Durant le trajet les idées et les images se bousculent dans ma tête. Depuis le combat contre le démon qui avait pris possession du crocodile géant, j'avais acquis une grande confiance en moi. Mais le prêtre sombre à tout remis en cause. Ma force n'est qu'apparente et dépend plus de mes amis que de moi même.
Dés notre arrivée, je vais à la rencontre de l'aspirant de Torm pour que nous échangions sur les préceptes de son dieu. Ensemble, nous nous mettons d'accord sur le fond et la forme de la cérémonie d'enterrement.
Ensuite je vais voir le comte. Je lui demande de donner des ordres afin de procéder à l'excavation des dix tombes qui réceptionneront les corps. Torm est le dieu de l'obéissance et de la loi. Il est lié à la terre immuable.
Je dirige l'office pour la cérémonie et l'enterrement des dix pèlerins. L'aspirant de Torm m'assiste dans cette tâche délicate. A l'issue de la cérémonie, le comte me remercie avec gravité. Il a beaucoup apprécié mon discours. J'espère qu'il n'a pas remarqué ma gêne. Je regrette de n'avoir pas fait monter à bord du bateau les pèlerins lorsque nous les avons dépassés, il y a quelques jours maintenant. Peutêtre aurais-je pu leur sauver la vie ?
Le soir, lors du repas, de nouvelles informations géopolitiques nous sont dévoilées par le comte.
Sur l'îles d'Alaron, en Callidyrr, dans de grandes ruines, siègent la haute druidesse, dont la sœur est une grande sorcière. Le haut roi est aux alentours du lac de Loch Myr.
Dans les îles de Norland, de Moray et d'Oman vivent des vikings. C'est un peuple sauvage qui maîtrise admirablement la navigation.
Jetho raconte qu'il a vu un Worghs, une sorte de loup géant gros comme un cheval, à Bassedur.
Dans les marais de Shuchen, qui est dense, il y a beaucoup de gibiers et d'insectes. Il y règne une atmosphère malsaine et les hommes lézards en sont partis. Les lieux seraient hantés par le fantôme d'Artrand Shuchen. La légende dit qu'il y aurait aussi une reine dans les marais.
Le lendemain matin je pars pour Thurmestre pour retourner chez Toster. Pendant que je veille au rétablissement d'Ombre Dansante, Eliodys entraîne au combat le fils du comte de Palefroy.
Durant cette période, Balak vient souvent chez Toster. Il accepte la proposition que lui a fait le magicien du feu, il y a quelques jours maintenant, de lui copier plusieurs de ses ouvrages. Après avoir sélectionné un choix de plusieurs livres, le nain commande une copie de chaque. Il espère être prêt lorsque l'elfe/dragon de cuivre lui demandera un service de taille de pierre.
Après une semaine de soins intensifs, Ombre Dansante s'est remis de sa blessure. Je remercie Toster et je paie les soins sans en parler à mes compagnons.
Ensuite nous prenons congés du magicien et du comte. Nous retournons à Caer Corwell en repassant au nord des marais des hommes lézards et au sud de la cité cachée des elfes.
Arrivés à la ville portuaire, Balak rencontre l'intermédiaire qui lui fournit la plupart de ses contrats de joaillier. Le nain reçoit les bénéfices de la vente du collier qu'il a réalisé voilà plusieurs mois.
Pendant ce temps je vais voir le Sénéchal pour connaître les raisons qui l'a poussé à me choisir comme espionne à rumeur ? Mais je ne reçois pas d'autres explications que mon métier, qui est une excellente couverture, et la dette que j'ai envers lui. Il ne semble pas connaître ma mère et ne comprend pas pourquoi je lui pose ses questions.
L'année qui me liait à son service est passée. Je ne lui en parle pas maintenant. Je préfère remettre cette discussion à plus tard. Lorsque je sors du bureau du Sénéchal, je retourne à la maison sur la falaise pour faire le point.
Ma mère n'est donc connue que des druides et des elfes. Elle est donc très liée à la déesse qui protège cet archipel.
Nous prenons quelques jours de repos. J'en profite pour retourner à l'Ours Bicéphale. Le patron accepte que je fasse deux représentations. Je constate avec bonheur que le public ne m'a pas oubliée.
Nous repartons en bateau, après quatre jours, pour le port de Fantom. Durant cette semaine de navigation, je peux de nouveau faire de nouvelles introspections. Ma mère ne peut être elle même qu'une druidesse. Ceci expliquerai la puissance de sa bénédiction qui m'accompagne toujours au cours de toutes ses années.
Une fois arrivés au port de Phantom, nous laissons le navire sous la responsabilité de Viktor. Puis nous remontons le long du fleuve, sur le château de Palefroy.
Nous sommes accueillis par le comte avec les honneurs. Il apprécie notre présence. Nous lui apportons des nouvelles du monde et puis je lui offre régulièrement des prestations artistiques. Les distractions sont rares en son château.
Ce que j'adore, lorsque nous logeons sur le domaine du comte, c'est que je peux prendre un bain chaud chaque soir. Je peux ainsi penser à ma quête personnelle. J'ai réuni suffisamment d'information pour commencer à pouvoir tisser des débuts de raisonnements. Mais des questions restent encore en suspend. Pourquoi ma mère m'a menti sur le lieu de ma naissance et sur sa relation avec mon père ? Pourquoi semble-t-elle se cacher dans les quartiers pauvres d'Eauprofonde ? Je pense très bientôt pouvoir en parler à mes compagnons.
J'ai tissé des liens de confiances avec les servantes du comte. Elle me donne des renseignements sur les invités du comte et elles sont au courant des dernières nouvelles de la capitale qui parviennent au château. Et après le bain, elles acceptent de parfaire ma toilette avec joie. Elles me trouvent très belles. Elles ont beaucoup de plaisir à m'habiller, me maquiller et me coiffer.
Ma vie est ainsi, aujourd'hui princesse, demain je serai de nouveau une simple aventurière luttant contre la vermine sur les routes de l'archipel.
Le lendemain matin, avec l'accord du comte, mes compagnons et moi même, nous décidons de nous diriger vers la forêt de Bassedur.
Le deuxième jour de marche, nous apercevons un nuage de poussière au loin. Il suggère qu'une importante troupe en déplacement se rapproche. Nous nous cachons afin d'observer à distance le passage de ces gens sans être vus.
Une heure plus tard, nous voyons une vingtaine d'humains. Ils se déplacent à marche forcée sur la piste. Ils sont armés d'épées courtes et d'arcs. Ils sont dirigés par un meneur équipé d'une armure de plate. Il porte par-dessus sa carapace de métal une cape rouge et une ceinture de la même couleur. La troupe se dirige vers le sud-est. Soudain le meneur se précipite sur le dernier humain de la colonne et il le tue. Ombre Dansante me met la main sur la bouche pour m'empêcher de hurler de surprise.
Lorsque la troupe s'est éloignée, hors de vue, nous sortons de notre cachette pour aller voir le cadavre. Il porte une cape grise avec une armure de cuir et une épée courte. Il a les yeux globuleux et il sent le poisson. Cela nous rappelle une odeur déjà rencontrée sur les archers qui accompagnaient le prêtre sombre. Il est vidé de tout son sang.
Ombre Dansante nous confirme que c'est bien un guerrier de sang que nous venons de voir passer. Il est accompagné de guerriers sûrement drogués et servants de réserve d'énergie à leur chef.
Nous décidons de suivre la troupe pour les attaquer par surprise. A le tombée de la nuit nous les rattrapons, quelques heures plus tard. Ils ont déjà installé leur campement.
Nous nous cachons à bonne distance pour les observer et organiser un plan. Il nous faut une diversion pour effectuer une attaque par deux côtés en simultanés. Je propose de faire exploser un feu de camp pour les aveugler. Mais mes amis préfèrent que je les harcèle avec mes libellules de feu. Pendant ce temps, Eliodys chargera par la gauche, Ombre Dansante et Balak attaqueront par la droite.
Je m'agenouille et je fais une prière à Akkadie, la reine des vents, pour pouvoir galvaniser mes compagnons. Puis j'invoque un sylphe. Je demande à l'élémentaire de me protéger si jamais je devais essuyer une charge. C'est moi qui ouvre le bal.
Eliodys charge à cheval dès que mes traits magiques sont partis frapper de plein fouet leur chef. Nos deux autres amis chargent à pied par l'autre côté. Nos adversaires sont assez lents et maladroits dans leurs réactions. Sans laisser aucun répit à la troupe de guerriers, mes trois compagnons les abattent tous. Leur chef est, par contre, un adversaire coriace qui encaisse tous mes projectiles magiques sans sourciller. Mais, lorsqu'il ne reste plus que lui, il finit par plier sous le nombre. Il est abattu à son tour.
Lorsque la tension du combat est retombée, je soigne mes compagnons blessés. Les autres fouillent le camp. Tous les soldats ont les yeux globuleux et sentent le poisson. Sur les conseils d'Ombre Dansante, nous brûlons les corps.
Deux jours plus tard, nous arrivons en lisière de la forêt de Bassedur. Nous la longeons par le sud. Puis nous la contournons par l'ouest, remontant vers le nord. Ce faisant nous longeons une faille. Au bout d'un vallon, nous bifurquons vers l'intérieur de la forêt.
Après deux heures de marche forestière, nous arrivons dans une grande clairière. En son centre s'étale une grande mare d'un liquide sombre et visqueux. Balak reconnaît du pétrole. Soudain un humanoïde démoniaque surgit de la mare d'huile épaisse et nous attaque. Balak est paralysé par cette vision d'horreur. Ombre Dansante me crie que c'est une âme en peine, je dois chanter mon chant magique de protection pour préserver mes amis des attaques du fantôme. Sinon il risquerait d'absorber leur fluide vital. Après un combat homérique, Eliodys donne le coup de grâce. Heureusement, personne n'a été blessé durant l'échange.
Puis, de la dépouille gisant à terre, un esprit s'élève. Il nous remercie de l'avoir libéré. Il répond à Balak qu'il est l'âme du guerrier disparu par le passé après avoir combattu la reine des marais. C'est cette dernière qui a attaché son esprit à ce lieu. Il propose d'offrir son matériel au premier qui le trouve dans la mare. Les trois garçons se précipitent aussitôt dans la mélasse pétrolifère pour la fouiller.
Je suis amusée par le spectacle. Il n'est pas question pour moi d'être souillée par cette graisse minérale. Au lieu de patauger avec mes amis, je fais une prière pour que l'âme du guerrier puisse être en paix et rejoigne son paradis. C'est Eliodys qui trouve une armure et un sac qui contient des fioles.
Nous retournons à Thurmestre pour voir Toster. Nous lui confions pour analyse les fioles que nous avons trouvées.
Puis nous allons au château du comte de Palefroy. Nous lui contons nos aventures, le soir même, au souper. Lorsque Eliodys lui montre l'armure qu'il a sorti de la mélasse, le noble personnage reconnaît aussitôt les armoiries sur l'armure. Ce sont celles du chevalier d'Arlerette. Ces armes appartenaient bien au guerrier de la légende. Le comte mesure la gravité des nouvelles que nous lui apportons au sujet des guerriers de sang. Le lendemain matin il envoie des messagers pour en référer aussitôt à tous les rôdeurs de la région.
Après quelques jours de repos au château, nous retournons voir Toster. Il nous annonce que les fioles contiennent des potions de domination très puissantes. Elles sont de réalisation non humaine visiblement. Elles ont été fabriquées à base de poissons.
Nous retournons au château le soir même. Le soir même de nouvelles révélations géopolitiques nous sont faites au dîner.
Au sein du couple royale gouvernant l'archipel, c'est la haute druidesse qui gouverne. Elle possède le sceau royal.
Le lendemain matin, le comte nous convoque. Il dit avoir besoin de nos services. Les géants de pierre, dans les collines voisines, ont un problème de voisinage. Ils l'ont averti qu'ils avaient été chassés de leur camp d'habitation. Nous acceptons d'aider ces alliés du comte.
Nous partons aussitôt pour les collines. Sur la charrette je suis assise à côté de Jack, l'écuyer d'Eliodys, qui conduit l'attelage. Balak est allongé à l'arrière. A pied, Ombre Dansante marche au côté du cheval qui tire le véhicule. Le cavalier elfe chevauche devant en éclaireur.
Dans les collines nous dépassons plusieurs carrières de pierres. Puis le chemin devient assez difficile et la progression n'est pas très rapide. Une charrette de géant doit passer plus facilement que la notre entre ces rochers.
Au détour d'une colline, dans un camp de fortune, nous rencontrons dix humanoïdes gris de grandes tailles. Ce sont les géants de pierre. Ils mesurent de trois à cinq mètres. Ils sont habillés de peaux travaillées à la main et cousues de cuir. Ils possèdent plusieurs chèvres hautes comme des poneys.
Les géants de pierre sont dirigés par un chaman qui nous salue et se présente. Puis il nous invite à nous joindre à leur repas. En mangeant, ils nous racontent qu'ils ont été chassés de leur campement par un chaman géant de feu.
Balak s'intéresse à leur travail dans les carrières et à leur production. Ils racontent qu'ils vendent les pierres, qu'ils extraient des carrières, au comte pour son usage ou pour qu'il les revende à des maçons ou à des tailleurs de pierres. Ils avouent au nain qu'ils trouvent dans la roche, régulièrement, des pierres semi-précieuses. Il s'agit essentiellement de chrysocoles. Balak leur avoue qu'il est joaillier à ses heures perdues. Les géants de pierre proposent au nain de lui donner dix Chrysocoles et de lui en prêter dix autres. Le chef du clan est intéressé par un bijou que le guerrier nain pourrait lui réaliser. Balak accepte la proposition.
Nous dormons sur place. Une chèvre géante est tuée et vidée de son sang durant la nuit sans que personne n'entende rien. Elle a, sur son cuir, des traces de morsures qui semblent être dues à des canidés géants. Nos hôtes décident de calciner les morsures. Avec son expérience, Ombre Dansante pense qu'il s'agit de molosses de l'enfer.
Le lendemain matin nous partons. En suivant les indications du chaman, nous allons vers le camp occupé par le géant de feu.
Après plusieurs heures de marche, nous voyons la fumée d'un feu au loin. Nous décidons de monter discrètement en haut d'une colline pour repérer les lieux sans être vus.
Nous voyons en contrebas une tente de géant. De chaque côté de l'ouverture, deux créatures de quatre mètres de haut chacune portant une robe rouge avec une capuche. Ils ont chacun les mains posées sur le pommeau d'une épée à deux mains. Ils semblent monter la garde. Après une heure d'observation, rien n'a bougé dans le camp.
Soudain Ombre Dansante sent comme une odeur de soufre qui semble de plus en plus marquée. Puis Eliodys entend arriver quatre chiens géants derrière notre position. Aussitôt, nous allons au-devant des molosses pour les attaquer.
Après avoir tués les chiens de l'enfer, nous trouvons dans leurs estomacs trois jaspes et plusieurs milliers de pièces d'argent. Apparemment, ils aiment les plats riches.
Nous retournons à notre poste d'observation pour constater que rien n'a bougé.
Je lance sur moi un sort de Sanctuaire : « Notre dame des airs, ta servante te demande humblement de protéger mon âme en ton sein, couvre mon corps de tes ailes afin de me cacher de mes ennemis. » Je m'approche prudemment de la tente. Les deux gardes sont des squelettes, ils ne bougent pas. Le chaman sort et s'adresse à moi. Le sort de sanctuaire ne sert donc à rien. Le géant porte autour du coup un pendentif représentant un cercle entouré de traits ondulés, comme en portait le prêtre sombre rencontré précédemment. Je commence à parlementer, mais le chaman semble vouloir ne rien entendre. Il lance un sort de silence sur la zone.
Les deux squelettes m'attaquent aussitôt. Heureusement pour moi, mes réflexes et ma rapidité me permettent de me mettre très vite hors de portée de leurs armes. Mais soudain plusieurs géants de feu apparaissent et attaquent mes compagnons. Héliodys en touche un qui se désagrège aussitôt : ce sont des illusions. Pour soutenir mes compagnons, je lance des miracles d'anti magie pour détruire les sorts du chaman. Celui-ci perd du temps pour reconstituer sa défense et finit par tomber sous les coups des trois guerriers.
Pendant que je soigne mes compagnons blessés, les autres fouillent le camp. Ombre Dansante trouve dans la tente un coffre. Il l'observe avec attention et détecte un piège. Il décide de le déclencher volontairement dans une direction sans danger. Une fléchette est projetée contre la toile de la tente. Puis il ouvre le coffre. Il trouve douze fioles pleines, un tube de bambou bouché contenant un manuel sur les morts vivants et quatre parchemins magiques. Après avoir fouillé le camp, nous décidons de repartir au camp de nos commanditaires.
Lorsque nous arrivons au camp des géants de pierre nous leur racontons nos exploits. Ils sont très heureux de pouvoir récupérer leur campement. Le chaman offre à Balak les vingt chrysocoles promises.
Ensuite nous rentrons au château faire notre rapport auprès du comte.
Puis, le lendemain, nous nous rendons à Thurmestre. Nous exposons nos aventures à Toster. Le magicien du feu nous apprend que le sigle porté par le géant de feu et le prêtre sombre est un signe originaire des profondeurs.
Encore un signe qui me touche. L'Oeil a son quartier général à Monprofond, une cité sous Eauprofonde qui est dans les profondeurs. Cette quête dont je ne sais encore, comme mes compagnons, où elle nous mènera, génère toujours autant de révélation qui me ramène à ma quête personnelle. Il devient urgent que je parle à mes compagnons. Mais je ne le ferai pas au château, j'attendrais que nous soyons en extérieur.
Le cavalier me demande de le suivre. Le comte à un urgent besoin de ma qualité de prêtresse, afin que les âmes des pèlerins décédés puissent dormir en paix. Je demande à Eliodys de partir devant.
Je m'agenouille au pied du lit d'Ombre Dansante. L'elfe a toujours un sommeil agité. Je lui murmure à l'oreille : « Ne m'abandonne pas maintenant Ombre Dansante. Sans ta force je ne pourrais pas aller au bout de ma quête. Je t'en supplie, ne m'abandonne pas. Je crois que je suis tombée amoureuse de toi. »
Puis je dis au revoir à Toster et j'ajoute : « faites tout ce qui est en votre pouvoir pour le sauver, je paierai. »
Je monte sur le cheval d'Eliodys, derrière le cavalier elfe. C'est au triple galop qu'il m'emmène au château.
Durant le trajet les idées et les images se bousculent dans ma tête. Depuis le combat contre le démon qui avait pris possession du crocodile géant, j'avais acquis une grande confiance en moi. Mais le prêtre sombre à tout remis en cause. Ma force n'est qu'apparente et dépend plus de mes amis que de moi même.
Dés notre arrivée, je vais à la rencontre de l'aspirant de Torm pour que nous échangions sur les préceptes de son dieu. Ensemble, nous nous mettons d'accord sur le fond et la forme de la cérémonie d'enterrement.
Ensuite je vais voir le comte. Je lui demande de donner des ordres afin de procéder à l'excavation des dix tombes qui réceptionneront les corps. Torm est le dieu de l'obéissance et de la loi. Il est lié à la terre immuable.
Je dirige l'office pour la cérémonie et l'enterrement des dix pèlerins. L'aspirant de Torm m'assiste dans cette tâche délicate. A l'issue de la cérémonie, le comte me remercie avec gravité. Il a beaucoup apprécié mon discours. J'espère qu'il n'a pas remarqué ma gêne. Je regrette de n'avoir pas fait monter à bord du bateau les pèlerins lorsque nous les avons dépassés, il y a quelques jours maintenant. Peutêtre aurais-je pu leur sauver la vie ?
Le soir, lors du repas, de nouvelles informations géopolitiques nous sont dévoilées par le comte.
Sur l'îles d'Alaron, en Callidyrr, dans de grandes ruines, siègent la haute druidesse, dont la sœur est une grande sorcière. Le haut roi est aux alentours du lac de Loch Myr.
Dans les îles de Norland, de Moray et d'Oman vivent des vikings. C'est un peuple sauvage qui maîtrise admirablement la navigation.
Jetho raconte qu'il a vu un Worghs, une sorte de loup géant gros comme un cheval, à Bassedur.
Dans les marais de Shuchen, qui est dense, il y a beaucoup de gibiers et d'insectes. Il y règne une atmosphère malsaine et les hommes lézards en sont partis. Les lieux seraient hantés par le fantôme d'Artrand Shuchen. La légende dit qu'il y aurait aussi une reine dans les marais.
Le lendemain matin je pars pour Thurmestre pour retourner chez Toster. Pendant que je veille au rétablissement d'Ombre Dansante, Eliodys entraîne au combat le fils du comte de Palefroy.
Durant cette période, Balak vient souvent chez Toster. Il accepte la proposition que lui a fait le magicien du feu, il y a quelques jours maintenant, de lui copier plusieurs de ses ouvrages. Après avoir sélectionné un choix de plusieurs livres, le nain commande une copie de chaque. Il espère être prêt lorsque l'elfe/dragon de cuivre lui demandera un service de taille de pierre.
Après une semaine de soins intensifs, Ombre Dansante s'est remis de sa blessure. Je remercie Toster et je paie les soins sans en parler à mes compagnons.
Ensuite nous prenons congés du magicien et du comte. Nous retournons à Caer Corwell en repassant au nord des marais des hommes lézards et au sud de la cité cachée des elfes.
Arrivés à la ville portuaire, Balak rencontre l'intermédiaire qui lui fournit la plupart de ses contrats de joaillier. Le nain reçoit les bénéfices de la vente du collier qu'il a réalisé voilà plusieurs mois.
Pendant ce temps je vais voir le Sénéchal pour connaître les raisons qui l'a poussé à me choisir comme espionne à rumeur ? Mais je ne reçois pas d'autres explications que mon métier, qui est une excellente couverture, et la dette que j'ai envers lui. Il ne semble pas connaître ma mère et ne comprend pas pourquoi je lui pose ses questions.
L'année qui me liait à son service est passée. Je ne lui en parle pas maintenant. Je préfère remettre cette discussion à plus tard. Lorsque je sors du bureau du Sénéchal, je retourne à la maison sur la falaise pour faire le point.
Ma mère n'est donc connue que des druides et des elfes. Elle est donc très liée à la déesse qui protège cet archipel.
Nous prenons quelques jours de repos. J'en profite pour retourner à l'Ours Bicéphale. Le patron accepte que je fasse deux représentations. Je constate avec bonheur que le public ne m'a pas oubliée.
Nous repartons en bateau, après quatre jours, pour le port de Fantom. Durant cette semaine de navigation, je peux de nouveau faire de nouvelles introspections. Ma mère ne peut être elle même qu'une druidesse. Ceci expliquerai la puissance de sa bénédiction qui m'accompagne toujours au cours de toutes ses années.
Une fois arrivés au port de Phantom, nous laissons le navire sous la responsabilité de Viktor. Puis nous remontons le long du fleuve, sur le château de Palefroy.
Nous sommes accueillis par le comte avec les honneurs. Il apprécie notre présence. Nous lui apportons des nouvelles du monde et puis je lui offre régulièrement des prestations artistiques. Les distractions sont rares en son château.
Ce que j'adore, lorsque nous logeons sur le domaine du comte, c'est que je peux prendre un bain chaud chaque soir. Je peux ainsi penser à ma quête personnelle. J'ai réuni suffisamment d'information pour commencer à pouvoir tisser des débuts de raisonnements. Mais des questions restent encore en suspend. Pourquoi ma mère m'a menti sur le lieu de ma naissance et sur sa relation avec mon père ? Pourquoi semble-t-elle se cacher dans les quartiers pauvres d'Eauprofonde ? Je pense très bientôt pouvoir en parler à mes compagnons.
J'ai tissé des liens de confiances avec les servantes du comte. Elle me donne des renseignements sur les invités du comte et elles sont au courant des dernières nouvelles de la capitale qui parviennent au château. Et après le bain, elles acceptent de parfaire ma toilette avec joie. Elles me trouvent très belles. Elles ont beaucoup de plaisir à m'habiller, me maquiller et me coiffer.
Ma vie est ainsi, aujourd'hui princesse, demain je serai de nouveau une simple aventurière luttant contre la vermine sur les routes de l'archipel.
Le lendemain matin, avec l'accord du comte, mes compagnons et moi même, nous décidons de nous diriger vers la forêt de Bassedur.
Le deuxième jour de marche, nous apercevons un nuage de poussière au loin. Il suggère qu'une importante troupe en déplacement se rapproche. Nous nous cachons afin d'observer à distance le passage de ces gens sans être vus.
Une heure plus tard, nous voyons une vingtaine d'humains. Ils se déplacent à marche forcée sur la piste. Ils sont armés d'épées courtes et d'arcs. Ils sont dirigés par un meneur équipé d'une armure de plate. Il porte par-dessus sa carapace de métal une cape rouge et une ceinture de la même couleur. La troupe se dirige vers le sud-est. Soudain le meneur se précipite sur le dernier humain de la colonne et il le tue. Ombre Dansante me met la main sur la bouche pour m'empêcher de hurler de surprise.
Lorsque la troupe s'est éloignée, hors de vue, nous sortons de notre cachette pour aller voir le cadavre. Il porte une cape grise avec une armure de cuir et une épée courte. Il a les yeux globuleux et il sent le poisson. Cela nous rappelle une odeur déjà rencontrée sur les archers qui accompagnaient le prêtre sombre. Il est vidé de tout son sang.
Ombre Dansante nous confirme que c'est bien un guerrier de sang que nous venons de voir passer. Il est accompagné de guerriers sûrement drogués et servants de réserve d'énergie à leur chef.
Nous décidons de suivre la troupe pour les attaquer par surprise. A le tombée de la nuit nous les rattrapons, quelques heures plus tard. Ils ont déjà installé leur campement.
Nous nous cachons à bonne distance pour les observer et organiser un plan. Il nous faut une diversion pour effectuer une attaque par deux côtés en simultanés. Je propose de faire exploser un feu de camp pour les aveugler. Mais mes amis préfèrent que je les harcèle avec mes libellules de feu. Pendant ce temps, Eliodys chargera par la gauche, Ombre Dansante et Balak attaqueront par la droite.
Je m'agenouille et je fais une prière à Akkadie, la reine des vents, pour pouvoir galvaniser mes compagnons. Puis j'invoque un sylphe. Je demande à l'élémentaire de me protéger si jamais je devais essuyer une charge. C'est moi qui ouvre le bal.
Eliodys charge à cheval dès que mes traits magiques sont partis frapper de plein fouet leur chef. Nos deux autres amis chargent à pied par l'autre côté. Nos adversaires sont assez lents et maladroits dans leurs réactions. Sans laisser aucun répit à la troupe de guerriers, mes trois compagnons les abattent tous. Leur chef est, par contre, un adversaire coriace qui encaisse tous mes projectiles magiques sans sourciller. Mais, lorsqu'il ne reste plus que lui, il finit par plier sous le nombre. Il est abattu à son tour.
Lorsque la tension du combat est retombée, je soigne mes compagnons blessés. Les autres fouillent le camp. Tous les soldats ont les yeux globuleux et sentent le poisson. Sur les conseils d'Ombre Dansante, nous brûlons les corps.
Deux jours plus tard, nous arrivons en lisière de la forêt de Bassedur. Nous la longeons par le sud. Puis nous la contournons par l'ouest, remontant vers le nord. Ce faisant nous longeons une faille. Au bout d'un vallon, nous bifurquons vers l'intérieur de la forêt.
Après deux heures de marche forestière, nous arrivons dans une grande clairière. En son centre s'étale une grande mare d'un liquide sombre et visqueux. Balak reconnaît du pétrole. Soudain un humanoïde démoniaque surgit de la mare d'huile épaisse et nous attaque. Balak est paralysé par cette vision d'horreur. Ombre Dansante me crie que c'est une âme en peine, je dois chanter mon chant magique de protection pour préserver mes amis des attaques du fantôme. Sinon il risquerait d'absorber leur fluide vital. Après un combat homérique, Eliodys donne le coup de grâce. Heureusement, personne n'a été blessé durant l'échange.
Puis, de la dépouille gisant à terre, un esprit s'élève. Il nous remercie de l'avoir libéré. Il répond à Balak qu'il est l'âme du guerrier disparu par le passé après avoir combattu la reine des marais. C'est cette dernière qui a attaché son esprit à ce lieu. Il propose d'offrir son matériel au premier qui le trouve dans la mare. Les trois garçons se précipitent aussitôt dans la mélasse pétrolifère pour la fouiller.
Je suis amusée par le spectacle. Il n'est pas question pour moi d'être souillée par cette graisse minérale. Au lieu de patauger avec mes amis, je fais une prière pour que l'âme du guerrier puisse être en paix et rejoigne son paradis. C'est Eliodys qui trouve une armure et un sac qui contient des fioles.
Nous retournons à Thurmestre pour voir Toster. Nous lui confions pour analyse les fioles que nous avons trouvées.
Puis nous allons au château du comte de Palefroy. Nous lui contons nos aventures, le soir même, au souper. Lorsque Eliodys lui montre l'armure qu'il a sorti de la mélasse, le noble personnage reconnaît aussitôt les armoiries sur l'armure. Ce sont celles du chevalier d'Arlerette. Ces armes appartenaient bien au guerrier de la légende. Le comte mesure la gravité des nouvelles que nous lui apportons au sujet des guerriers de sang. Le lendemain matin il envoie des messagers pour en référer aussitôt à tous les rôdeurs de la région.
Après quelques jours de repos au château, nous retournons voir Toster. Il nous annonce que les fioles contiennent des potions de domination très puissantes. Elles sont de réalisation non humaine visiblement. Elles ont été fabriquées à base de poissons.
Nous retournons au château le soir même. Le soir même de nouvelles révélations géopolitiques nous sont faites au dîner.
Au sein du couple royale gouvernant l'archipel, c'est la haute druidesse qui gouverne. Elle possède le sceau royal.
Le lendemain matin, le comte nous convoque. Il dit avoir besoin de nos services. Les géants de pierre, dans les collines voisines, ont un problème de voisinage. Ils l'ont averti qu'ils avaient été chassés de leur camp d'habitation. Nous acceptons d'aider ces alliés du comte.
Nous partons aussitôt pour les collines. Sur la charrette je suis assise à côté de Jack, l'écuyer d'Eliodys, qui conduit l'attelage. Balak est allongé à l'arrière. A pied, Ombre Dansante marche au côté du cheval qui tire le véhicule. Le cavalier elfe chevauche devant en éclaireur.
Dans les collines nous dépassons plusieurs carrières de pierres. Puis le chemin devient assez difficile et la progression n'est pas très rapide. Une charrette de géant doit passer plus facilement que la notre entre ces rochers.
Au détour d'une colline, dans un camp de fortune, nous rencontrons dix humanoïdes gris de grandes tailles. Ce sont les géants de pierre. Ils mesurent de trois à cinq mètres. Ils sont habillés de peaux travaillées à la main et cousues de cuir. Ils possèdent plusieurs chèvres hautes comme des poneys.
Les géants de pierre sont dirigés par un chaman qui nous salue et se présente. Puis il nous invite à nous joindre à leur repas. En mangeant, ils nous racontent qu'ils ont été chassés de leur campement par un chaman géant de feu.
Balak s'intéresse à leur travail dans les carrières et à leur production. Ils racontent qu'ils vendent les pierres, qu'ils extraient des carrières, au comte pour son usage ou pour qu'il les revende à des maçons ou à des tailleurs de pierres. Ils avouent au nain qu'ils trouvent dans la roche, régulièrement, des pierres semi-précieuses. Il s'agit essentiellement de chrysocoles. Balak leur avoue qu'il est joaillier à ses heures perdues. Les géants de pierre proposent au nain de lui donner dix Chrysocoles et de lui en prêter dix autres. Le chef du clan est intéressé par un bijou que le guerrier nain pourrait lui réaliser. Balak accepte la proposition.
Nous dormons sur place. Une chèvre géante est tuée et vidée de son sang durant la nuit sans que personne n'entende rien. Elle a, sur son cuir, des traces de morsures qui semblent être dues à des canidés géants. Nos hôtes décident de calciner les morsures. Avec son expérience, Ombre Dansante pense qu'il s'agit de molosses de l'enfer.
Le lendemain matin nous partons. En suivant les indications du chaman, nous allons vers le camp occupé par le géant de feu.
Après plusieurs heures de marche, nous voyons la fumée d'un feu au loin. Nous décidons de monter discrètement en haut d'une colline pour repérer les lieux sans être vus.
Nous voyons en contrebas une tente de géant. De chaque côté de l'ouverture, deux créatures de quatre mètres de haut chacune portant une robe rouge avec une capuche. Ils ont chacun les mains posées sur le pommeau d'une épée à deux mains. Ils semblent monter la garde. Après une heure d'observation, rien n'a bougé dans le camp.
Soudain Ombre Dansante sent comme une odeur de soufre qui semble de plus en plus marquée. Puis Eliodys entend arriver quatre chiens géants derrière notre position. Aussitôt, nous allons au-devant des molosses pour les attaquer.
Après avoir tués les chiens de l'enfer, nous trouvons dans leurs estomacs trois jaspes et plusieurs milliers de pièces d'argent. Apparemment, ils aiment les plats riches.
Nous retournons à notre poste d'observation pour constater que rien n'a bougé.
Je lance sur moi un sort de Sanctuaire : « Notre dame des airs, ta servante te demande humblement de protéger mon âme en ton sein, couvre mon corps de tes ailes afin de me cacher de mes ennemis. » Je m'approche prudemment de la tente. Les deux gardes sont des squelettes, ils ne bougent pas. Le chaman sort et s'adresse à moi. Le sort de sanctuaire ne sert donc à rien. Le géant porte autour du coup un pendentif représentant un cercle entouré de traits ondulés, comme en portait le prêtre sombre rencontré précédemment. Je commence à parlementer, mais le chaman semble vouloir ne rien entendre. Il lance un sort de silence sur la zone.
Les deux squelettes m'attaquent aussitôt. Heureusement pour moi, mes réflexes et ma rapidité me permettent de me mettre très vite hors de portée de leurs armes. Mais soudain plusieurs géants de feu apparaissent et attaquent mes compagnons. Héliodys en touche un qui se désagrège aussitôt : ce sont des illusions. Pour soutenir mes compagnons, je lance des miracles d'anti magie pour détruire les sorts du chaman. Celui-ci perd du temps pour reconstituer sa défense et finit par tomber sous les coups des trois guerriers.
Pendant que je soigne mes compagnons blessés, les autres fouillent le camp. Ombre Dansante trouve dans la tente un coffre. Il l'observe avec attention et détecte un piège. Il décide de le déclencher volontairement dans une direction sans danger. Une fléchette est projetée contre la toile de la tente. Puis il ouvre le coffre. Il trouve douze fioles pleines, un tube de bambou bouché contenant un manuel sur les morts vivants et quatre parchemins magiques. Après avoir fouillé le camp, nous décidons de repartir au camp de nos commanditaires.
Lorsque nous arrivons au camp des géants de pierre nous leur racontons nos exploits. Ils sont très heureux de pouvoir récupérer leur campement. Le chaman offre à Balak les vingt chrysocoles promises.
Ensuite nous rentrons au château faire notre rapport auprès du comte.
Puis, le lendemain, nous nous rendons à Thurmestre. Nous exposons nos aventures à Toster. Le magicien du feu nous apprend que le sigle porté par le géant de feu et le prêtre sombre est un signe originaire des profondeurs.
Encore un signe qui me touche. L'Oeil a son quartier général à Monprofond, une cité sous Eauprofonde qui est dans les profondeurs. Cette quête dont je ne sais encore, comme mes compagnons, où elle nous mènera, génère toujours autant de révélation qui me ramène à ma quête personnelle. Il devient urgent que je parle à mes compagnons. Mais je ne le ferai pas au château, j'attendrais que nous soyons en extérieur.
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"Tout ce qui ne me tue pas me rend fort, mais tout ce qui me tue me rend encore plus fort."
Un Dé pour les gouverner tous, un Dé pour les trouver
Un Dé pour les amener tous et dans les Règles les lier
Dino Dharric- Messages : 956
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